Silence, bruit, et musique au cinéma
115 pages
Français

Silence, bruit, et musique au cinéma , livre ebook

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115 pages
Français

Description

Peut-on encore croire aux frontières entre musique, bruit et silence au cinéma ? Dans ce livre, vous explorerez les ressorts esthétiques du silence et les enjeux de son application. Vous naviguerez le long de la frontière poreuse entre bruit et musique, croisant les considérations usuelles sur le bruit, et serez transportés aux racines de la musique occidentale qui tracent les prémisses de cette démarcation.

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Informations

Publié par
Date de parution 11 février 2020
Nombre de lectures 2
EAN13 9782140142673
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Yohann Guglielmetti
SILENCE, BRUIT ET MUSIQUE AU CINÉMA
OUVERTURE PHILOSOPHIQUE ESTHÉTIQUE
Silence, bruit et musique au cinéma
Ouverture philosophique Collection dirigée par Dominique Chateau, Jean-Marc Lachaud et Bruno Péquignot Série Esthétique Une collection d’ouvrages qui se propose d’accueillir des travaux originaux sans exclusive d’écoles ou de thématiques. Il s’agit de favoriser la confrontation de recherches et des réflexions, qu’elles soient le fait de philosophes « professionnels » ou non. On n’y confondra donc pas la philosophie avec une discipline académique ; elle est réputée être le fait de tous ceux qu’habite la passion de penser, qu’ils soient professeurs de philosophie, spécialistes des sciences humaines, sociales ou naturelles, ou… polisseurs de verres de lunettes astronomiques. La série « Esthétique » vise la théorie de l’art ancien comme contemporain ainsi que la réflexion sur le goût et les pratiques esthétiques. Dernières parutions Daniel DEFAYS,Là où les sens se rencontrent, HarmonieS 1 et 2,2019 Bruno DESCHENES,Une philosophie de l’écoute musicale, 2018. Juan GARCÍA-PORRERO,Peinture et représentation. L’avènement pictural, 2018. Claude MOLZINO,Figures d’un monde en sursis. Un dialogue entre philosophie et photographies du temps présent, photogra-phies de Matthias Koch, 2017. Hugues HENRI,L’art brésilien au féminin,2017. Gisèle GRAMMARE,Contrehorizon ou l’œuvre aux noirs, essai de peinture, 2016Xavier D’HÉROUVILLE,Les ménines ou l’art conceptuel de Diego Vélasquez, 2015. Doh Ludovic FIÉ,L’École de Francfort et la critique de la modernité. Le paradoxe de l’œuvre d’art, 2015. Sous la direction de Dominique BERTHET,Une esthétique du trouble, 2015.
Yohann Guglielmetti Silence,bruit et musique aucinéma
Du même auteur Articles
«Sur l’imaginaire de la reproduction du son et,plusparticulièrement, de la voix », Axones, 2017 www.axones-revue.com/yohann-guglielmetti-1
« Scott et Cros ou lesprémices de la reproduction du son », Axones, 2018 www.axones-revue.com/yohann-guglielmetti-2
« Du lien "inné" entre audio et visuel », Axones, 2019 www.axones-revue.com/yohann-guglielmetti-3
© L’Harmattan, 2020 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-195414 EAN : 9782343195414
Introduction
Le silence est défini comme une « absence de bruit, ϭ d’agitation » . Le bruit est, quant à lui, désigné comme étant un « ensemble de sons, d’intensité variable, dépourvus d’harmonie, Ϯ résultant de vibrations irrégulières » . L’agitation est l’action de « mettre en mouvement, de façon répétée et plus ou moins ϯ désordonnée » . Par conséquent, le silence n’est pas une absence de son en soi mais une absence de désordre sonore, « de bruit, d’agitation ». Il n’est pas non plus la « combinaison ϰ harmonieuse ou expressive de sons » , définition de la musique. Il représente simplement cette couche insignifiante couvrant le vide sonore, lequel n’existe pas dans la nature dès lors que notre appareil