La véritable histoire des Orthodoxes d Estonie
376 pages
Français

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La véritable histoire des Orthodoxes d'Estonie , livre ebook

376 pages
Français

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Description

En mars 1999, le Métropolite Stephanos Charalambidès reçoit du Patriarche oecuménique de Constantinople la mission de restaurer l'Église orthodoxe d'Estonie dans ses droits spirituels, historiques et temporels. Il ne soupçonne pas encore que cette charge pastorale cache le choc de deux mondes ; la revendication démocratique depuis 1991 et la nostalgie soviétique. Mgr Stephanos et Jean-François Jolivalt, journaliste, nous racontent son combat courageux et ses initiatives pastorales.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2012
Nombre de lectures 58
EAN13 9782296989184
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Graveurs de Mémoire
Cette collection, consacrée essentiellement aux récits de vie et textes autobiographiques, s’ouvre également aux études historiques
*
La liste des parutions, avec une courte présentation du contenu des ouvrages, peut être consultée sur le site www.harmattan.fr
Tite
Métropolite Stephanos de Tallinn et de toute l’Estonie Jean-François Jolivalt
La véritable histoire des Orthodoxes d’Estonie
Copyright
© L’Harmattan, 2012
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-296-98918-4
Dédicace
En reconnaissance filiale à
S. Em. Mgr Meletios Karabinis (1914-1993),
Métropolite orthodoxe de France,
Exarque des patriarches œcuméniques
Athenagoras et Demetrios.
+ Stephanos
Ce témoignage est dédié
à la mémoire des martyrs d’Estonie,
connus et inconnus, otages et victimes des empires totalitaires
« dans un si petit pays qui n’en voulait à personne
et qui ne demandait qu’à rester libre ».
Jean-François Jolivalt
Chapitre 1 S ERVITEUR D’UN PEUPLE POUR LE SERVICE DE D IEU
La République d’Estonie a célébré en 2011 le vingtième anniversaire de son retour à l’indépendance et à la souveraineté ; vingt ans, la durée d’une génération dans ce pays où l’on se marie tôt pour fonder une famille. Aujourd’hui, les acteurs de la Révolution du 20 août 1991, « la Révolution en chantant », sont déjà de jeunes grands-parents, quadragénaires ou à peine quinquagénaires.
Enfants, ils ont connu le communisme suspicieux et pingre de l’école primaire, du collège ou du lycée soviétiques. A l’université, ils ont appris à mesurer leurs paroles pour déjouer la surveillance des commissaires politiques et des mouchards. Puis, sans violence et sans ressentiments, ils ont restauré un pays libre, une Nation ouverte sur l’Europe et sur le monde, une société de tolérance, une culture authentique portée par une langue unique.
Ont-ils pour autant oublié l’interminable hiver de l’occupation communiste ? Le voile qui trouble parfois le regard de leurs parents, à l’évocation d’un nom ou d’un lieu, en est le rappel pudique mais prégnant, ou encore l’ombre, estompée, d’une aïeule immobile dans son fauteuil, mutique à force de souffrance, à force de larmes, à force d’attendre, en vain, ceux de sa famille qui sont partis pour un voyage sans retour, dans les sovkhozes d’Ukraine, les camps de Sibérie, les chantiers du Canal de la Mer Blanche ou les caves du KGB.
Jamais dans leur histoire les Estoniens n’ont vécu aussi longtemps dans un pays démocratique et souverain. Libres de choisir leurs amis et leurs alliés, ils sont désormais pleinement engagés dans l’Union européenne, sa politique, son économie et sa monnaie. Ils en attendent en retour la garantie d’une sécurité dont ils pressentent qu’elle n’est pas encore totalement assurée, car une seule génération n’a pas suffi à corriger les déséquilibres démographiques sciemment ordonnés par Staline pour mieux soumettre leur pays, en annihilant son identité ethnique et culturelle.
Le Christianisme a toujours été, depuis le passage des Vikings au VIII ème siècle jusqu’à l’effondrement de l’Union soviétique, l’ultime bastion de résistance des peuples estoniens face aux puissances d’occupation et de domination, d’exploitation et de colonisation. L’Orthodoxie du Patriarcat de Constantinople, protégée par les empereurs byzantins, a nourri cette résistance dès ses prémices, avant d’être confrontée aux religions imposées par les « maîtres du domaine », Chevaliers teutoniques et Chevaliers porte-glaive, envahisseurs danois et suédois, barons germano-baltes, princes slaves et tsars de toutes les Russies.
