Le Christ était-il chrétien ?
211 pages
Français

Le Christ était-il chrétien ? , livre ebook

-

211 pages
Français

Description

Le Christ était-il chrétien ? Quels regards les Africains portent-ils sur le "Dieu des Blancs" au XXIe siècle ? Est-il possible, en Afrique, de vivre Dieu et sa foi sans détournements purement utilitaires de ceux-ci ? Les conservatismes politico-économiques et spirituels ont-ils des liens ? Quelle est leur contribution à certains problèmes de développement africains ? Peu catholiques et souvent provocantes, ces questions n'en sont pas moins cruciales. L'auteur met en évidence un ensemble de défis, pour l'Eglise, les chrétiens et l'homme contemporain.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2010
Nombre de lectures 98
EAN13 9782296267664
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LE CHRIST ÉTAITIL CHRÉTIEN ? Lettre d’un Africain à l’Église catholique et aux chrétiens
Points de vue Collection dirigée par Denis Pryen et François MangaAkoa Déjà parus Thimoté DONGOTOU,Repenser le développement durable au e XXI siècle, 2010. Martin KUENGIENDA,République, Religion et Laïcité, 2010. Maurice NGONIKA,CongoBrazzaville: 50 ans, quel bilan ?, 2010. Dieudonné IYELI KATAMU,La musique au cœur de la société congolaise, 2010.Mahamat MASSOUD,La Banque des États de l'Afrique Centrale, 2010. SHANDA TONME,Analyses circonstanciées des relations internationales 2009, 2010. Alassane KHODIA,Le Sénégal sous Wade, 2010. Gérard BOSSOLASCO,Éthiopie à la une. Journaux et publicités. 18651935, 2010. JeanCélestin EDJANGUE,Les colères de la faim, 2010. JeanCélestin EDJANGUE,un volcan en sommeilCameroun : , 2010. Gilbert TOPPE,.Communication politique et développement en Côte d’Ivoire,2010. Alexandre WATTIN,Les détachements Hawk Épervier au Tchad 19861989, 2010. Essé AMOUZOU,Gilchrist Olympio et la lutte pour la libération du Togo, 2010. Alexandre GERBI,Décolonisation de l’Afrique exfrançaise, 2010. Ignace GNAN,Le développement de l’Afrique : un devoir pour les Africains, 2010.
Thierry AMOUGOU LE CHRIST ÉTAITIL CHRÉTIEN ?
Lettre d’un Africain à l’Église catholique et aux chrétiens
© L’Harmattan, 2010 57, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 9782296133105 EAN : 9782296133105
 DEDICACE Quoiqu’assumant tout seul tout ce que je dis dans ce livre, je tiens à remercier ma femme, Jeannine BAKINAHE, dont la foi inébranlable en Dieu est pour moi le premier témoignage de l’importance de celuici pour certains d’entre nous en recherche de sens et de repères dans leur vie. Je tiens aussi à remercier Philippe Collet, mon collègue et ami, avec lequel j’ai beaucoup discuté des préoccupations que je développe dans ce livre. Si une seule personne le lit et y retire quelque chose de positif pour sa vie, alors il aura déjà contribué à quelque chose de grand. Je remercie finalement ma mère, Atsama AMOUGOU Régine, en lui disant que ce n’est pas parce qu’elle ne m’aura pas montré le chemin de l’Eglise que j’écris ce livre. Elle l’a très bien fait, toute sa vie, avec assiduité et application. C’est justement parce que je veux et que j’attends plus du Dieu qu’elle m’a enseigné depuis le plus jeune âge que j’ai écrit les lignes qui suivent.
AVANTPROPOS « Être démocrate ne consiste pas en une mise sous éteignoir de ses adversaires idéologiques ou politiques, mais en leur mise en dialogue avec soi, entre eux et le peuple. » Pierre Warin, Évêque auxiliaire de Namur, Eglise StFrançois de LouvainlaNeuve, 1 Le 7 mai 2008, Belgique « Père, père pourquoi m’astu abandonné ? » se demanda le Christ sur la croix au Mont Golgotha. Si le Messie s’est adressé à son père dans cette forme interrogative, c’est qu’il y avait quelque chose qu’Il ne comprenait plus et que, par conséquent, Il s’autorisait à lui poser une question tout Dieu qu’Il fût. Autant le Christ l’a fait sans cesser d’être le fils de Dieu, autant je pense que je peux faire de même sans cesser de l’être. Même ceux que