La manne du désert
244 pages
Français

La manne du désert , livre ebook

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244 pages
Français

Description

On entre dans ce livre comme dans le scriptorium d'un monastère cistercien, ou plutôt comme dans l'immense scriptorium de ce monastère invisible dans lequel se trouvent non seulement les Pères du désert d'Egypte, mais aussi les autres Pères de l'Eglise. Les noms communs, tel que la manne, le rocher, le filet, la hache, l'huile, nous sont ici expliqués avec les citations du texte de référence et sa source.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2014
Nombre de lectures 42
EAN13 9782336344737
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Fr. Étienne Goutagny moine de NotreDame de Cîteaux
La manne du désert Petit dictionnaire des noms communs bibliques à la lumière des Pères du désert
La manne du désert
Religions et Spiritualité collection dirigée par Richard Moreau, professeur émérite à l’Université de Paris XII, et André Thayse, professeur émérite à l’Université catholique de Louvain. La collectionReligions et Spiritualitérassemble des études et des débats sur les grandes questions fondamentales qui se posent à l’homme, des biographies, des textes inédits ou des réimpressions de livres anciens ou méconnus. La collection est ouverte à toutes les grandes religions et au dialogue interreligieux. Derniers titres parus: Michel Sala,YHWH ou l’économie du sang : une lecture girardienne de l’Exode biblique, 2014. Joannès Praz (chanoine),Mgr Alexandre Caillot (1861-1957), évêque de Grenoble, 2013. Bruno Florentin,Appréciations et réalisations dans le livre de la Genèse, 2013. Matthieu Rouillé d’Orfeuil, «? » Dieu existe-t-il et autres questions chrétiennes dans un monde qui souffre, 2013. Albert Goossens,La tragique éradication du christianisme cathare, 2013. Philippe Beitia,Les fêtes des saints Papes dans les livres liturgiques de l’Eglise catholique, 2013. Boukari Aristide Gnada,Le concept de don, 2013. Anne Barjansky,L’hôpital de Loches, des origines à la Révolution, 2013. Frère Benoît (moine de Notre-Dame d’Acey),Un moine comtois à pied vers Notre-Dame des Ermites (Einsiedeln, Suisse), 2013. André Thayse,Dieu personnel et ultime réalité, 2013. Francis Weill,Chrétiens et Juifs, Juifs et Chrétiens, l’inéluctable fraternité, 2013. José-Maria Tavares de Andrade,Magie, ethnomédecine et religiosité au Brésil, 2013. Claude Henri Valloton,Prédications pour mieux vivre au quotidien, 2013. Claude Henri Valloton,Prédications de Noël à la Pentecôte, 2013. Gilles-Marie Moreau,La cathédrale Notre-Dame de Grenoble, 2012. Odile et Richard Moreau,D’Einsiedeln à la Salette au fil des siècles. Avec les pèlerins comtois sur les pas de la Vierge Marie, 2012. Sylvie Coirault-Neuburger,La piété juive au cœur du réel, 2012. Michel Anglares,Chrétiens en quartier d’affaires, 2012. Francis Lapierre,L’Evangile oublié, 2012. Stéphane Marcireau,Le christianisme et l’émergence de l’individu chez René Girard, 2012. Bruno Florentin,L’avancement de Dieu dans le livre des Actes des Apôtres, 2012. Fabien Venon,Les paroisses de Montréal en crise, 2012. Francis Weill,Dictionnaire alphabétique des versets du prophète Isaïe, 2012. Philippe Beitia,Les reliques de la Passion du Christ, 2012. e Matthieu Rouillé d’Orfeuil,siècleHistoire liturgique du XX , 2012.
