J ôterai ce coeur de pierre
260 pages
Français

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J'ôterai ce coeur de pierre , livre ebook

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Description

Ce livre relate les moments forts de la vie de l'auteur dont l'éducation sera édifiée par des hommes de coeur, en particulier le Père de Brunier, curé de Thourotte, à l'amour aussi efficace que l'amour du prêtre des Misérables. Mario Zanon, né en Italie, a fait ses études au Petit et au Grand Séminaire de Beauvais. Il a été curé (Songeons et Montataire), vicaire (Margny-Les-Compiègne), aumônier diocésain de Jeunes d'Action Catholique et aumônier du Centre Hospitalier spécialisé interdépartemental de Clermont de l'Oise.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2006
Nombre de lectures 295
EAN13 9782336278322
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Religions et Spiritualité
Collection dirigée par Richard Moreau
La collection Religions et Spiritualité rassemble divers types d’ouvrages : des études et des débats sur les grandes questions fondamentales qui se posent à l’homme, des biographies, des textes inédits ou des réimpressions de livres anciens ou méconnus.
La collection est ouverte à toutes les grandes religions et au dialogue inter-religieux.
Dernières parutions
Anne DORAN, Spiritualité traditionnelle et christianisme chez les Montagnais, 2005.
Vincent Paul TOCCOLI, Le Bouddha revisité, 2005.
Jean-Paul MOREAU, Disputes et conflits du christianisme, 2005.
Bruno BÉRARD, Introduction à une métaphysique des mystères chrétiens, 2005.
Camille BUSSON, Essai impertinent sur l’Histoire de la Bretagne méridionale, 2005.
Erich PRZYWARA (Trad. de l’allemand par Philibert Secretan), ... Et tout sera renouvelé. Quatre sermons sur l’Occcident suivi de Luther en ses ultimes conséquenses, 2005.
Jean-Dominique PAOLINI, D’Aphrodite à Jésus. Chroniques chypriotes, 2005.
André THAYSE, A l’écoute de l’origine, 2004.
Etienne GOUTAGNY, Cisterciens en Dombes, 2004
Mgr Lucien DALOZ, Chrétiens dans une Europe en construction, 2004.
Philibert SECRETAN, Chemins de la pensée, 2004.
Athanase BOUCHARD, Un prêtre, un clocher, pour la vie : l’abbé Pierre Cucherousset, 2004.
Michel COVIN, Questions naïves au christianisme, 2004.
Vincent FEROLDI (dir.), Chrétiens et musulmans en dialogue : Les identités en devenir, 2003.
Karékine BEKDJIAN, Baptême, mariage et rituel funéraire dans l’église arménienne apostolique, 2003.
Albert KHAZINEDJIAN, La pratique religieuse dans l’église arménienne apostolique, 2003.
J'ôterai ce coeur de pierre