Aujourd’hui, un Estonien sur cinq seulement est baptisé, ce qui fait de l’Estonie un véritable pays de mission, en voie de reconquérir son âme après un demi-siècle de matérialisme marxiste et d’athéisme militant. A côté des Eglises de la Réforme, majoritaires, et de l’Eglise catholique romaine, les Orthodoxes ont une part particulière dans cette reconquête spirituelle, exigence dictée par l’histoire autant que par la foi. En effet, l’Union soviétique ne s’est pas contentée de persécuter l’Eglise orthodoxe d’Estonie, comme elle l’a fait pour les Luthériens et les Catholiques, mais elle a substitué à cette Eglise historique, autonome et nationale une administration ecclésiastique placée directement sous la juridiction de l’Eglise orthodoxe de Russie et de son chef, le Patriarche de Moscou. Etroitement contrôlée par le pouvoir communiste, l’Eglise de Moscou est ainsi devenue, pour son plus grand profit, un auxiliaire de la politique de russification de l’Estonie, complice objectif des transferts massifs de population, des déportations au Goulag et de la persécution des élites intellectuelles estoniennes.
Le temps d’une génération d’homme est trop court pour la science d’un historien, mais pour les acteurs d’une révolution, c’est celui du témoignage. Les souvenirs sont encore vifs, alors que les passions s’estompent, et avec elles les rancœurs et les jugements abrupts. C’est ce temps que j’ai choisi pour porter témoignage à mon tour, promu par une providence improbable au service du peuple estonien que j’ai appris à aimer et auquel j’appartiens désormais.
Porter témoignage est la mission première d’un évêque, sa raison d’être et sa vie. Cette grâce, je veux la partager dans ce livre, avec tous ceux qui ont été, voici vingt ans, les initiateurs de la renaissance de l’Eglise orthodoxe d’Estonie et qui en sont depuis lors les artisans et les serviteurs : fidèles laïcs, moniales consacrées, diacres, prêtres et évêques. Forts de la confiance et de la bénédiction du Patriarche œcuménique de Constantinople Bartholomée I er , nous avons rendu à l’Estonie l’Eglise orthodoxe de son peuple et avec elle une part de son identité, de sa culture et de sa fierté.
« Avance au large et jette tes filets » ordonne le Christ à Simon-Pierre sur le Lac de Génésareth, avant la Pêche miraculeuse (Luc V ; 1-11). Rien ne me prédisposait à une telle charge au bord de la Mer Baltique, plus familier que je suis de la Méditerranée que du golfe de Finlande. Pourtant, je n’ai pas hésité un instant à répondre à l’appel d’une Eglise en détresse, dont je ne savais presque rien, sinon qu’elle avait grand besoin de moi, quoiqu’il puisse m’en coûter.
A la vérité, je ne présente aucune caractéristique d’un homme du Nord. Mon père et ma mère sont nés à Chypre et c’est presque par hasard que j’ai vu le jour en Afrique, dans la ville de Bukavu, une agglomération de 500 000 habitants qui relève aujourd’hui de la République démocratique du Congo. Fidèles à la foi de leur île natale, nos parents nous ont éduqués, mon frère, ma sœur et moi, dans la religion orthodoxe, ce qui apparaissait alors très exotique dans cette colonie de mission catholique et dans le collège jésuite où nous avons suivi nos études. Ce n’était pas mon seul particularisme : né dans une colonie belge bilingue français-flamand, de parents chypriotes, j’étais tout à la fois Chypriote et sujet de Sa Gracieuse Majesté britannique, ne parlant ni l’anglais ni le néerlandais, mais pratiquant indifféremment le français et le grec. Dans cette relative logique, j’ai commencé mes études universitaires à Louvain en Belgique et les ai poursuivies en France à l’Institut Saint-Serge de Paris. Diacre du Métropolite Mélétios Karabinis de France (Juridiction de Constantinople), puis archimandrite, j’ai découvert à ses côtés les richesses de la vie pastorale d’une Eglise très minoritaire, dispersée en France, en Principauté de Monaco, en Andorre et en Espagne. Elu évêque auxiliaire de son successeur, Mgr Jérémie (aujourd’hui Métropolite de Suisse), j’ai poursuivi mon ministère itinérant en résidence à Paris puis à Marseille et à Nice.
Que connaissais-je alors de l’Estonie ? Sincèrement, presque rien, comme tous les habitants d’Europe occidentale, par défaut d’informations. Jusqu’au début des années quatre-vingt dix, les manuels de géographie incluaient l’Estonie dans l’ensemble de l’Union soviétique, petit confetti relégué en haut à gauche des cartes, sous la mention R.S.S. d’Estonie. Les atlas routiers, souvent édités par les compagnies pétrolières britanniques ou américaines, l’occultaient complètement, par le jeu de la pagination des cartes, comme s’il s’était agi de « terres inconnues ». Aujourd’hui encore, les Français ne situent que vaguement les pays baltes, qu’ils placent quelque p

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