Y a-t-il un prof de philosophie dans la classe ?
106 pages
Français

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Y a-t-il un prof de philosophie dans la classe ? , livre ebook

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Description

Professeur de philosophie, l'auteur témoigne ici de son propre parcours vers cette discipline, et de son enseignement au quotidien, au travers d'épisodes amusants, émouvants, instructifs… Pour lui, l'enseignement est une entreprise difficile et périlleuse, mais c'est surtout une suite de moments enrichissants, exaltants. L'intention de ce livre est de tendre à l'optimisme, tant à propos de nos enfants, qu'à celui du métier d'enseignant.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2014
Nombre de lectures 17
EAN13 9782336337715
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Copyright




















© L’Harmattan, 2014
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris
www.harmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-68781-0
Titre
Du même auteur



DU MÊME AUTEUR


L’homme est radicalement bon , L’Harmattan, 2013
Platon autrement dit , L’Harmattan, 2007
L’amour de la non-philosophie , Kimé, 2001
Citation


« La philosophie est certes une grande chose ;
on peut en faire tout ce qu’on veut,
excepté quelque chose de plat. »
(Alain)


À Bastien,
à tous les Bastien,…
les Bastienne,…
et à tous les autres.
Introduction « Je suis enseignant. »
Lorsqu’en classe, parmi les thèmes qui sont au programme, j’aborde celui du travail, je mets en avant la dimension pénible de beaucoup de métiers, c’est une évidence, mais j’attire aussi l’attention de mes élèves sur le fait que, dans le meilleur des cas, la profession est ce par quoi chacun peut se distinguer et s’exprimer. Et je fais remarquer que, dans le cadre social, on se présente souvent par son métier : « Et vous alors, qu’est-ce que vous faites dans la vie ? »
Il est clair qu’il est plus facile de s’identifier à certaines professions qu’à d’autres, car, si toute tâche peut se révéler valorisante, et même si chacun a à cœur de faire au mieux son ouvrage, le regard que la société porte sur certains métiers, fera que, si je peux me présenter comme enseignant, d’autres comme médecin, boulanger, notaire, ou garagiste…, et si ceux-ci et moi pouvons nous identifier à ce qui fait notre quotidien, d’autres, s’ils n’ont pas recours au politiquement correct 1 , plutôt que de le désigner, situeront leur métier :
« Je suis dans la grande distribution », « Je travaille à la ville »,…
« …Et vous, alors, vous faîtes quoi dans la vie ? ». Ce alors dit bien qu’il s’agit de se positionner : Comment allons-nous, comment devons-nous vous percevoir ? Qu’en est-il de vous ? Qu’est-ce que vous êtes ?
Passant outre le fait que je fais peut-être, dans la vie, autre chose que mon métier, je réponds :
« Enseignant. »
Assez souvent, on me rétorque : « Ah ? Vous êtes instituteur 2 ? »
On ajoute parfois : « C’est plutôt rare pour un homme. » Dois-je prendre cette remarque comme un encouragement pour la profession à aller vers plus de parité, ou dois-je y entendre l’étonnement qu’un homme puisse exercer une profession plutôt féminine, voire si peu virile ?…
« Ah, mais c’est vrai, maintenant on dit professeurs des écoles ! »
Vient le moment où je dois contredire :
« Non, j’enseigne en lycée. Et, franchement, ce n’est pas le même métier. Je ne saurais pas faire ce que font mes collègues de maternelle et du primaire.
– Ah, d’accord, et alors vous êtes prof de quoi ?
– Philosophie. »
L’annonce de ma matière provoque invariablement l’une ou l’autre de deux réactions parfaitement opposées ; pas de demi-mesure, la philosophie au lycée n’a pas laissé indifférent : « Ah ! La philo !!! »
Ou bien mon interlocuteur garde un souvenir exécrable de son année de philosophie 3 (c’est un Ah ! de dépit), ou bien il trouve « tellement dommage de ne plus jamais en avoir refait depuis ! » (c’est un Ah ! de regret…).
Mais, ce qui apparaît, c’est que le souvenir que chacun en a est largement lié au professeur. Non pas à sa compétence dans la matière, mais à sa personnalité, et à sa manière d’enseigner. D’ailleurs, comment pourrait-il en être autrement de ce souvenir d’adolescence ? Imagine-t-on que le lycéen a assez d’objectivité, de clairvoyance, et de connaissances, pour juger de la maîtrise qu’a un prof de sa matière ? Et, si c’est le cas, il ne s’en préoccupe pas plus que cela.
C’est, évidemment, au travers de la personne, que sera jugé le cours, pas au travers de la teneur même de celui-ci. Et, la plupart du temps, quand un enfant rapporte à la maison que le cours de tel prof est mal fait, trop nul, c’est de l’ambiance du cours dont il parle, pas de sa construction, ni de sa pertinence.
Dans une situation de classe, il y a deux cours : celui que le professeur a préparé, avant d’entrer en classe, et celui qu’il dispense maintenant, devant ses élèves, plus ou moins attentifs, plus ou moins réceptifs, et l’enseignement se situe dans la brèche ouverte entre les deux. Enseigner, c’est s’insérer entre l’intention et la réception, trouver sa place, entre ce que l’on voudrait bien transmettre, et ce à quoi on peut éventuellement parvenir avec telle ou telle classe.
Cela doit nous inciter à la plus grande des modesties : l’enseignant est jugé sur autre chose que sur sa matière, et si vous vous faîtes une réputation de bon prof ou, par malheur, de mauvais prof, ce n’est jamais parce que vous maîtrisez mieux, ou moins bien, votre matière, c’est juste qu’il y a quelque chose en vous qui passe bien, ou qui passe moins bien ; ce n’est jamais parce que vous avez à cœur, ou pas, de faire bien votre métier – j’ai connu extrêmement peu de profs, qui ne cherchaient pas à faire bien leur métier 4 –, c’est juste que, quoi qu’on en dise, la pédagogie n’est pas une science exacte, et que la situation de cours est une alchimie complexe. Complexe , parce qu’énormément de paramètres entrent en jeu, et alchimie , parce qu’il demeurera toujours quelque chose d’un peu mystérieux, pour ne pas dire occulte, dans ce qui fait le succès ou l’échec d’un cours.
C’est pourquoi ce petit livre n’est en aucun cas un livre de recettes ou de conseils, et je ne me laisserais pas aller à la vanité de je ne sais quelle pédagogie pour les nuls ; il se veut un témoignage, assurément passionné, mais le simple témoignage d’un prof ordinaire de lycée, et qui simplement atteste que, si l’enseignement est une entreprise périlleuse, il est au quotidien une suite d’épisodes enrichissants, amusants, exaltants, émouvants.
Et, à l’origine de cette richesse, il y a les élèves, ces jeunes gens, qui se retrouvent face à vous, sans l’avoir réellement voulu, et qui vous regardent comme quelque chose d’exotique ou d’extraterrestre, quand ils ne sont pas simplement dans l’indifférence.
Encore que les jeunes gens ne soient jamais réellement indifférents. C’est là que demeure tout espoir. C’est à eux, que je dédie ce petit écrit, à toutes ces générations de jeunes gens, que l’on me confie, et qui m’apportent, parfois même contre leur gré, tant de satisfactions. J’espère leur en rendre, dans le cadre de l’exercice de ma profession, une juste part.

