Le complotisme protestant contemporain
100 pages
Français

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Le complotisme protestant contemporain , livre ebook

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Description

Afin de mieux comprendre l'arrière-plan et la structure intellectuelle des thèses conspirationnistes polémiques qui abondent, notamment sur Internet, depuis quelques années, ce livre se propose de présenter un texte d'une prédicatrice protestante américaine, Barbara Aho, qui expose le complot de "la tribu de Dan" contre le christianisme à travers la gnose chrétienne, les Mérovingiens, les Templiers, les Cathares, le marranisme, les jésuites, le frankisme, les Illuminati et le "Prieuré de Sion".

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 juin 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782336874784
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre

Christophe Colera









Le complotisme protestant contemporain

À propos d’une thèse sur la tribu de Dan

Préface de Régis Dericquebourg
Copyright

Du même auteur

Une communauté dans un contexte de guerre :
la « diaspora » serbe en Occident
(dir), L’Harmattan, 2003

Individualité et subjectivité chez Nietzsche ,
L’Harmattan, 2004

La nudité, pratiques et significations ,
Editions du Cygne, 2008

Les services juridiques des administrations centrales ,
L’Harmattan, 2009

Dialogue sur les aléas de l’histoire ,
L’Harmattan, 2010

Les tubes des années 1980 ,
Editions du Cygne, 2013

Les salons de massage chinois ,
Editions du Cygne, 2015

Les médiums, une forme de chamanisme contemporain ,
L’Harmattan, 2017




© L’Harmattan, 2019 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.editions-harmattan.fr
EAN Epub : 978-2-336-87478-4
Remerciements
Je remercie chaleureusement M. Régis Dericquebourg, professeur associé à la Faculté des études comparatives des religions et de l’humanisme de l’université d’Anvers (Belgique), membre du groupe de sociologie des religions et de la laïcité (CNRS-Paris) et préfacier de ce volume, ainsi que M. Emmanuel Kreis, historien, docteur de l’École pratique et des hautes études et M. Damien Karbovnik, sociologue, docteur de l’université Montpellier III, pour leur lecture attentive du manuscrit et leurs judicieuses remarques que j’ai tenté de prendre en compte, au moins en partie (lorsqu’elles étaient compatibles avec la trame initiale de mon propos), dans la phase finale d’écriture de ce livre. Je remercie aussi les « youtubeurs » souvent anonymes qui ont entretenu en moi une curiosité pour les thématiques conspirationnistes.
Préface
Christophe Colera propose ici un commentaire d’un écrit publié sur Internet revendiqué par une personne qui se nomme Barbara Aho et qui se dit évangélique. Son livre suggère plusieurs remarques.
En premier lieu, comme le signale l’auteur ces revendications posent problème. À la limite, il peut s’agir du pseudonyme d’une personne ou d’un groupe de personnes comme ces fonctionnaires d’un rang élevé regroupés sous un nom imaginé qui publient un article dans la presse pour alerter le public sur un aspect du fonctionnement du fonctionnement des institutions, ou comme le collectif catholique traditionaliste « Maurice Pinay » auquel elle-même se réfère. Mais si l’historien du passé ou de l’histoire immédiate a pour vocation la précision, il suffit au sociologue pour l’instant d’y voir une « source », un fait social, un événement dans le champ social conséquence de faits antérieurs et potentiellement productifs de conséquences, d’effets voulus ou/et non voulus selon l’expression de Weber. En second lieu, l’apparentement au mouvement évangélique appelle une remarque. La mouvance évangélique n’est pas homogène, elle n’a pas un guide spirituel, une curie ou un prophète qui dicte une morale, une théologie, des commandements voire une vision politique de la société. Nous réunissons sous cette appellation des fidèles de Mega-church et des assemblées de quartier avec des croyants qui se reconnaissent à la fois dans une lecture plutôt littéraliste de l’Ancien et du Nouveau Testament et dans une expérience émotionnelle de la spiritualité pouvant aller jusqu’à la transe en passant par l’expression de dons (glossolalie, guérison). En troisième lieu, la finalité de Barbara Aho est mystérieuse. Que vise-t-elle ? Convertir les foules avec un récit de la trahison du christianisme par des forces occultes ? Pourquoi ? La mouvance