Xavier Zubiri
260 pages
Français

Xavier Zubiri , livre ebook

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260 pages
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Description

Xavier Zubiri a été l'un des penseurs les plus vigoureux et importants du XXe siècle. Ni sa vie ni son oeuvre ne peuvent être séparées du drame, du caractère et des rêves de l'Espagne. La philosophie de Zubiri est inévitablement ancrée dans son époque et dans ce qui constitue la trame complexe de la condition humaine : les sentiments, les passions et les désirs. Les auteurs se sont focalisés sur la vie du philosophe et ce qui l'entoure.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2012
Nombre de lectures 25
EAN13 9782296496798
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

XAVIERZUBIRI
La solitude sonore (1898-1931)
Ouverture philosophique Collection dirigée par Aline Caillet, Dominique Chateau, Jean-Marc Lachaud et Bruno Péquignot Une collection d'ouvrages qui se propose d'accueillir des travaux originaux sans exclusive d'écoles ou de thématiques. Il s'agit de favoriser la confrontation de recherches et des réflexions qu'elles soient le fait de philosophes "professionnels" ou non. On n'y confondra donc pas la philosophie avec une discipline académique ; elle est réputée être le fait de tous ceux qu'habite la passion de penser, qu'ils soient professeurs de philosophie, spécialistes des sciences humaines, sociales ou naturelles, ou… polisseurs de verres de lunettes astronomiques. Dernières parutions Daniel NOUMBISSIÉ TCHAMO, Justice distributive ou solidarité à l’échelle globale ? John Rawls et Thomas Pogge, 2012. Stéphane VINOLO,: la philosophie comme anti-ontologieClément Rosset , 2012. Roger TEXIER,Descartes, la nature et l’infini, 2012. Dominique CHATEAU,Dialectique et antinomie ? Comment penser, 2012. Jean-Paul CHARRIER,Une étrange modernité, 2012.Jean-Thierry NANGA-ESSOMBA,La philosophie de l’altérité d’Emmanuel Levinas,2012. Martine PELLETIER,Marshall McLuhan. De la médianomie vers l’autonomie, 2012. Hans COVA,De la question stratégique en philosophie politique. Essais sur la politique, la culture, l’écologie, 2012. José CUPIDO,Metaphysica theoria, 4 tomes, 2012.Olivier CAULY,Mise en scène(s) de la répétition, 2012.Leyla MANSOUR,Corps de guerre. Poétique de la rupture, 2012. Benjamin RIADO,Le Je-ne-sais-quoi. Aux sources d’une théorie esthétique au XVIIe siècle, 2012. Patrick KABAKDJIAN,La pensée en souffrance, 2012.Luca M. POSSATI,Ricœur et l’analogie, Entre théologie et déconstruction, 2012. François URVOY,Le temps n’est pas ce que l’on croit, 2012. Stanislas DEPREZ,L’homme, une chose comme les autres ?, 2012.Bertrand DEJARDIN,Ethique et esthétique chez Spinoza, Liberté philosophique et servitude culturelle, 2012. Stefano BRACALETTI,Le paradigme inachevé. Matérialisme historique et choix rationnel, 2012.
Jordi Corominas Joan Albert Vicens XAVIERZUBIRI
La solitude sonore (1898-1931)
Traduit de l’espagnol par Vincent Pelbois Édition révisée et actualisée par les auteurs
© L’Harmattan, 2012 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-99042-5 EAN : 9782296990425
6200$,5(
“LA DOULEUR DE VOIR QUE TOUT DEVIENT PROBLÈME” , 1898-1931. 1. SAINT-SÉBASTIEN ……………………………………………….11 2. LE COLLÈGE DES MARIANISTES ……………………………...21 3. LE SÉMINAIRE DE MADRID ……………………………………45 4. L’UNIVERSITÉ CENTRALE ……………………………………...69 5. LOUVAIN ………………………………………………………….87 6. PRÊTRE …………………………………………………………… 109 7. RUPTURE ………………………………………………………… 133 8. À LA FACULTÉ DES SCIENCES ……………………………….161 9. LE CONCOURS …………………………………………………..177 10. PROFESSEUR TITULAIRE DE CHAIRE ……………………..189 11. FRIBOURG ………………………………………………………203 12. MUNICH …………………………………………………………229 13. BERLIN …………………………………………………………… 237 SIGLES FCC : Fiches de Carmen Castro. Ces fiches, écrites par la femme de Zubiri après sa mort, recueillent diverses informations dans le but d’élaborer une biographie. FXZ : Fonds Xavier Zubiri. Le fonds contient toute la correspondance de Zubiri et l’ensemble de ses travaux, publiés ou non, ainsi que les écrits en relation avec son procès de sécularisation (1933-1935) et la documentation personnelle qu’il gardait chez lui. Sous ces sigles, nous comprenons aussi les documents de Carmen Castro et de la Société des Études et Publications déposés à la fondation Xavier Zubiri.
