Utopies et devenirs deleuziens
115 pages
Français

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Utopies et devenirs deleuziens , livre ebook

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Description

"L'utopie, en ces moments de crise économique et civilisationnelle, devrait-elle redevenir une démarche nécessaire au politique et au philosophe ?" Face à cette question, Deleuze soutient une position originale qui, sans annuler complètement le concept d'utopie (il est solidaire de la critique nietzschéenne et spinosiste de cette notion), permet d'en construire un sens nouveau. L'utopie revue par Deleuze ouvre un questionnement nécessaire concernant les problèmes fondamentaux de la philosophie de notre temps.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2010
Nombre de lectures 169
EAN13 9782296931978
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

UTOPIES ET DEVENIRS
DELEUZIENS
Ouverture philosophique
Collection dirigée par Dominique Chateau,
Agnès Lontrade et Bruno Péquignot

Une collection d’ouvrages qui se propose d’accueillir des travaux originaux sans exclusive d’écoles ou de thématiques.
Il s’agit de favoriser la confrontation de recherches et des réflexions qu’elles soient le fait de philosophes "professionnels" ou non. On n’y confondra donc pas la philosophie avec une discipline académique ; elle est réputée être le fait de tous ceux qu’habite la passion de penser, qu’ils soient professeurs de philosophie, spécialistes des sciences humaines, sociales ou naturelles, ou… polisseurs de verres de lunettes astronomiques.

Dernières parutions
Claver BOUNDJA, Penser la paix avec Emmanuel Lévinas. Histoire et eschatologie , 2009.
Claver BOUNDJA, Philosophie de l’événement. Recherches sur Emmanuel Lévinas et la phénoménologie , 2009.
Denis GRISON, Vers une philosophie de la précaution , 2009.
Cécile VOISSET-VEYSSEYRE, Les amazones font la guerre , 2009.
Patrick Gérard DEBONNE, Max Stirner , pédagogue , 2009.
Liliane LAZAR, L’empreinte Beauvoir , 2009.
David-Le-Duc TIAHA, Paul Ricœur et le paradoxe de la chair , 2009.
Michel FATTAL, Le langage chez Platon , 2009.
Odette BARBERO, Descartes , le pari de l’expérience. Cogito , liberté , union de l’âme et du corps , 2009.
Caterina REA, Dénaturaliser le corps. De l’opacité charnelle à l’énigme de la pulsion , 2009.
Nicole-Nikol ABECASSIS, Qu’est-ce que comprendre ? , 2009.
Pascal GAUDET, Le problème de l’architectonique dans la philosophie critique de Kant , 2009.
Jean DELORME, Philippe GRANAROLO (sous dir.), Eloge de l’équilibre , 2009.
Alain BILLECOQ, Spinoza : question politiques. Quatre études sur l’actualité du Traité politique, 2009.
Aklesso ADJI, Traditions et philosophie. Essai d’une anthropologie philosophique africaine , 2009.
Virginie SCHOEFS, Hans Jonas : écologie et démocratie , 2009.
Philippe MENGUE


UTOPIES ET DEVENIRS
DELEUZIENS


L’Harmattan
Du même auteur

Deleuze et la question de la démocratie , L’Harmattan, 2003.


© L’HARMATTAN, 2009
5-7, me de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-10846-2
EAN : 9782296108462

