Le paradis végétarien
144 pages
Français

Le paradis végétarien , livre ebook

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144 pages
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Description

Comment les Pères de l'Église, du IIe au VIIIe siècle, ont-ils compris et analysé le verset 29 du premier chapitre de la Genèse : « Je vous donne toute plante qui porte sa semence sur toute la surface de la Terre, et tout arbre dont le fruit porte sa semence : telle sera votre nourriture ». Peut-on y voir un manifeste végétarien, et si oui a-t-il été ignoré au profit d'un anthropocentrisme dominant ? En quatorze méditations, l'auteur répond à cette question en faisant dialoguer la pensée des Pères de l'Église avec diverses écoles de pensée postérieures.

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Date de parution 01 juin 2016
Nombre de lectures 6
EAN13 9782140010354
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

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Extrait

Robert Cuat
Le paradis végétarien Méditations patristiques
Le paradis végétarien
Série Études
Préface de Régîs Doumas
Le paradis végétarien
Religions et Spiritualité fondée par Richard Moreau, Professeur émérite à l'Université de Paris XII dirigée par Gilles-Marie Moreau et André Thayse, Professeur émérite à l'Université de Louvain La collectionReligions et Spiritualitédivers types rassemble d’ouvrages : des études et des débats sur les grandes questions fondamentales qui se posent à l’homme, des biographies, des textes inédits ou des réimpressions de livres anciens ou méconnus. La collection est ouverte à toutes les grandes religions et au dialogue inter-religieux. Dernières parutions Fabio SCHMITZ,Causalité divine et péché dans la théologie de saint Thomas d’Aquin. Examen critique du concept de motion « brisable », 2016. Mgr Jacques PERRIER,Lourdes dans l’Histoire. Eglise, Culture et Société de 1858 à nos jours, 2016. Bruno FLORENTIN,Vivre avec Dieu dans le livre du Lévitique, 2016. Francis LAPIERRE et Pierre WATREMEZ (†),Les prières de l’Ancien Testament, Mille ans de dialogue avec Dieu, 2015 François PONGO LOWANGA,Le recours aux Écritures dans le récit matthéen des tentations de Jésus, Mt 4, 1-11, 2015 Fr Etienne GOUTAGNY,Les impératifs de Dieu,2015.Hidulphe BILALI BONAZEBI,Défense des droits subjectifs des fidèles. Equité et légalité au canon 221 CIC 83,2015.Jean REAIDY,Naissance mystique et divinisation chez Maître Eckhart et Michel Henry, 2015. Christian GALLOT,Un maitre d’autrefois : monseigneur Jean Calvet (1874-1965), recteur émérite de l’Institut Catholique de Paris,2015. François et Michèle GUY,Un couple au service de la vie, 2015. Jean-Marie Vernier,De l’homme à Dieu et retour. Propédeutique à la foi chrétienne, 2015. Abbé Jacques-Yves PERTIN,Justice et gouvernement dans l’Eglise d’après les Lettres de saint Grégoire le Grand,2015. Stanislas LONGONGA,?Saint Paul, un apôtre contre les femmes , 2015. Jacques Assanvo AHIWA,Jésus et la maladie dans l’évangile de Jean, 2014. Philippe BEITIA,Pour vivre son couple dans la foi, 2014.
Robert CULAT Le paradis végétarien Méditations patristiques Préface de Régis Doumas
L’Harmattan
Du même auteur, dans la même collection : Méditations bibliques sur les animaux(2015). Au pape François, en signe de gratitude pour sa lettre encycliqueLaudato si’.© L’Harmattan, 2016 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-09332-1 EAN : 9782343093321
Préface Je dois un avertissement liminaire au lecteur de cette préface : je suis un tout petit patrologue, mais un grand ami de Robert Culat. Ne vous étonnez, donc, ni des lacunes de mon texte, ni de mon préjugé en faveur des thèses soutenues dans ce livre. Il est vain de tourner autour du pot et de nier une donnée historique flagrante, le christianisme a une grande responsabilité dans l’anthropocentrisme de la culture occidentale, souvent très vide de pensée, surtout de la part de ceux qui ont voulu réduire l’homme à n’être que raison. Quel paradoxe ! Et, cela n’est pas une déviation « médiévale ». Cela se trouve dès l’origine de la littérature chrétienne, donc chez les « Pères » de l’Eglise. Dans l’Antiquité, les chrétiens ont voulu, comme aujourd’hui, défendre la dignité de l’homme. L’affirmation, centrale, de l’incarnation du Fils de Dieu, y conduisait. Et comment nier que cela était une exigence impérative ς La société de ce temps était d’une extrême violence. Sans doute notre temps a ses horreurs, mais, tout de même, aller au spectacle n’est plus aller voir des hommes s’entretuer ou être tués par des fauves. Quand Federer perd la finale d’un tournoi contre Djokovic, il n’est pas égorgé sur le court ! Cependant, cette défense de la dignité de l’homme a conduit à un discours faussé sur la création. C’est ce que relève avec tant de justesse Robert Culat. A vouloir que tout dans la création n’existe qu’en fonction de l’homme conduit inévitablement au mépris pour tout ce qui n’est pas l’homme, mais c’est aussi une
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insulte faite au Créateur, qui, ainsi, devient, lui aussi, l’esclave de l’homme. J’ai une très belle et très gentille chatte, que j’ai appelée « Tendresse », mais j’ignore totalement si Origène câlinait la sienne ou s’il en avait une. La chose certaine est que la chatte d’Origène était sans raison et donc cet homme, si raisonnable, ne pouvait que dédaigner sa chatte ou celles des autres. Les chiens, aussi ! A vrai dire, les Pères de l’Eglise auraient été capables d’inventer l’électricité et le four à micro-ondes s’ils avaient été capables d’accorder une véritable importance aux animaux. Ce n’était pas d’actualité ! Les Anciens mangeaient de la viande sans se poser de question et utilisaient les animaux sans aucune vergogne, aussi bien aux champs que dans l’amphithéâtre ou sur ce « théâtre », si terrible, qu’est la guerre. On pense aux éléphants d’Hannibal. Les Pères qui parlent d’esclavage à propos des animaux ne font qu’utiliser un terme propre à la condition de millions d’hommes, de femmes et d’enfants de ce temps. En disant cela, je ne cherche pas à excuser les Pères de l’Eglise. Ils ne sont pas les inventeurs des « droits de l’homme », ils ne sont pas non plus les inventeurs du droit des animaux. Cependant, ils ont défendu l’homme et c’est, justement, la raison pour laquelle on peut leur reprocher de n’avoir pas défendu les animaux. Mais, d’un point de vue proprement théologique, le grave est d’avoir glissé à une compréhension réduite de la création, où seul l’homme compte. Leur faute est théologique. Rien n’est plus grave pour des théologiens. Par quel biais, alors, les Pères - ou au moins certains d’entre eux - pourraient-ils servir aujourd’hui la « cause » animale ς Mon idée est que, même s’ils n’ont pas su en tirer les bonnes conséquences, les Pères - certains Pères - ont su défendre la « chair » comme objet du salut. Tertullien a ce
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mot, bien digne de son génie latin :Salus carnis, cardo salutis. Ce qui veut dire : « le salut de la chair est le pivot du salut ». En clair, nier le salut de la chair, c’est nier le salut chrétien, c’est nier le christianisme. Toutes les religions, de peu ou de prou, affirment une vie après la mort, un salut. Mais le christianisme a en propre de mettre au plein centre de son identité et de son fondement un Christ mort et qui sort d’un tombeau. En christianisme, la chair est sauvée. Les chrétiens confessent la résurrection de la chair. Dans le premier christianisme, cela a été affirmé avec force et sans détour. C’est la foi en la résurrection de la chair qui fait du baptême la base de la spiritualité chrétienne et du martyre son achèvement. On connaît la célèbre phrase d’Ignace d’Antioche, transmise, à sa manière, par Alphonse Daudet : « Je suis le froment de Dieu et je suis moulu par la dent des bêtes pour être trouvé un pur pain du Christ. » (Lettreaux Romains, 4, 1). La lutte contre le dualisme anthropologique, qui très tôt a pénétré l’Eglise, a été un combat essentiel. Le plus rude adversaire des Pères a été l’hérétique Marcion. Marcion prônait un dualisme radical, qui allait jusqu’à opposer un dieu mauvais, le dieu créateur de la chair, au Dieu bon, étranger à toute chair. Dans son très étonnantDe carne Christi, Tertullien prend à partie Marcion et il écrit ces lignes, à vrai dire uniques dans toute la littérature chrétienne en 4, 1-3 : Si tu ne refuses à Dieu l’Incarnation ni parce que tu l’estimerais impossible, ni parce que tu l’estimerais périlleuse pour lui, il reste que tu la rejettes et que tu la dénonces comme indigne de lui. Exposant dès l’exorde ta haine de la naissance, allons, pérore maintenant sur cette ordure qu’ont mise dans le ventre les éléments génitaux, sur ces hideux caillots de sang et d’eau, sur cette chair qui doit, pendant neuf mois, tirer sa nourriture de ce fumier.
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Décris-nous donc ce ventre, plus monstrueux de jour en jour, alourdi, tourmenté et jamais en repos, même dans le sommeil, sollicité de part et d’autre par les caprices de l’appétit et du dégoût. Déchaîne-toi, maintenant, contre les organes indécents de la femme en travail qui l’honorent cependant par le danger qu’elle court et qui sont naturellement sacrés. 2. Apparemment qu’il te fait peur cet enfant rejeté avec armes et bagages, et que tu le dédaignes encore une fois débarbouillé, parce qu’il faut le maintenir dans des langes, le pétrir de pommades et le faire rire par des caresses ! Tu méprises, Marcion, cet objet naturel de vénération : et comment es-tu né ? Tu hais la naissance de l’homme : et comment peux-tu aimer quelqu’un ? Toi, en tout cas, tu ne t’es guère aimé toi-même quand tu t’es retiré de l’Eglise et de la foi au Christ ! Mais, tu peux bien te déplaire à toi-même ou être né autrement que tout le monde, peu nous importe ! 3. Le Christ, au moins, aima cet homme, ce caillot formé dans le sein parmi les immondices, cet homme venant au monde par les organes honteux, cet homme nourri au milieu de caresses dérisoires. C’est pour lui qu’il est descendu, pour lui qu’il a prêché, pour lui qu’en toute humilité, il s’est 1 abaissé jusqu’à la mort, et la mort de la croix .Jamais on n’a décrit l’incarnation du Fils de Dieu en ces termes. Mais, si le propos de Tertullien est extrême, il oblige à redire la solidarité de l’homme et des animaux comme êtres charnels et c’est cette solidarité-là qui doit être aujourd’hui le fondement de l’attitude de l’homme à l’égard des animaux.L’homme ne peut pas ne pas voir en l’animal un être avec lequel il a sa part de fraternité et de destin commun.Avant de conclure, je précise que la « chair » - quand on dit que « le Verbe s’est fait chair » - ce n’est pas la viande, la substance carnée, mais la vie avec toutes ses 1 Sources chrétiennes, n°216.217.
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capacités affectives et cognitives. Comme l’est la « chair » animale, qui ne s’expose pas seulement aux rayons des boucheries. L’Antiquité, qu’elle soit païenne ou chrétienne, n’a pas été tendre pour les animaux, jamais, à ma connaissance, chez aucun auteur, philosophe ou théologien, ils n’ont été « sujets » de droits à l’exception notable de Plutarque pour lequelles hommesont quelque droit commun avec les 2 bêtes brutes. On les a mangés et on les a utilisés sans scrupule. Maisil revient à notre siècle, à la « modernité », d’organiser l’horreur animale, ces élevages concentrationnaires où, par milliards, des animaux souffrent d’une vie « bestiale ». Et, là, la bête, c’est l’homme ! Un bourreau immonde. Faut-il rappeler que dans la Bible Dieu a voulu que les animaux broutent « l’herbe des champs » ς Mais aujourd’hui, en notre temps, on est très au-delà de ça. Posez-vous la question : qu’est-ce que ces animaux « modernes » mangent ς Et comment ς Robert ne m’a pas convaincu de devenir végétarien, comme lui. Ma conversion ne va pas jusqu’à renoncer au steak et au gigot. Mais, grâce à lui, je suis sûr d’une chose : il se produit dans nos sociétés « développées » une monstrueuse injustice faite aux animaux, nos « frères » dans la chair ; car, ils sont, au moins, nos cousins. Il faut que cela cesse ! Père Régis Doumas, prêtre du diocèse d’Avignon
2 Plutarque,Trois traités pour les animaux,P.O.L, 1992, p.117.
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