Fr. Etienne GOUTAGNY
La manne du désert
Petit dictionnaire des noms communs bibliques à la lumière des Pères du désert
Du même auteur, dans la même collection Magnificat, un itinéraire monastique.Préface de dom Olivier Quenardel, abbé de Cîteaux,2011. Cisterciens dans les guerres: l’abbaye Notre-Dame des Dombes en 1870-1871, 1914-1918, 1939-1945, 2006. Cisterciens en Dombes (1859-2001), 2004. © L’Harmattan, 20145-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-01795-2 EAN : 9782343017952
Préface On entre dans ce livre comme dans le scriptorium d’un monastère cistercien, ou plutôt comme dans l’immense scriptorium du monastère invisible où se tiennent non seulement tous les Pères du désert d’Egypte, mais encore tous les autres Pères de l’Eglise, chacun installé à sa table de travail, attentif et silencieux comme sait l’être un intime de Dieu profondément plongé dans la méditation des Saintes Ecritures. Ils sont tous là, absorbés dans les délices de leur cœur à cœur avec le Seigneur : Antoine le Grand, Joseph de Panépho, Macaire d’Alexandrie, mais aussi Grégoire de Nysse, Jean de la Croix, Bernard de Clairvaux, Jean Chrysostome... dans cette foule immense que l’on sait conduite par un agneau… Ce livre est le fruit du silence, du silence des Pères, le fruit de leurlectio, le fruit de leur cœur à cœur avec la Parole, sous la conduite de l’Esprit-Saint ; un silence dans lequel chacun a recueilli ce que murmure l’Esprit au fond du cœur. Peu importe si tous ces Pères ont vécu à des siècles différents : ils sont tous là, à leur table de travail, penchés sur le sein de Dieu dans un geste d’éternité qui fait de leur méditation une méditation éternelle. Cet immense scriptorium est au fond du désert que le peuple de Dieu a traversé, en récoltant chaque matin la manne nécessaire pour nourrir l’âme et lui donner la force de poursuivre sa marche, aussi longtemps que Dieu accordera ce pain céleste. Chaque jour la manne est la même, mais chaque jour sa saveur diffère pour s’adapter à la faim de chacun : un jour elle a le goût de la tendresse de Dieu, un jour le goût de son pardon, un jour le goût de sa patience, un jour encore un autre goût... Et pour nourrir l’esprit de l’homme, il n’y a rien de plus savoureux que des images, qui une à une donnent encore un autre goût de Dieu, car toutes parlent de lui dans l’infini foisonnement de sa vie : lui le rocher, la source, l’aigle, le potier...
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Les Pères tour à tour se nourrissent de ces multiples images et poursuivent ainsi leur traversée du désert jusqu’au plus profond du cœur de Dieu. Et ce désert vibre de la merveilleuse harmonie de deux silences : le grandiose silence de l’Esprit-Saint qui plane comme un aigle au-dessus des têtes vénérables penchées sur leur table de travail… et le mélodieux silence de tous ces Pères qui butinent les images pour faire leur miel spirituel, afin de s’en nourrir et d’en remplir la ruche de l’Eglise… Alors, de sa place où lui-même a médité, le Père Etienne Goutagny se lève pour se mettre à glaner d’une table à l’autre, avec grande application, de quoi composer ce livre qu’il offre à notre méditation, sans presque rien ajouter de lui-même par pure humilité : du miel à l’état pur qu’il nous est bon de goûter lentement, en silence, avec reconnaissance, nous-mêmes installés à la modeste table du fond où une place nous est attribuée. A notre tour de nous nourrir de ce fruit du silence qui invite au silence, afin d’avancer plus loin sur le chemin ouvert devant nous pour nous conduire nous aussi, au rythme de notre pas, jusque dans le cœur de Dieu. Ne l’oublions pas : avant de s’asseoir à leur table de travail, les Pères de l’Eglise ont pris le temps de s’agenouiller pour invoquer sur eux et sur nous Celui qui conduit la