Mario Zanon
www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
© L’Harmattan, 2006
9782747597760
EAN : 9782747597760
Sommaire
Religions et Spiritualité - Collection dirigée par Richard Moreau Page de titre Page de Copyright DES DOLOMITES DE BRENTA (TRENTIN) - AU PETIT SÉMINAIRE ST LUCIEN DE BEAUVAIS... AU GRAND SÉMINAIRE DE BEAUVAIS... CURÉ DE LOUEUSE, ERNEMONT BOUTA VENT, OMÉCOURT, SAINT-DENISCOURT - Septembre 1947 — Décembre 1949 VICAIRE À MARGNY LES-COMPIÈGNE - Janvier 1950 — Septembre 1957 AUMÔNIER DIOCÉSAIN DE J.O.C.F.-J.I.C.F. AUMÔNIER DES SECTEURS DE COMPIEGNE, NOYON, CREPY-EN-VALOIS DE J.O.C. ET D’A.C.O. - Septembre 1957 — Septembre 1966 CURÉ DE MONTATAIRE - Septembre 1966 — Septembre 1971 AUMÔNIER DU CHSI DE CLERMONT DE L’OISE - Novembre 1972 - Novembre 1997 LES CHEMINS DE L’AMITIÉ SONT CHEMINS DE VÉRITÉ MESSAGES D’AMITIÉ
Dans la petite ville de Cles, quartier de Spinasseda, après déjeuner, avec mon frère Georges, nous montons une ruelle qui, de chez notre sœur, mène via Jean-Baptiste Lampi, peintre de Marie-Thérèse, impératrice d’Autriche. Georges s’arrête devant une maison inhabitée, sur notre droite. II pose la question :
“Quand mettront-ils une plaque cammémorative sous cette fenêtre qui la surplombe ?”
Je questionne : “Cette maison a un lien avec le peintre de l’impératrice d’Autriche ?”
“Non, c’est dans la chambre éclairée par cette fenêtre que notre mère t’a mis au monde, affectivement seule, car celui qu’elle aimait, notre père, était en prison, cinquième garçon et dernier-né d’une famille de huit enfants, dont la maman est veuve, pauvre et généreuse”.
Pour gagner sa vie et celle de sa femme, mon père s’engagea du mois de mai au mois de septembre pour garder à l’alpage des vaches ; il fallait les surveiller, les soigner, les traire, faire pour chaque propriétaire sa part de beurre et de fromage.
Cette année là, au cours du mois de juin, deux veaux disparurent. Après enquête, on soupçonna deux bergers, dont mon père, de les avoir tués, dépecés et vendus. Les deux bergers furent menés, menottes aux poignets, à travers le bourg et emprisonnés dans la prison de l’hôtel de ville. Les reproches de son père, Léopoldo Manini, furent très durs pour ma mère : “ Tu n’aurais jamais dû épouser ce pauvre, nous t’avions prévenu. Pourquoi ne pas nous avoir écoutés ?”
Avec ses trois sœurs, elle avait aidé le chef de famille à remettre en ordre et à redonner toute sa valeur à la campagne des barons Clesio, barons d’empire d’Autriche. L’un d’entre eux, Bernardo Clesio, évêque et cardinal, aida au déroulement du Concile de Trente en 1545. Ce concile libéra d’un certain subjectivisme foi et sacrements, mais les sclérosa quelque peu dans le formalisme.
Pâtures, vergers, labours, étables prospérèrent grâce à Léopoldo et grâce à ses filles, surtout grâce à Lina, ma mère. La plus jeune des filles mourut brûlée par les flammes qui embrasèrent ses robes alors qu’elle préparait le repas familial dans l’immense cheminée de la cuisine du château.
Le père Manini achètera maison, pâtures, champs et deux vaches. Les pauvres bêtes donnaient peu de lait car elles étaient utilisées comme attelage pour rentrer les moissons, le bois ou le sable bâtir. Petit propriétaire, il considérait comme une mésalliance que sa fille aînée épouse ce pauvre.
L’amour extraordinaire, indéracinable, pour cet illettré qui parlait couramment l’italien, l’autrichien, le russe et le français durera toute leur vie et se concrétisera dans une attention délicate et constante pour toute pauvreté humaine. Ce soleil épanouira en moi une certaine maturation du cœur.
Vers la mi-juillet, les carcasses des bêtes furent retrouvées au fond d’un ravin, les deux bergers furent libérés avec de plates et inutiles excuses. Leur réputation était compromise.
Ordonné prêtre, fin juin 1947 en la cathédrale de Beauvais, je revins à Cles, en juillet 1947. Le curé doyen, Monseigneur l’Archiprêtre, voulait que municipalité et paroisse de la ville fêtent solennellement ce premier prêtre du pays, ordonné après la guerre. Ce fut grandiose. Jamais mes parents, pauvres, ne furent étourdis par un tel triomphe.
Un lundi, en fin d’après-midi, devant le bel hôtel de ville, construit en 1356, de style vénitien, mon père me fit remarquer qu’au troisième étage, quatre fenêtres donnaient sur la façade principale. Ces fenêtres sont closes par un entrelacs de très grosses barres de fer. Il m’explique : “Les fêtes, les honneurs de ces jours n’effacent pas la souffrance d’un innocent enfermé dans ces prisons. Tu portes une soutane, on te dit Don Mario, Don c’est-à-dire Dominus, Maître, Padre, Seigneur, peut-être un jour Monseigneur, que ce presligieux ne te soûle pas. Tu es au service de la fraternité des hommes, pas à ton propre service”.
Mon père continue à me raconter :
En 1917, j’avais 17 ans. Avec des jeunes de mon âge, nous fûmes rassemblés à Trento, devant le château du Buon Concilio. Le prince archevêque de Trente bénit nos fusils. Ce titre de prince lui avait été donné par François-Joseph d’Autriche qui avait déclaré en 1914 la guerre à la Serbie. La Russie, le tsar de Russie, allié de la Serbie fut rejoint par la France et l’Angleterre. L’Allemagne soutint l’Autriche. Ces quatre ans de guerre firent des millions de morts. Cet engagement de l’Église catholique récompensé par la vanité de ce titre éblouissant qui rendait le petit peuple aveugle et soumis nous révoltait. Je pensais à la tentation : “Saute en bas du pinacle, tu n’auras aucun mal et tu seras admiré”.
On nous envoya tuer des Bosniaques que nous n’avions jamais vus, puis des Russes. Lors d’une attaque, un soldat russe, très grand, me traversa le bras gauche de sa baïonnette triangulaire. Je déchargeais sur lui mon fusil. Il s’effondra devant moi. Je pris conscience que ce russe avait un père et une mère. Je leur avais tué leur fils, c’était très grave. Le festvebel qui nous commandait me menaça de son revolver si je ne repartais pas à l’assaut. Un cosaque, du haut de son cheval, m’assomma du plat de son sabre. Je me réveillai, prisonnier des russes. Cela dura deux longues années.
A Thourotte, devant notre maison de la cité ouvrière de la Glacerie St-Gobain, mon père me hisse sur le cadre de son vélo. Posséder une bicyclette à cette époque révéla

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