Silence, on socia-lyse

Niakan Ha'Iri Diarra

Description

Comment parler de soi sans verser dans le grandiloquent ou dans le misérabilisme ? Comment parler de l'institution sans verser dans la critique caricaturale ? Cette tentative d'autobiographie dans une Eglise de plus de cent ans n'est pas un plaidoyer pro domo.

Sujets

• Autobiographie
• Récit
• Témoignage
• Religión
• Lettres et linguistique

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 février 2012
• Nombre de lectures: 14
• EAN13: 9782296482753
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

SILENCE, ON « SOCIA-LYSE »...
CE PRETRE VENU DU « PAGANISME »
Niakan Ha’iri DIARRA SILENCE, ON « SOCIA-LYSE »...
CE PRETRE VENU DU « PAGANISME »
Niakan Ha’iri DIARRA










© La Sahélienne, tous droits réservés.
Siège social : Bako Djikoroni Ouest, Bamako (Mali)
E-mail : [e-mail]

Site : www.editionslasahelienne.net

Tél. : + 223 66 79 24 40

ISBN : 978-99952-54-46-9

Dépôt légal : Bibliothèque nationale du Mali, 2011.

Mise en page : Marc Dembélé





© L'HARMATTAN, 2012
5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
[e-mail]
[e-mail]

ISBN : 978-2-296-96326-9
EAN : 9782296963269 50 VOIX
À l’heure du cinquantenaire des indépendances africaines, certains
esprits sont en train de tenter de capturer l’énergie des sociétés civiles et des
moindres groupes organisés pour les engager dans une « année de festivités ».
Nous proposons de laisser la fête là où elle est. De sortir la tête de la fête. Pour
nous interroger, débattre, capitaliser, regarder l’Afrique droit dans… ses
réalités, construire des projets de société portés par le livre et l’écrit !
« 50 voix » est une collection pour les textes littéraires, les comptes
rendus de travaux de recherches, les témoignages, les biographies,la réflexion
critique et la protestation citoyenne.
Appel à manuscrits
Si vous avez un projet de ce type à soumettre aux éditions La Sahélienne,
envoyeznous-en un court descriptif par e-mail à l’adresse suivante : [e-mail].
Si vous avez des difficultés pour passer au stade de l’écriture, demandez-nous conseil
ou faites-vous aider en rejoignant notre atelier d’écriture. Vous pourrez enregistrer vos
témoignages oraux et les structurer avec l’appui de professionnels.
Pour plus d’information sur nos activités, contactez-nous à cette même adresse e-mail
ou consultez la page Facebook de La Sahélienne (onglet « Articles »).SILENCE, ON « SOCIA-LYSE »...
Essai
C’est l’étrange passion de dire notre vie, comme cela, sur-le-champ et
entièrement (…) Une tentative novice d’un amateur qui se refuse à accepter l’étiquette
d’homme de lettres ou d’écrivain, une tentative sans prétention de maîtrise ou
de magistrature.
E. Bloch, Traces, 1930
7NIAKAN HA’IRI DIARRA
AVANT-PROPOS
Après « Silence, on boit… », qui exposait la trajectoire dans l’alcool du jeune
prêtre Niakan, il revient cette fois avec « Silence on social-yse…». « Socia-lyser »
est un néologisme qu’il emprunte pour exposer une expérience qui n’est pas
simple. Socialiser est le concept le plus indiqué et nous savons tous ce qu’il
draine en termes d’éducation, d’insertion sociale, de configuration active d’un
enfant à un milieu, etc... En usant du concept de « social-yser », il a voulu faire
aller ensemble « socialiser » et « -lyse », le dernier concept voulant dire (élément
final, dissolution, solution). Et pourquoi pas « destruction d’éléments
organiques (tissus, cellules, microbes) sous l’action d’agents physiques, chimiques ou
biologiques !… « Silence, on social-yse… » est l’alchimie de plusieurs
éducations et le résultat qu’elle donne. Comment le petit « galopin » issu d’une
famille dite « païenne », famille, recomposée de surcroit, est-il devenu ce qu’il
est aujourd’hui : prêtre de l’Eglise catholique, « turbulent », de la turbulence de
ceux qui refusent les immobilismes inhibiteurs ; frondeur de la caste des Buwa ;
universitaire confronté aux sciences sociales qui interrogent et inquiètent sa
trajectoire sociale et sa position dans l’échelle sociale ? Déracinement social et/ou
culturel ? Dans ses premiers travaux en sociologie, Pierre Bourdieu a été frappé
par ce qu’il appelait le « déracinement » de l’agriculteur algérien des campagnes,
obligé de se contenter d’un « sabir culturel » parce qu’il se sent obligé de
cumuler les avantages de deux systèmes en poursuivant des fins mutuellement
1incompatibles ressortissants aux deux logiques opposées . Précédée par la
violence physique qui fut son cadre logique et concomitante avec une certaine
violence symbolique qui fut son vecteur d’expansion, on a l’impression que le
christianisme romain se préoccupa d’abord de déconstruire l’homme africain,
ainsi que tous les cadres sociaux qui furent les siens, pour accoucher d’un fidèle
2chrétien aliéné .
1. On lira avec profit, Pierre Bourdieu et Abdel Malek Sayad, Le déracinement, La crise de
l’agriculture traditionnelle en Algérie, Paris, Les Editions de Minuit, 1964, plus
spécialement le chapitre VIII, Le sabir culturel, pp. 161-177
2. F. Eboussi Boulaga a merveilleusement analysé ce processus dans Christianisme sans
fétiche, Révélation et domination, Paris, Présence Africaine, 1981.
8SILENCE, ON « SOCIA-LYSE »...
Il faut cependant savoir que dans sa prétention à l’hégémonie, la proposition
chrétienne, malgré son recours aux artifices pour « appâter » puis, pour «
capturer » l’indigène, ne sut et ne put jamais circonvenir totalement l’espace
africain. En effet, recourant aux ressources de l’indiscipline et de l’indocilité,
l’indigène a commencé très rapidement à contourner le prêtre et ses coutumes. Le
fameux « retour » aux pratiques dites « anciennes/traditionnelles » en est
l’élo3quente illustration . On nous dira que désormais, le christianisme est
désormais « bien de chez nous », il s’est « tropicalisé » en s’adaptant à l’Afrique, à
moins que ce ne soit l’Afrique qui se soit « acculturée » au christianisme ! Tout
cela dépend de là où se tient celui qui tient le discours.
Sommes-nous des « déracinés » ou des chrétiens tout court ou des « acculturés »
par rapport aux cultures qui nous ont portés et modelés à un certain moment
de notre trajectoire personnelle ? Ce n’est pas toujours simple de répondre à
cette question. Dans tous les cas, les problèmes récurrents de « pathologies
identitaires » du prêtre, laissent suggérer que nous sommes alors dans des cas de
perturbation des référents identitaires qui conduisent ou découlent de crises de
4l’identité psychosociale . « Silence, on social-yse… », marque décidément un
pas vers la maturité à laquelle Niakan voudrait tendre. Depuis toujours, nous
avons « honte » de parler de nous-mêmes, de nos origines, de nos
appartenances ; chacun se cachant derrière un anonymat de façade. Dans un Mali où
le « paraître » est la première préoccupation, nul ne veut « s’exposer » au regard
des autres. Chacun dissimule au maximum son extraction sociale et « surfe » sur
ce qu’il parait être. En prenant le risque de présenter sa famille dans sa « nudité »,
ce père faible « reniflard » dominé par sa « folle de femme », dans une famille
qui n’arrive pas à joindre les deux bouts, il ne livre pas sa famille en pâture, au
contraire, il veut dire la « grandeur » de cette famille. Comment, dans
l’adversité, alors que tout semblait se liguer contre elle, elle a engagé la lutte pour la
survie.
Parce que, c’est bien de « survie » qu’il s’agit ! Quand on n’a rien à manger ni à
« porter », quand on est « largué » par tout et que l’instinct de survie permet de
« manger » n’importe quoi pour nourrir le souffle de vie qui bat en soi et qu’on
3. Achille Mbembe, Afriques Indociles, Christianisme, pouvoir et Etat en société
postcoloniale, Paris, Karthala, 1988, 222 p.
4. On lira avec profit, Alex Mucchielli, L’identité, Coll. Que sais-je ? Puf, Paris, 1987,
127 p.
9NIAKAN HA’IRI DIARRA
sort de tout cela sans s’en prendre aux hommes et à Dieu, c’est que