Ghebra-Michael - Un martyr abyssin
75 pages
Français

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Ghebra-Michael - Un martyr abyssin , livre ebook

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Description

L’Abyssinie et la Mission catholique au XIXe siècle. L’apôtre de l’Éthiopie. Premières conquêtes de Mgr de Jacobis. — Le néophyte Ghebra-Michael, son pays natal, son éducation, son portrait, son caractère, ses vertus. — Son entrée en religion, son zèle pour la recherche de la vérité, sa profession de foi et son serment.L’Église catholique, au milieu des épreuves qu’elle traverse sans cesse et de l’incomparable douleur où la plonge la désertion des enfants qu’elle avait nourris, se réjouit à juste titre des glorieux combats soutenus par ses champions fidèles, « anges de paix » qu’elle a lancés sur tous les points du monde.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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Nombre de lectures 1
EAN13 9782346129881
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Jean-Baptiste Coulbeaux
Ghebra-Michael
Un martyr abyssin
INTRODUCTION

*
* *
Durant les dernières années du XIX e siècle, l’Abyssinie devint l’objet d’ardentes convoitises et la diplomatie de l’Europe se préoccupa vivement du sort qui lui était réservé. Ce merveilleux pays méritait certes d’attirer plus tôt l’attention ; mais il vivait dans un isolement vingt fois séculaire, et il ne devait sortir de l’oubli qu’à la suite des transformations qui s’opéraient dans la vieille politique européenne. Lors du mouvement général qui vint inspirer aux puissances comme une émulation d’ambitions coloniales, l’Italie espéra trouver sa part dans l’Est africain.
L’Angleterre avait abandonné dédaigneusement, pour ainsi dire, ces âpres territoires en 1868, alors qu’elle y possédait les droits que donne la victoire à la suite d’une guerre très légitime. Une conduite aussi désintéressée était de nature à faire croire que la possession de l’Abyssinie ne présentait aucun avantage ni au point de vue politique, ni au point de vue colonial.
La France, dès 1838, s’était intéressée à ce pays, mais d’une manière assez vague et sans autre ambition que de faire respecter ses droits traditionnels à l’égard des catholiques. Elle se préoccupait surtout de défendre, là comme dans tout l’Orient, les intérêts du christianisme, et d’améliorer la condition d’un peuple d’autant plus digne de sympathie, qu’en se séparant de l’Église catholique il avait obéi à un égarement inconscient plutôt qu’à des sentiments de rébellion voulue. Ce motif engagea notre gouvernement à créer, sous Louis-Philippe, le consulat de Massaouah et à le maintenir durant la présidence de Thiers et de Mac-Mahon lorsqu’une revision administrative en supprima plusieurs autres.
Aussi le monde européen fut-il profondément surpris quand une dépêche annonça soudain, en 1885, le débarquement de troupes italiennes au port de Massaouah. En réalité, nos voisins avaient de longue main préparé cette expédition, en envoyant sur place des éclaireurs actifs et habiles dont les études et les informations avaient permis à leur gouvernement de dresser les plans d’une grande entreprise coloniale. Un nouvel événement historique vint tout à coup déchirer les voiles qui cachaient les destinées de l’Abyssinie depuis tant de siècles, et révéler au monde ce coin de terre chrétienne perdu au milieu des musulmans et des païens.
En 1896, la bataille d’Adoua, dans laquelle Ménélik défit les troupes italiennes, attira les regards de toutes les nations. C’était là un fait inattendu, inimaginable. Des hordes de noirs sans discipline avaient osé se mesurer avec des troupes européennes bien armées et qui connaissaient à fond l’art de la guerre. Ce peuple abyssin était donc bien différent des autres tribus de l’Afrique ? Le public des divers pays se prit à considérer avec intérêt la physionomie de cet empereur jusqu’alors inconnu, aux. traits saillants, au teint sombre, au torse vigoureux, mais à l’œil doux, limpide, pénétrant. On jugea que ce personnage constituait une exception parmi les noirs qui jusqu’alors étaient tous regardés comme plongés dans la barbarie ; on s’émerveilla en entendant citer quelques traits de ce caractère vraiment royal, en constatant que l’empereur possédait une intelligence assez élevée malgré sa nature primitive, une simple et majestueuse bienveillance, qu’il était tout prêt à entrer en relations avec les puissances étrangères, contrairement aux habitudes des monarques d’Asie et d’Afrique. Ceux-ci, en effet, d’ordinaire, regardent avec une défiance hostile tout élément étranger dont la supériorité est une intolérable humiliation pour leur orgueil. Aussi vivent-ils jalousement retranchés dans leurs montagnes ou dans l’immensité de leurs déserts.
