Pour une éducation matérialiste
140 pages
Français

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Pour une éducation matérialiste , livre ebook

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Description

Il est urgent, selon Christophe Richard, de repenser notre système éducatif et d'imaginer ce que pourrait être une éducation matérialiste, c'est-à-dire une éducation tenant enfin compte du corps. En effet, dispenser un enseignement ne relève-t-il pas davantage du corps à corps que du tête à tête ? Car enfin, qui ne voit pas que l'on apprend par corps et que l'on ne pense qu'avec le corps ? C'est du moins la thèse de l'auteur qui a le mérite d'attirer l'attention sur la réalité corporelle et de vouloir lui donner droit de cité.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2015
Nombre de lectures 9
EAN13 9782336387406
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Christophe RICHARD






Pour une éducation matérialiste

Corps à corps
Copyright

Du même auteur


LE BOUDDHISME : PHILOSOPHIE OU RELIGION ?, Ed. L’Harmattan, Coll. « Religions & Spiritualités », Paris, 2010.
BOUDDHA ET EPICURE , Ed. L’Harmattan, Coll. « Souffle bouddhique », Paris, 2012.
SANGHA OU LA COMMUNAUTE BOUDDHIQUE , Ed. L’Harmattan, Coll. « Souffle bouddhique », Paris, 2012.
BOUDDHA. VIE D’UN HOMME , Ed. L’Harmattan, Coll. « Souffle bouddhique », Paris, 2015.











© L’Harmattan, 2015
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris
www.harmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-73751-5
Dédicace


