Règne des femmes
102 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Règne des femmes , livre ebook

-

102 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

L'action du Règne des femmes se déroule cinq mille ans après l'explosion de bombes atomiques qui ont failli détruire la vie sur notre planète. Seules ont survécu quelques communautés de femmes qui ont pris le pouvoir et qui entendent le garder. Ces sociétés, qui proclament constamment qu'elles ont sacralisé le respect de la vie, ne sont toutefois pas aussi idylliques qu'elles le prétendent.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2012
Nombre de lectures 34
EAN13 9782296488953
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le règne des femmes
Paula DUMONT


Le règne des femmes

Conte philosophique


L’Harmattan
Du même auteur :


Mauvais Genre, parcours d’une homosexuelle , L’Harmattan, 2009.
La Vie dure, éducation sentimentale d’une lesbienne , L’Harmattan, 2010.
Lettre à une amie hétéro, propos sur l’homophobie ordinaire , L’Harmattan, 2011.


© L’Harmattan, 2012
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-96831-8
EAN : 9782296968318

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
L’avenir de l’homme est la femme
Elle est la couleur de son âme
Elle est sa rumeur et son bruit
Et sans elle il n’est qu’un blasphème
Il n’est qu’un noyau sans le fruit
Sa bouche souffle un vent sauvage
Sa vie appartient aux ravages
Et sa propre main le détruit

Louis Aragon, le fou d’Elsa
Ce livre s’adresse à :

Tous les chefs d’états qui ont le pouvoir de faire exploser notre planète en appuyant sur un bouton.


Il ne met pas en cause :

Adrien, Alain, Alexis, Bernard, Christian, Damien, Daniel, Edisson, Edgar, Francis, Gérard, Hans, Herman, Hubert, Hussein, Jacques, Jérémie, Jérôme, Jean-Claude, Joël, Julien, Mathis, Marc, Martin, Maxime, Michaël, Michel, Pascal, Patrick, Paul, Pierre, Rémi, Ronald, Sylvain, Thierry, Vincent, Yves et tous les hommes de paix et de bonne volonté.


