Spinoza ou l autre (in)finitude
283 pages
Français

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Spinoza ou l'autre (in)finitude , livre ebook

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Description

Pourquoi Spinoza ne cesse-t-il de nous provoquer à penser aujourd'hui encore ? Pourquoi des philosophes aussi différents, voire opposés, que Gilles Deleuze, Louis Althusser, Toni Negri cherchent-ils encore en sa pensée des éléments pour donner à la perspective de l'émancipation une nouvelle impulsion, un nouveau souffle ? Sa démarche consiste à penser la finitude contre la démesure de tout projet de maîtrise des choses et des hommes. Mais elle n'exclut pas l'infini, elle l'implique.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2009
Nombre de lectures 69
EAN13 9782336267524
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1100€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La Philosophie en commun
Collection dirigée par Stéphane Douailler, Jacques Poulain, Patrice Vermeren

Nourrie trop exclusivement par la vie solitaire de la pensée, l’exercice de la réflexion a souvent voué les philosophes à un individualisme forcené, renforcé par le culte de l’écriture. Les querelles engendrées par l’adulation de l’originalité y ont trop aisément supplanté tout débat politique théorique.
Notre siècle a découvert l’enracinement de la pensée dans le langage. S’invalidait et tombait du même coup en désuétude cet étrange usage du jugement où le désir de tout soumettre à la critique du vrai y soustrayait royalement ses propres résultats. Condamnées également à l’éclatement, les diverses traditions philosophiques se voyaient contraintes de franchir les frontières de langue et de culture qui les enserraient encore. La crise des fondements scientifiques, la falsification des divers régimes politiques, la neutralisation des sciences humaines et l’explosion technologique ont fait apparaître de leur côté leurs faillites, induisant à reporter leurs espoirs sur la philosophie, autorisant à attendre du partage critique de la vérité jusqu’à la satisfaction des exigences sociales de justice et de liberté. Le débat critique se reconnaissait être une forme de vie.
Ce bouleversement en profondeur de la culture a ramené les philosophes à la pratique orale de argumentation, faisant surgir des institutions comme l’École de Korcula (Yougoslavie), le Collège de Philosophie (Paris) ou l’Institut de Philosophie (Madrid). L’objectif de cette collection est de rendre accessibles les fruits de ce partage en commun du jugement de vérité. Il est d’affronter et de surmonter ce qui, dans la crise de civilisation que nous vivons tous, dérive de la dénégation et du refoulement de ce partage du jugement.
Dernières parutions
Serge VALDINOCI, Phénoménologie affective, 2008.
Driss BELLAHCENE, Eloge de la discontinuité, 2008.
Didier CARTIER, La vie ou le sens de l’inaccompli chez Nicolas Grimaldi, 2008.
Christian CAVAILLÉ, Philosopher depuis Montaigne et après Wittgenstein, 2008.
Jad HATEM, Phénoménologie de la création poétique , 2008.
Nelson GUZMAN, Subjectivité et idéologie dans le contexte de la philosophie de la modernité, 2008.
Spinoza ou l'autre (in)finitude