 L’existence de l’homme actuel est constitutivement centrifuge et avant-dernière. Mais si dans un suprême effort, l’homme arrive à se replier sur lui-même, il sent passer par son fond abismal, quelque chose comme des ombres silencieuses, les interrogations ultimes de l’existence. Elles résonnent dans la cavité de leur personne, les questions sur l’être, le monde et la vérité. Enclavés dans cette nouvelle solitude sonore, nous nous situons au-delà de tout ce qui est […]. Leur formulation intellectuelle est précisément le problème de la philosophie contemporaine.
X. Zubiri
PRÉFACELa manière d’être toujours le même tout en n’étant jamais pareil, voilà l’essence de la biographie. X. ZUBIRI X avier Zubiri, l’un des penseurs les plus vigoureux et importants du e XX siècle, et qui semble destiné à devenir un classique, est ignoré en Europe et pratiquement méconnu en Amérique Latine et en Espagne. Depuis ce recoin blessé e du continent, sa vie a parcouru tous les rêves et toutes les catastrophes du XX siècle. Et même si au long des milliers de pages qu’il a écrites, il ne fait référence qu’une seule fois, et de manière fugitive, à l’Espagne, et malgré le fait que sa philosophie transcende n’importe quelle frontière, sa vie et son œuvre sont imprégnées du paysage, du drame, du caractère et des rêves du pays où il est né. Parfois, c’est à peine si la prose de Zubiri parvient à dissimuler une mélancolie et une passion surgies du fond des siècles. Son drame ecclésial, ses désirs empreints de cosmopolitisme, sa recherche interminable, se sont convertis en une aventure de Don Quichotte.  Dès son adolescence, sous le magistère d’Ortega, il a palpé le déclin de l’Europe et l’écroulement de la modernité. Il a initié sa traversée philosophique sans savoir s’il atteindrait un but bien défini, mais il est arrivé à vaincre progressivement l’inquiétude et l’angoisse provoquées par la minceur de ses trouvailles. Souvent ses propres pensées le torturaient, le laissant épuisé. D’autres fois, il fut pris de peur, et il voulut fuir du monde, de lui-même, et de la solitude radicale vers laquelle l’homme contemporain s’est vu conduit. La solitude absolue le paralysait. Il n’est ni facile ni agréable de se retrouver tout à coup sans aucun monde, sans Dieu, sans Moi, et sans une Raison à laquelle on puisse se fier, dans une Europe pleine de tombes et plongée dans la guerre. Quand il semblait qu’il allait sombrer, l’amitié, « ce qui est le plus nécessaire dans la vie », arrivait à le sauver du naufrage. Il a toujours essayé de faire face à sa propre paralysie, celle qui avait été provoquée par le scénario qu’il lui fut donné de vivre.  Zubiri préférait l’embarras de la solitude et d’une investigation ouverte à l’échec, plutôt que de s’obliger à dire son mot au sujet de tous les événements. Il découvrit rapidement cette ironie du sort qui fait que les évènements quotidiens emportent avec eux beaucoup de ceux qui en font la chasse. Aux prises avec son monde, son époque et son temps, il essaya de reconstruire la philosophie, et il trouva chez Husserl et chez Heidegger un guide pour parcourir son itinéraire philosophique. Il résistait à croire que la crise du XXe siècle pût signifier la fin de tous les cheminements, mais par contre il était
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bien convaincu de ce que la question ne se bornait plus à choisir entre de simples bifurcations de la pensée : il fallait redresser à la source la voie de la philosophie.  Zubiri considérait que la libération du nihilisme – s’il y en avait une ne pourrait provenir que de la pénétration dans la réalité. Des choses elles-mêmes, il arriva à extraire une lumière ténue, invisible sans une violente rétorsion. Après toute une vie, il est arrivé à arracher à la réalité de pauvres lambeaux d’intelligibilité, capables de nous orienter au milieu des intempéries du monde. Ce n’est qu’avec réticence qu’il écrivit les quelques livres qu’il nous a laissés, comme si toute écriture était une trahison envers la pensée. Au moment même où il a réussi à vaincre sa peur de la solitude, il a été capable de trouver en elle – d’une façon très modeste – dans l’antichambre de tous les savoirs, l’univers entier. « Celui qui s’est senti radicalement seul – Zubiri en témoigne –, c’est celui qui a la capacité d’être radicalement accompagné. […] 2 Dans la vraie solitude, les autres sont plus présents que jamais » . La solitude devient sonore, et le blocage se fait création philosophique.  