l’Eglise catholique excommunie sont toujours fils de Dieu qu’elle le veuille ou non. Je peux en effet croire en Dieu et le critiquer. Je peux être catholique et critiquer le pape et l’Eglise catholique. Je peux croire en Dieu et penser le pape actuel anachronique. Le rapport de l’Homme à Dieu consistetil uniquement en la prosternation devant le père à qui l’on demande sans cesse pardon ? Estce le prix de la bonne vie éternelle et de la reconnaissance par ce père ? L’Homme n’atil pas, à l’instar des juifs qui attendaient un libérateur, aussi besoin d’un Dieu concret et agissant sur sa vie terrestre ? Le livre, ou mieux,La lettre d’un Africain à l’Eglise catholique et aux chrétiens que vous avez entre les mains, n’est pas une missive écrite par un homme athée. Je suis croyant à ma manière, c’estàdire, très critique et insatisfait. Je suis pourtant, non seulement issu d’une famille catholique pratiquante, mais aussi, époux d’une femme pieuse, catholique et hautement pratiquante.
1 Alors que je suis en train de me confirmer à cette date à l’église Saint François de LouvainLaNeuve en Belgique, j’ai, pendant la messe, retenu cette phrase dans l’homélie de l’évêque. Homélie centrée sur le rôle du chrétien dans le monde actuel.
Pour ma part, j’ai une foi plus problématique parce qu’indocile et inquisitrice en permanence. Je suis comme l’apôtre Paul, capable d’aimer profondément Jésus et de le renier dans la même journée sans cependant cesser de l’aimer. J’ai un rapport très conflictuel à Dieu et à ce qui en tient lieu de représentation sur terre. Cette situation provient du fait que je suis insatisfait, tant de Dieu dont j’attends plus pour résoudre les problèmes des Hommes, que de ce que j’appelle le « Dieuinstitutionnel » représenté par l’Eglise catholique, le catholicisme et le christianisme. Je suis aussi insatisfait de moimême dans ce que je considère, à titre personnel, comme indigne d’un maillon de la chaîne de réalisation des vœux du « Dieuréel » sur terre. Ceci dit, ce livre est à la fois une confession publique et un long chemin de croix du catholique critique et indocile que je suis. J’y dialogue avec l’Eglise catholique et d’autres chrétiens en disant ce que je pense franchement et en mettant en exergue tant mes multiples doutes, incertitudes et conflits avec le divin que ce qui en tient lieu de représentationinstitutionnelle sur terre. Autrement dit, Dieu est important pour moi, non parce que je suis convaincu à 100 % de son existence. L’état désastreux et piteux de nombreuses parties du monde peut même parfois tendre à me donner plus d’arguments en faveur de sa nonexistence qu’en faveur deson existence. Cependant, j’ai cette intime conviction que Dieu est important pour moi parce que, non seulement Il se doit d’exister pour que notre vie sur terre ait un sens dans ce qu’elle a d’absurde, mais aussi parce que Dieu, fait social au sens durkheimien du 2 terme , joue un rôle central dans la structuration symbolique et spirituelle de ma vie d’Homme, dans les actes quotidiens que je pose. Aussi, je me rends de plus en plus compte qu’il est fondamental de faire une distinction claire entre le « Dieu institutionnel » et le « Dieuréel », puis entre le « Dieu idéal typique de la Bible » et les Hommes puis les institutions qui disent le représenter ici bas. Lorsqu’il m’arrive de lire la Bible, je me rends très souvent compte que les mêmes scènes du Christ sont décrites différemment suivant qu’on passe d’un apôtre à un autre. C’est une preuve que la sensibilité, la masse émotive, la position au monde et les centres 2 C’estàdire quelque chose qui exerce une contrainte sur nous.
8
