La Femme et sa mission - Retraite aux dames
68 pages
Français

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La Femme et sa mission - Retraite aux dames , livre ebook

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Description

Si quis in verbo non offendit, hic perfectus est (JAO. III. 2.)L’homme était heureux. Le bonheur non seulement de la terre dans un lieu de délices pour l’esprit et pour le corps, mais encore dans le ciel obtenu après cette vie sans effort, ni maladie, ni mort, le bonheur était promis au genre humain. Qu’est-ce qui le lui fit perdre ? Qu’est-ce qui a amené le malheur sur la terre et a été la première cause de la perte de la béatitude éternelle pour plusieurs ?Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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Nombre de lectures 3
EAN13 9782346048700
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Maximin-Martial Sicard
La Femme et sa mission
Retraite aux dames
PREMIÈRE CONFÉRENCE
CONVERSATIONS

Si quis in verbo non offendit, hic perfectus est  (JAO. III. 2.)
L’homme était heureux. Le bonheur non seulement de la terre dans un lieu de délices pour l’esprit et pour le corps, mais encore dans le ciel obtenu après cette vie sans effort, ni maladie, ni mort, le bonheur était promis au genre humain. Qu’est-ce qui le lui fit perdre ? Qu’est-ce qui a amené le malheur sur la terre et a été la première cause de la perte de la béatitude éternelle pour plusieurs ? Une conversation. C’est la première conversation de la femme avec Satan qui perdit tout. Heureusement que l’infinie miséricorde de Dieu a bien voulu qu’une seconde conversation pût tout sauver. Vous avez compris qu’il s’agit de la sainte conversation entre Marie et l’Ange. Voyons à laquelle des deux ressemblent nos propres conversations.
I
COMMENÇANT PAR DÉSŒUVREMENT
Adam et Eve furent placés dans le paradis terrestre, dit le Livre de la Genèse, pour y travailler, c’est-à-dire pour s’occuper de quelque exercice spirituel, ou de quelque œuvra même corporelle qui les tînt constamment unis à Dieu. Or, la première femme, lorsque Satan l’aborde, ne travaille pas, elle paraît même errer sans but déterminé près de l’arbre de la défense et par tant de la tentation. Ce n’est donc pas l’utilité, ou l’édification qui amène la conversation, mais le désœuvrement ; ce n’est pas Dieu ou son Ange qui la dirige et la bénit, mais le démon qui l’ouvre et la conduit ; à quelle extrémité une telle conversation n’amènerat-elle pas ?
Marie au contraire est dans son oratoire et elle prie. Elle n’est pas comme Eve à s’exposer à la rencontra de quelque coureur de nouvelles, ou d’aventures hasardées. L’Ange qui lui est envoyé de Dieu doit pénétrer jusqu’au sanctuaire où elle dérobe aux regards sa prière « Ingressus Angélus ad eam. » Aussi quel colloque ! C’est un Ange qui le commence, c’est la Sainte-Trinité qui y préside, c’est le Fils de Dieu qui en est le divin fruit puisqu’il s’incarne, aussitôt le colloque achevé, dans le chaste sein de Marie !
 
