Le Saint-Denis des Dauphins
295 pages
Français

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Le Saint-Denis des Dauphins , livre ebook

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Description

Construite au XIIIe siècle par André Dauphin, comte de Viennois, la collégiale Saint-André de Grenoble a été voulue par son fondateur comme chapelle palatine et nécropole de sa dynastie. Sous ses voutes se déroulèrent maints événements majeurs : prédications de saint François de Sales, visites royales. Elle vit passer le jeune Stendhal et saint Jean Bosco et abrite le tombeau du chevalier Bayard. Voici un guide pour visiter ce monument, l'un des derniers symboles de l'ancien Dauphiné.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2010
Nombre de lectures 396
EAN13 9782336273853
Langue Français
Poids de l'ouvrage 37 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1200€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le Saint-Denis des Dauphins
Religions et Spiritualité collection dirigée par Richard Moreau, professeur émérite à l’Université de Paris XII, et André Thayse, professeur émérite à l’Université catholique de Louvain.
La collectionReligions et Spiritualitérassemble des études et des débats sur les grandes questions fondamentales qui se posent à l’homme, des biographies, des textes inédits ou des réimpressions de livres anciens ou méconnus. La collection est ouverte à toutes les grandes religions et au dialogue interreligieux.
Titres déjà parus:
Philippe Beitia,Le baptême et l’initiation chrétienne en Espagne du IIIe au VIIe siècle, 2010. Emmanuel Pic,Aux origines des concepts de personne et de communauté. Comment envisager aujourd’hui une théologie personnaliste et communautaire? Préface de Jean-Michel Maldamé, 2010. Jeannine Bonnefoy, Pierre De Felice,Un calendrier au Xe siècle. Le Comput de l’abbaye de Ferrières, 2010. Michel Gigand, Michel Lefort, Jean-Marie Peynard, José Reis, Claude Simon,La sortie de religion:est-ce une chance? 2010. Francis Lapierre,Saint Luc en actes? 2010. Dang Truc Nguyen,Bouddha. Un contemporain des Anciens Grecs. Essai de dialogue entre cultures, 2010. André Thayse, avec la collaboration de Marie-Hélène Thayse-Foubert,Dieu caché et réel voilé. L’une et l’autre alliance, 2010. Georges Bono,Analogie de l’Avent. Transcendance de l’extériorité et critique anthropologique, 2010. Philibert Secrétan, Dominique Secrétan,Fêtes et raisons. Pages religieuses, 2010. Philippe Péneaud,Le visage du Christ. Iconographie de la croix, 2009. Philippe Péneaud,La personne du Christ. Le Dieu-homme, 2009. Edgard El Haiby,Théologie et bio-éthique dans la société. Analyse de la pensée de Karl Rahner, 2009. Philippe Leclercq,Le Christ autrement.Essai de théologie interreligieuse, 2009. Jacques Ribs,L’Occident chrétien et la fin du mythe de Prométhée. La rupture fondatrice du monde moderne, 2009. Geneviève Sion-Charvet,Bible et Coran à l’école laïque, 2009 Claude-Henri Valloton,Suis-je encore croyant?Un itinéraire spirituel, 2009. Moojan Momen,Au delà du monothéisme. La religion baha’ie. Traduction de Pierre Spierckel, 2009. Bernard Félix,L’apôtre Pierre devant Corneille. Esquisse d’une théologie de la rencontre, 2009.
Suite des titres de la collection à la fin du livre.