méditation. Le silence de la méditation est aussi un silence de prière, dans le silence de Celui qui fait descendre la manne du ciel aussi silencieusement que la rosée du matin se pose au fond de l’âme. Oui, fruit du silence, ce livre invite au silence du recueillement dans la prière pour mieux recevoir au fond du cœur la manne céleste. Merci au Père Etienne qui ouvre pour nous la porte du scriptorium des Pères, merci au Père Etienne qui nous offre avec largesse de la manne au goût de lait et de miel, comme il en coule en terre des promesses. Merci à toi, Abba Etienne, toi qui m’as appris à savourer lalectiodans le scriptorium du Monastère Notre-Dame des Dombes, toi que je sais encore maintenant penché sur ta table, en train de savourer pour toi et pour nous l’inépuisable manne quotidienne. Puisses-tu nous partager encore longtemps le fruit de ta cueillette comme un père partage avec ses enfants ce qu’il a reçu dans le désert. Pasteur Daniel Bourguet. 6
1 La manne Un ancien a dit :La manne fut donnée à Israël pour se nourrir dans le désert, mais au véritable Israël a été donné le Corps du Christ(N. n°24 = Regnault, I, p. 20). Cet apophtegme se fait l’écho de la typologie biblique et patristique de la manne du désert du Sinaï. Dans les écrits de l’A.T., on voit apparaître l’idée que la manne est liée à l’attente eschatologique : la manne est l’image de la nourriture que le Créateur donnera à ses enfants lors du grand banquet eschatologique. Telle est l’idée de l’auteur de la Sagesse dans son midrash inspiré de l’Exode. Cette manne nouvelle s’accommodera aux désirs des enfants de Dieu et au goût de chacun : en la goûtant, ils expérimenteront la douceur de la Création mise à la disposition de ceux qui croient en la bonté du Créateur (cf. Sag. 16,20 et ss.). Dans les écrits du N.T., on retrouve cette même idée dans Apo.2,7 et dans 1 Jn 5,48 : la manne est promise à ceux dont la foi et le témoignage auront fait des vainqueurs de Satan et du Monde. La manne est aussi le signe du vrai Pain de Dieu. En effet, Jésus confirme au désert la leçon de l’Ancien Testament (cf. Mt 14,1-4 et Dt 8,3). Il renouvelle cet enseignement en nourrissant le peuple d’un pain miraculeux. Saint Jean y insiste longuement dans le chapitre VI. Paul parle aussi de cet aliment spirituel, préfiguré par la manne du désert (1 Co 10,3 et ss.). En communiant au pain mystérieux du repas eucharistique, apparemment toujours le même comme la manne, le chrétien répond à un signe de Dieu et atteste sa foi en Jésus-Christ, en la Parole descendue du ciel. C’est cette manne nouvelle qu’est le Christ lui-même qui lui permet de vivre au cours de l’Exode nouveau du nouveau Peuple de Dieu, qui le fortifie dans ses luttes qu’il doit mener au cours de son voyage, qui
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lui donne déjà de vivre la vie éternelle (Jn 6,33 ; Apo.2,17). Il participe déjà au banquet éternel. Dans la tradition patristique, nous retrouvons les mêmes idées développées par les Pères avec plus ou moins de bonheur et avec des nuances qu’il faut noter. Origène :Le Verbe de Dieu (ou la Parole de Dieu) est notre manne ; et la Parole divine, venant à nous, apporte aux uns le salut, aux autres le châtiment(Hom.3,1 sur Nb : SC n°29, p. 89). Ici, comme dans maints autres passages d’Origène, il est difficile de savoir si Origène a dans la penséela Parole de Dieu vivante, le Verbe de Dieu, ou sa Manifestation dans l’Ecriture et l’enseignement ecclésiastique (cf. aussi Hom. VII, 5-6 sur l’Exode : SC n°16, p. 176-177). Saint Jean Chrysostome : dans un passage, on voit paraître clairement la comparaison de la manne et du rocher d’eaux vives comme figure de l’Eucharistie succédant, dans la nuit pascale, au baptême, figuré par la traversée de la Mer Rouge : Tu as vu à propos du baptême quel était le type, quelle était la réalité : vois, je vais te montrer la table aussi et la communion des mystères esquissée là, si encore une fois tu ne réclames pas de la retrouver tout entière, mais que tu examines les faits, comme il est naturel de les trouver dans une esquisse et dans des figures. En effet, après le passage sur la mer, la nuée et Moïse, Paul reprend :Et omnes eumdem escam spiritalem biberunt. De même, dit-il, que toi, montant de la piscine des eaux, tu t’avances en hâte vers la table, ainsi remontés de la mer, ils vinrent à une table nouvelle et merveilleuse, je veux dire la manne. Et de même que tu as un breuvage mystérieux de boisson, le sang salutaire, ainsi eux eurent une espèce merveilleuse de boisson, ayant trouvé, là où il n’y avait ni source, ni eaux courantes, une abondance d’eaux jaillissant d’un rocher sec et aride(P.G.51, 249). Cette interprétation n’est pas propre à saint Jean Chrysostome, nous la retrouvons chez les autres Pères de l’Ecole d’Antioche. Voici un texte de Saint Théodoret de Cyr : Les choses anciennes étaient des figures des nouvelles ; la Loi de Moïse est l’ombre, la grâce est le corps. Quand les Egyptiens poursuivaient les Hébreux, ceux-ci, ayant traversé la Mer Rouge, échappèrent à la tyrannie cruelle des Egyptiens. La mer est la figure de la piscine baptismale ; la nuée, de l’Esprit ; Moïse, du 8
Christ Sauveur ; le bâton, de la croix ; Pharaon, du diable ; les Egyptiens, des démons ; la manne, de la nourriture divine ; l’eau de la pierre, du sang du Sauveur. De même, en effet, que ceux-ci, après avoir traversé la Mer Rouge, goûtèrent à une nourriture merveilleuse et à une source extraordinaire, ainsi nous, après le e baptême salutaire, nous participons aux divins mystères(27 Q. sur l’Exode: P.G. 80/257). Saint Grégoire de Nyssevoit dans la manne la figure du Verbe incarné. Le fait que la manne soit produite sans labeur figure la maternité virginale, comme pour le Buisson ardent le fait qu’il ne soit pas consumé. Ceci rappelle le thème ancien (Irénée,Adv. Haer.III, 21) de la naissance d’Adam de la terre vierge du Paradis (Gn 2,5), figure de la maternité virginale : Cette nourriture, ce n’est pas le travail de la terre qui l’a semée et fait pousser pour nous, mais ce pain se trouve prêt sans semailles et sans labour : il descend du ciel et se trouve sur le sol. Tu comprends quelle est la nourriture véritable dont cet épisode est la figure. Ce pain, descendu du ciel, n’est pas quelque chose d’incorporel… Mais ce corps dont est fait ce pain, ce ne sont ni les semailles ni les labours qui l’ont produit, mais la terre demeurant sans changement s’est trouvée couverte de cette divine nourriture à laquelle ceux qui ont faim communient. C’est le mystère de la nativité virginale qui nous est enseigné à l’avance par ce miracle. Ce pain, qui n’est pas le produit de la terre, est le Verbe(Vie de Moîse, 139-140 : SC n°1, p. 72-73). Saint Jérôme : Je pense, moi, que le corps de Jésus est l’Evangile, je pense que les saintes Ecritures sont sa doctrine. Et quand il dit : "Celui qui ne mangera pas ma chair et ne boira pas mon sang", bien qu’on puisse l’entendre du mystère eucharistique, cependant véritablement le corps du Christ et son sang est la Parole des Ecritures, est la doctrine divine. La parole divine est très nourrissante, pleinement délicieuse. Tout ce que tu désires naît de la Parole divine, et c’est ainsi que selon la tradition juive, si l’on désirait des pommes, une poire, du raisin, du pain, de la viande selon la qualité et la volonté du convive, la saveur se trouvait dans la manne. Ainsi dans la chair du Christ qui est parole de doctrine, c’est-à-dire interprétation des Ecritures Saintes, nous recevons une nourriture conforme à nos
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