d’intérêts de chaque apôtre ont influencé leur façon respective de raconter les faits et actes du Christ. Aussi, en m’alignant sur la vision de Max Weber et non sur celle de Von Hayek pour qui le 3 type idéal correspond à la réalité historique , j’entends par « Dieu idéal typique de la Bible », non seulement celui qui correspond à la perfection inatteignable par l’Homme, mais aussi celui dont la présentation théologicothéorique et non contradictoire de la Bible, est une exagération par la pensée des éléments concrets et déterminés du Christ de l’histoire. En conséquence, les « Dieux institutionnels » sont le catholicisme, l’Eglise catholique et le christianisme comme institutions qui se disent garantes du « Dieu idéal typique de la Bible ». Les « Dieuxréels » sont, quant à eux, les moyens concrets que les hommes de chair et d’os trouvent pour résoudre leurs problèmes d’Homme sur terre. Ce sont ces Dieuxlà qui, comme le dit Hannah Arendt, prennent la responsabilité du monde en vivant au cœur du monde réel. En conséquence, autant il est clair pour moi sur le plan scientifique et idéologique que Karl Marx n’était pas marxiste et encore moins Keynes keynésien, autant il est de plus en plus évident, sur le plan religieux, que le Christ n’était pas chrétien et encore moins catholique de son vivant. Il semble même peu probable qu’il le soit devenu s’il était encore en vie tellement les hommes et les institutions qui incarnent le christianisme et le catholicisme font, à mon sens, fausse route en poursuivant uniquement le renforcement de leur pouvoir dogmatique. Le Christ n’était donc pas chrétien et encore moins catholique pour plusieurs raisons logiques : JésusChrist n’a jamais fondé ni le christianisme, ni le catholicisme. Même si Jésus a dit à Pierre qu’il était la pierre sur laquelle il voulait bâtir son Eglise, peuton dire, lorsqu’on sait les factions institutionnelles et les inspirations rivales qui se sont battues dans l’histoire de la naissance de cette Eglise, que le christianisme et le
3  Pour plus d’informations sur les différences entre ces deux auteurs dans la conception du type idéal voir LONGUET (S.), 2004, « Ordre institutionnel. Les processus institutionnels chez Hayek et Lachmann »,Economie et Institutions, n°4, pp.7194.
9
catholicisme qui ont triomphé sont actuellement les plus fidèles à l’œuvre et au message du Christ ? au même titre que le keynésianisme et le marxisme que n’ont jamais élaboré de leur vivant les auteurs auxquels ils se réfèrent, le christianisme et le catholicisme sont des constructions sociopolitiques post christiques dans lesquelles le Christ n’est que la référence historique qui les fondeen tant qu’institutions ; le christianisme et le catholicisme ne sont, de ce fait, que des institutions humaines avec tout ce que cela comporte d’imperfections ; si le Christ revenait aujourd’hui, Il serait peutêtre scandalisé des agissements de nombreux grands prêtres modernes, de nombreux chrétiens et de nombreux catholiques, tant leurs agissements sont éloignés de ce que luimême aurait fait ; l’Eglise catholique, de nombreux chrétiens et de nombreux catholiques, non seulement font ce que le Christ aurait condamné avec véhémence de son vivant, mais aussi n’arrivent pas à en être des imitateurs acceptables comme ce devrait être le cas ; l’Eglise catholique et le christianisme sont devenus des institutions qui cherchent, non le salut de l’Homme, mais le renforcement de leur propre pouvoir d’action. Etant donné que je trouve obsolète et contreproductive une Eglise catholique enfermée dans le droit canonique et incapable de sortir de son huisclos pour se tourner vers le monde qu’elle dit vouloir orienter, ce livre consiste aussi à dire aux chrétiens et catholiques que si les lieux dits sacrés sont des lieux clos qui se transforment en lieux de pouvoir avec une production de vérités autoréférentielles, alors ils signent leur arrêt de mort par rapport à l’extérieur social où la vérité est évolutive et discursive, comme le ème montrent les multiples temporalités du 21 siècle auxquelles l’Eglise catholique actuelle ne veut s’adapter pour réussir sa mission normative. Cheikh Hamidou Kane, un écrivain et
10
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents