L'église et la politique en Afrique

Francis Barbey

Description

Ce que d'aucuns qualifient d'immixtion injustifiée de l'Eglise dans le débat politique en Afrique est rendu nécessaire dans certains cas, dans la mesure où l'expérience prouve que, laissée à elle-même et aux seuls hommes politiques, la politique peut malheureusement devenir un instrument de déshumanisation. L'Eglise est dans son rôle lorsqu'elle travaille à réveiller les consciences endormies par la peur et la fatalité pour faire face à ce qui se présente ni plus ni moins comme une confiscation de la dignité humaine.

Sujets

• Politique
• Philosophie et théologie
• Religión

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 mai 2009
• Nombre de lectures: 243
• EAN13: 9782336280615
• Langue: Français

Extrait

Collection EGLISES D’AFRIQUE
Dirigée par François Manga- Akoa
Depuis plus de deux millénaires, le phénomène chrétien s’est inscrit profondément dans la réalité socio-culturelle, économique et politique de l’Occident, au point d’en être le fil d’Ariane pour qui veut comprendre réellement les fondements de la civilisation judéo-chrétienne. Grâce aux mouvements d’explorations scientifiques, suivis d’expansions coloniales et missionnaires, le christianisme, porté par plusieurs générations d’hommes et de femmes, s’est répandu, entre autres contrées et à différentes époques, en Afrique. D’où la naissance de plusieurs communautés ecclésiales qui ont beaucoup contribué, grâce à leurs œuvres socio-éducatives et hospitalières, à l’avènement de plusieurs cadres, hommes et femmes de valeur. Quel est aujourd’hui, dans les domaines économiques, politiques et culturels, le rôle de l’Église en Afrique ? Face aux défis de la mondialisation, en quoi les Églises d’Afrique participeraient-elles d’une dynamique qui leur serait propre ? Autant de questions et de problématiques que la collection « EGLISES D’AFRIQUE » entend étudier.
Dernières parutions
Gabriel TCHONANG, L’essor du pentecôtisme dans le monde. Une conception utilitariste du Salut en Jésus-Christ, 2009.
Jean-Claude DJEREKE, Les évêques et les évènements politiques en Côte d’Ivoire (1990-1999), 2009.
Jean-Baptiste SOUROU, « Ecclesia in Africa » à la lumière de l’ « Esprit d’assise » , 2008.
Pépin Wenceslas Firmin Dandou, La Conférence Episcopale du Congo-Brazzaville. Ses défis face à l’éducation de la jeunesse , 2008
L'église et la politique en Afrique

