De la foi et de l esprit
35 pages
Français

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De la foi et de l'esprit , livre ebook

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Description

Emporté loin de Dieu, privé de tout mérite comme avant qu’il fut né, dépouillé de toute prérogative absolue comme avant de posséder la grâce, l’homme, après sa chûte, ne peut être ramené vers l’Infini que par la suprême opération de l’amour, qui est la miséricorde.L’amour se donne à qui n’a pas, l’amour tend à s’unir à qui est bon ; il n’était point dans le triple équilibre des lois de l’absolu que l’amour se donnât et s’unît à qui est mauvais.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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Nombre de lectures 8
EAN13 9782346129812
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Antoine Blanc de Saint-Bonnet
De la foi et de l'esprit
CHAPITRE I
LA FOI N’EST-ELLE PAS UNE APPARITION EN NOUS DE LA LUMIÈRE ABSOLUE ?
Emporté loin de Dieu, privé de tout mérite comme avant qu’il fut né, dépouillé de toute prérogative absolue comme avant de posséder la grâce, l’homme, après sa chûte, ne peut être ramené vers l’Infini que par la suprême opération de l’amour, qui est la miséricorde.
L’amour se donne à qui n’a pas, l’amour tend à s’unir à qui est bon ; il n’était point dans le triple équilibre des lois de l’absolu que l’amour se donnât et s’unît à qui est mauvais. Ah ! n’a-t-il pas fallu que l’amour apaisât toute puissance et fît taire en quelque sorte toute sagesse pour qu’au milieu d’une sublime défaillance des Cieux, parut la Miséricorde, fille exclusive de l’amour !
Dès-lors le Saint-Esprit s’est chargé de la création. Il a voulu que la Puissance et la Sagesse, constituant l’ordre et la justice, passassent par sa loi pour arriver jusqu’à l’homme. Aussi, comme on l’a reconnu sur la terre, c’est de la miséricorde divine que dérive le système de la réparation 1 . Le principe de la miséricorde reparaît sur tous les points de l’exposé que l’Église nous donne de ce merveilleux système ; et l’on s’aperçoit que c’est l’Esprit-Saint qui depuis lors agit en nous.
Les dons naturels, qui étaient la grâce spéciale de la création, sont le fruit de l’amour ; les dons surnaturels, qui ont été la grâce de la rédemption, sont le fruit de la miséricorde. Les dons de la création nous avaient été accordés en vertu de la bonté du Créateur ; mais les dons de la sanctification nous sont accordés en vertu des mérites du Verbe. Et voilà pourquoi le Saint-Esprit se répand avec tant d’abondance.
Le Saint-Esprit s’annonce d’une manière extérieure parla prédication de la loi ; et il opère d’une manière intérieure par la production de la Foi. Car le premier effet de l’union de la grâce divine et de la coopération humaine, c’est la Foi. L’homme, dit Saint-Augustin, commence à recevoir la grâce, dès qu’il commence à croire en Dieu. Or, la Foi est un retour en nous de la vie de l’absolu.
 