Il est impossible d’écrire ni de comprendre la biographie de Zubiri en restant en marge de sa dramatique recherche philosophique. Cependant, notre but n’a pas été d’écrire une biographie intellectuelle, ni un itinéraire critique du développement de sa pensée, mais bien la vie d’un philosophe. Bien sûr, la philosophie ne peut qu’être ancrée dans son époque et dans ce qui constitue aussi la trame complexe de la condition humaine : les sentiments, les passions et les désirs. « L’histoire – a écrit Zubiri – doit essayer d’installer notre esprit dans la situation des hommes de l’époque qu’elle étudie ; non pas pour se perdre dans des profondeurs troubles, mais pour essayer de répéter mentalement l’expérience de cette époque-là, pour considérer “de l’intérieur” les faits 3 accumulés. Cela exige un effort pénible, difficile et prolongé ».  Cela valait la peine d’entreprendre ce labeur pour raconter l’histoire de Xavier Zubiri, pour se compénétrer avec sa personne et son expérience du monde. La compénétration est un mode rigoureux d’expérience rationnelle, aussi rigoureux en ce qui concerne les personnes, qu’une expérience peut l’être lorsqu’il s’agit de réalités matérielles. Et pourtant, c’est une opération très difficile que de prétendre voir avec le regard d’une autre personne, et l’on y « court le risque de projeter sur ce qui a été expérimenté par l’autre le caractère même de celui qui essaie de pénétrer cette expérience ». Notre narration biographique est basée sur des documents personnels, de la correspondance, des témoignages, des mémoires, ainsi que sur des livres, biographies, interviews, enregistrements, transcriptions et dialogues, et sur des
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faits-divers rapportés dans les journaux. Tout cela, nous avons essayé de le configurer et de lui donner une cohérence pour présenter une ébauche, par une reconstruction nécessairement provisoire, de ce qu’a pu être la vie de Xavier Zubiri. Mais aucune réalité ne se laisse enfermer dans la prison d’une formule, et moins encore la réalité d’une vie. Tout être humain peut répéter ce que saint Augustin avait dit de lui-même : « Les hommes ne peuvent pas appliquer leur oreille à mon cœur, là où je suis ce que je suis ». Xavier Zubiri a été ce qu’il fut en son cœur, dans le tréfonds inviolable de son être. La vie personnelle de chacun va au tombeau avec lui, elle n’appartient pas à l’histoire, se plaisait-il à 4 dire. Cette biographie n’est donc rien de plus qu’une esquisse ; qui recherche la vérité, certes, mais la vérité impondérable d’une vie humaine. Il y a des situations de la vie de Zubiri dont le contenu essentiel nous est connu soit par des témoignages personnels, soit par des documents, et parfois par ces deux sources. Nous avons essayé de les recréer avec la plus grande fidélité possible envers ce que nous en savons, en citant toujours nos sources dans la note correspondante. Par contre, d’autres dialogues et scènes recréés dans le livre ne correspondent pas à des faits connus aussi précisément, mais nous pensons qu’ils représentent également les événements de la vie de Zubiri, les contextes dans lesquels il a évolué, sa manière propre de réagir réellement devant les vicissitudes de son existence. Si les choses ne se sont pas passées exactement comme nous les racontons, ce qui est certain, c’est que ce que nous racontons s’est produit, d’une manière ou d’une autre. Finalement, la division de l’ouvrage en trois parties reprend à son compte les étapes que Zubiri lui-même a signalées pour sa trajectoire intellectuelle : une première étape de formation (1898-1931) ; une seconde période de tâtonnement, très marquée par Heidegger (1931-1944) ; et une troisième étape dans laquelle il entreprit son propre cheminement philosophique 5 (1944-1983) . Dans sa jeunesse, Zubiri récitait de mémoire en allemand, comme des oraisons jaculatoires lancées avant une longue traversée, des fragments de l’œuvre de NietzscheAinsi parlait Zarathoustra. À la fin de son périple, dans les dernières années de sa vie, il aimait déclamer solennellement les premières lignes du livre : « Me voilà repu de sagesse comme l’abeille qui a recueilli trop de miel et j’ai besoin de mains qui s’étendent. Bénis, O soleil, la coupe qui veut déborder pour qu’elle verse l’eau dorée, répandant partout l’éclat de tes 6 délices ! »
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2 Xavier Zubiri,Naturaleza, Historia, Dios, Madrid, Alianza Editorial, 1987, p. 240. 3 X. Zubiri,Inteligencia y Razón, Madrid, Alianza Editorial, 1983, p. 250 4  C’est ce qu’affirmait Zubiri de Michel-Ange et d’Alexandre le Grand. Pour Zubiri, il est impossible d’écrire une biographie stricto sensu, car il considérait que la biographie est la vie personnelle et unique de chacun, et que ce que l’on dénomme habituellement biographie est en réalité l’argument d’une vie, une histoire biographique. cf. X. Zubiri, « La dimensión histórica del ser humano »,Realitas, I (1974), Madrid, Sociedad de Estudios y Publicaciones, 1974, p. 21. 5 Xavier Zubiri,Naturaleza, Historia, Dios, o.c., p. 9-17. 6 F. Nietzsche,Así habló Zaratustra, Madrid, Alianza Editorial, 1977, p. 31 y 32. Interview à Diego Gracia.
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