Francis Barbey
DU MEME AUTEUR
Chemin d’Avenir. Côte d’Ivoire, la paix soit avec toi !, Paris, L’Harmattan, 2008.
Les Jeunes et les médias: les raisons du succès (en collaboration), Paris, Vuibert, 2008.
© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com [e-mail] harmattan 1 @wanadoo.fr
9782296089952
EAN : 9782296089952
A la mémoire de maman Elisabeth et de papa Jean, ainsi qu’à celle de Henri-Paul et Lydie-Chantal, mes frangins trop tôt disparus.
A Nadine et Bernadin Kouadio
A Danièle et Patrick Bouché
A Mgr Marie-Daniel Dadiet
“Ce temps a besoin d’hommes qui soient comme des arbres, lourds d’une paix silencieuse qui s’enracine à la fois en pleine terre et en plein ciel.”
(Olivier Clément, Questions sur l’homme )
“Qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui, le fils d’un homme, que tu en prennes soucis ? Tu l’as voulu un peut moindre qu’un dieu, le couronnant de gloire et d’honneur ; tu l’établis sur les œuvres de tes mains, tu mets toute chose à ses pieds [...]”
(Psaume 8, 5-7)
Sommaire
Collection EGLISES D’AFRIQUE Page de titre DU MEME AUTEUR Page de Copyright Dedicace Epigraphe Préface Avant-propos Première partie - “Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu”
Chapitre 1 - César et Dieu, une distinction nécessaire Chapitre 2 - Les finalités propres à la politique Chapitre 3 - “A quoi sert l’Eglise ?” Chapitre 4 - Questions sur l’homme et son destin communautaire Chapitre 5 - L’homme et son destin communautaire au cœur du christianisme
Deuxième partie - Les vicissitudes de l’histoire
Chapitre 1 - L’Eglise et l’empire : une difficile rencontre Chapitre 2 - Le tournant constantinien Chapitre 3 - D’une théorie justificative à l’autre
Troisième partie - Quand la question politique s’impose à la mission de l’Eglise en Afrique
Chapitre premier - Vous avez dit l’Afrique des indépendances ou de la Libération ? Chapitre Deuxième - Libération contrariée Chapitre troisième - L’Eglise, une chance pour l’Afrique
Conclusion - Tournés vers “l’à-venir”... Bibliographie
Préface
Francis Barbey nous donne sous ce titre: L’Eglise et la politique en Afrique une réflexion bien informée du point de vue théologique et philosophique. La première partie établit de façon très claire la distinction entre le religieux et le politique mais ne s’en tient pas là. On appréciera tout particulièrement ce qui est écrit de l’homme et de ses droits, de son destin communautaire. Je serais moins dur que l’auteur à l’égard de Hegel et de sa philosophie politique. Il faut lire à ce sujet ce qu’a écrit Eric Weil dans sa propre Philosophie politique (Vrin). L’inspiration chrétienne étudiée dans l’Ancien et le Nouveau Testament, présentée à partir des textes de Vatican II, devient suggestive sous la plume de l’auteur.
Le “problème” africain est bien présenté. Je suis en accord total avec Francis Barbey quand il rejette le discours trop facile de celles et ceux qui font reposer la responsabilité de ce qui ne va pas en Afrique entièrement sur la colonisation. La perspective universaliste qui est la sienne lui permet de prendre les Africains au sérieux et de leur demander des comptes. Les chefs d’Etat africains doivent répondre aux deux exigences posées par la gouvernance dans les nations occidentales : être accountable et prob/em solving : soit : responsables, et efficaces.
On attend à vrai dire de l’auteur un prolongement de son travail qui pourrait consister en une analyse sociologique sur les conditions sociopolitiques de la modernité qui s’affrontent à la logique tribale encore présente en Afrique. Cette analyse demanderait à être appliquée à l’Eglise de ce continent. Vivre à la fois la modernité politique et l’économie capitaliste est un défi presque terrifiant... On demande à l’auteur de nous éclairer sur ce point. En tant qu’Ivoirien, il est bien placé pour poursuivre ce travail pour lequel il est intellectuellement armé.
Jacques Rollet 1
Avant-propos
Les concepts d’Eglise et de politique qui sont au cœur de cette réflexion méritent qu’on les situe brièvement afin de nous mettre d’accord avec le lecteur sur ce dont il va être réellement question. Car, à dire vrai, il ne s’agit pas de termes quelconques ! L’un et l’autre, séparément ou ensemble, ont déjà fait l’objet de grands débats, non sans ambiguïté quelquefois, relayés par une littérature abondante. Ce livre ne sera donc pas une expertise de plus ! Il se propose simplement d’approcher la question sous un angle susceptible de dédramatiser le débat afin d’éviter d’opposer, sous de fallacieux prétextes, ce qui est de nature à dialoguer.
Lorsque des citoyens pensent politique, nul doute que leur imaginaire fait assez souvent référence aux turpitudes par lesquelles certains hommes dits “politiques” se sont rendus célèbres : corruption, mensonges, coups bas, détournements de deniers publics, etc . . . Si une telle approche a parfois tendance à surprendre les hommes politiques eux-mêmes (qui la trouvent caricaturale et exagérée), elle n’est cependant pas sans traduire un réel désir, peut-être même une légitime revendication de réhabilitation de la politique.
Jacques Rollet, dans son excellent livre Religion et politique sur lequel nous reviendrons souvent, définit cette dernière comme « l’ensemble des activités qui ont pour objet l’exercice du pouvoir» 2 . Or, poursuit Rollet, l’autonomie concédée à l’exercice du pouvoir dans la cité moderne étant basée sur l’idéalité de l’égalité - que l’Etat en tant que volonté est chargé de garantir -, il s’ensuit au final un glissement pervers qui provoque « une aliénation politique spécifique (...) » 3 .
Malgré la réalité d’un tel phénomène connu de tous les temps, et “dénoncé” ou “justifié”, pour reprendre Rollet, il n’est pas faux d’affirmer que la politique n’est pas que processus déshumanisant se nourrissant de mensonges et de contre-vérités. En fait, elle concerne l’organisation et le fonctionnement de la cité et se propose de travailler au vivre-ensemble d’individus et de groupes aux intérêts divergents. Il s’agit en outre d’une réalité exclusivement temporelle, contrairement à l’Eglise qui est en chemin vers le monde à venir.
Les textes conciliaires et toute la réflexion ecclésiologique sont sans ambiguïté : le concept d’“Eglise” se réfère à la communauté des chrétiens “convoqués” par le Christ et “réunis” autour de lui, c’est-à-dire le peuple de Dieu appelé à témoigner de l’Evangile jusqu’au retour de son Seigneur. Remarque importante : l’on ne devient membre de cette Eglise visible en route vers le monde à venir que par le sacrement de baptême qui configure chacun au Christ mort et ressuscité.
Si donc le concept d’Eglise désigne une grande famille qui manifeste une réalité doublement humaine et d