Philosophie de l hôpital
159 pages
Français

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Philosophie de l'hôpital , livre ebook

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Description

Haut lieu de la confrontation aux peurs et aux espoirs de la modernité, l'hôpital se présente comme un objet philosophique par excellence, tour à tour examiné ici comme une instance de mise en oeuvre du savoir et du pouvoir de la médecine, comme révélateur idéologique et politique, ou comme univers à la fois sacré et consacré du soin.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2007
Nombre de lectures 365
EAN13 9782336257952
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

HIPPOCRATE ET PLATON
Etudes de philosophie de la médecine
Collection dirigée par Jean Lombard

L’unité originelle de la médecine et de la philosophie, qui a marqué l’aventure intellectuelle de la Grèce, a aussi donné naissance au discours médical de l’Occident. Cette collection accueille des études consacrées à la relation fondatrice entre les deux disciplines dans la pensée antique ainsi qu’à la philosophie de la médecine, de l’âge classique aux Lumières et à l’avènement de la modernité. Elle se consacre au retour insistant de la pensée contemporaine vers les interrogations initiales sur le bon usage du savoir et du savoir-faire médical et sur son entrecroisement avec la quête d’une sagesse. Elle vise enfin à donner un cadre au dialogue sur l’éthique et sur l’épistémologie dans lequel pourraient se retrouver, comme aux premiers temps de la rationalité, médecins et philosophes.
Déjà parus
Jean Lombard, L’épidémie moderne et la culture du malheur Petit traité du chikungunya, 2006.
Bernard Vandewalle, Michel Foucault, savoir et pouvoir de la médecine, 2006.
Philosophie de l'hôpital

Jean Lombard
Sommaire
HIPPOCRATE ET PLATON - Etudes de philosophie de la médecine Page de titre Page de Copyright I - L’HÔPITAL ET LE DISCOURS CONTEMPORAIN DE L’HUMANISATION II - L’HÔPITAL ET SA REPRÉSENTATION : UTOPIE, CONCEPT, IMAGE III - HISTOIRE ET POLITIQUE DE L’HÔPITAL IV - L’HÔPITAL AU REGARD DE L’ÉTHIQUE : APPROCHE CRITIQUE V - LE MONDE DU MALADE VI - PROBLÉMATIQUES DE L’UNIVERS DU SOIN BIBLIOGRAPHIE
© L’HARMATTAN, 2007
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
L’HARMATTAN, ITALIA s.r.l. Via Degli Artisti 15 ; 10124 Torino L’HARMATTAN HONGRIE Könyvesbolt ; Kossuth L. u. 14-16 ; 1053 Budapest L’HARMATTAN BURINA FASO 1200 logements villa 96 ; 12B2260 ; Ouagadougou 12 ESPACE L’HARMATTAN KINSHASA Faculté des Sciences Sociales, Politiques et Administratives BP243, KIN XI ; Université de Kinshasa-RDC L’HARMATTAN GUINEE Almamya rue KA028 En face du restaurant Le cèdre OKB Agency
Conakry - Rép. de Guinée BP 3470 harmattanguinee@yahoo.fr
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1 @wanadoo.fr
9782296026780
EAN : 9782296026780
I
L’HÔPITAL ET LE DISCOURS CONTEMPORAIN DE L’HUMANISATION

Instant décisif ou désordre des temps : l’hôpital et l’idée de crise
En même temps que nous portons en nous la crainte d’avoir à y être admis, nous savons que l’hôpital est une citadelle de la santé, un temple des progrès qui font de lui, dans un horizon imprécis, le lieu possible de notre futur et provisoire salut, l’emblème de l’efficacité de la médecine et, à travers elle, de la puissance moderne du savoir humain. Et pourtant on ne cesse de dire que « l’hôpital est en crise ». Par une sorte de suprême métonymie, on n’a jamais autant fait usage du vocabulaire de la médecine pour décrire la plus emblématique des institutions où elle s’exerce. Il est vrai que le mot crise a pris une connotation péjorative qu’à l’origine il n’avait pas du tout. Dans le lexique de la médecine antique, il désignait simplement un moment significatif dans l’évolution de la maladie, un repère essentiel mais intrinsèquement neutre dans le cours des choses, formant selon les cas un bon ou un mauvais signe 1 Krisis est parent de krinein , juger, décider : peut donc être appelé crise ce qui est décisif et ce qui, pour cette raison même, se prête utilement à l’analyse et à l‘interprétation 2 . À cet égard, on peut voir dans la crise tant proclamée de l’hôpital d’aujaurd’hui une telle phase décisive dans le cheminement vers la réalisation - par nature jamais achevée - de l’institution hospitalière. Elle est alors une invitation à rechercher, au-delà des symptômes d’un désordre et des signes apparents d’une rupture, une nouvelle pensée de l’hôpital, qui en exprime tout à la fois la permanence et le renouvellement. Mais il peut aussi s’agir d’un moment comme un autre dans le cours de l’histoire de l’hôpital, où se révèlent des insuffisances, des contradictions, des retards, des déceptions par rapport aux attentes, que vient aggraver, avec son exigence de perfection et sa revendication d’une illusoire éradication des risques, le choc de la modernité. Cette perspective-là appellerait plutôt une analyse de ce qui ne serait qu’une hésitation dans la marche en avant de l’institution, un aléa auquel il serait encore possible de faire face, une sorte de maladie d’adolescence de la médecine triomphante de demain, déjà partiellement réalisée malgré ses imperfections présentes.
C’est plutôt cette hypothèse que semble accréditer, mais dans un premier temps seulement, le constat de crise qui est si souvent dressé à propos de l’hôpital. L’abondance des études et des témoignages qui lui sont consacrés aurait à elle seule de quoi alerter le spectateur le moins vigilant 3 . Il n’est pas de mois, pour ne pas dire de semaine, où ne paraisse quelque livre mettant en cause le fonctionnement des hôpitaux. Sur ce sujet qui concerne tout un chacun - l’hôpital est pour la plupart d’entre nous un souvenir, un recours ou une menace, et parfois les trois ensemble - il semble que personne ne soit dépourvu de compétence : ni ceux qui y travaillent et qui le connaissent donc de l’intérieur, ni ceux qui y ont été soignés et qui ont bien le droit de porter un jugement sur un système qui n’a finalement de sens que par le service qu’il leur a assuré, ni ceux qui y ont accompagné un proche et qui ont le sentiment d’avoir apporté leur concours à l’œuvre de soin, ni ceux enfin qui ont un avis autorisé sur telle ou telle des nombreuses spécialités, économie, droit, éthique, architecture, logistique et technologies de tous ordres qui concourent, à un titre ou à un autre, à l’édification et à la gestion de l’institution hospitalière. Toutes ces compétences s’additionnent, et parfois même se potentialisent : le souvenir que garde un chirurgien lui-même opéré d’avoir été un temps soumis au pouvoir médical que d’habitude il représente, les témoignages d’infirmiers qui ont reçu des soins douloureux, de sages-femmes dont l’accouchement a été difficile ou bien de médecins hospitalisés dans des conditions pénibles ajoutent à l’évocation des inconforts et souffrances liés à l’hospitalisation la densité de ce cas de figure improbable, mais d’autant plus frappant, qu’on pourrait appeler la révélation à des initiés 4 .
Au-delà de ces dénonciations récurrentes et en forme de cri, comme il convient dans un empire de la douleur, presque tout ce qui touche à l’hôpital est régulièrement remis en question : ses missions, ses moyens et ses coûts, ses conflits internes, ses contradictions entre les impératifs de la gestion et les stratégies médicales, entre les soins de pointe et la menace nosocomiale, sa dramatique vocation, pourrait-on dire, à incarner si bien le contraste entre des extrêmes 5 . « L’hôpital est en crise » : même les tentatives pour justifier l’institution, rappeler ce qui la fonde et redire les promesses qu’elle fait à ceux qui se confient à elle semblent ajouter encore à l’impression d’une sorte de répétition obsédante de cet éternel constat. Signe, sans doute, de l’écart infranchissable entre l’idéal qui est la raison d’être de l’hôpital et la réalité qui peine manifestement à en incarner le projet 6 , signe également de cette tension permanente qui est peut-être, nous le verrons, constitutive de l’histoire même de l’hôpital.

Institution et humanité : les termes du discours
Pourtant, malgré l’apparence, ce n’est pas l’hôpital dans son ensemble qui est réellement en cause. Les critiques et reproches qui lui sont faits sont autrement ciblés. De façon éminemment moderne, ils visent, dans cette énorme machine, ce qui traduit son trop peu d’âme et ce qui souligne son intime contradiction : « l’hôpital, pour les médecins c’est la médecine, pour les malades c’est la maladie » 7 . Et de fait, un observateur attentif constatera aisément l’existence d’un discours contemporain sur l&

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