André Tosel
© L’HARMATTAN, 2008
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296077249
EAN : 9782296077249
Sommaire
La Philosophie en commun - Collection dirigée par Stéphane Douailler, Jacques Poulain, Patrice Vermeren Page de titre Page de Copyright Dedicace PRÉFACE PREMIÉRE PARTIE - L’INFINI DANS L’OMBRE DU FINI
Chapitre Premier - SPINOZA ET L’ESPRIT CARTÉSIEN. La voie de la critique Chapitre 2 - LE DÉPLACEMENT DE LA CRITIQUE DE SPINOZA À VICO Chapitre 3 - LA TRANSFIGURATION DE L’IMAGINAIRE RELIGIEUX ET LA PHILOSOPHIE Chapitre 4 - SPINOZA, PENSEUR DE LA POLITIQUE Chapitre 5 - D’UNE RADICALITÉ À L’AUTRE : SPINOZA ET MARX
DEUXIEME PARTIE - LE FINI DANS LA LUMIÈRE DE L’INFINI
Chapitre 6 - LA FINITUDE POSITIVE Chapitre 7 - FLUCTUATIONS ET TRANSITIONS ÉTHIQUES (I) Chapitre 8 - DE LA RATIO À LA SCIENTIA INTUITIVA , LA TRANSITION ÉTHIQUE INFINIE (II) Chapitre 9 - POÏÉTIQUE ET MODÈLE DE L’ACCOMPLISSEMENT HUMAIN Chapitre 10 - (IN)FINITUDE ET RATIONALITÉ. QUEL DEVENIR POUR SPINOZA ?
ENVOI. L’AUTRE (IN)FINITUDE BIBLIOGRAPHIE PROVENANCE DES TEXTES
À Michèle sans qui rien n’eut été possible, qui a tout donné, ravie trop tôt à l’amour humain, vivante en son idée éternelle, partie éternelle de notre faible être-en-commun
Je suis magicien, forçant cadenas et serrure Avec une lame secrète, Et par ces nuits où la foudre fulgure Quand les mâts gémissants sont cantiques plaintifs, Quand se déchaînent les marins dans les tavernes, Et la synagogue, un coeur dans Amsterdam, Se dresse, vide, épouvantable, J’ai laissé grincer mes couteaux J’ai chanté le chant de la liberté, Moi le prisonnier des cinq tours, De ta doctrine - Jehovah
Je suis magicien, j’opère sur les mondes Dompteur de lions, les bêtes fauves Obéissent aux coups de mon rude fouet Mais dans les sombres nuits, je ne suis plus Et moins qu’un épi dans le vent, qu’un enfant Jéhovah;.................
Car le sang est empoissonné L’âme enflammmée ; Les ailes entravées par tes liens un lourd brouillard posé sur les regards Car fendant le coeur de ma jeunesse Tout le poids de ma chair pesait Jehovah....................
Derrière moi marche mon ombre. Scintille au coeur le signe d’une Vie nouvellle A mes talons poussent des ailes Jehovah
Poèmes à Spinoza, Malech RASITAH, poète de langue yiddish Texte communiqué par un ami, Jacques EPSTEIN, sans référence
PRÉFACE
Les dix études qui suivent, rédigées entre 1996 et 2002, entendent composer un ouvrage proposant une interprétation de la pensée de Spinoza autour du thème d’un rationalisme de la finitude positive. Elles prolongent une enquête ancienne dont les étapes sont marquées par deux publications, Spinoza et le crépuscule de la servitude. Essai sur le Traité théologico-politique (Paris, Aubier, 1984) et Du matérialisme, de Spinoza (Paris. Kimé. 1994). Elles attestent une inflexion notable de la lecture. Spinoza est mis à distance d’une thématique du plein dévoilement de la capacité de penser et d’agir au sein d’une histoire remise en mouvement par le combat inaugural contre le bloc théologico-politique. Il n’est plus compris seulement comme la pointe avancée d’une Aufklärung d’orientation révolutionnaire. Il est davantage compris comme le philosophe qui fonde la puissance de la raison et de l’agir sur la connaissance lucide de tout ce qui s’oppose à l’une et à l’autre.
La raison ne dispose pas de la force qui ferait d’elle une puissance hégémonique. Elle est invitée à mesurer ses limites, son inscription dans les cycles de réciprocité passionnelle négative, à reconnaître ses conditions de possibilité, l’action récurrente qu’exerce sur elle l’ordre commun de la nature au sein duquel chaque individu se trouve toujours déjà jeté, privé de tout accès direct à son esprit, à son corps et à l’ensemble des corps qui l’interdéterminent. Bien des thèmes de Spinoza côtoient ici les pensées de la finitude négative religieuse qui insistent sur la misère de l’homme et stigmatisent son délire de présomption. Il existe bien une pensée de la finitude chez Spinoza dont Ethique III et IV donnent la grammaire. Spinoza ne participe pas du rationalisme humaniste qui fait de l’homme le maître de la nature extérieure et de sa propre nature, un empire dans un empire. Il ne valide en aucune matière le projet de la subjectivité définie comme métaphysique de la production pour la production alors qu’il développe une pensée de l’être comme acte. Mais il ne reprend pas à son compte la vision doloriste de l’homme, fondée sur le péché originel ; il ne fait pas l’éloge de la soumission obéissant à l’autorité des passions tristes, pas plus qu’il n’insiste sur la nécessité de méditer la mort pour atteindre le niveau de la vie authentique.
Et surtout le rationalisme spinozien de la finitude est simultanément un rationalisme de l’infinitude. L’esprit humain est un mode fini de l’attribut infini. Il n’est pas lié à cet attribut par une logique de la participation dans l’extériorité. Il est une partie du mode infini médiat défini comme chaîne infinie intotalisable des modes finis, qui exprime de manière partitive l’infini intensif propre à l’entendement infini de Dieu, mode infini immédiat de l’attribut de la pensée. L’esprit humain est capable d’une affirmation infinie qui s’atteste en sa capacité de connaissance par notions communes et par essences singulières ( scientia intuitiva ). Mais il n’accède à aucun savoir total de la totalité. Cet esprit demeure idée de son corps existant en acte et soumis à l’ordre commun de la nature, mais il peut développer en son mouvement interne un ordre propre selon la forme de l’éternité.
L’esprit, l’individu n’est pas sujet, mais effet et moment d’un ordre. Il se trouve que cet ordre au sein de la même réalité est susceptible de deux déclinaisons : l’ordre commun de la nature et l’ordre d’auto-effectuation propre. Le problème éthique est celui de la transformation du rapport de l’individu à la réalité, la modification d’un rapport défini en termes d’ordre commun de la nature en ordre d’autolégitimation propre. Le premier ordre ne saurait jamais disparaître en ce qu’il constitue la modalité primaire sous laquelle chacun est donné à un monde dont il ne connaît pas la struc

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