Tous les personnages qui ont approché Ménélik ont été frappés surtout de son esprit observateur qui s’exerce à saisir les avantages de la civilisation moderne dans toutes ses manifestations, désireux de connaître les diverses industries qui ont transformé la vie européenne et qui se répandent peu à peu à travers les régions de la terre les plus isolées, les plus réfractaires à tout progrès.
D’autres auteurs ont fait connaître l’Abyssinie, présentée sous des aspects divers, suivant le but spécial de leurs études ; ils ont examiné sa situation politique, les espérances commerciales et industrielles qu’elle permet de concevoir, les voies de pénétration et d’exploitation qu’on y peut tracer, ou encore ils l’ont considérée au point de vue de l’ethnographie, de l’histoire, de la littérature, etc.
Malgré le nombre des spécialistes qui ont offert à l’essor colonial et civilisateur leurs utiles informations et qui servent de pionniers et de guides pour les entreprises projetées dans des régions dont les richesses sont encore inconnues, nous croyons qu’il nous sera donné de fournir quelques indications nouvelles sur le rôle que jouent, en Abyssinie, les grands facteurs de la civilisation morale, c’est-à-dire sur la religion des habitants de la haute Éthiopie et les états d’esprit qu’elle a créés.
L’étude de la religion d’un peuple nous fait pénétrer jusqu’à son âme ; elle nous montre ce que ses mœurs ont de plus mystérieux ; elle nous donne l’explication des multiples coutumes nationales qui se sont perpétuées de génération en génération, et qui se manifestent dans la vie publique, dans l’existence familiale et domestique, et même dans les relations. extérieures de l’État. Si l’on ne connaît pas ce rôle caché de la religion dans l’organisation d’un pays, toutes ses manifestations extérieures peuvent paraître de prime abord étranges et même ridicules. Nous nous en choquons ; d’instinct nous les traitons avec un souverain mépris de stupides et de sauvages ! Et ce pendant, ces impressions défavorables résultent presque toujours de ce fait que nous voyons et que nous jugeons à l’européenne. Notre manière de vivre met, pour ainsi dire, un prisme devant nos yeux et nous empêche d’avoir des vues exactes sur des milieux où tout diffère de nos mœurs. Ce sont là de purs préjugés dont il convient de nous débarrasser tout d’abord.
Avant de prendre le gouvernement d’une ville, il faut y entrer. C’est là une vérité banale qui est trop souvent oubliée par les civilisateurs européens. Il semble à chacun qu’il lui suffira d’apparaître, que sa supériorité doit s’imposer d’emblée, qu’il n’aura besoin de faire aucune concession pour s’installer au palais du gouvernement, et pour dicter ses lois à un peuple qui lui paraît encore dans l’enfance. Ce dédain mêlé de pitié est erroné et stérile. L’infortuné Baratieri ne se faisait-il pas fort, avec ses 20.000 hommes et ses engins de guerre, de semer l’épouvante parmi les hordes armées de Ménélik ? Ne se flattait-il pas d’emmener bientôt captif l’empereur noir à la suite de son char de triomphe jusqu’à Rome, comme les conquérants antiques ? La leçon qui lui fut infligée fut si humiliante qu’elle le contraignit à demeurer dans l’ombre jusqu’à sa mort. Le seul moyen d’acquérir de l’influence sur l’Abyssinie, ce sera d’agir avec condescendance, de se faire tout à tous, comme le recommande le premier apôtre de la vraie civilisation, saint Paul, « afin, dit-il, de les gagner tous à la civilisation du Christ : Omnibus omnia factus sum ut omnes Christo lucrifaciam. Il faudra pénétrer petit à petit dans l’organisme social, afin d’en saisir tous les secrets, jusqu’à ce que l’on atteigne le moteur ; on pourra ensuite diriger le pays dans la voie du vrai progrès.
Connaître les usages fondamentaux des Abyssins et arriver graduellement jusqu’au principe vital qui anime la nation, voilà le premier devoir de tout réformateur social. Or, la vie éthiopienne est pénétrée de la religion comme le corps humain du sang. Tous les actes de l’Abyssin sont régis par une foi qu’il po

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