Islam et appartenances
168 pages
Français

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Islam et appartenances , livre ebook

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Description

Ce livre aborde la question cruciale « Islam et appartenances » sous trois angles : théologique, le contexte du Proche-Orient et celui de l'Europe. Offrant le double avantage d'être moins rigide que la catégorie d'identité et plus articulée au phénomène de recompositions propre à la modernité, la notion d'appartenance ouvre sur nombre de champs de réflexion, notamment sociologique, politique et théologique. Les transformations contemporaines ne sauraient être appréhendées en faisant l'économie des modes d'articulation, de transition, de rupture et d'antagonisme qui se nouent entre la tradition et la modernité. La pluralité des approches, des terrains et des contextes culturels éclaire autrement ce qui apparaît de l'ordre d'une crispation identitaire en référence à une religion, l'islam.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 mars 2020
Nombre de lectures 1
EAN13 9782336895987
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1200€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Sous la direction de
Michel Younès, Anna Hager,
Laurent Basanèse et Diego Sarrió Cucarella





Islam et appartenances
Copyright

© L’Harmattan, 2020
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.editions-harmattan.fr

EAN Epub : 978-2-336-89598-7
Remerciements
En tant que coordinateur de PLURIEL (Plateforme de recherche sur l’islam en Europe et au Liban), qu’il me soit permis d’adresser mes vifs remerciements aux équipes qui ont œuvré pour la réussite du Congrès de Rome (26-28 juin 2018) et de ce volume. Je voudrais spécifier l’équipe scientifique du Congrès : Leila Babès (Lille), Laurent Basanèse (la Grégorienne), Paolo Branca (Milan), Valentino Cottini (Rome), Ali Mostfa (Lyon), Emmanuel Pisani (Paris), Diego Sarrio Cucarella (PISAI), Thom Sicking et Roula Talhouk (de l’USJ), Tobias Specker de Francfort, Gonzalo Villagran de Grenade.

Je tiens à remercier l’équipe organisationnelle : Lorraine Guitton, Antoine Meyer, Eugenia Di Gregorio du PISAI et le personnel de la Grégorienne, notamment Monica Fucci. Ma gratitude s’adresse aux Institutions partenaires du Congrès : l’Université Grégorienne et l’Institut pontifical d’études arabes et d’islamologie (PISAI), à tous les intervenants du Congrès, à ceux qui ont contribué à collecter ces textes, principalement Diego Sarrio Cucarella et Laurent Basanèse, et tout particulièrement à Anna Hager qui a fait un remarquable travail de reprise de l’ensemble

Merci à toutes les personnes qui ont assuré la mise en forme et la relecture du manuscrit, notamment Lorraine Guitton et Marie-Line Younès. Merci aussi à notre éditeur et au directeur de la collection, Antoine Fleyfel, qui accepte de publier les actes de cette manifestation académique dans les trois langues du Congrès.
Introduction
Après son premier Congrès international à Lyon du 6 au 9 septembre 2016 sur le thème « L’islam au pluriel : foi, pensée, société » 1 , l’actuelle étude rassemble les actes du deuxième Congrès de PLURIEL (Plateforme de recherche sur l’islam en Europe et au Liban), tenu à Rome du 26 au 28 juin 2018, sur un sujet d’une grande importance : « Islam et appartenances ». En partenariat avec l’Université Grégorienne et l’Institut pontifical d’études arabes et d’islamologie (PISAI), le Congrès a réuni plus de cent-vingt chercheurs de son réseau de plus de quinze pays. Cette aventure intellectuelle est également une aventure humaine où un réseau, principalement constitué d’Institutions catholiques, soutient la réflexion d’universitaires sur la question de l’islam suivant trois axes : communautaire, territorial et citoyen.