perceptif fonctionne. En effet, même lorsque nous nous bouchons les oreilles, nous entendons un bourdonnement. En imaginant que nous nous trouvons dans une salle totalement insonorisée, tous les bruits que nous produirons, aussi infimes soient-ils, tels que ceux internes à notre organisme, sont amplifiés. Telle est l’expérience du compositeur John Cage, lorsqu’il visite une salle anéchoïque en 1951 à l’université de Harvard, en imaginant qu’il peut y expérimenter le vide sonore : « J’avais pensé, réellement et naïvement qu’il existait quelque silence véritable [notre perception du “vide sonore” ou du silence total]. Je n’avais jamais recherché son impossibilité. Quand j’entrai, donc, dans cette chambre anéchoïde, je m’attendais réellement à ne rien entendre, sans avoir songé à ce que cela pourrait être de ne rien entendre. À l’instant où je m’entendis moi-même produisant deux sons, celui des batte-ments de mon sang et celui de mon système nerveux en ϱ opération, je fus stupéfait. Cela a été pour moi un tournant » .
ϭ « SILENCE : Définition de SILENCE »,inCNRTLcomplète en, URL biblio. Ϯ « BRUIT : Définition de BRUIT »,inCNRTL, URL complète en biblio. ϯ « AGITATION : Définition de AGITATION »,inCNRTL, URL complète en biblio « AGITER : Définition de AGITER »,inCNRTL, URL complète en biblio. ϰ « MUSIQUE : Définition de MUSIQUE »,inCNRTL, URL complète en biblio. ϱ John Cage,Pour les oiseaux: entretiens avec Daniel Charles, Pa-ris, L’Herne, 2002, p. 110.
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Il compose alors4’33’’, titre indiquant la durée d’un mor-ceau de silence en trois mouvements, interprété la première fois le 29 août 1952 à Woodstock par le pianiste étasunien David Tudor (1926 – 1996) qui s’assied au piano, marque le début de chaque mouvement en fermant le couvercle, et la fin, en l’ouvrant. C’est ainsi qu’il « joue » lesquatre minutes trente-trois secondes de silence. Trente ans plus tard, Cage se souvient encore de cette première représentation : « les gens ont com-mencé à chuchoter l’un à l’autre, et certains ont commencé à sortir. Ils n’ont pas ri – ils ont juste été irrités quand ils ont réalisé que rien n’allait se produire, et ils ne l’ont toujours pas ϲ oublié trente ans après : ils sont encore fâchés » . Le musico-logue Makis Solomos précise que :
«4’33’’été pensé en 1948, sous le titre de avait Silent Prayer, mais, à l’époque, l’idée de silence relevait d’une volonté d’ascèse ou de méditation, comme l’explique James ϳ Pritchett . Le4’33’’ que nous connaissons est tout autre chose car, entre-temps, est survenue l’expérience de la chambre anéchoïque et le constat que le silence, c’est l’écoute de tous les ϴ sons possibles, de tous les sons qui ne dépendent pas de nous » .
Même l’idée de silence chez les sourds est soumise à con-troverses. Pour le sociologue Michel Poizat, le silence est une idée « qui s’impose à l’entendant et qui s’impose comme fantasme […]. Rien n’est moins silencieux que le monde sourd. Comme le souligne cette interprète en langue des signes : “Jamais je n’ai eu l’impression que les sourds étaient dans un monde silencieux, on sait que les sourds c’est particulièrement ϵ bruyant” » .
ϲ Conversation de Cage avec Michael John White (1982), in David Revill,The Roaring Silence: John Cage: À Life, 2nd Printing edition., New York, Arcade Publishing, 1993, p. 166. ϳ Cf. James Pritchett,The Music of John Cage, First Paperback edi-tion., Cambridge u.a., Cambridge University Press, 1996, p. 59. ϴ Makis Solomos,De la musique au son: L’émergence du son dans la musique des XXe-XXIe siècles, Rennes, PU Rennes, 2013, p. 179. ϵ Michel Poizat,La voix sourde: la société face à la surdité, Métailié, 1996, p. 62.
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