Calixte II
222 pages
Français

Calixte II , livre ebook

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222 pages
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Description

Guy de Bourgogne naît en 1060, devient archevêque de Vienne en 1088, puis en 1119, pape à Cluny, et prend le nom de Calixte II. Son pontificat est marqué par le concordat de Worms, et par l'oeuvre de paix entre les rois de France, d'Angleterre, et les princes normands d'Italie du Sud. Il érige Compostelle en archevêché, et encourage les ordres religieux naissants. Il règle la querelle des chapitres cathédraux de Besançon, et proclame la primatie de l'archevêché de Vienne. En 1123, il préside le concile de Latran I, et meurt en 1124. Calixte II est considéré comme l'un des grands papes du Moyen Age.

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Date de parution 01 avril 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782140118197
Langue Français
Poids de l'ouvrage 31 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

S é r i e b i o g r a p h i e
Gîes-Marîe Moreau
Calixte II (v. 1060  1124), « le Père de la paix »
Calixte II
Religions et Spiritualité Collection fondée par Richard Moreau, Professeur émérite à l’Université de Paris XII, dirigée par Gilles-Marie Moreau et André Thayse, Professeur émérite à l’Université catholique de Louvain.La collectionReligions et Spiritualité: des études et rassemble divers types d’ouvrages des débats sur les grandes questions fondamentales qui se posent à l’homme, des biographies, des textes inédits ou des réimpressions de livres anciens ou méconnus. La collection est ouverte à toutes les grandes religions et au dialogue interreligieux. Derniers titres parus: Frédéric Kurzawa,Saint Amand d’Elnone, apôtre de la Belgique et du Nord de la France, 2019.Hubert Duez,Le coin de Dieu, ou la prière révélée, 2019.Raoul de Dieu Ngamuki Ikuma,« Mais moi je vous dis » : auto-identification du Fils au Père, 2019. Gaston Ogui Cossi,Eucharistie, sacrement de communion ou de scission ? Comprendre le rite pour mieux vivre le mystère, 2019.Francis Barbey,: chemin d’accomplissement et d’éternité pourEloge de la foi chrétienne l’Homme, 2019. Paul Vaute,Plaidoyer pour le vrai : un retour aux sources, 2018.Patrick Faure,: recueil d’homéliesPour l’Amour de mes Frères . Préface de Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes, Dol et Saint-Malo, 2018. Jean-Marie Burnod,Partager : un Évangile de liberté. Préface de Mgr Guy Herbulot, évêque émérite d’Évry-Corbeil-Essonnes, 2018. Francis Lapierre et Gonzague Lemaître,Recherches sur l’évangile araméen de Matthieu. Préface de Mgr Paul-Marie Guillaume, évêque émérite de Saint-Dié, postface d’Étienne Nodet, 2018. Boniface Nkomba Lukena,: uneLe cœur de l’homme dans l’évangile selon saint Matthieu étude exégético-théologique, 2018. Isaac Nizigama,Darwinisme et éthique chrétienne : un dialogue de sourds, 2018.Étienne Bakissi,La foi à l’épreuve du temps : esquisses d’une pastorale de la christification et de l’inculturation, 2018.Claude-Henri Vallotton,Jusqu’où irons-nous ? Espérer dans la désespérance, 2018.David Meyer, Jean-Michel Maldamé, Abderrazak Sayadi, Jean-Pierre Castel,Lutter contre la violence monothéiste : 3 voix répondent à 10 questions, 2018.Hyejeong Seo,Après le baptême, le chrétien est-il toujours pécheur ? Simul justus et paccator chez Luther, 2018. Simona Somsri Bunarunraksa,Monseigneur Louis Laneau (1637-1696), 2018. Sœur Marie-Ancilla,Le Nouvel Age à l’œuvre dans l’Église : la gnose est de retour, 2018.e Francis Lapierre,édition)L’Évangile oublié (3 , 2018. Mgr Jacques Suaudeau,: de l’analyse historique à l’investigationLe linceul de Turin scientifique(2 vol.), 2018. Gérard Leroy,L’Événement : tout est parti des rives du Lac, 2018.Giraud Pindi,La procédure de nullité matrimoniale devant l’évêque diocésain selonMitis Iudex Dominus Iesus, 2018.Marie Moreau,À la découverte de l’Amour divin : une approche de la Vérité. Préface de l’abbé David de Lestapis, 2018.
