Le Bouddhisme
75 pages
Français

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Le Bouddhisme , livre ebook

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Description

Il ne faudrait pas s’exagérer l’originalité du bouddhisme au point de méconnaître les liens de dérivation qui l’unissent au passé, comme si Çakya-Mouni avait complètement rompu avec son temps et répudié les idées dominantes à l’époque et dans le milieu où il a fait son apparition. Son système au contraire offrait avec les doctrines et l’ascétisme du brahmanisme des points de contact assez nombreux et assez saillants pour qu’on se demande comment il a pu s’en détacher pour se constituer en société distincte.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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Nombre de lectures 1
EAN13 9782346083473
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Jean-Baptiste Thomas
Le Bouddhisme
AVERTISSEMENT
Outre les preuves directes qui ont pour objet de démontrer la divinité du christianisme par les faits surnaturels de sa préparation, de son établissement et de son histoire, il en est d’autres qui, sans posséder la valeur absolue des premières, apportent néanmoins un précieux appoint à la démonstration évangélique dont elles complètent et corroborent les conclusions. Telle est en particulier celle qui résulte de l’histoire et de l’étude des religions non révélées mises en regard de la religion chrétienne. La matière est trop vaste pour que nous ayons la prétention de l’épuiser. Le champ de nos recherches est plus circonscrit, c’est celui où nos adversaires déclarent avoir trouvé le berceau du christianisme, l’Inde. Et encore parmi les cultes d’origine indienne, nous attacherons-nous de préférence à celui qui semble offrir le plus d’analogies avec les doctrines et les institutions chrétiennes, nous voulons parler du bouddhisme. Notre travail se divise naturellement en deux parties consacrées, la première, à l’exposition du bouddhisme en lui-même, la seconde à la question des rapports du bouddhisme et du christianisme.
INTRODUCTION
§ I
Ce n’est pas un des phénomènes les moins curieux du temps présent que la faveur dont jouit le bouddhisme dans certains milieux philosophiques et littéraires. Nous ne parlons pas de l’intérêt légitime qui s’attache à l’étude d’une religion professée par un cinquième de la population du globe ni des remarquables travaux des savants modernes sur les origines, les enseignements et les institutions du bouddhisme. Personne n’en contestera l’importance pour l’histoire des religions, ni les sérieux résultats obtenus jusqu’à ce jour, malgré les doutes, les obscurités, qui planent encore sur certains points, même sur des points essentiels.
L’engouement des néo-bouddhistes ne s’arrête pas au côté scientifique de la question. Leur infatuation va jusqu’à dresser au fondateur du système un piédestal où le Christ lui-même ne saurait at- „ teindre ; ils veulent ramener les dogmes, la morale et les institutions du christianisme à Çakya-Mouni 1 comme à la source où Jésus aurait puisé, directement ou indirectement, les éléments de sa doctrine. Quelques-uns vont plus loin encore ; le bouddhisme, à les en croire, serait la religion par excellence, la seule qui réponde aux besoins de l’esprit et du cœur de l’homme et aux aspirations des temps modernes. Il y a plus ; c’est le culte bouddhiste, ses rites et ses cérémonies qu’ils essaient d’acclimater parmi nous, et ce projet bizarre a reçu un commencement d’exécution. 2
Projet bizarre, avons-nous dit, mais pas si étonnant qu’on pourrait croire, si on en juge par de mouvement qui entraîne de nombreux esprits vers les sciences occultes et les mystères cachés des religions orientales. C’est un fait remarquable en effet que cet empressement de la théosophie moderne à chercher ses origines dans les vieux cultes de l’Inde et particulièrement dans le bouddhisme. Il s’agit, bien entendu, d’un bouddhisme ésotérique, transmis par une tradition secrète, dans une suite non interrompue d’initiés, au sein dès vallées profondes de l’Himalaya 3 . Cette disposition d’esprit tient à plusieurs causes, les unes générales, d’autres particulières au temps présent. Une curiosité malsaine, l’amour du merveilleux, l’attrait du mystère, la satisfaction d’être ou de se croire en possession d’une science supérieure inconnue au vulgaire, voilà sans compter le charlatanisme, ce qui, dans le passé comme de nos jours, a largement contribué à la