Et il est dédié à mon amie :
Françoise Mariotti
CINQ MILLE ANS APRES LE CATACLYSME
La directrice de l’Institut de Recherches historiques frappa sur la table du plat de la main en s’écriant :
Vous vous rendez compte de ce que vous avancez ?
Les deux étudiantes qui lui faisaient face se regardèrent d’un air gêné et baissèrent les yeux. Stella, la plus hardie, ouvrit la bouche pour ébaucher timidement une réponse :
Nous sommes vraiment les premières surprises par nos découvertes…
La directrice lui coupa la parole avec brutalité :
Vos découvertes s’exclama-t-elle en détachant le mot avec une feinte gravité pour le tourner en ridicule. C’est trop drôle ! Vous n’avez pas encore terminé votre deuxième année d’étude et vous prétendez avoir fait des découvertes ! C’est à mourir de rire !
Les deux stagiaires n’osèrent rien ajouter car la directrice, contrairement à ce qu’elle venait d’affirmer, ne riait pas le moins du monde. Elle reprit d’une voix plus sereine :
Vous osez prétendre que pendant l’ère de l’Antécataclysme, les femmes vivaient isolées les unes des autres parce qu’elles avaient été domestiquées par les mâles !
Véra, la stagiaire qui était restée muette jusque-là, essaya de placer quelques mots :
Quand nous sommes entrées dans l’habitation dégagée lors des fouilles.
Mais elle ne réussit pas mieux que son amie à terminer sa phrase car la directrice l’interrompit sans pitié :
J’ai eu tort de confier un travail de cette importance à des novices. Dorénavant, vous vous bornerez à réintégrer vos salles de cours et vos matriciaires et vous attendrez d’avoir terminé la totalité de votre cursus pour vous lancer dans la recherche. Vous m’avez fait perdre assez de temps comme ça.
Comme les deux stagiaires restaient pétrifiées, la directrice se leva en repoussant brusquement son fauteuil derrière elle. Confuses, elles en firent autant et après avoir murmuré un timide « au revoir, Madame la directrice », elles se dirigèrent vers la porte.
Un instant !
La voix impérieuse de leur supérieure venait de les clouer sur place. Cette dernière leur déclara :
Ne perdez jamais de vue que vous avez la chance de vivre dans la Grande Sororité. Et souvenez-vous que le respect de la vie et de la vérité sont nos valeurs suprêmes !
Stella et Véra écoutèrent en silence le leitmotiv qu’on leur serinait depuis leur plus tendre enfance. Comme elles n’osaient pas remuer d’un pouce, la directrice reprit :
Bon, vous pouvez vous retirer, maintenant. Et ne venez plus m’importuner avec vos réflexions puériles !
Elles ne se le firent pas dire deux fois et sortirent du bureau avec soulagement.
Restée seule, la directrice ricana :
Quelle jeunesse ! Et quel métier !
Les deux filles prirent la direction de la salle de sport. En chemin, elles purent exprimer leur rancœur sans retenue :
Je n’y comprends rien, dit Stella. Dans les documents qu’on a traduits, tout concorde. Si la datation qu’on nous a donnée est exacte, nos ancêtres de ce temps-là ne vivaient pas du tout comme nous.
On ne pourra rien vérifier de plus, puisqu’on nous retire ce travail, soupira Véra. Tout ce qu’on pourra faire, c’est suivre les recherches des autres, se renseigner sur ce qu’elles auront trouvé…
Je ne vois pas pourquoi la patronne prend ça tant à cœur ! C’est si important, ce qui se passait il y a cinq mille ans ?
Tu simplifies le problème, comme toujours. C’est le cataclysme qui a eu lieu il y a cinq mille ans. L’ère de l’Antécataclysme a duré environ six mille ans, ce qui fait…
Ça ne change rien à ce que je dis ! Qu’est-ce que ça peut nous faire, le mode de vie de ces primitives ? Je ne vois pas pourquoi elle nous traite comme ça ! On dirait que ça la dérange, que nos aïeules aient été domestiquées par les mâles…
Ça ne la dérange pas du tout, simplement elle pense qu’on lui fait perdre son temps. D’ailleurs elle ne nous l’a pas envoyé dire !
On pourrait peut-être en parler à la prof d’Histoire antique. C’est sa spécialité, après tout…
Ouais… Je ne sais pas si c’est une très bonne idée. Parce que si ça revient aux oreilles de la patronne, ça risque de nous retomber sur le coin de la figure ! Et moi, ce que je veux, c’est être un jour une historienne célèbre dans toute la Grande Sororité…
Elles venaient d’arriver à la salle de sport. Tout en bavardant, elles ôtèrent les vêtements qu’elles avaient choisis avec soin avant leur entrevue avec la directrice :
Ce n’était pas la peine de nous mettre sur notre trente et un, soupira Véra. On aurait pu aussi bien aller voir la patronne avec nos combinaisons ordinaires…
Oui, bon, on ne va pas revenir là-dessus indéfiniment, répliqua Stella en enfilant son short et son débardeur. Toi, tu fais ce que tu veux. Moi, je vais lui demander un rendez-vous, à la prof. Ça m’enquiquine d’être obligée de laisser le champ libre à d’autres alors qu’on a tellement bossé et qu’on était si bien parties pour trouver des trucs passionnants.
Vas-y si tu y tiens, répondit Véra. Moi j’abandonne. Je n’ai pas envie d’avoir des emmerdements et d’être mise à la porte de l’Institut pour indiscipline. C’est qu’elle n’est pas tendre, la patronne…
Elles s’installèrent chacune à des appareils de musculation et suèrent avec ardeur, corvée dont toutes les femmes de leur matrie devaient s’acquitter quotidiennement pendant deux heures.
*
Quand elle fut dans le bureau de la professeure qui dirigeait le département d’Histoire antique, Stella tenta d’expliquer de son mieux l’objet de sa visite :
Nous avons été chargées, mon amie Véra et moi, de traduire les volumes qui ont été retrouvés dans une maison miraculeusement préservée…
La professeure l’interrompit d’une voix rude :
Il s’agit des fouilles de Materpolis, à l’est de la Grande Sororité ?
Oui, Madame. Vous savez qu’on a retrouvé de nombreux ouvrages dans des coffres métalliques. On pense que les aïeules qui vivaient à l’ère de l’Antécataclysme avaient eu l’intuition du malheur qui se préparait et qu’elles avaient essayé de préserver ce qui leur paraissait précieux.
Inutile de me faire un cours d’Histoire antique, répliqua la professeure d’un air irrité. Quel est l’objet de votre visite ?
Eh bien, nous avons traduit tous les volumes qu’on nous a donnés…
Et ? s’impatienta la prof.
Et nous avons remis un rapport à la directrice.
Et en quoi suis-je concernée ?
On nous retire la recherche ! répondit Stella avec véhémence. Nos traductions paraissent insensées à notre supérieure.
C’est que vos traductions ne valent rien, répliqua sèchement la professeure. Dites-vous bien que ce n’est pas une petite débutante comme vous qui va en remontrer à notre directrice. Vous ne voulez pas que j’aille intercéder auprès d’elle alors que vous avez mal fait votre travail !
Mais…
Il n’y a pas de mais, Mademoiselle. Vous me faites perdre mon temps. Rappelez-vous que vous vivez dans la Grande Sororité où les valeurs suprêmes sont la vérité et la vie !
Si vous pouviez jeter un coup d’œil à la synthè

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents