Les pauvres au secours de Dieu... ?
241 pages
Français

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Les pauvres au secours de Dieu... ? , livre ebook

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Description

Dans le contexte actuel de crise financière et de crise économique générale, l'auteur se retrouve plus que jamais au coeur d'une question qui se posait déjà hier : une économie par qui pour qui ? Comme homme, ouvrier, chrétien, prêtre-ouvrier, il refuse de chercher des boucs émissaires à qui il pourrait faire porter le chapeau de cette crise. Ce monde nouveau est de la responsabilité de chacun, de chacune.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2009
Nombre de lectures 71
EAN13 9782296674011
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les pauvres au secours de Dieu… ?
© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-08410-0
EAN : 9782296084100
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Jean Risse
Les pauvres au secours de Dieu… ?
Prêtre-ouvrier dans un monde du travail en crise
Deuxième édition revue, corrigée et augmentée
L’Harmattan
INTRODUCTION
Les différents débats que ce livre – première édition – a suscités m’ont amené à le relire, à préciser certains passage, à le compléter, en particulier par un chapitre sur l’histoire des relations des ouvriers avec l’Eglise. D’où cette deuxième édition.
Ce n’est pas le livre d’un historien, Ce livre ne relate que le combat d’hommes et de femmes libres, hommes et femmes qui veulent garder la responsabilité de leur vie, hommes et femmes qui ont faim et soif de justice. Ils ne sont pas toujours compris, ni par les autorités ni par l’Eglise. Combats qui rassemblent chrétiens et autres croyants, incroyants et athées : tout en se battant ensemble contre toutes les formes de violences, ils se partagent leurs questions, leurs convictions, leurs doutes. Le chrétien que je suis, et je ne suis pas le seul, prétend que ces affamés de justice révèlent quelque chose du vrai visage de Dieu, un Dieu passionné par l’avenir de l’humanité, et en même temps inquiet, il ne peut que respecter la liberté qu’il a donnée aux hommes et femmes. Ce sont ces hommes, ces femmes qui ont écrit ce livre, et qui font l’unité de ce livre.
Dans ces quelques pages, l’acteur et témoin que je suis, voudrait rendre compte de ce qui se passe en « terres ouvrières. » J’ai écrit ce livre « avec » mes camarades de travail du bâtiment, de la sidérurgie, de la Sollac {1} en particulier, de la CFDT, de la CGT, d’autres syndicats, « avec » les prêtres-ouvriers de Moselle : Aloyse, Bernard, François, Mario, Philippe, « avec » mes voisins de quartier – Hagondange, Metz, Florange, Hayange-Marspich, Montigny-lès-Metz –, « avec » toutes celles et ceux que j’ai rencontrés plus ponctuellement au hasard des circonstances, des actions, « avec » ma famille dont la vie est à l’origine de ma vocation de prêtre-ouvrier. A chaque paragraphe, presque à chaque ligne, je pourrais mettre des noms, des visages. Je leur devais ce compte-rendu ainsi qu’à tous ceux qui, comme eux, ont faim de justice.
Pour les événements du passé j’ai fait appel aux témoins d’hier et aux historiens, en particulier Pierre Pierrard. {2}
Ce compte-rendu s’adresse aussi à l’Eglise que j’ai « mouillée », à la Mission Ouvrière avec laquelle j’ai travaillé quotidiennement et que, j’espère, n’avoir pas trahie : les militants de l’Action catholique ouvrière, de la Jeunesse ouvrière chrétienne, les responsables de l’Action catholique des enfants. Une Eglise que j’ai voulue accueillante, à l’écoute des gens, du peuple, des ouvriers. Elle n’y a rien perdu, au contraire. Ces hommes, ces femmes, sont porteurs d’une Parole « faite chair », une Parole à laquelle personne n’arrive à imposer le silence.
Je tenais à faire ce compte-rendu parce que la Bonne Nouvelle pour tous les hommes et toutes les femmes ne m’appartient pas, je ne peux donc pas faire n’importe quoi de cet Evènement.
1 UNE HISTOIRE COMMENCEE DEPUIS LONGTEMPS
L’histoire des prêtres-ouvriers a une préhistoire qui va patiemment préparer des prêtres à rejoindre les ouvriers sur leurs chantiers.
Ce chapitre parcourt rapidement l’histoire du combat des ouvriers du 19 ème siècle au début du 20 ème au cœur même de l’histoire de la société française, au cours de laquelle Eglise s’est, plus d’une fois, retrouvée au travers de leur route.