Offrant le double avantage d’être moins rigide que la catégorie d’identité et plus articulée au phénomène de recompositions propre à la modernité, la notion d’appartenance ouvre sur nombre de nos champs de réflexion, notamment sociologique, politique et théologique. Les transformations contemporaines ne sauraient être appréhendées en faisant l’économie des modes d’articulation, de transition, de rupture et d’antagonismes qui se nouent entre la tradition et la modernité. La pluralité des approches, des terrains et des contextes culturels éclaire autrement ce qui apparaît de l’ordre d’une crispation identitaire en référence à une religion, l’islam. Dans son introduction aux travaux du Congrès, la sociologue Leïla Babès rappelait qu’il y a davantage dans les rapports entre unité et diversité, unicité et multiplicité, qu’une banale logique dans l’histoire des grandes religions, une confrontation qui peut aller jusqu’à l’affrontement dans les cas les plus extrêmes 2 . Du musulman à l’islamique, du vécu au construit, de l’être au devoir-être, c’est dans ce lieu antagonique dans lequel l’Un tente de s’imposer au multiple, que le rapport à l’appartenance se constitue et se reproduit. Dans sa dimension de sécularisation et de pluralisme, la modernité a fait éclater l’appartenance comme référence unique et globalisante, faisant prévaloir la liberté individuelle de recompositions et d’affiliations, multiples et réversibles. À bien des égards, les reconstructions identitaires sous leurs formes fondamentalistes, sectaires, totalitaristes et extrémistes, agissent comme des soubresauts réactionnaires, au sens propre du terme, (par réaction) à un changement qui ébranle un ordre moral et politique rassurant.

De quoi parle-t-on quand on évoque la « umma » : la communauté musulmane ? La communauté des Musulmans ? La communauté des croyants ? Renvoie-t-elle à une réalité sociologique ou historique, un sentiment d’appartenance, un idéal, un mythe ? Les significations coraniques elles-mêmes sont diverses, y compris au sens ethnique, au point de se confondre parfois avec celle de peuple, tribu, à moins d’en retenir un sens plus étendu, celui d’une confédération de tribus. Certains versets visent la communauté musulmane, mais cette signification est plus forte après le triomphe de l’islam. Pour Babès, la rupture avec les Chrétiens (pacifique mais néanmoins théologique) et surtout avec les Juifs (directe, et plus violente), explique en grande partie ce rétrécissement de la communauté sur un message qui rompt avec le sens que le Coran lui donne, lorsqu’il qualifie Abraham de umma (Q 16,120). La tension entre l’islam/religion primordiale/inclusive et l’islam religion particulière/exclusive, n’est pas sans lien avec les reconstructions qui se feront ensuite autour des statuts de l’autre extérieur, et de l’autre intérieur (pécheur ou apostasié, kāfir )

Les fondations anthropologiques et politiques, souligne Babès, ont joué un rôle crucial. Le prophète de l’islam a fondé une communauté basée sur la foi, mais aussi sur des alliances politiques et des adhésions collectives. Cette dimension communautaire et politique de l’appartenance à l’islam a été sans nul doute un tournant décisif dans la manière de considérer le statut de la sortie de la religion, établissant une équation entre l’apostasie individuelle et la trahison de la communauté. Ce qui signifie que l’acte de foi dans ce qu’il a de plus personnel , n’est concevable que s’il s’accompagne d’un acte d’allégeance communautaire . En confondant la rupture de l’alliance politique avec le chef, avec l’acte d’apostasie individuel, et en s’engageant dans la guerre contre la ridda (l’apostasie), Abū Bakr a scellé le sort de celui-ci, annihilant par là-même, toute la portée de la distinction que le Coran opère, lorsqu’il fustige les bédouins, entre le mu’min et le muslim , le croyant de conviction et celui qui ne fait que se soumettre (Q 40,14).

Comme l’a dit à juste titre Leïla Babès dans son introduction au Congrès, sur le versant moderne, la question de la citoyenneté est au cœur du débat. Par-delà les luttes démocratiques à l’œuvre, son émergence sur la scène sociale et intellectuelle comme principe relevant de l’État de droit, pouvant rendre caduque toute législation fondée sur la religion, donc susceptible de contenir des dispositions liberticides ou discriminatoires, se heurte systématiquement à des oppositions sur le registre juridico-politique. Le statut mineur réservé aux citoyens non musulmans est symptomatique de la barrière que constitue la référence à l’islam comme source législative majeure, à l’émergence d’une vraie citoyenneté, comme valeur égalitaire. Pour aller plus avant, le débat n’est pas tant dans la force coercitive de l’islam, que dans la capacité ou non à construire l’espace du politique. Force est de constater les limites d’une réflexion trop circonscrite au débat proprement religieux, lorsque les enjeux d’un changement à même de faire sauter les verrous juridico-religieux sont de nature fondamentalement politique.

Les présentes contributions abordent la question « Islam et appartenances » sous trois angles : théologique, le contexte du Proche-Orient et celui de l’Europe. Dans un premier temps, Dirk Ansorge établit les fondements de l’appartenance religieuse selon l’islam et le christianisme (chapitre 1). Hamadi Redissi étudie la manière dont le blasphème a été traité dans la tradition islamique et dans les législations actuelles des États à majorité musulmane (chapitre 2).

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