L Église catholique et le mariage en Occident et en Afrique (Tome III)
266 pages
Français

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L'Église catholique et le mariage en Occident et en Afrique (Tome III) , livre ebook

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Description

Les catholiques d'Afrique estiment que toutes leurs coutumes ne sont pas consonantes avec les invitations de l'Evangile. Cet ouvrage en souligne certaines, difficilement compatibles avec la doctrine évangélique. Mais les manières d'entrer progressivement en mariage, ou de régler les dysfonctionnements de celui-ci, offensent-elles la loi naturelle? L'Occident serait-il en possession de règles matrimoniales établies par lui et imposables à toutes les cultures planétaires?

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Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2009
Nombre de lectures 92
EAN13 9782296931237
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’Église catholique
et le mariage en Occident et en Afrique
T OME 3
Michel L EGRAIN


L’Église catholique
et le mariage en Occident et en Afrique

T OME 3

Inquiétudes des catholiques en Afrique


L’Harmattan
© L’H ARMATTAN, 2009
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-10646-8
EAN : 9782296106468

Fabrication numérique : Socprest, 2012
T OME TROISIÈME L ES INQUIÉTUDES DES CATHOLIQUES EN A FRIQUE NOIRE
Plus ou moins marqués et culpabilisés par leur passé colonial et par des modalités de décolonisation pas toujours sérieusement préparées et accompagnées, nos contemporains français se dépensent en des querelles schizophréniques entre afro-pessimistes et afro-centristes. Les premiers dénoncent : Regardez où ils en sont, après tout ce qu’on a fait pour eux, tandis que les autres répliquent : Quand on aura fini de les exploiter et de décider à leur place, ils nous émerveilleront ! Chaque tendance, bien entendu, cite des titres d’ouvrages confortant les thèses en présence, tels L’Afrique va-t-elle mourir ? (Kâ Mana, Karthala, 1993), ou, à l’opposé, L’Afrique au secours de l’Occident (Atelier, 2004).
Pour sortir des présentations et procès extrêmes, je me rallie volontiers à l’analyse d’Alphonse Quenum, recteur de l’Université catholique de l’Afrique de l’Ouest. Il est clair en effet que le célèbre devoir de décolonisation, ce poil à gratter de l’après-guerre 1939-1945, que j’ai évoqué dans le premier tome de cette étude, aurait dû, comme tout devoir collectif sérieux, se préparer et s’accompagner, pour les nouvelles autorités indigènes mises en place, du devoir impératif de veiller à la promotion du bien commun. Or, avouons-le : les anciens maîtres ont entretenus des liens souvent malsains ou malhonnêtes avec leurs ex-colonies, en toute connivence avec les hommes forts désormais au pouvoir, en vue d’avantages politico-financiers souvent exorbitants, et cela au détriment d’un sain développement de toute la population. On a enveloppé ces tristes affaires dans tout un arsenal contractuel destiné à donner le change. Le recteur Quenum nous interroge : Quel contenu donner à une légitimité sous perfusion, sinon celui d’intérêts inavoués qui sont loin de la recherche du bien des populations (journal La Croix , La difficile émergence du droit en Afrique , 13.03.08). Il s’inquiète aussi d’un humanitaire tous azimuts, signe d’une générosité indiscutable mais parfois aussi d’une réelle mauvaise conscience. En effet, ces entreprises souvent énormes peuvent servir d’alibi aux uns et aux autres, retardant d’autant l’éradication des exactions les plus criantes et des maux les plus abominables.
Ajoutons aussi que la plus grosse partie des Eglises chrétiennes s’implantèrent et se développèrent en Afrique noire aux époques où se forgèrent les empires coloniaux occidentaux. L’Eglise catholique se présentait alors volontiers sous l’étiquette forgée par les juristes et les canonistes : celle de société parfaite , fonctionnant depuis plusieurs siècles selon une ligne fortement hiérarchique. Son apostolat sur des terres peu ou pas touchées par elle se déployait en fonction des valeurs humaines et spirituelles privilégiées en Occident.
Cela explique en partie les failles des travaux des évangélisateurs : nous sommes partis de nous , de chez nous , de notre eurocentrisme chrétien. Et, en fonction de ce point de départ égocentré, nous avons mesuré le sérieux de l’accueil de la Bonne Nouvelle de l’Evangile par les Africains. En s’installant sur les terres africaines, les Eglises chrétiennes, tout naturellement, y ont implanté leurs institutions religieuses, escomptant que toutes les races et cultures africaines s’y épanouiraient. Une telle attitude dominatrice semblait même prometteuse, dans un contexte culturel où la soumission et l’obéissance primaient.
Les évangélisateurs se sont ainsi présenté à la manière des puissances colonisatrices, venant avec leurs programmes économiques, sociaux et politiques.
Cependant, avec la circulation des personnes et des idées qui accompagnèrent la seconde Guerre mondiale, colons comme évangélisateurs purent mesurer à leur tour le désabusement de tout jardinier devant une greffe mal prise. Ainsi, en économie, on relève de façon tenace des îlots d’opulence, au bénéfice de groupuscules et de nantis plus ou moins mafieux qui, avec la complicité intéressée de riches groupes et Etats occidentaux, bradent les ressources de leur pays, tandis que les foules autour d’eux meurent de faim, de maladies et de déconsidération. Les structures traditionnelles ont disparu ou sont en voie de déliquescence. Devant ces catastrophes anthropologiques, que font les Eglises ? Souvent elles protestent, et parfois fort courageusement, par leurs épiscopats indigènes. Mais par ailleurs ceux-ci continuent à se lancer dans des constructions dispendieuses, cathédrales en tête, et songent prioritairement à multiplier un clergé qui fonctionne selon les habitudes pastorales des Eglises d’Occident. On se demande parfois où sont les combats prophétiques contre des oppressions et des injustices détestables, ces combats qui ont assis la crédibilité des prophètes de la Bible, dont Jésus de Nazareth est le fleuron suprême.
Nous le constatons en tous domaines : en Afrique noire, l’Eglise catholique n’a guère manifesté jusqu’ici une ferme volonté d’inculturation. De là, ce caractère d’extériorité et de permanente importation qu’elle revêt. Comment en serait-il autrement, quand on sait que la plupart des décisions majeures et même souvent mineures relèvent d’une autorité sise sur un autre continent et venant d’une autre culture ? Comment peut-on alors parler sérieusement d’Eglises véritablement locales ?
Grosse d’environ 800 millions de fidèles répartis diversement sur tous les continents, l’Eglise catholique du début du XXI° siècle aurait intérêt à regarder de plus près le fonctionnement des autres Eglises chrétiennes, qui, toutes ensemble, regroupent presque autant d’adhérents. Il serait instructif de mieux percevoir comment ces Eglises non rattachées à Rome ont mis en oeuvre les larges facultés d’adaptation dont elles bénéficient. Sur la même lancée, on pourrait aussi étudier la manière africaine de vivre l’Islam, avec les variantes qui marquent nécessairement les 350 millions de musulmans de ce continent, où résident environ 157 millions de catholiques (chiffres de 2007). Un grand corps ecclésial catholique qui, en soixante ans, a triplé ses effectifs, avec une poussée plus visible en feuillages qu’en racines. Sur cette dernière question capitale touchant à l’inculturation, on peut s’interroger sur l’efficacité des quarante voyages de Jean Paul II sur les terres africaines. Et si l’on me demandait comment, aujourd’hui, se porte l’Eglise catholique en Afrique, je reprendrais cette réplique, dite chez nous normande, mais de fait ici congolaise : Comment je vais ? -Oh, un peu bien…Une manière pudique de faire allusion à quantité de choses qui grincent et qui auraient besoin d’huile dans les rouages.
Chez les chrétiens, on devrait savoir que l’Evangile nous invite à sortir du simplisme des jugements globalisants, déclarant en tout bien ou en tout mal , spécialement lorsqu’il s’agit d’apprécier des comportements humains, individuels ou collectifs. Notre petit parcourt à travers l’Occident nous a révélé combien il serait désastreux que la catholicité de notre Eglise prenne visage d’uniformisation, tels ces tristes modèles soviétique ou consumériste.
1/ N OTRE MARIAGE TRANSPORTÉ SUR DES TERRES NOUVELLEMENT DÉCOUVERTES
1. Découvertes et peuplements
Les progrès de la navigation au long cours permirent, à l’aube des temps modernes, une exploration progressive et systématique des côtes africaines, ainsi que la découverte des immensités américaines. L’espoir de se procurer des richesses économiques abondantes créa rapidement une forte émulation parmi les nations occidentales. Les gouvernants comprirent tous qu’aux marins et soldats, il fallait joindre des colons qui, eux, demeureraient sur place pour tenir les comptoirs commerciaux et aussi pour mettre prioritairement en exploitation les sols et le

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