Gilles-Marie Moreau Calixte II (v. 1060 - 1124), « le Père de la paix »
Du même auteur, dans la même collection :
La basilique du Sacré-Cœur de Grenoble (avec le P. Patrick Gaso), 2018.
Les catholiques de l’Isère et la Grande Guerre, 2016.
La cathédrale Notre-Dame de Grenoble, 2012.
Le Saint-Denis des Dauphins : histoire de la collégiale Saint-André de Grenoble, 2010.
Hors collection :
Le lieutenant-colonel Camille Loichot : une âme L’Harmattan, 2017.
En collaboration :
de résistant,
François et Michèle Guy :Un couple au service de la vie. Entretiens avec Gilles-Marie Moreau, 2015.
Albert Rey (en collaboration avec Jacques Rogé et Gilles-Marie Moreau) :Henri Reymond (1737-1820), évêque constitutionnel de l’Isère (1793-1802), évêque concordataire de Dijon (1802-1820), 2014.
Joannès Praz :Mgr Alexandre Caillot (1861-1957), évêque de Grenoble. Introduction et notes de Gilles-Marie Moreau, 2013.
© L’Harmattan, 2019 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.editions-harmattan.fr/
ISBN : 978-2-343-17370-2 EAN : 9782343173702
Introduction
Suivre la vie d’un pape du Moyen Âge, neuf cents ans après, nous plonge dans une époque ancienne, dans un monde bien différent du nôtre, et qui nous est moins familier que le siècle de saint Louis qui lui succéda. C’est la fin de l’époque romane : le gothique n’apparaîtra que dans le e courant du XII siècle sous l’impulsion de Suger, élu abbé de Saint-Denis er en 1122. En France règnent les Capétiens directs, Philippe 1 et Louis VI le Gros ; en Allemagne, les empereurs franconiens Henri IV et Henri V ; en Angleterre, se succèdent Guillaume le Conquérant († 1087) et ses fils. En Espagne, les royaumes chrétiens ont entamé la Reconquista, de laquelle se détache la haute figure du héros Rodrigo Diaz de Bivar, dit le e Cid Campeador (mort en 1099). De plus, depuis la fin du XI siècle, les chrétiens européens se sont lancés dans la première croisade : Jérusalem est prise en 1099, et en 1118 est fondé l’ordre des Templiers destiné à protéger les pèlerins. Enfin, de nouveaux ordres religieux fleurissent : Chartreux (1084), Cisterciens (1098), Prémontrés (1120). Dans une Europe ô combien moins densément peuplée que la nôtre, c’est l’époque des grands défrichements, notamment dans le Jura. Mais le monde de ce temps est surtout marqué par la féodalité, ce système dans lequel la religion et le pouvoir politique sont étroitement intriqués. Les grands mouvements de pensée et les grandes questions qui traversent alors l’Église (réforme grégorienne, querelle des Investitures) sont liés à ce mélange parfois détonant. Quant à la vie intellectuelle, que ce soit à l’ombre des cloîtres, dans les écoles cathédrales ou dans les toutes premières universités qui commencent à apparaître (Bologne, 1088), elle est plus que jamais active : c’est ainsi que, entre autres disciplines, la théologie scolastique commence à prendre forme avec saint Anselme († 1109), et le droit canonique avec saint Yves de Chartres († v. 1116). Sans se lasser, les grands esprits de ce temps cherchent à conjuguer 1 l’amour des lettres et le désir de Dieu. Pour sa part, la papauté a un visage bien différent de l’actuel, et à bien des égards : le pape habite le Latran et non le Vatican ; il est vêtu principalement de rouge et de blanc, et l’insigne pontifical par excellence