A mes collègues,
AVANT-PROPOS
Quoi de plus estimable que de vouloir susciter, chez l’enfant, le goût de comprendre le monde ? Quoi de plus remarquable que de lui permettre d’être un jour son propre maître tant dans l’ordre de la pensée que de l’action ? Quoi de plus louable que d’en faire un membre éclairé de la société qui l’accueille ? Quoi de plus beau que de le préparer à sa destinée d’homme ?
Telles sont quelques-unes des tâches tant de l’éducation domestique que scolaire. Or, pour ce qui est de la prime éducation, c’est à se demander si celle-ci a encore lieu et si les parents aident vraiment leur progéniture à se socialiser et à devenir adulte. Quant à l’éducation scolaire, ceux qui en sont les principaux acteurs ne cessent de déplorer qu’ils ne peuvent plus faire leur métier 1 et cela parce que ceux qu’ils ont devant eux « ne sont plus des élèves » 2 . Force est de constater que ces derniers ont bien des difficultés à trouver un sens à leur scolarité. Il faut dire, c’est Jacques Muglioni qui parle, que l’école d’aujourd’hui n’est bien souvent qu’une « mauvaise garderie dispensatrice d’ennui » 3 .
A ceux qui posent la question de sa finalité, le même répond qu’elle n’a d’autre vocation que d’amener chacun à grandir suffisamment pour pouvoir, le moment venu, se passer de maître 4 . Seulement, là où les choses se compliquent, c’est que la plupart des jeunes donnent l’impression de retarder au maximum le temps où il leur faudra se diriger eux-mêmes. On est loin ici de la devise attribuée par Emmanuel Kant aux Lumières : « Sapere aude ! [Ose savoir ! ] Aie le courage de te servir de ton propre entendement » 5 .
Nombreux sont les élèves qui voient la liberté comme un fardeau et qui refusent de devenir responsables. Il est vrai que, durant leur enfance, on les a habitués à être guidés et on a souvent tout fait à leur place. Pas étonnant alors, lorsqu’arrive pour eux l’âge de penser et d’agir par eux-mêmes, qu’ils préfèrent ne pas s’y risquer. Et pourtant, il faudra bien un jour ou l’autre qu’ils fournissent l’effort d’exercer librement leur jugement. Concrètement, il s’agira, pour eux, d’examiner les thèses avancées avec un certain recul ainsi que le bien-fondé de leurs propres idées. C’est ainsi, qui veut devenir éclairé doit cesser de croire ses maîtres et oser opérer la critique de toutes les croyances qui l’habitent. Par où l’on voit que la liberté de penser n’a rien d’un fait, mais résulte d’une conquête qui ne dépend que de soi. Et peu importe si, au début, on a tendance à tituber et à commettre quelques erreurs. L’enfant, écrit E. Kant, finit « bien par apprendre à marcher après quelques chutes » 6 . Ce qui ne signifie pas autre chose qu’il sera désormais à même de résister aux diverses puissances d’illusion.
C’est là l’une des missions les plus importantes que s’est fixé notre système scolaire. En vain, semble-t-il, tant il est vrai que les jeunes rejettent l’école en bloc et refusent de s’arracher à la minorité. Alors que les enfants du Tiers monde rêvent d’être scolarisés, ceux des pays industrialisés n’éprouvent plus que dégoût pour le lieu scolaire. Partant, de nouvelles conditions d’éducation sont plus que nécessaires, lesquelles devraient-c’est, pour moi qui enseigne depuis plus de vingt-cinq ans, une certitude-tenir compte du corps de l’apprenant.
Trop longtemps, la réalité corporelle a été niée, trop longtemps on a procédé comme si les enfants n’étaient que de purs esprits. Pourtant, le corps est sans nul doute l’enjeu éducatif majeur.
Autrefois regardé comme l’autre de l’esprit, un esprit prétendument incorporel 7 , le corps a enfin droit de cité. Seulement, de quel corps s’agit-il ? D’un corps-objet avec lequel nous n’entretenons qu’un rapport purement instrumental. Mais si l’ensemble de nos techniques éducatives doivent être refondées, et elles le doivent, ce n’est point de ce corps-là, on le verra, qu’elles doivent se préoccuper.
1 Voir, par exemple, Adrien BARROT, L’enseignement mis à mort , Ed. Librio, Paris, 2000, p. 23.
2 Ibid ., p. 46.
3 Ecole, République, instruction in L’école ou le loisir de penser , Ed. Centre National de Documentation Pédagogique, Coll. Documents, actes et rapports pour l’éducation, Paris, 1993, p. 32.
4 Ibid ., p. 37. Voir aussi Philosophie, école, même combat. Colloque philosophique de Sèvres-1984, Ed. Presses universitaires de France, Paris, 1984, p. 20.
5 Qu’est-ce que les Lumières ?, Trad. J.-M. Muglioni, Ed. Hatier, Coll. Les classiques Hatier de la philosophie, Paris, 1999, p. 4.
6 Ibid ., p. 5.
7 Cf., par exemple, Thomas HOBBES, Léviathan ou Matière, forme et puissance de l’Etat chrétien et civil , Trad. G. Mairet, Ed. Gallimard, Coll. Folio/Essais, Paris, 2000, Ch. 4, p. 107 et Ch. 12, p. 203.
CHAPITRE I LA PRIME EDUCATION : DU DESIR A LA VOLONTE
Les mots « éduquer » et « éducation » furent introduits en français au XIV ème siècle. Toutefois, ils ne seront vraiment utilisés qu’à compter du XIX ème siècle. Ils ont été élaborés non, comme on le croit souvent, à partir du latin educere , terme évoquant l’idée d’extraction et que l’on traduit habituellement par « faire sortir », « conduire hors », « mettre en dehors », mais sur la base d’ educare , verbe désignant le fait d’« élever », d’« avoir soin de » ou encore d’« amener à son plein développement » une plante, un animal, un être humain. D’ailleurs, avant le XIX ème siècle, l’ancien français utilisait « nourrir » et « nourriture » pour indiquer l’acte d’élever un enfant. Ce que l’on retrouve dans des expressions telles « être nourri de bons principes », « alma mater » , etc. A partir du XIX ème , « éduquer » remplacera « nourrir » et renverra principalement à l’action de faire mûrir les facultés d’un sujet et de le préparer à sa future vie d’adulte, tant sur le plan psychologique que social.
I/ L’identité psychologique.
Psychologique, car il y a précisément, via l’éducation parentale, construction et développement de l’identité, ce qui ne pourra se faire correctement qu’à condition d’encourager l’enfant à gérer par lui-même ses pulsions et ses désirs. C’est que loin d’être uniquement transmission d’un héritage, l’éducation a aussi pour tâche d’inciter chacun à devenir son propre souverain, c’est-à-dire à entrer en possession de sa liberté et en devenir responsable, s’il ne veut pas être contrôlé par elle 8 .
Nous le savons depuis S. Freud, le petit d’hommes est un être de pulsions qui n’a d’autres soucis que la recherche du plaisir et l’évitement du déplaisir. A la naissance, l’individu est tout d’abord un Ça, ce que S. Freud désigne de la sorte n’étant autre que le réservoir des pulsions, pulsions qui s’appuient sur les instincts et qui, une fois passées par le psychisme, se changent en désirs 9 .
Par « instincts », il faut entendre tout un faisceau de comportements innés, fixés par l’hérédité, propres à telle ou telle espèce et totalement inconscients. N’ayant d’autre but que la conservation et la perpétuation de l’ind

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