Plongée dans l enseignement social de l Eglise
306 pages
Français

Plongée dans l'enseignement social de l'Eglise , livre ebook

306 pages
Français

Description

L'auteur a cherché à satisfaire ceux qui désirent avoir une idée globale et précise de l'enseignement social de l'Eglise, en connaître le contexte et les retombées historiques et découvrir, bibliographie à l'appui, la quintessence de ces principaux documents, de Léon XIII à Benoît XVI, le pape François n'ayant pas encore publié de document social en tant que tel. Les chapitres se lisent indépendamment les uns des autres.

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Informations

Publié par
Date de parution 15 novembre 2014
Nombre de lectures 16
EAN13 9782336362472
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Véronique Gay-Crosier Lemaire
Plongée dans l’enseignement social de l’Église
Étude approfondie des principaux textes du Magistère de l’Église catholique en matière sociale, économique et politique
Préface du frère Tanguy-Marie Pouliquen
Plongée dans l’enseignement social de l’Église Étude approfondie des principaux textes du Magistère de l’Église catholique en matière sociale, économique et politique
Religions et Spiritualité fondée par Richard Moreau, Professeur émérite à l'Université de Paris XII dirigée par Gilles-Marie Moreau et André Thayse, Professeur émérite à l'Université de Louvain La collectionReligions et Spiritualitédivers types rassemble d’ouvrages : des études et des débats sur les grandes questions fondamentales qui se posent à l’homme, des biographies, des textes inédits ou des réimpressions de livres anciens ou méconnus. La collection est ouverte à toutes les grandes religions et au dialogue inter-religieux. Dernières parutions Francis LAPIERRE,L’évangile oublié. Nouvelle édition revue et corrigée, 2014. François ORFEUIL,Approches de la bible. Un orthodoxe lit des textes, 2014. Francis WEILL,Le jour où Dieu pleurera, Conte philosophique sur l’absence de Dieu, 2014. Sameer MAROKI,Les trois étapes de la vie spirituelle chez les Pères syriaques : Jean le Solitaire, Isaac de Ninive et Joseph Hazzaya, 2014. Don-Jean BELAMBO,La réception de la théorie de l’évolution dans e la théologie catholique du XX siècle, 2014. Anne-Claire MOREAU,Peuples, guerres, et religions dans l’Amérique du Nord coloniale, 2014. Francis WEILL,Dictionnaire alphabétique des versets des douze derniers prophètes(2 vol.), 2014. Philippe BEITIA,Le culte local des Papes dans l’Église catholique, 2014. Ataa DENKHA,L’imaginaire du paradis et le monde de l’au-delà dans le christianisme et dans l’islam, 2014. Frère Etienne GOUTAGNY,La manne du désert : petit dictionnaire des noms communs bibliques à la lumière des Pères du désert, 2014. Michel SALA,: une lectureYHWH ou l’économie du sang girardienne de l’Exode biblique, 2014. Joannès PRAZ (chanoine),Mgr Alexandre Caillot (1861-1957), évêque de Grenoble, 2013. Bruno FLORENTIN,Appréciations et réalisations dans le livre de la Genèse, 2013. Matthieu ROUILLÉ D’ORFEUIL, «Dieu existe-t-il ? » et autres questions chrétiennes dans un monde qui souffre, 2013.
Véronique Gay-Crosier Lemaire PLONGEE DANS LENSEIGNEMENT SOCIAL DE L’ÉGLISE
Étude approfondie des principaux textes du Magistère de l’Église catholique en matière sociale, économique et politique Préface du frère Tanguy-Marie Pouliquen L’Harmattan
Nihil obstat :
Blagnac, le 22 octobre 2014
Frère Tanguy Marie POULIQUENCB, censeur désigné
Imprimatur :
Fribourg, le 4 novembre 2014
Charles MORERODOP, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg © L’Harmattan, 2014 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-04001-1 EAN : 9782343040011
PRÉFACE
Le livre de Véronique Gay-Crosier Lemaire s’inscrit dans une nouvelle génération d’ouvrages qui veut rendre accessible l’Ethique Sociale de l’Eglise Catholique (ESE) sans pour autant tomber dans la vulgarisation facile. L’intérêt immédiatement perçu est le cheminement historique que propose l’auteur, d’enraciner son lecteur dans les textes du magistère, ce qui donne du crédit à la lecture et invite à une analyse sérieuse (étude du contexte, argumentation du texte, récapitulation) non sans susciter un désir d’enga-gement. La visée ultime de l’ouvrage est peut-être bien là. Le théologien Hans Urs von Balthasar comparait la situation du chrétien – en fait de tout homme – à quelqu’un qui va à l’opéra : après avoir admiré le drame joué (de la foi chrétienne) il lui faut monter sur la scène de la vie réelle et vivre à son tour son rôle dans l’histoire du salut qui est aussi l’histoire du monde. Passer du stade de spectateur à celui d’acteur, voilà ce que propose de manière dynamique l’ESE. Si l’option méthodologique de l’auteur est également synthétique, l’approche historique permet de ne jamais laisser filer les prises de position de l’Eglise en matière sociale de manière atemporelle. Il en ressort une théologie morale dans l’histoire, ouverte, comme le suggère le sens même de l’ESE, à une vie sociétale en devenir. Rien n’est figé, tout est à construire, ensemble, à partir d’un socle : ne jamais séparer le bien de la personne de son déploiement dans le bien commun. Le socle personnaliste de l’ESE oriente son dynamisme concret. Une attitude transversale imprègne cet engagement sociétal : le don de soi. Loin d’être un programme, l’ESE propose des repères qui sont autant de principes visant à inspirer l’agir, finalement à le transformer. Le mouvement vient de l’intérieur pour s’exprimer à l’extérieur, dans le monde tel qu’il est. Il en découle une articulation fondamentale : l’éthique sociale est intrinsèquement reliée à l’anthropologie morale. L’engagement est en fait un fruit humain, le résultat d’un dynamisme qui construit la société parce qu’il construit l’homme, lui qui est le centre et le sommet permanent de toute réalité sociale. Ce centre est en son cœur celui du don : « L’amour dans la vérité place l’homme devant l’étonnante expérience du don. La gratuité est présente dans sa vie sous de multiples formes qui souvent ne sont pas reconnues en raison d’une vision de l’existence purement productiviste et utilitariste. L’être
humain est fait pour le don ; c’est le don qui exprime et réalise sa dimension de transcendance » (Caritas in Véritate34). Cette citation de Benoît XVI en 2009, à une époque où la crise économique et sociale se répand rapidement dans le monde occidental, rend explicite la pierre d’angle personnaliste de la Constitution pastorale de Vatican II : « L’homme est la seule créature que Dieu a voulu pour lui-même, l’homme se trouve lui-même dans le don désintéressé (sincerum donum) de lui-même » (Gaudium et Spes24§3). Ce lien entre le don et la morale sociale n’est pas sans s’opposer à l’individualisme postmoderne. Il permet de comprendre comment la construction intégrale de la personne est au fondement du développement intégral des sociétés. La réalité relationnelle vient confirmer cette affirmation de principe : la volonté de vivre ensemble entre hommes est conditionnée par le regard sur son vis-à-vis le plus immédiat. Dis-moi quelle est ta vision de la personne, je te dirai comment nous pourrons nous aider l’un l’autre. Le fondement personnaliste de l’ESE balaye les critiques de moralisme en mettant en valeur la croissance de l’homme comme la condition de crédibilité des normes sociales. L’homme est appelé à grandir, à croître dans sa propre histoire, croissance qui stimulera également celle de ses concitoyens et la joie de chercher ensemble à construire une société meilleure. Pourquoi, si ce n’est parce que le bien commun se construit sur le bien des personnes, qui, lui-même, est porté par une quête intégrale que définit l’anthropologie du don. En fait la personne humaine est traversée par un quadruple don. - Le don reçu tout d’abord. Le don nous colle à la peau. Notre vérité personnelle « nous est avant tout donnée » (Caritas in Veritate34). Ce don initial, gratuit, est d’abord celui de notre origine, celui du don de l’existence même, qui renvoie à celle d’un Créateur bienveillant ; puis celui de nos parents dont l’étreinte amoureuse continue dans la lignée que nous perpétuons ; enfin, de la société dont l’organisation précède notre venue historique. Non seulement le don est reçu, mais accompagné d’une qualité propre : ce don premier est gratuit. La gratuité nous colle elle aussi à la peau. Que n’ai-je pas d’abord reçu ! - Le don intégré. Chaque