Vos conversations commencent-elles par la prière, du moins sont-elles précédées par un travail qui a été offert à Dieu, ou bien par le désœuvrement d’un esprit qui ne sait que faire et d’un coeur qui s’ennuie ? Marie était appliquée à l’oraison quand l’Ange la salua ; si vous vaquez à un travail soit avant, soit même pendant vos conversations, n’est-ce pas plutôt pour tromper vos désenchantements et vos dégoûts que pour vaquer à cette vie de pénitence chrétienne et de vie laborieuse selon sa condition, que Fénelon réclame de la femme qui veut être à son devoir et à la suite de Jésus-Christ ?
Il est des femmes qui se lèvent le plus tard possible, pour écourter cette partie de la journée où l’on a moins d’occasions de se distraire et de causer. Il en est qui ont horreur du travail de leur état, ou qui, si elles s’occupent à des travaux de luxe, gardent l’esprit dissipé, même au milieu de leurs occupations, et ne paraissent songer qu’à passer le temps et à tromper l’ennui.
Est-ce l’Ange de lumière ou Satan qui trouvera la place préparée ? Ce ne seront certes pas les tentateurs qui feront défaut : ce qu-on appelle les devoirs de société en amèneront un certain nombre, telles et telles amies, qui ne peuvent se supporter dans leur solitude, ne manqueront pas d’apporter la lassitude de leur désœuvrement en même temps que la démangeaison de leur langue. Ou bien l’on ira soi-même dans ce groupe verbeux où l’on ; sait que l’on trouvera de quoi se satisfaire. Sous quels auspices s’ouvriront de telles Conversations et que deviendront-elles ?
II
MARQUÉE PAR L’IMPRUDENCE
Le second caractère de la conversation de la première femme, c’est l’imprudence. Les paroles que lui adresse le serpent ne sont pas tout d’abord, il est vrai, positivement mauvaises ? Ne suffit-il pas qu’elles soient impertinentes ? Ne devait-elle donc pas se défier ? Elles paraissent mettre en cause la sagesse même de Dieu : « Pourquoi Dieu vous a-t-il défendu de manger n’importe quel fruit du paradis ? » La question, il était possible à la rigueur de l’interpréter en bien, car elle pouvait venir du déisir de connaître et d’admirer les desseins divins. Elle pouvait aussi n’avoir été insipirée que par un coupable esprit dé critique et d’impiété.
Eve devait donc être tenue par là-même en éveil et observer une prudente réserve. Au contraire elle se répand en paroles, elle parle plus longuement et plus sottement que le démon lui-même. C’est d’ailleurs la conséquence fatale des intempérances si fréquentes de la langue, qu’entre un tel déluge de paroles, il ne s’en glisse beaucoup d’inutiles et un certain nombre de mauvaises.
Ce que répond d’abord la première femme est sensé. « Nous mangeons des fruits des arbres qui sont dans le paradis terrestre. » — Mais ce qui suit est déjà une grave indiscrétion, car elle révèle « le secret du Roi qu’il est bon de tenir caché », nous recommande le Saint-Esprit : « Quant au fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu nous a imposé l’ordre de ne point en manger. » — De deux choses l’une en effet ou bien son interlocuteur est un ange de lumière auquel il n’est pas nécessaire de raconter ce que Dieu lui aura révélé en lui confiant sa mission auprès d’elle ; ou bien c’est un ange de ténèbres qui ne connaît pas les desseins de Dieu : ce n’est que par conjecture et voyant Eve qui regardait l’arbre, préoccupée et curieuse, qu’il aura posé sa question, plaidant le faux, comme on dit vulgairement, pour arriver au vrai. Et alors quelle imprudence, peut-être quel malheur, de lui dévoiler un secret d’où dépend le sort de l’humanité ?
Ce n’est pas tout encore ; continuant à parler, oserons-nous le dire de cette femme si supérieure ? se grisant de paroles, elle exagère et sort de la vérité : « Dieu nous a ordonné de ne pas manger de ce fruit et dei ne pas le toucher ». La défense n’avait parlé que de la manducation. Jusqu’où n’ira pas une conversation qui est déjà sortie des limites de la discrétion et même de la vérité ?
 
Tout autre fut l’attitude de Marie. L’Ange pourtant ne l’aborde qu’avec le plus profond respect et ne lui parle de Dieu qu’avec toute la vénération qui est due à sa Majesté : « Je Vous salue, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous ; vous êtes bénie entre toutes les femmes. » Mais cette expression extraordinaire de respect et ces éloges qui paraissent tout à fait exagérés à son humilité, ne peuvent que l’effrayer, et elle se demande intérieurement, demande qu’aurait dû se faire aussi et avec plus juste raison Eve, elle se demande ce qu’il faut penser de cette salutation. En attendant de le connaître elle se retranche dans le silence.
C’est èn vain que l’Ange lui recommande de ne point craindre : « Ne timeas, Maria » ; c’est en vain qu’il invoque Dieu dont il lui assure la plénitude de grâces et lui annonce, cette venue du Messie attendu depuis si longtemps, et dont elle-même doit être la mère, Marie n’en est pas plus rassurée : « Cogitabat qualis esset ista salutatio. »
 
Comment nous comportons-nous dès le début de nos conversations ? Dès qu’il se glisse une parole à double sens sous laquelle peut se dissimuler un piège, nous tenons-nous sur la réserve ? Si nous né sommes pas certains de ce à quoi tend le discours, gardons-nous le silence ? Ou au contraire par nos paroles inconsidérées ne sommes-nous pas les premiers à encourager les mal parlants, à attiser en quelque sorte les flammes perverses qui couvent sous la cendre ? Marie se défia d’un Ange ; nous défions

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