Gilles-Marie MOREAU
Le Saint-Denis des Dauphins
Histoire de la collégiale Saint-André de Grenoble
Préface de l’abbé Edmond Coffin, archiviste du diocèse de Grenoble
L’Harmattan
A Marie La liste des sigles et abréviations se trouve en annexe 17.© L'HARMATTAN, 2010 5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Parishttp://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-13062-3 EAN : 9782296130623
Préface
D’anciennes représentations de la ville de Grenoble, enserrée dans les remparts de son enceinte romaine, mettent en valeur, dès la fin du Moyen Age, parmi une multitude d’églises et de chapelles, le dessin du clocher de Saint-André qui semble vouloir s’imposer à tous les autres symboles religieux émergeant de la cité. Et désormais cet édifice figurera pendant très longtemps sur les cartes et tableaux censés donner une bonne image de la capitale du Dauphiné. Je me souviens d’une affiche qui, sur un fond de montagnes enneigées, faisait surgir comme un bijou précieux l’élégant clocher de Saint-André. A partir de 1925, on donna une place d’honneur à la célèbre tour Perret élevée dans le parc des Expositions. Puis, plus près de nous encore, ce furent les trois tours de l’Ile Verte qui ont surpris d’abord, mais auxquelles on s’est finalement habitué et que personne ne consentirait à voir disparaître aujourd’hui. Saint-André : sous l’Ancien Régime, non pas une paroisse, mais une collégiale, c’est-à-dire une église gouvernée par un prévôt, entouré d’un collège de douze chanoines aux multiples fonctions, que les évêques successifs de Grenoble ont dû respecter puisque fondée par le dauphin Guigues-André. Les contestations entre l’Etat et l’Eglise ont toujours été d’actualité. De nombreux auteurs se sont efforcés de faire revivre la longue et souvent pittoresque histoire du monument et du Chapitre qui devait lui donner une âme. Car il ne fallait pas empiéter sur les privilèges de l’évêque de Grenoble et de son Chapitre cathédral ; simultanément, il fallait laisser à la petite paroisse Saint-Jean adjacente ses responsabilités pastorales, jusqu’à sa destruction en 1562. Il est difficile de citer tous les historiens, ecclésiastiques ou non, qui se sont adressés à leurs contemporains pour retracer la vie de la collégiale, rappelant la suite des événements qui ont marqué la fondation, la construction, les adjonctions, et même la suppression de certains éléments de l’édifice. Il suffit de rappeler
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les noms de Nicolas Chorier, Valbonnais, Marcellier, Gras-du-Villard (1774), Maignien, Pilot père et fils, Micouloux (1925), David (1938), Biard (1950). Malgré leurs recherches, quelques points particuliers n’ont pas encore reçu de solution définitive : cette grille en fer forgé protégeant une fenêtre de la sacristie, avec ses entrecroisements défiant la logique ; la sépulture du chevalier Bayard ; des dalles de marbre décorant la nef qui ont disparu, ainsi que les inscriptions qui résumaient sa vocation delphinale ; les nervures de style gothique, toujours apparentes au fond de la chapelle de la Vierge, côté rue, mais dont on n’a pas pu ou pas voulu restaurer l’ouverture. Or, voici qu’une nouvelle étape de travaux va s’ouvrir. Elle accompagne un changement de responsable religieux auquel l’évêque du diocèse a procédé, en conformité avec une décision de Rome qui prévoit que chaque diocèse doit affecter un lieu de culte dont la liturgie sera conforme au cérémonial qui a précédé la réforme de Vatican II, d’où la nomination récente du Père Jean-Paul Trézières à qui une équipe de laïcs apporte une appréciable collaboration. Parmi eux, je signale M. Gilles-Marie Moreau, ingénieur, auteur de cette étude. Il a consulté tous les auteurs cités plus haut. Il est venu fidèlement travailler aux archives du diocèse de Grenoble où bien des manuscrits lui ont été communiqués. Je ne pouvais lui refuser cette préface qui n’a d’autre but que de recommander ce livre à la lecture des amis de la collégiale, des dauphinois, et des nombreux touristes qui viennent se documenter sur les monuments de Grenoble. Vous y apprendrez bien des choses… vraies !