personne créée ne fait pas nombre avec les autres personnes rencontrées. Chaque "je" personnel est unique. Son désir de liberté le manifeste chaque jour. La relation au groupe n’absorbe de ce fait pas l’identité de chacun même si l’essence humaine est partagée par tous. Il y a bien un genre humain, commun. Mais l’homme, s’appuyant sur ce donné naturel, doit se trouver lui-même, revêtir existentiellement une manière d’être spécifique. La vie en société doit aider chacun à se trouver, à se réaliser, à devenir libre et cette liberté ne peut se monnayer même au prix fort. A la société de donner à chacun de la place pour exister donc de manière personnelle. A chacun également d’oser risquer "sa" vie. Les affirmations d’autonomie psychique trouveront néanmoins leur sens dans l’accueil du don reçu, celle d’une dépendance ontologique ou spirituelle. Si je veux être moi-même, c’est parce qu’avant tout je suis donné à moi-même (par l’être et la
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grâce). Socialement, le regard du visage d’autrui est celui d’une unicité non pas à dévisager mais à accueillir comme un don : le vivre ensemble social est porté par un je qui se déploie en accueillant de manière concomitante celui de son concitoyen. Il n’est pas possible de dire "Moi, c’est moi, et t’es (tais) toi". - Le don offert. Le désintéressement du don de soi est comme la réponse au don gratuit reçu par le Créateur, par la famille et la société. Ce que j’ai reçu gratuitement est comme fait pour être redonné gratuitement, accompagné du génie personnel de chacun, en plus. Cette logique vitale n’est pas une simple déduction logique mais une dynamique personnalisante qui rend public le don de la vie. L’homme se trouve donc lui-même dans le don qui prend le nom de partage personnalisant : les principes de l’ESE, que sont le bien commun, la destination universelle des biens, la solidarité imprégnée d’option préférentielle pour les pauvres, la subsidiarité et la participation, sont autant d’espaces relationnels personnalisant pour canaliser le don de soi. Le cardinal Henri de Lubac soulignait que dans la vie l’exigence sur l’autre n’avait pas lieu d’être, la seule chose qu’il fallait en fait exiger était de ne rien exiger. La gratuité du don est le reflet de cette anti-exigence, anti-pouvoir sur l’autre, peut-être aussi sur soi-même. - La communion est le terme du don mais aussi de la vie ecclésiale comme de la vie sociale : vivre ensemble en paix dans l’amour. Le don offert doit se transformer à nouveau en don reçu, cette foi-ci non par moi mais par l’autre. Le consentement de la liberté d’autrui au don de ma présence et de mon offrande confirme la volonté de vivre ensemble dans un climat de bienveillance diffuse. L’homme est convié à imprégner la vie sociale de ce don gratuit. La sphère économique n’est pas exempte d’une telle invitation : « La doctrine sociale de l’Eglise estime que les relations authentiquement humaines, d’amitié et de socialité, de solidarité et de réciprocité, peuvent également être vécues même au sein de l’activité économique et pas seulement en dehors d’elle ou ‘après’ elle. La sphère économique n’est pas par nature, ni éthiquement neutre ni inhumaine, ni antisociale. Elle appartient à l’activité de l’homme et, justement parce que humaine, elle doit être structurée et organisée institutionnellement de façon éthique [...] Dans les relations marchandes le principe de la gratuité et la logique du don, comme expression de la fraternité, peuvent et doivent trouver leur place à l’intérieur de l’activité économique normale » (Caritas in Veritate36). Le gagnant-gagnant dans les affaires peut être le commencement d’un partenariat fraternel. La confiance est le fruit de cette dynamique du don. Elle trouve dans l’histoire de chacun à chaque fois une expression unique source de richesse pour tous. L’inverse est par contre redoutable, particulièrement en cette période lancinante de crise. « Sans formes internes de solidarité et de confiance réciproque, le marché ne peut pleinement remplir sa fonction économique. Aujourd’hui, c’est cette confiance qui fait défaut, et la perte de
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