De Veritate
182 pages
Français

De Veritate , livre ebook

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182 pages
Français

Description

Quelle est la signification de "vérité" ? Comment ce concept est-il entré dans le langage chrétien sur Dieu et les choses divines ? Cet usage est-il encore légitime aujourd'hui ? Une première partie est consacrée à la généalogie de la "vérité" et de son usage dans le langage chrétien, aux causes et au développement de la crise ainsi qu'aux réactions souvent malhabiles de l'institution. Une seconde partie analyse les caractéristiques linguistiques et s'interroge sur la possibilité d'y conserver une référence à la "vérité".

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Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2015
Nombre de lectures 34
EAN13 9782336365077
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Rodolphe de Borchgrave
De Veritate Essai sur les langages de la foi
De Veritate
Religions et Spiritualité fondée par Richard Moreau, Professeur émérite à l'Université de Paris XII dirigée par Gilles-Marie Moreau et André Thayse, Professeur émérite à l'Université de Louvain La collectionReligions et Spiritualitédivers types rassemble d’ouvrages : des études et des débats sur les grandes questions fondamentales qui se posent à l’homme, des biographies, des textes inédits ou des réimpressions de livres anciens ou méconnus. La collection est ouverte à toutes les grandes religions et au dialogue inter-religieux. Dernières parutions Albert REY,Henri Reymond (1737-1820), évêque constitutionnel de l’Isère (1793-1802),2014. Gérard LEROY,A la rencontre des pères de l’église, L’extraordinaire histoire des quatre premiers siècles chrétiens,2014. Martine DIGARD,Lettre à tous ceux qui cherchent Dieu,2014. Véronique GAY-CROSIER LEMAIRE,Plongée dans l’enseignement social de l’Église,2014. Francis LAPIERRE,L’évangile oublié. Nouvelle édition revue et corrigée, 2014. François ORFEUIL,Approches de la bible. Un orthodoxe lit des textes, 2014. Francis WEILL,Le jour où Dieu pleurera, Conte philosophique sur l’absence de Dieu, 2014. Sameer MAROKI,Les trois étapes de la vie spirituelle chez les Pères syriaques : Jean le Solitaire, Isaac de Ninive et Joseph Hazzaya, 2014. Don-Jean BELAMBO,La réception de la théorie de l’évolution dans e la théologie catholique du XX siècle, 2014. Anne-Claire MOREAU,Peuples, guerres, et religions dans l’Amérique du Nord coloniale, 2014. Francis WEILL,Dictionnaire alphabétique des versets des douze derniers prophètes(2 vol.), 2014. Philippe BEITIA,Le culte local des Papes dans l’Église catholique, 2014. Ataa DENKHA,L’imaginaire du paradis et le monde de l’au-delà dans le christianisme et dans l’islam, 2014. Frère Etienne GOUTAGNY,La manne du désert : petit dictionnaire des noms communs bibliques à la lumière des Pères du désert, 2014.
Rodolphe de BORCHGRAVE DE VERITATE Essai sur les langages de la foi
L’Harmattan
© L’Harmattan, 2014 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN :978-2-343-04903-8 EAN :9782343049038
Pour Marie-Clothilde, Nicolas, Olivia, Wauthier, Egon et Yonel
Chapitre 1
De quoi il est question Objet
Il peut paraître téméraire, voire prétentieux, d’emprunter pour cet essai le titre que tant d’éminents théologiens et philosophes ont donné à leurs propres traités. Citons notamment ceux de Thomas d’Aquin, Anselme de Canterbury, Jérôme Savonarole, John Wyclif ou Hugo Grotius. Notre excuse est que cehold upsans scrupules excessifs, soutenu par ces prestigieuses références, vise d’entrée de jeu au cœur de ce dont il sera question. Une entreprise de réflexion ne peut en effet espérer aboutir à un résultat satisfaisant si elle n’adresse une question ou un problème clairement identifiés au départ. En brut de décoffrage, la question, ou plutôt les questions que cet essai voudrait contribuer à éclaircir peuvent s’énoncer comme suit : la vérité est-elle encore, aujourd’hui, une voie d’accès efficace de l’Humain au Divin ? Si non, pourquoi ? Et alors, que faire ? Mais d’abord, pourquoi ces questions ? Et en quoi nous importeraient-elles encore aujourd’hui ? Ne faut-il pas, dès le départ, les préciser et en faire émerger le relief et les contours ? Pour clarifier la visée de notre projet, élaborons donc quelque peu leur origine, leur sens et leur portée, ce qui nous permettra de délimiter le champ de notre investigation et d’en exposer la méthode ainsi que le plan de cet ouvrage.
Questionnement
Précisons tout d’abord que, dans ce qui suit, nous nous intéresserons exclusivement à la Vérité (avec un V majuscule