Père Edmond Coffin Responsable des archives du diocèse de Grenoble-Vienne
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Présentation
Au cœur d’une ville en plein essor, éprise de développement industriel et de recherche scientifique, dans un cadre naturel propice aux sports d’hiver comme d’été, la collégiale Saint-André, discrètement blottie à deux pas de l’Isère, semble une belle et désuète endormie, recherchant le calme et la solitude au milieu de la frénésie urbaine. Située en léger retrait du centre actif de la vie de la cité, elle n’en constitue pas moins l’un de ses plus beaux et émouvants joyaux, tant par son ancienneté que par sa riche histoire. Avec l’ancien palais des dauphins (hôtel de Lesdiguières) et le palais du Parlement, elle compose le noyau delphinal et seigneurial de la ville de Grenoble, face au pouvoir de l’évêque ancré autour de la cathédrale et du palais épiscopal. Qui plus est, elle est le seul monument construit par les anciens dauphins qui nous soit parvenu dans son intégralité, les autres étant très dégradés, voire pratiquement ruinés. Cette ancienne chapelle devenue collégiale de chanoines, jadis nécropole des dauphins et qui abrite encore le mausolée de Bayard, qui entendit les prédications de Saint François de Sales et de Saint Jean Bosco ainsi que l’abjuration du dernier connétable de France, est sans conteste l’un des lieux les plus symboliques du Dauphiné. C’est cet édifice méconnu, maison de Dieu et des hommes, que nous vous invitons à visiter ensemble. Ces pages s’adressent aux dauphinois attachés au passé de leur province, comme aux amateurs de régionalisme et aux touristes à la recherche d’une publication qui les aide à connaître le passé de la collégiale et à la visiter avec profit. De nos jours, l’histoire est une discipline souvent négligée. Or, sans elle, un peuple n’a pas d’avenir : le passé est une boussole qui« oriente »la société. C’est pourquoi si, à la lecture de ce livre et en admirant les beautés architecturales et artistiques que recèle cette église, vous percevez l’imperceptible palpitation des siècles et le souffle subtil de l’antique histoire, notre but sera pleinement atteint.
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Remerciements
M. l’abbé Edmond Coffin, archiviste diocésain, nous a guidé dans nos recherches avec érudition et courtoisie, et a bien voulu préfacer cet ouvrage ; M. l’abbé Pierre Carret et M. l’abbé Jean-Paul Trézières nous ont permis de consulter les archives paroissiales, en partie inédites, de Saint-André ; le personnel des Archives Départementales de l’Isère ; le personnel de la Bibliothèque Municipale de Grenoble et celui des Archives Municipales ; le personnel du Musée Dauphinois, en particulier Mme Sylvie Vincent, conservateur des Antiquités et Objets d’Art, et Mme Ghislaine Girard, documentaliste ; Mme Hélène Vincent, conservateur en chef au Musée de Grenoble, et Mme Anouk Gérard, documentaliste, pour leurs renseignements sur les tableaux de Restout et d’Allori ; M. Aurélien André, archiviste diocésain d’Amiens, nous a fourni d’intéressants documents sur Mgr de Chabons ; M. Pierre Lafontaine, archiviste à l’archevêché de Québec, nous a orienté dans nos recherches sur Mgr de Saint-Vallier ; M. Pierre Blanc, de l’Association des amis de Bayard, nous a aidé à suivre la trace des reliques du chevalier sans peur et sans reproche ; M. Thibaut Duret, organiste, nous a fourni des éléments d’histoire de l’orgue ; M. Vincent de Taillandier, de l’Office du Tourisme de Grenoble, nous a fait partager sa passion pour les vieilles pierres grenobloises ; M. Jean Coste nous a ouvert sa collection de cartes postales anciennes ; M. l’abbé Jean-Pierre Oddon, curé de la cathédrale d’Embrun, nous a fourni le portrait de Mgr d’Hugues ; M. Xavier Biboud nous a donné des renseignements sur le chanoine Anglès d’Auriac, et de même M. Aimé Bocquet sur la période du chanoine Berger ; M. l’abbé Albert Rey, M. et Mme Jacques Braud et M. et Mme Pierre-Antoine Darbon nous ont apporté une aide iconographique. Enfin, M. l’abbé Edmond Coffin, M. l’abbé Albert Rey et M. Aimé Bocquet ont bien voulu relire attentivement notre manuscrit. Qu’ils soient tous chaleureusement remerciés.