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Introduction {1}
Gilles Deleuze, à croire la rumeur présente, serait le tout dernier arrivé des utopistes. Ne tendrait-il pas, en effet, à mettre en place contre le capitalisme mondialisé, une société nomade élargie à la terre entière, sans frontières ni pouvoir de contrainte, fluant ou surfant sur les nouvelles technologies qui portent l’homme dans ses lignes de fuite et de désir ? Il n’y va peut-être que d’une image, d’une mode, d’un succès dans certains mil eux, dits d’avant-garde, qui repose sur une lecture rapide et facile de sa pensée. Il serait plus crédible que sa pensée, réellement philosophique, soit plus complexe et plus difficilement annexable aux courants et aux utopies qui dominent présentement (le nomadisme mondialiste et sans frontières des flux et des intensités).
Si j’ai choisi de traiter la question de l’utopie en partant de la philosophie de Gilles Deleuze c’est que, au-delà des clichés dont elle est recouverte présentement, elle me semble nous fournir une précieuse leçon. Voyons d’abord comment se présente la question de l’utopie, en première approximation.
Le terme et le genre littéraire qu’est l’utopie nous viennent de Th. More (1516). Succès foudroyant de sa fiction, de son récit Utopia. Traductions instantanées en plusieurs langues, etc. Depuis More jusqu’à nous, il a été recensé plus de 1 600 récits utopistes. Ce succès est un signe : il coïncide avec l’avènement de la modernité, inséparable, d’une manière ou d’une autre, d’une référence à l’utopie comprise au sens large comme rapport à un idéal en vue d’une transformation de la société présente.
Aujourd’hui : nous constatons une quasi-disparition de ce genre littéraire, grosso modo depuis les années quatre-vingt. La veine et la disposition affective qu’elle implique semblent figées, taries après les années qui ont suivi Mai 68. Serait-ce le signe d’une sortie de la modernité, d’une autre modernité ( alter modernité), d’une postmodernité ? Dans les années quatre-vingt on voit aussi la fin des dernières communautés, les dernières microsociétés issues du mouvement libertaire et anarchiste de 68. Ces mouvements, groupes, communautés, voulaient expérimenter concrètement, mettre en œuvre un autre mode de vie, et ainsi répondre sur le plan vital, personnel, existentiel indissociable d’une organisation sociale, au cri de 68 : « Je veux vivre autrement ! ».
Le thème choisi cette année par L’UPA est-il un signe que ce mouvement s’inverse, qu’on fasse à nouveau retour à l’utopie, à sa démarche ? La crise du capitalisme financier est-elle propice à l’apparition de nouvelles alternatives et, pour les guider, à une pensée utopiste ?
Malgré les apparences, je n’en suis pas convaincu. Du moins l’utopie ne semble pas pouvoir prendre la même forme que celle qu’elle a prise récemment pendant la dernière séquence libertaire en Europe et aux USA, avec le mouvement hippie, beatnik, par exemple. Pourquoi ce doute ? Il vient d’une impression générale concernant notre époque. Nous sentons (affect), ou croyons sentir, que quelque chose a changé et qui n’est pas une « mode », quelque chose de superficiel ou accidentel, mais qui concerne la modernité elle-même. Nous croyons de moins en moins en elle, nous perdons de plus en plus la croyance dans le progrès. Et si plus de progrès, alors plus de modernité ! Quelque chose s’est cassé, a viré, et qui est au centre, qui anime le cœur vivant de la modernité philosophique et peut-être politique, issue des Lumières , et dont la racine se trouve dans la Renaissance, avec des penseurs et écrivains justement comme Thomas More. Une mutation semble s’être produite, qui touche à la conception même du temps et de l’être, ce que nous pouvons par ailleurs nommer notre ontologie ou notre métaphysique. Il y a, sinon un retrait, ou une rupture ou un abandon, du moins comme un déplacement, un décalage, une autre position par rapport à la modernité. La modernité ne serait pas abandonnée ou dépassée (dépassement qui serait encore œuvre de la modernité elle-même !) mais comme mise à côté, comme quelque chose de parallèle, qui accompagne le mouvement ou le nouveau cours des choses, mais ne gouverne plus : une para- ou une post-modernité. Voilà ce qu’il nous faut examiner et qui se tient comme enjeu majeur à l’horizon de notre réflexion.
Les sciences humaines, économiques, historiques, psychologiques, ont leur intérêt, mais elles ne peuvent à elles seules, expliquer cette mutation d’époque, ni surtout comprendre cette réorganisation de concepts qui structurent la pensée, et qui retentissent depuis ce domaine sur nos façons de voir le monde ( percept ) et de le sentir ( affect ). La question de l’utopie, son lien à la modernité, à notre présent, exige donc une réflexion proprement philosophique. Soit. Mais pourquoi faire alors appel à Gilles Deleuze ?
Si ma réflexion se place sous le signe de Deleuze, c’est parce que ce philosophe, sans renoncer au rôle subversif de la philosophie, à son intempestivité, fournit l’ontologie nécessaire pour comprendre les raisons de cette faiblesse ou disparition du thème de l’utopie. Pour mesurer le raz-de-marée qu’il représente par rapport à la question (dont il ne parle jamais) de la modernité et donc de l’utopie (dont il aborde souvent la question) nous avons plusieurs passages. Mais ils sont tous restrictifs, ils atténuent l’importance et même émettent des doutes sur la validité et de ce terme et de ce concept. Ces passages sont principalement dans Qu’est-ce que la philosophie ? {2}
Ce n’est pas un bon mot (p. 96).
Plus grave : ce n’est pas un bon concept {3} .
Pourquoi, ce retrait, ce recul, ou cette atténuation ?
C’est plutôt étonnant.
Deleuze passe pour révolutionnaire, du moins pour certains ; et il l’est sans doute, mais à sa façon qui n’est pas celle qui prédomine dans les milieux qui font de la révolution leur objectif (mouvements anticapitalistes, de gauche « extrême » etc.). L’utopie a toujours joué un rôle de contestation ou de subversion, a toujours accompagné les mouvements progressistes ou révolutionnaires {4} . On lui assigne traditionnellement comme fonction : la critique de la réalité présente et l’orientation de l’action transformatrice en offrant des mo

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