« L’ouvrier » apparaît avec l’industrialisation du pays qui est à peine amorcée au moment de la révolution française et qui va se prolonger tout au long du 19 ème et de la première moitié du 20 ème . En même temps que les ouvriers prennent conscience durant cette période d’industrialisation de la place qu’ils ont ou devraient avoir dans l’économie et dans la société, ils découvrent une opposition à leurs revendications. Ils vont être obligés de se faire entendre, donc de s’organiser. Ce qui va donner naissance au mouvement syndical ouvrier.
Pendant ce temps, la France, jusque là essentiellement rurale, va se transformer en un pays industriel et que va apparaître « l’ouvrier. » La société française, jusque là société hiérarchisée, va se transformer, non sans difficulté, en société un peu plus égalitaire. Ce qui ne sera pas sans conséquence sur la vie sociale du pays, sur la vie des hommes et des femmes.
Les trois « Etats » ou « Ordres » qui avaient le pays en main au moment, et à la sortie de la révolution : l’Aristocratie, le Clergé et le Tiers-Etat, une fois le roi renversé, vont tout faire pour garder les rênes du pays en main, pour qu’il ne tombe pas entre les mains de n’importe qui.
Le peuple qui avait accueilli avec joie la nouvelle devise de la République : liberté – égalité - fraternité, et la suppression des privilèges, ne voulait pas non plus que cet avenir lui échappe.
L’Aristocratie et le Clergé représentent à peu près 5% de la population française. Et si le Tiers-Etat représente 95% de la population, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne : entre le bourgeois des villes et l’ouvrier agricole il n’y a pas photo. Parlant du Tiers-Etat, certains historiens préfèrent parler d’une bourgeoisie aisée, peut-être 10 à 15% de la population. Et quant au reste de la population (80%), ils préfèrent parler du « 4 ème ordre », des hommes et des femmes qui n’ont pas souvent l’occasion de s’exprimer. Cette société est en plein bouleversement.
Les ouvriers ne peuvent que faire partie du « 4 ème Ordre. » Très vite ils manifestent leur intention de ne pas en rester là. A mesure que le pays s’industrialise, leurs revendications se préciseront, en particulier l’installation de la République, avec la disparition des trois ordres et de la conception pyramidale de la société. Plus ils deviendront exigeants, plus la répression sera dure, même sanglante à certains moments.
Les gardiens du temple … ou de l’Ordre à l’œuvre.
On est encore en pleine révolution que la loi Le Chapelier de 1791, sur la liberté d’entreprendre, interdit aux ouvriers de se « coaliser. » Les entreprises ont besoin des ouvriers, mais dans leur vie de travail comme dans la société ils n’ont pas le droit à la parole. Ce délit de coalition ne sera aboli qu’en 1864. Et le droit de s’organiser ne sera accordé aux ouvriers qu’en 1894… Un siècle de lutte ! Ce droit ne sera mis en place, dans certaines entreprises, qu’après 1950 !
Napoléon 1 er veillera avec soin à l’application de la loi Le Chapelier : une loi de 1803 obligera tout travailleur à être porteur d’un carnet sur lequel figurera tout son passé et son activité de travailleur. Le code civil mis en place par le même Napoléon privilégie l’employeur par rapport à l’employé.
Pendant que les nostalgiques de la royauté, Louis XVIII, Charles X, Louis-Philippe, et quelques aristocrates, tentent de la rétablir, les ouvriers, eux, tentent de se faire entendre. Ils participeront aux trois révolutions que connaîtra le siècle.
En juillet 1830, changement de dynastie : Charles X est obligé de laisser la place à Louis-Philippe. Le peuple, dans la misère, profite de l’événement pour se soulever. La répression sera terrible : 800 morts.
En 1848, chute de la royauté et avènement de la II ème République. En février le gouvernement crée des ateliers nationaux pour donner du travail aux ouvriers, ces ateliers comprendront jusqu’à 120.000 ouvriers. La nouvelle assemblée (conservatrice) les fait fermer. Les ouvriers descendent dans la rue. Lors des événements de juin, la peur de l’ouvrier révolté par la misère et le chômage, vont engendrer une sanglante répression : déportation, fin de la liberté de presse, fin des clubs, allongement de la durée du temps de travail. Il y aura 4.000 tués parmi les

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