On n’a pas assez observé tout ce qu’il y a dans la Foi ; quoique un germe, elle est tout ce qu’il y a de plus complet. Dans la Foi est une triple action de la raison, du cœur et de la volonté. On ne croit que ce que l’on sait, on ne croit que ce que l’on aime, on ne croit, chose dont on n’est pas assez persuadé, que ce que l’on est décidé à croire. La Foi est un acte d’adhésion de toute la nature humaine.
Il faut avoir été approché de la lumière pour que la foi éclate. Mais la Foi ne tient pas seulement de l’esprit, elle amène l’homme Tout entier. Car l’homme ne donne pas ainsi sa Foi sans s’être donné lui-même. Dans la Foi est le désir qu’une chose soit vraie. L’Evangile l’a bien dit : « L’espérance et la Foi donnent ce qui est aimé. »
Croire n’est pas comprendre ; la Foi n’est pas la connaissance, mais la confiance. Dieu ne nous a pas demandé de le comprendre, mais de le croire ; autrement, où en serions-nous ! Croire quelqu’un, c’est se fier à lui ; il est tout simple que nous devions à Dieu cet hommage. Ne soyons plus étonnés si la Foi nous rend saints et agréables à Dieu !
Ne l’oublions point, on n’est prêt à donner sa Foi que pour les choses qui sont conformes au besoin de notre cœur. C’est pourquoi une grande culpabilité plane sur l’homme qui ne se rend pas à la Foi. Si elle n’était qu’un acte ordinaire du jugement, sa présence ou son absence ne devrait pas entraîner des conséquences aussi graves, même pour notre conduite terrestre. On a toujours reconnu du mérite dans la Foi et du crime dans l’incrédulité.
L’homme qui ne croit pas est déjà mauvais en soi, à un degré ou à un autre : parce que l’homme qui ne croit pas est celui qui ne voudrait pas croire. Si, je le suppose, ce n’est pas un méchant, c’est un cœur dur ; si ce n’est un cœur dur, c’est un égoïste ; si ce n’est un égoïste, c’est un homme dans ses sens ; et si ce n’est un homme dans ses sens, c’est un homme tout à fait léger et prêt à y tomber. Observez bien les hommes sans Foi, vous verrez que cela tient à leur cœur. La Foi, dit Schiller, n’est autre chose que la vertu.
Quand on desire tant de preuves, soyez sur qu’on ne veut pas de vous. Ceux qui demandent l’A plus B, ne cherchent pas la vérité, c’est la vérité qui les cherche. Enfin, il en est qui se sont tellement faussés qu’ils se sont mis en quelque sorte dans l’impossibilité de croire. Mais qu’espère-t-on faire lorsqu’il n’y a que de l’esprit dans l’esprit ; en suivant constamment le rebours de ses lois, la pensée finit à rien.
Lorsqu’on ne se sent pas de besoins dans l’âme, il est tout simple que le doute y reste ; et sur le doute s’affaisse l’intelligence. De peu d’amour sort peu de chose, on ne peut pas aller plus loin que soi. L’inspiration, au contraire, naît d’un cœur plein. La sagesse reposa toujours sur le fort équilibre de tous les sentiments. Tandisque les faux jugements partent de sentiments mal à l’aise. Les cœurs durs et étroits ne croient que par force ; pauvre tête vint toujours de pauvre cœur.
L’homme avare de son cœur se reconnaît jusque sur sa logique. Beaucoup disent non, et ils ne se doutent pas pourquoi ils disent non ; car chacun croit parfaitement diriger son esprit ! Les hommes ne s’aperçoivent point que leurs tendances internes disposent sourdement d’eux-mêmes, et que c’est sur la source de leurs sentiments qu’il faudrait veiller
Il en est qui n’iraient jamais où leur raisonnement n’est pas entré ; ils finissent par avoir l’esprit si court ! Ils ne confient point leur pensée à l’inspiration pour qu’elle la porte au-delà d’eux-mêmes. La suffisance est si aveugle qu’elle se prend sans cesse pour la mesure de toutes choses. Sans se l’avouer, l’homme tâte son cœur avant de laisser partir son esprit ; au fond, sa plus grande frayeur est d’arriver à des idées qui ne seraient pas d’accord avec lui-même. La pensée est toujours retenue par un fil attaché au cœur ! Les grands esprits n’auraient pas tout ce respect du genre humain, si leurs lumières ne résultaient que d’un degré de finesse dans le raisonnement ou de subtilité dans l’esprit.
Une conscience courte ne voit pas au-delà de ce monde ; et il est évident que l’égoïsme ne voudra jamais aller plus loin. Cherchez, cherchez toutes les preuves, si tant est que l’on prouve au cœur ! Les preuves sont de bons moyens pour arrêter l’esprit sur le moment. Pour soi, qui s’est jamais servi de preuves ? Keppler, Newton, Descartes, Euler, Bossuet, Leibnitz, ont-ils cherché pour eux des preuves ?
La Foi, l’enthousiasme, le dévouement, la soif du beau et du divin, c’est la même chose. Dire à quelqu’un d’avoir la Foi, c’est lui dire d’avoir de l’âme. Indifférence, mépris du beau, sécheresse interne habitent également ensemble. Aussi voit-on les hommes s’éloigner de la Foi à mesure qu’ils avancent dans la trâce égoïste qu’ils ont faite à leur vie.
Celui qui dit : faites-moi croire, dépose le même aveu que s’il disait : faites-moi aimer. Les Sceptiques le sont d’abord par le cœur. Les esprits inconvictionnels font souvent parade de leur insensibilité comme d’une forte vertu ; ils ne se doutent point qu’ils découvrent la pauvreté de leur âme ! Le scepticisme vient de l’épuisement de l’amour.
Celui-ci admet tel dogme, mais il n’admettra pas tel autre. Il est clair qu’il y aura autant de sortes de Fois que de sortes de cœurs, chacun doit mettre la religion à son point. Celui-là seul qui cherche Dieu ne se voit pas ainsi arrêté à chaque merveille de l’amour. L’étendue de notre Foi est toujours dans la profonde bonté du cœur.
On croit marcher avec la raison et lui être très fidèle quand on retran

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