vogue de l’occultisme. Parmi les causes particulières à notre époque, signalons celle que nous intitulerions volontiers la banqueroute du rationalisme, et sous le nom de rationalisme nous voulons désigner la prétention de tout ramener à la raison comme au principe de toute vérité, de toute vie, de toute lumière. Le rationalisme a eu beau faire appel à tous nos moyens naturels de connaître, il n’a pas tenu, il ne pouvait tenir ses promesses, ni combler le vide qu’il avait creusé au fond de l’âme humaine. Il voulait emprisonner la pensée, tantôt dans l’ordre des idées pures, tantôt dans le cercle étroit de l’expérience, en fermant toute issue vers le monde surnaturel et divin. Mais il ne pouvait comprimer l’invincible élan qui pousse l’âme à sortir d’elle-même et du monde qui l’entoure, pour chercher au delà ce qu’elle ne trouve point dans son propre fond, ce que la science ne lui apprend pas, le secret de son origine et de ses destinées.
On veut se débarrasser du surnaturel, et l’esprit affamé de mystère se jette dans le merveilleux ; on recule, au nom des droits de la raison, devant les saintes et lumineuse obscurités de la foi, et l’on va se plonger dans les ténèbres bien autrement impénétrables de l’occultisme. Ce fait, qui n’est pas nouveau, vérifie une fois de plus l’expérience de tous les temps ; ce n’est pas la science, c’est la superstition qui gagne au déclin de la croyance religieuse. Notre siècle n’a pas plus que les autres échappé à la loi commune ; le rationalisme qui se vante d’avoir affranchi pour toujours la science du joug de la foi est réduit à s’humilier devant le retour offensif du mysticisme oriental.
§ II
D’où vient au bouddhisme le regain de faveur que lui réservait cette fin de siècle ? On ne l’attribuera pas sans doute au charme de sa littérature, l’une des plus riches par de nombre de ses productions, et des plus pauvres comme valeur esthétique. Sans parler des innombrables et fastidieuses répétitions qui font du style bouddhique, selon M. Barth 4 , le plus insupportable de tous les styles, il faut à l’érudit un courage plus qu’ordinaire pour retrouver le fond de la doctrine sous cet amas d’absurdes légendes et d’élucubrations incohérentes où la science et la poésie n’ont rien à voir.
Est-ce la pureté relative de sa morale qui a valu au bouddhisme cet essai tardif de réhabilitation ! Sans doute il l’emporte de ce chef sur la plupart des cultes payens et, nous pouvons ajouter, sur la plupart des systèmes philosophiques. Et pourtant que de graves réserves à faire ! Sans vouloir anticiper sur les développements ultérieurs que réclame la question, disons seulement que la morale bouddhiste, dé. pourvue de base, de règle fixe et de sanction finale, reste, de l’aveu même de ses plus chauds admirateurs, bien au-dessous de la religion d’amour et de dévouement que Jésus-Christ est venu apporter au monde. La morale bouddhiste n’a qu’un but, n’a qu’un objet, la suppression de la douleur et de ses causes. L’idée du devoir inconditionnel lui est étrangère. Si elle défend le mal, ou du moins certains actes mauvais, c’est parce que le mal est cause de souffrance et met obstacle à ce quiétisme absolu qui constitue, selon Bouddha, le souverain bien de l’homme. C’est une morale utilitaire, quoique d’un égoïsme plus raffiné. Non, ce n’est pas le besoin d’un idéal plus pur, plus élevé, qui fera rétrograder le monde du Christ à Çakya-Mouni.
Ce n’est pas davantage l’ascétisme de Bouddha ni sa doctrine d’universel renoncement qui grossira parmi nous, surtout à cette époque de sensualisme, le nombre de ses sectateurs. Nulle part on ne voit poindre chez les néo-bouddhistes un désir bien vif d’aller s’enterrer dans un couvent de bonzes, pour s’y livrer aux austérités de la mortification. Pourquoi d’ailleurs chercher si loin ce qu’on peut trouver, et beaucoup mieux, près de soi, chez les Trappistes, par exemple, chez les Chartreux et tant d’autres. Voilà des modèles de mortification et de renoncement qui laissent bien loin derrière eux les lamas du Thibet, et les bonzes de Birmanie ou de Ceylan,
Reste l’élément métaphysique du bouddhisme, si toutefois cette expression peut s’appliquer à un système dont le caractère propre est une aversion décidée pour la métaphysique et tout ce qui s’y rattache. Une seule chose, d’ordre exclusivement pratique, préoccupe Çakya-Mouni, le fait de la douleur, ses causes, ses remèdes ; tout le reste à ses yeux est sa

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