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lorsqu’il s’agit d’un attribut de Dieu) au sens bien spécifique de son utilisation dans le discours religieux chrétien sur les choses divines. Ce discours est celui qui, en tant que support de la foi, s’exprime à travers une diversité de formes et de modalités telles que les écritures saintes, la doctrine, la prière, la théologie, le dogme, etc. Toutes ces formes ont en commun le langage, de sorte qu’on pourrait aussi les désigner comme l’ensemble des langages de la foi. Dans chacun de ces langages, on rencontre l’énoncé, l’illustration ou le commentaire de propositions qui sollicitent ou supposent une adhésion de foi parce qu’elles nous sont données comme vérités, relevant de la Vérité. Notre démarche est donc circonscrite à un univers bien spécifique : celui des langages de la foi énoncés de l’intérieur, non de l’extérieur. Mais l’intérieur de quoi ? A la fois, celui d’une réalité institutionnelle et d’une disposition intérieure personnelle. La réalité institutionnelle, c’est celle de l’Eglise chrétienne dont les différentes instances énoncent les langages de la foi. La disposition intérieure, c’est celle du chrétien qui reçoit ce langage censé entretenir et consolider sa foi. Il s’agit donc du langage énoncé de l’intérieur de l’institution chrétienne et s’adressant aux membres de sa communauté. Notre enquête ne concerne donc aucunement la vérité au sens qu’elle pourrait revêtir, d’un point de vue extérieur à la foi ou à l’institution, dans des contextes spécifiques tels que la science, les actes judiciaires ou l’histoire, en ce compris l’histoire des religions ou la philologie biblique. Le champ d’extension de la vérité auquel nous nous intéresserons ici est donc essentiellement celui du langage ou plutôt des langages de la religion chrétienne, et en particulier ceux de sa composante catholique. Des formes spécifiques de ces langages sont, par exemple, les encycliques, les constitutions conciliaires, le catéchisme, les rites, les prières (le Credo : une prière d’un genre particulier : ni demande, ni remerciement, ni louange !), etc. Il est clair qu’une analyse du statut de la vérité à partir d’une autre sphère du religieux, telle que celle de l’Islam ou du Bouddhisme, voire du protestantisme ou de l’orthodoxie, conduirait probablement à des conclusions, voire à un questionnement différents des nôtres.
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Soulignons enfin, en insistant sur ce point important, qu’il ne s’agit en aucune façon de porter dans cet essai un jugement quelconque sur le caractère véridique ou non véridique du contenu proprement dit des langages de la foi. Il ne s’agit aucunement ici, par exemple, de conforter ou de réfuter des « preuves de l’existence de Dieu » pas plus que l’une ou l’autre proposition du Credo. Une telle position serait tout simplement contradictoire avec notre démarche. Répétons-le : ce dont il s’agit ici, c’est simplement de mieux comprendre ce que signifient, dans le contexte évoqué ci-dessus, les mots « vérité » et « Vérité ». Mais d’abord, pourquoi la question de la vérité se pose-t-elle dans le contexte de la foi ? Et pourquoi se pose-t-elle aujourd’hui de façon aiguë ? Une crise contemporaine du christianisme ? Au point de départ, il y a la constatation que s’est installée en Occident une profonde crise du religieux. Dans le cas du religieux chrétien, en particulier catholique, c’est devenu une évidence. Pour faire court, cette crise peut-être vue symboliquement comme une tension sinon comme une rupture dans la relation entre l’Humain et le Divin. Sociologiquement, elle se traduit par une érosion longue et continue de la participation active aux institutions et aux pratiques de la chrétienté. Cette érosion, devenue massive au cours de la seconde moitié du XXe siècle, apparaît de façon mesurable à travers divers indicateurs tels que la participation aux rites et aux sacrements, la déclaration d’appartenance à une religion ou encore l’effectif et le renouvellement du clergé. Illustrons ces tendances par quelques indicateurs de la situation de l’Eglise catholique en France et en Europe : -la baisse de la pratique dominicale : évaluée à 40% pour la population rurale et à 30% pour l’ensemble de la population française dans les années 60, elle serait tombée à moins de 10% dans les années 2000. Ce phénomène touche également l’ensemble des pays d’Europe occidentale, dont l’Italie et la Belgique, ainsi que le Québec. En France, la catéchèse qui atteignait 40% des enfants en 1994, est en
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