1  Cf. Leclercq (dom Jean) :L’amour des lettres et le désir de Dieu. Cerf, Paris, 1957.
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est un manteau rouge ; il voyage beaucoup (la cour papale sera absente de e Rome environ soixante ans au cours du XIII siècle), soit dans les États pontificaux soit à l’étranger (parfois par force, il est vrai !), avec sa suite de chapelains, de camerlingues, descriptores, de gardes, de cuisiniers et de valets. Le pape est en effet un souverain, qui règne sur toute l’Italie centrale ; les villes principales de ses États, outre Rome, sont Bologne, Ravenne, Ancône, Pérouse, Spolète et Orvieto. Autour de lui, le successeur de Pierre entretient une vie de cour, mais aussi une vie intellectuelle. À la cour papale, on étudie la théologie et le droit, mais également les sciences : au siècle suivant, on aura ainsi des témoignages de l’intérêt de la cour pontificale pour l’astronomie et l’optique. Le pape auquel nous allons nous intéresser a souvent fait vibrer la fibre régionaliste : il est en effet le seul pape comtois de l’histoire, mais aussi, en tant qu’ancien archevêque de Vienne, le seul pape dauphinois (même si, à son époque, le termeDauphiné n’existe pas encore : c’est alors le domaine du comte d’Albon). Cette fierté s’appuie sur les grandes réalisations auxquelles son nom reste attaché, et qui marquent l’histoire de son temps. Le grand historien Lucien Febvre a pu écrire que son activitécomme archevêque de Vienne puis comme pape, sous le nom illustre de Calixte II, remplit pendant vingt ans toute l’histoire du royaume. Pour l’historien des papes Gaston Castella, au nom de Calixte IIse rattachent deux grands événements : le concordat de Worms, qui scella l’œuvre de paix, et le premier concile de Latran, qui consacra l’œuvre de réforme. Certes son pontificat est court, mais de même durée que celui de saint Jean XXIII (1958-1963), et non sans certains points communs entre ces deux pontifes diplomates : le premier sera surnommé par Pandolphe de Pise, son contemporain et biographe, « le Père de la paix » (pacis pater) ; le second publiera l’encyclique Pacem in terris. La paix et la réforme sont certainement deux axes majeurs de la vie et de l’œuvre de Calixte II. Pour autant, il faut savoir aller au-delà du seul règlement de la querelle des Investitures, afin de mieux comprendre qui fut ce personnage, et quelle fut son action comme évêque puis comme pape. C’est dans cette optique que nous avons travaillé, même si ce livre n’a pas pour but de faire œuvre de spécialiste (ce que l’auteur n’est pas), mais plus modestement de proposer au grand public une biographie assez accessible de cette figure importante de l’histoire de l’Église médiévale. Pour l’étudier, quelles sont les sources disponibles ? En premier lieu, laVitadans le insérée Liber pontificalis, rédigée par ce clerc nommé Pandolphe qui connut Calixte II : ce texte, pour être relativement court, n’en est pas moins riche d’enseignements puisque venant d’un témoin direct. Nous disposons aussi de son bullaire, recueil des textes latins de
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2 e ses bulles , édité à la fin du XIX siècle par l’historien comtois Ulysse Robert, également auteur d’une biographie du pontife. En deux volumes, le savant archiviste a ainsi publié plus de 500 documents, dont une centaine ont été copiés sur des originaux conservés dans diverses 3 archives . Ces textes permettent bien évidemment de suivre l’action de Calixte II, ainsi d’ailleurs que ses trajets puisque tous les documents sont datés du lieu où il se trouve. En revanche, le registre complet de ses actes 4 a disparu , ainsi que les livres de compte qui auraient permis de décrire sa vie quotidienne. De même, perte irréparable, la majeure partie des archives de l’archevêché de Vienne ont été détruites à la Révolution. Suivons donc à présent les principaux personnages de cette histoire : des papes, bien sûr, mais aussi des empereurs d’Allemagne, des rois de France et d’Angleterre, des cardinaux, évêques et abbés… Mus par des motivations et des mentalités qui pourront parfois nous sembler déconcertantes ou surprenantes à près d’un millénaire de distance, ils vont nous emmener sur les routes d’Europe, à la découverte d’un temps lointain, mais qui ne nous est pas pour autant totalement étranger, car il est une partie de nos racines.
2 Rappelons qu’une bulle est un document papal au bas duquel est placé un sceau de plomb, de forme circulaire, appendu à des lacets de couleur. À l’époque de Calixte II, les bulles portent à l’avers le nom du pape, et au revers les effigies des saints Pierre et Paul entre une croix et les lettres SPA (pour saint Paul) et SPE (pour saint Pierre). 3 On trouve aussi une partie de ses actes dans la patrologie de Migne (tome CLXIII). 4 e D’après F. Delivré, les registres originaux des papes du XII siècle ont disparu dès le siècle suivant.
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Remerciements
Je tiens à exprimer ma gratitude à tous ceux qui m’ont apporté leur aide dans la réalisation de ce livre : Mgr Guy de Kerimel, évêque de Grenoble et Vienne ; le personnel des Archives départementales de l’Isère, en particulier sa directrice Mme Hélène Viallet ainsi que M. Éric Syssau ; le personnel des Archives départementales du Doubs, en particulier sa directrice Mme Nathalie Rogeaux et son directeur-adjoint M. Aubin Leroy ; le personnel des Bibliothèques municipales de Besançon et de Grenoble ; M. l’abbé Éric Poinsot, vicaire général, et recteur de la cathédrale Saint-Jean de Besançon ; Mme Chloé Baverel, chargée de mission Culture et patrimoine à la cathédrale Saint-Jean de Besançon ; M. l’abbé Pierre Bergier, curé de la paroisse Calixte-II, ainsi que M. et Mme Roland Poncet, à Quingey ; M. Daniel Weber (Association culturelle Sauvegarde du patrimoine de l’église Sainte-Madeleine, Besançon) ; Mme Cécilia Goguillon (Service diocésain de la communication, Besançon) ; M. Jean-Yves Curtaud, conseiller municipal chargé du Patrimoine à Vienne ; M. Bruno Mayorgas, responsable du fonds patrimonial à la médiathèque de Vienne ; M. l’abbé Philippe Rey, curé des paroisses Sanctus et Sainte Mère Teresa en Viennois ; M. Louis Schlaefli (Bibliothèque ancienne du Grand Séminaire de Strasbourg) ; M. Florian Mittenhuber (Burgerbibliothek de Berne) ; le P. Chihade Abboud, du patriarcat d’Antioche des grecs-melkites, recteur de la basilique Santa Maria in Cosmedin (Rome) ; M. Patrice Foissac, président de la Société des Études du Lot ; sœur Véronique-Marie (Cahors) ; M. Jean-Emmanuel Tyvaert ; M. Marc George. Qu’ils soient tous chaleureusement remerciés. Cet ouvrage est dédié à la mémoire de Mgr Joseph-Marie Sauget (1926-1988), prélat franc-comtois et grand érudit,scriptorla à Bibliothèque Vaticane pour les langues orientales.
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1 Origines princières Les chroniqueurs médiévaux ont tous insisté sur le haut lignage dont 1 est issu Guy de Bourgogne , pape Calixte II. Ainsi, leLiber Pontificalisle ditnatione Francus (issu de la nation franque), etconsanguinitatis lineam a regibus Alemanniae, Franciae atque Angliae ducens(parent des rois d’Allemagne, de France et d’Angleterre). Quant à Guillaume de Tyr, il le qualifie desecundum carnem nobilisselon la chair), et de (noble consanguineusde l’empereur Henri V. Certes, Guy n’est pas le premier descendant de Charlemagne qui deviendra pape : avant lui se sont succédé Grégoire V (Brunon de Carinthie) en 996, saint Léon IX (Bruno d’Eguisheim) en 1049, et Étienne IX (Frédéric de Lorraine) en 1057. Mais pour autant, peu de pontifes romains de cette époque sont d’origine princière, et plus aucun 2 pape ne le sera avant plusieurs siècles . Le fait d’être le fils du comte 3 palatin de Bourgogne ne pouvait donc passer inaperçu aux yeux de ses contemporains. Mais quelle est cette famille souveraine, apparue relativement récemment, et qui a pris la tête d’un territoire qui devait plus tard devenir la Franche-Comté ? 1 Guy de Bourgogneaussi le nom d’une chanson de geste qui se situe dans la est même veine que la chanson de Roland et dont le héros, neveu de Charlemagne, devient roi d’Espagne ; cf. Guessard (François) et Michelant (Henri Victor) :Gui de Bourgogne, chanson de geste. Vieweg, Paris, 1859. Ce récit fictif n’a bien sûr aucun lien avec notre personnage. 2 Les antipapes Clément VII (Robert de Genève) en 1378 et Félix V (Amédée VIII e de Savoie) en 1439, ou encore les papes Médicis au XVI siècle. 3 La qualification de « comte palatin » (Pfalzgraf) pour les comtes de Bourgogne est utilisée par divers historiens, comme par exemple Thierry Le Hête. Certains pensent er toutefois qu’elle n’a été employée qu’à partir du comte Othon 1 , fils de l’empereur er e Frédéric 1 Barberousse, à la fin du XII siècle, et donc qu’elle n’était pas en vigueur à l’époque de Calixte II : c’est le cas de Roland Fiétier et René Locatelli,inFiétier (dir.), p. 139.
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