Abraham, Moïse et la stèle d Israël. Roman historique et philosophique
188 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Abraham, Moïse et la stèle d'Israël. Roman historique et philosophique , livre ebook

-

188 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

En 1895, la découverte d'une stèle célébrant la victoire du pharaon Mineptah sur des peuplades en révolte permettent aux deux égyptologues F. Petrie et W. Spiegelberg de la nommer "Stèle d'Israël", traduisant ainsi le nom d'une de ces peuplades "Isiriar" par "Israël". Or, le récit biblique dit d'"Israël" "qu'il n'a plus de semence". L'auteur, comprenant la contradiction de cette dénomination, pose alors la question des origines d'Israël et y répond dans l'esprit de la "science du judaïsme" renouvelée, depuis Spinoza et Freud.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2011
Nombre de lectures 47
EAN13 9782296468313
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

ABRAHAM, MOÏSE
ET LA STÈLE D’ISRAËL
Roman historique et philosophique
G ÉRARD H UBER


ABRAHAM, MOÏSE
ET LA STÈLE D’ISRAËL
Roman historique et philosophique
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-56324-7
EAN : 9782296563247

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
LE CONCEPT DE « POST- MONOTHÉISME »
Théismes, athéismes et au-delà
L’objet de ce livre m’est venu à l’idée, lorsque j’écrivais la biographie de Freud {1} . Le fait que, dépassant son adhésion à la théorie évolutionniste en explorant la face inconnue du darwinisme, c’est-à-dire les lois qui gouvernent l’évolution des individus et pas seulement des populations, Freud ait tout de même souligné sa dette envers la lecture précoce de la Bible, m’a conduit à me demander s’il avait vraiment été ce « Juif sans dieu » dont parlait Peter Gay, ou même ce que l’on entend couramment par « Juif athée ». Je me suis alors rendu compte que ces deux définitions dénaturaient le nouveau regard qu’il avait porté sur Dieu comme enjeu pour la science et pour la religion.

Dans sa lettre à Thornton Wilder (1897-1975), un écrivain américain qu’il apprécie, n’écrit-il pas, en date du 13 octobre 1935, soit à l’âge de 79 ans :

« J’aime Dieu… Ces dernières semaines, j’ai trouvé une formulation pour la religion… Jusqu’alors, j’ai dit que la religion était une illusion ; désormais, je dis qu’elle a une vérité, une vérité historique ». {2}

Freud découvre l’amour intellectuel d’un Dieu témoin passé de l’être, actuel, selon Spinoza, obsolète, selon Nietzsche. L’être, le dieu, l’homme. Mais, lui, il ose le Moi. La religion qui parle au nom de Dieu est un témoignage d’événements historiques qui se sont réellement déroulés et que, sous l’emprise de l’ignorance ou de l’immaturité intellectuelle et affective, le sentiment religieux a interprétés et modifiés. Il faut prendre les textes religieux au sérieux, si l’on veut accéder à ces événements, car ils résultent d’impressions issues de la réalité passée. Il est possible de remonter jusqu’aux événements réels d’où ils tirent leur origine laquelle n’est pas divine. De ce fait, un credo religieux n’est pas une pure illusion, voire un délire, comme il l’a écrit dans L’avenir d’une illusion et Malaise dans la culture, mais une vérité historique {3} .

Qu’en est-il de la vérité historique de Dieu ? Telle est la question qui, aujourd’hui, structure la pensée qui fait s’entrecroiser la science et la religion.

Soixante-douze ans après la mort de Freud, les positions sont les suivantes :

Il y a ceux qui optent pour la stratégie de l’ignorance, appelée « créationnisme » laquelle, reposant sur la superstition (au sens de Spinoza), refuse systématiquement de tenir compte des résultats issus de la théorie darwinienne de l’évolutionnisme.

Il y a ceux qui optent pour la stratégie de la connaissance, mais qui, lorsqu’ils l’élaborent, s’en tiennent à la théorie de l’Évolution darwinienne, certes revue et actualisée, mais sans jamais tenir compte de l’apport de la théorie freudienne de l’Inconscient et du Refoulement. À titre d’exemple, je citerai la doctrine de l’ « Évolution théiste » (« Theistic Evolution ») dont Francis Collins, est l’auteur le plus accompli. Il écrit :

« L’Évolution pourrait apparaître comme conduite par le hasard, mais du point de vue de Dieu, tout ce qui arrive est entièrement déterminé » (« Evolution could appear to us driven by chance, but from God’s perspective the outcome would be entirely specified ») {4} .