1 . « Hôtesse de caisse », ou « Technicien de surface »…
2 . De plus anciens disent maître d’école .
3 . Une seule année : au lycée, la philosophie n’est enseignée qu’en classe de Terminale.
4 . …et j’ai connu malheureusement des profs, qui avaient extraordinairement à cœur de bien faire leur métier, mais qui ne passaient pas auprès des élèves.
1. Début d’année scolaire
J’adore le mois de septembre, plein de promesses. Tout est encore possible. Je vais mener mes élèves à la réussite, tous, sans exception, cette fois nous allons y parvenir, ce sera cette fois que nous y parviendrons.
Début d’année. C’est le troisième, ou le quatrième cours. Aujourd’hui, il a choisi de s’installer au premier rang ; c’est un grand gaillard, au large sourire, et j’ai aperçu qu’il cherchait l’approbation de ses camarades à la moindre de ses vannes. Il en fait quelques-unes, en arrivant en classe, puis il se montre plutôt discret ; le début d’année, c’est le temps de l’observation.
C’est une classe de S.T.I. (Baccalauréat technologique sciences et technologies industrielles) 5 , un bac technique. Les élèves des sections générales les regardent un peu de haut. Ils ont tort ; les élèves du technique ne sont pas les pires, ce sont parfois les meilleurs. Ce sont des jeunes gens spontanés, immédiats, efficaces. Et mieux vaut un bon bac technique, dans de bonnes conditi

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