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Les dauphins du Viennois
Ancienne chapelle delphinale, nécropole des souverains de la province, l’histoire de la collégiale est étroitement liée à celle des dauphins du Viennois. Des trois maisons qui régnèrent successivement sur le Dauphiné, le souvenir a pratiquement disparu aujourd’hui de la mémoire collective : seules subsistent à Grenoble unerue des Dauphinsune et rue Humbert II, dont les noms ne doivent pas évoquer grand-chose à leurs habitants. C’est pourquoi il nous semble intéressant de débuter cette étude en retraçant l’histoire de ces dynasties. La saga de ces princes pourrait commencer comme un conte du e temps passé :siècle vivait à Vion un seigneur quiAu début du XI se nommait Guigues.(Paul Dreyfus). En réalité, les sires de Vion, près d’Annonay (Ardèche) et de Tournon en Vivarais, étaient e apparus dès la seconde moitié du IX siècle, cinq générations avant 1 ce Guigues . C’est pourquoi les historiens l’ont appelé tantôt er Guigues VI, en tant que sire de Vion, tantôt Guigues 1 , en tant que souverain du Viennois. Nous adopterons la seconde option, qui s’est imposée. Né aux alentours de l’an 1000, ce personnage était donc issu d’une lignée déjà connue et prospère. La famille s’était établie sur une éminence admirablement située, à Albon : on peut encore y voir de nos jours la motte castrale, où dominent les vestiges d’une tour-donjon de 10 m de haut. Comme d’autres à la même époque, ces Guigues devaient autant leur ascension au vide politique dû à la faiblesse des rois de Bourgogne qu’à leurs propres talents, augmentés d’un réseau familial efficace. L’oncle de
1 Cf. par exemple leRegeste dauphinois(R.D. dans la suite) n. 1104, qui cite un domnus GuiguoGuigues) et sa femme Gandalmoda qui font vers 934 (seigneur une donation à l’abbaye de Cluny, consistant en des domainesin villa que dicitur Vugon(traduit comme Vion) sur la rive droite du Rhône.
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Guigues, Humbert († v. 1025), avait été évêque de Grenoble pendant plus de trente ans ; il eut pour successeur son probable cousin Mallen. Le propre frère de Guigues fut évêque de Valence, et son fils cadet lui aussi évêque de Grenoble. Déjà possessionné dans la région (il se disait comte dès 1016), Guigues étendit son pouvoir sur la partie Sud du comté de Viennois aux alentours de 1030. On a longtemps écrit que c’était l’archevêque de Vienne Burchard (ou Bouchard) qui, en 1029, lui avait inféodé ce territoire, la partie Nord revenant quant à elle au comte de Maurienne, Humbert aux Blanches Mains, qui fut à l’origine de la maison de Savoie. Cette théorie, qui ne s’appuie sur 2 aucun texte connu à ce jour , est sujette à caution, mais l’essentiel demeure. Et c’est ainsi qu’à l’orée du nouveau millénaire les deux lignées de Savoie et de Dauphiné prirent leur essor, telsdeux enfants jumeaux de la féodalitéLetonnelier), constituant (Gaston progressivement deux Etats féodaux sur les décombres du défunt royaume de Bourgogne. Pour sceller leur entente, Guigues donna en 1030 sa fille Alix en mariage à Amédée, fils d’Humbert aux Blanches Mains. Mais hélas, les deux frères jumeaux, loin de s’entendre, se combattirent et s’entredéchirèrent, tels Romulus et Remus, pendant trois siècles. er Entre 1039 et 1043, Guigues 1 reçut de l’empereur Henri III l’investiture du Briançonnais. La possession de cette région du Montgenèvre, qui s’étendait sur le versant est des Alpes, lui assurait une position clé puisqu’il contrôlait ainsi l’un des principaux points de passage entre France et Italie, l’autre étant le Mont-Cenis, aux mains du comte de Maurienne. Dès lors, la maison d’Albon n’eut de cesse de résorber les solutions de continuité dans ses territoires. Pour cela, Guigues poussa ses pions dans les vallées du Drac et de la Romanche. Il s’implanta aussi dans la vallée de l’Isère et jusqu’en Grésivaudan, dans des conditions mal connues. Peut-être l’évêque de Grenoble Mallen, son cousin, concéda-t-il à son parent après la mort du dernier roi de Bourgogne une part indivise des possessions territoriales de l’Eglise de Grenoble en Grésivaudan. Quoi qu’il en soit, cette
2 Georges de Manteyer estime que cette inféodation eut lieu entre le 14 septembre 1029 et le 22 octobre 1030, mais il est vrai qu’on n’en trouve nulle trace dans R.D.
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