évangélique est une des plus dynamiques au monde. Elle est probablement celle qui, actuellement, convertit le plus de personnes dans le monde. Elle pénètre des pays majoritairement musulmans et des pays qui luttent contre la religion où ses fidèles sont persécutés comme la Church of Almighty God en Chine. Ses prédicateurs n’ont pas besoin d’inventer un complot contre le « vrai christianisme » pour convertir les gens. Ni pour contrer ses concurrents sur le « marché des biens du salut », il suffit de dire comme les Témoins de Jéhovah, leurs rivaux, que les concurrents qu’ils sont animés par Satan. Les Témoins de Jéhovah critiquent eux-mêmes les dons de l’Esprit comme une expression satanique. Il est d’ailleurs remarquable que Aho n’inclue pas au complot les groupes religieux minoritaires habituellement visés par la lutte antisecte : Mormons, Témoins de Jéhovah, Groupes ufologiques, Eglises de guérison qui sont ses rivaux dans marges des Eglises établies. Je ne vais donc pas rebondir sur la finalité du récit de Barbara Aho mais plutôt sur le positionnement du récit complotiste. L’auteur y voit à juste titre une conception de l’histoire qui constitue « une réalité sociale » et forme donc « un objet d’étude sociologique, qu’un chercheur en sciences humaines peut légitimement étudier » puisqu’aucun phénomène que le sociologue qualifie de social ne lui échappe. Il le construit comme objet social c’est-à-dire qu’il le délimite et le démarque d’autres faits sociaux : Max Weber nous l’a montré en proposant son « type-idéal ». On peut construire un type-idéal (faire une « construction mentale ») de tout phénomène social et historique, y compris un type-idéal du développement historique d’un fait (par exemple du développement d’une secte ou de l’artisanat.) (Weber, 1949 : 93, 99-100) Nous avons donc affaire à un « objet sociologique » selon l’expression que l’auteur emprunte aux classiques de la sociologie.
En quatrième lieu, comme C. Colera le souligne à plusieurs endroits du livre, le récit de Barbara Aho relève d’une approche de l’histoire qui se distingue des conceptions de l’histoire académiques. Certes les écoles d’historiens s’affrontent mais elles reposent sur un socle épistémologique commun qui leur permet de se reconnaître comme historiens académiques au delà de leurs critiques mutuelles. Toutefois, Barbara Aho et les historiens académiques prétendent rendre compte de la réalité et leurs récits historiques sont des réalités sociales : celle qu’un public lit sur Internet et celle que des amateurs d’histoires écrites par les historiens académiques et que leurs disciples lisent dans leurs publications. Mais, ces récits prétendent eux-mêmes rendre compte d’une autre réalité sociale dite réalité historique. Ceci nous renvoie à la question : qu’est-ce que la réalité dans les « sciences de la culture » selon l’expression de Weber ? Max Weber cité dans ce livre critique de l’attitude naturaliste de l’histoire qui restituerait une réalité intrinsèque, des éléments du passé qui seraient « en dur » comme un paysage qu’il suffirait de retrouver tel un géologue ou paléontologue. Au contraire, il opte pour une conception qui reconnaît que l’historien construit un récit à partir des matériaux dont il dispose. (Weber, 1949 : 94, 99-100). On le voit : le récit de Barbara Aho renvoie pour moi à deux questions sociologiques : comment construit-elle une réalité historique ? Et qu’est-ce que la réalité ? Pour examiner ces deux questions je me référerai à Max Weber et à ses commentateurs.
Christophe Colera nous présente un récit qualifié de complotiste puisqu’il contient l’idée sous-jacente qu’il y a eu une volonté de déformer le message chrétien. Si je comprends bien Barbara Aho, elle se situe du côté d’une vérité. Il y aurait un vrai message chrétien et elle serait capable de retracer l’histoire de son ternissement. En ce sens, Barbara Aho est religieuse, elle est une « institution de vérité » pour reprendre l’expression de Michel de Certeau. Elle ne démasque pas le travestissement de la vérité comme un enquêteur de police qui a affaire aux vivants, mais dans l’épaisseur de l’histoire puisque son récit commence par le fait qu’une « grande partie du peuple choisi par Dieu à la sortie de l’Égypte s’est mise à l’école païenne et occultiste de ses conquérants ». Son projet est donc grandiose et l’amenant jusqu’à la période actue

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