Théologie et épistémologie négatives chez Villey, Girard et Tresmontant
215 pages
Français

Théologie et épistémologie négatives chez Villey, Girard et Tresmontant , livre ebook

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Description

A partir de Villey, Girard et Tresmontant, cet ouvrage propose un abrégé assassin de l'histoire de la pensée en tant qu'expression de la violence du droit, de la religion et de la science. L'arme, à double détente, de cet assassinat, n'est autre qu'une théologie et une épistémologie négatives, forgées dans le creuset, lui-même double, du judéo-christianisme et de l'aristotélo-thomisme.

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Date de parution 10 septembre 2020
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EAN13 9782140157264
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

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Extrait

Paul Dubouchet
THÉOLOGIE ET ÉPISTÉMOLOGIE NÉGATIVES CHEZ VILLEY, GIRARD ET TRESMONTANT Violence du droit, de la religion et de la science
OUVERTURE PHILOSOPHIQUE
bibliothèque
Collection « Ouverture philosophique » Série « Bibliothèque » dirigée par Jean-Marc Lachaud et Bruno Péquignot Une collection d’ouvrages qui se propose d’accueillir des travaux originaux sans exclusive d’écoles ou de thématiques. Il s’agit de favoriser la confrontation de recherches et des réflexions, qu’elles soient le fait de philosophes « professionnels » ou non. On n’y confondra donc pas la philosophie avec une discipline académique ; elle est réputée être le fait de tous ceux qu’habite la passion de penser, qu’ils soient professeurs de philosophie, spécialistes des sciences humaines, sociales ou naturelles, ou… polisseurs de verres de lunettes astronomiques.
La série « Bibliothèque » comporte des ouvrages qui inaugurent ou complètent la connaissance des philosophes en explorant leur problématique, leur argumentation et leur héritage.
Dernières parutions Pascal GAUDET,Kant et le sens de l’existence. Une éthique de l’illusion, 2020. Nikos FOUFAS,Friedrich Engels et la Guerre des paysans allemands, 2020. Martin MEULIN,La raison de la tradition. De l’éthique à la politique par l’entrelacement de la culture et des vertus. Aristote et MacIntyre, 2020. Pascal GAUDET,La fondation de l’humain, Recherche kantienne, 2019. Daniel HOROWITZ,Leibowitz ou l’absence de Dieu, 2019. Arno MÜNSTER (en collaboration avec Fabio Mascaro Querido), Le marxisme « ouvert » et écologique de Michael Löwy.Hommage à un intellectuel « nomade », 2019.Paul DUBOUCHET,Girard et Tresmontant, balayeurs et constructeurs. Pour le monothéisme, 2019. Pascal GAUDET,Le projet démocratique. Recherche kantienne, 2018.
Paul Dubouchet THEOLOGIE ET EPISTEMOLOGIE NEGATIVES CHEZVILLEY,GIRARD ETTRESMONTANTViolence du droit, de la religion et de la science
Du même auteur  Aux P. U. F., « Les voies du droit » Sémiotique juridique. Introduction à une science du droit, 1990. Chez L’Hermès Les normes de l’action : droit et morale. Introduction à la science normative, 1990. La philosophie du droit de Hegel. Essai de lecture desPrincipes, 1995. La pensée juridique avant et après le Code civil, 1998. Trois essais pour une théorie générale du droit, 1998. La pensée politique avant et après Hegel, 1999. Nouvelles méthodes des sciences sociales, 1999. Chez L’Harmattan De Montesquieu le moderne à Rousseau l’ancien, 2001. Le modèle juridique. Droit et herméneutique, 2001. Commons et Hayek, défenseurs de la théorie normative du droit, 2003. Philosophie et doctrine du droit chez Kant, Fichte et Hegel, 2005. Pour une sémiotique du droit international, 2007. Droit et épistémologie. L’Organondu droit, 2008. Droit et philosophie.Préface de François Dagognet, 2009. Thomas d’Aquin : droit, morale etmétaphysique, 2011. Tout comprendre avec René Girard. Du moi aux grands problèmes actuels. Petit traité de la violence, 2015. De Hegel à Girard. Violence du droit, religion et science, 2015.De la guerre au terrorisme…Les véritables causes, 2015. Le scandale Joseph de Maistre, 2016. L’esprit du christianisme, 2016.L’esprit du catholicisme d’après René Girard, 2016. La théologie politique de René Girard et la gauche chrétienne, 2016. Critique du droit chez Michel Villey et René Girard.Pour une épistémologie négative, 2016. René Girard « cow-boy texan » au fil de ses exploits, 2017. Paganisme, Christianisme et Catholicisme chez René Girard. Le vrai Dieu caché, 2017. La « Conversion romanesque » de René Girard. La Littérature et le Bien, 2018. Girard et Tresmontant, balayeurs et constructeurs. Pour le monothéisme, 2019. Brève philosophie de la Constitution. De Cicéron à René Girard, 2019.
© L’Harmattan, 2020 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-20954-8 EAN : 9782343209548
À RÉÉRI MôNTôRT
INTRODUCTION là TÉôôGIE ôE SIENE E IEû ôû ISôûRS SûR IEû ET ’épistémologie comme science de la science (selon une vieille définition) ou discours sur la science, ont toujours entretenu d’étroits rapports. En effet une « science de Dieu » ne peut, en préalable, que s’interroger sur la discipline qui affiche une telle prétention. La théologie qui pose « le problème de Dieu » est donc inséparable de l’épistémologie qui pose « le problème de la science ».  Déjà, chez les plus anciens penseurs de l’Asie et de la Grèce, la conception de Dieu et la conception du monde étaient confondues dans une théogonie qui dépassait toute distinction entre théologie et science. Au cours des âges, la distinction entre les deux finit par s’imposer jusqu’à creuser, entre elles, un fossé de plus en plus grand - dont e prirent acte, au XVIII siècle, les Lumières, notamment d’Holbach qui, paraît-il, refusait de recevoir à sa table des théologiens. Pourtant nombre de penseurs hostiles à la religion, conservaient sans le savoir les catégories de la théologie. Il y eut ainsi une sorte de « théologie philosophique », la généralisation à l’ensemble de la philosophie, de la « théologie politique » dont Carl Schmitt avait énoncé naguère le postulat : « tous les concepts prégnants de la science politique ne sont que des concepts théologiques sécularisés » (C. Schmitt,Théologie politique, trad. franç. J.-L. Schlegel, Gallimard, 1988).  Si la « théologie philosophique » relève, à l’instar de la « théologie politique », d’une discipline critique, c’est que l’adéquation qu’elle met en lumière n’est pas, toujours, celle du vrai et du bien, mais plutôt, souvent, celle du faux et du mal. C’est pourquoi, seules peuvent la dénoncer une théologie du mal ou « théologie négative » révélant la « violence de la religion », et une épistémologie du faux
ou « épistémologie négative » révélant, avec la « violence de la science », la « violence du droit ».  En effet le postulat de la théologie négative est qu’on ne peut appréhender Dieu que par des négations : de Dieu, on ne peut dire ce qu’il est, mais seulement ce qu’il n’est pas, car seule la négation du particulier permet d’accéder à l’universel -je connais Dieu de ne pas le connaître. La théologie négative est, en effet, définie, traditionnellement, par la triadeanalogie,éminence etnégation: on ne peut connaître Dieu que paranalogie avec l’homme, en attribuant à Dieu les qualités humaines, mais en les portant à un degrééminent, or la forme la plus élevée de l’affirmation est lanégation- puisque l’affirmation est négation de la négation.  D’autre part la théologie négative est souvent associée au problème du mal : « Je suis celui qui nie tout », ainsi se présente l’Esprit du Mal à Faust, dans la pièce de Goethe. Or, si la théologie négative dépasse les catégories du bien et du mal dans l’action, l’épistémologie négative dépasse les catégories du vrai et du faux dans la connaissance : seule une épistémologie, elle-même négative, est appropriée à la connaissance négative de Dieu.  Rappelons qu’après ce précurseur que fut Platon dans le Parménide, la théologie négative ne prit son envol qu’avec le christianisme. Et, tout d’abord, avec Denys l’Aréopagite e (à la charnière des V et VI siècles), reconnu comme son promoteur, et dont Saint Thomas d’Aquin retiendra la leçon. Ensuite le grand défenseur de la théologie négative e fut, au XV siècle, le « mystique rhénan » Nicolas de Cues (1401-1464), auteur d’un célèbre ouvrage,La docte ignorancedont Pierre Magnard a donné (1439), récemment une nouvelle traduction. Or force est de constater que ce titre lui-même traduit mieux le projet d’une « épistémologie négative » que celui d’une « théologie négative » - c’est dire que les deux sont
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toujours intimement liées. D’ailleurs Maurice de Gandillac qui fut un grand spécialiste de Nicolas de Cues auquel il consacra sa thèse, fait référence, dans un petit ouvrage (Le sens de notre vie, P.U.F., 1941) à lapieuse ignorance. Pour avoir une parfaite antithèse avec ladocte ignorance, ne conviendrait-il de parler également depieuse incroyancerenverrait peut-être plus exactement au qui projet de la théologie négative, tout en résumant parfaitement la problématique de l’athéisme (sur laquelle nous aurons bien évidemment l’occasion de revenir) ? En vérité, si Nicolas de Cues traite de théologie négative dans un ouvrage intituléLa docte ignorance, un ouvrage d’épistémologie négative ne pourrait-il pas s’intitulerLa pieuse incroyance? Ne faut-il pas en conclure que les expressions dedocte ignorance et depieuse incroyancerenvoient à des rapports analogues, tout comme pourraient le faire les expressions depieuse ignorance(Gandillac) et dedocte incroyance(dernière expression qui s’applique, elle aussi, fort bien au problème de l’athéisme) ?  Or le lien étroit entre théologie négative et épistémologie négative se retrouvent, de façon tout à fait indépendante, aussi bien chez Michel Villey (1914-1988), que chez René Girard (1923-2015) et Claude Tresmontant (1925-1997) dont les préoccupations initiales étaient pourtant bien différentes : le droit pour Villey, la violence pour Girard, « l’énergie créatrice » pour Tresmontant. Si nous citons en premier Michel Villey, philosophe et historien du droit, c’est parce que le droit comme « science de ce qui est juste » occupe une place stratégique dans cette critique. Quant à René Girard et Claude Tresmontant, ils opèrent, chacun de leur côté, la même critique par l’exploration des rapports de la science et de la religion, à la lumière du texte judéo-chrétien redécouvert par Girard à partir de la littérature et de l’anthropologie, le même texte étant analysé minutieusement par Tresmontant
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grâce à sa connaissance approfondie des langue et pensée hébraïques et grecques.  Mais c’est bien Girard qui, par son analyse de la violence, occupe une place centrale dans le présent essai : c’est en effet lui qui a révélé la violence de la religion, de la science et du droit - ces trois formes de violence étant toujours intimement liées - comme il avait déjà, naguère, fait prendre conscience à Aglietta et Orléan, deLa violence de la monnaie1982). C’est lui qui (P.U.F., permet de comprendre que Villey n’a fait qu’instruire le procès de la « violence du droit », et que Tresmontant a scruté le judéo-christianisme comme la plus puissante machine de guerre dressée contre la violence.  Ainsi théologie et épistémologie négatives permettent d’effectuer une radicale dénonciation de la violence de la pensée dans l’histoire (Première partie) et ne manquent pas de proposer les réponses appropriées pour tenter d’y mettre fin (Deuxième partie).
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