Cette théorie n’est, d’ailleurs, pas sans rappeler celle du père et paléontologue Teilhard de Chardin (1881-1955).

Il y a ceux qui, tenant compte des découvertes de Darwin, des néo-darwiniens et de Freud, notamment à propos de l’émergence du psychisme et de l’élaboration des concepts – dont celui de Dieu – qui sont issus de son activité affective et intellectuelle, en tirent toutes les conséquences, parmi lesquelles le fait de ne plus pouvoir se contenter de substituer ce concept à celui d’inconnu et d’inexpliqué.

À quoi j’ajoute une dimension que, malgré sa découverte de l’existence d’une pulsion humaine de mort, pendant la Première guerre mondiale, Freud n’a jamais explicitée : la mort du Dieu providentiel. Un des aspects les plus étranges du paradoxe de la théorie de « l’évolution théiste » est qu’elle ne tient aucun compte du désastre que le concept historique du dieu providentiel a connu, depuis les grands massacres de masses accomplis par des « hommes de culture ». La présence de Dieu dans l’histoire {5} comme observateur éploré ou sadique des massacres commis exclusivement par l’être humain et qu’il se garde bien d’empêcher se poursuit inentamée dans la théorie de la connaissance de l’univers, en ce que Dieu y est cet observateur irresponsable ou rusé des progrès et régressions dont l’être humain fait preuve au cours de son activité scientifique et thérapeutique.

Il y a tout lieu de penser que la théorie de « l’Évolution théiste » est une rationalisation du deuil du Dieu providentiel, et la question se pose de savoir pourquoi Collins en a besoin pour progresser dans la connaissance scientifique et, par exemple, pourquoi cette croyance est aussi une condition sine qua non de la mise au point, aux Etats-Unis, d’un système de soins égalitaire.

Car nul ne peut ignorer que, fondé ou infondé, juste ou faux, le concept historique de Dieu joue un rôle essentiel dans les affaires du monde. Et si c’était ce que Freud entendait par « vérité historique de Dieu » ?

Remarquons qu’il n’est pas besoin d’être psychanalyste pour constater et affirmer que non seulement le monde est entré dans l’ère de la vérité plurielle de Dieu – en témoigne le foisonnement des croyances religieuses –, mais que, quoi qu’on en ait, cette vérité est devenue relativiste. J’en veux pour preuve l’argument par lequel Hans Jonas {6} , suivi en cela par Catherine Chalier, soutient que l’on ne peut plus penser Dieu sans le concevoir comme « Dieu sans puissance » :

« L’effort de transposition conceptuelle… implique enfin de penser un Dieu anxieux du sort de tout ce qui existe, mais qui par l’acte de créer, s’est privé lui-même de la possibilité d’intervenir. Il ne ressemble pas à un sorcier prêt à agir lorsque le péril menace puisqu’il a remis cette tâche aux hommes et court même le danger d’oubli, de mépris et de violence. Dès lors, contrairement à ce que l’appellation de Tout-Puissant laisse supposer, l’omnipotence n’appartient pas à ce Dieu, mais bien l’humilité et l’impuissance » {7} .

Plutôt que de penser, avec les prophètes, que Dieu veut le mal qui se fait, quand il se fait, Jonas et Chalier affirment que Dieu ne le veut pas, mais qu’il s’est lui-même privé de tout moyen de l’empêcher de se réaliser. La raison en serait que la liberté de l’homme est intrinsèquement comprise dans l’être de Dieu. Affirmer l’existence de Dieu et affirmer celle de la liberté de l’homme seraient une seule et même chose. L’une ne pourrait pas avoir lieu sans l’autre. Dieu aurait même été obligé d’introduire sa négation et celle de l’être humain dans le champ des possibles de l’être humain. Voilà à quels retournements conduit la volonté de maintenir à tout prix le concept historique de Dieu {8} .

Avant même que ces retournements aient été formulés, Emmanuel Levinas avait mis en garde contre l’obstination avec laquelle Dieu était pensé comme contenu conceptuel de la philosophie ou comme contenu événementiel de la foi. Dans « Dieu et la philosophie » {9} , il doute

« De l’opposition formelle établie par Yehouda Halévi et reprise par Pascal, entre le Dieu d’Abraham, d’Isaac

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents