Souvenirs et impressions d un voyage en Italie
95 pages
Français

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Souvenirs et impressions d'un voyage en Italie , livre ebook

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Description

Lundi 14 novembre.« Il nous serait impossible de vous dire ce qu’on éprouve lorsque Rome vous apparaît tout à coup... La multitude des souvenirs, l’abondance des sentiments vous oppressent ; votre âme est bouleversée à l’aspect de cette Rome qui a recueilli deux fois la succession du monde, comme héritière de Saturne et de Jacob. » (Chateaubriand.) C’est bien là, en effet, l’impression qui vous saisit lorsque pour la première fois, on foule le pavé de cette ville.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346076383
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.

L. Dumond
Souvenirs et impressions d'un voyage en Italie
PROPRIÉTÉ DE L’ÉDITEUR
Le lundi 7 novembre 1887, à six heures du matin, la gare de l’Est, à Paris, malgré l’heure encore matinale pour la saison, présentait une animation inaccoutumée. Deux cents voyageurs environ, tous munis de valises et de couvertures de voyage, se pressent dans la salle des Pas-Perdus de la ligne de Mulhouse, paraissant sur le point d’accomplir un assez long voyage. Ce sont des ecclésiastiques, des messieurs et des dames toutes vêtues de noir, qui, en effet, entreprennent le voyage d’Italie et de Rome, et qui vont déposer aux pieds de S.S. Léon XIII, notre Pape bien-aimé, avec leurs hommages, les hommages de ceux qu’ils vont représenter au Tombeau des Apôtres. J’avais le bonheur de faire partie de cette pieuse caravane, et pour conserver plus fidèlement le souvenir de tout ce que j’ai vu, des impressions que j’ai éprouvées, des beautés naturelles et artistiques qu’il m’a été donné d’admirer, je les confie simplement au papier, convaincu d’ailleurs que jamais ma mémoire n’en perdra complètement le souvenir.
A six heures trente-cinq, nous quittons Paris. Un mot de mes compagnons de voyage, bien que je ne les connaisse pas encore. Car je dois dire que je suis un intrus au milieu de ce Pèlerinage, organisé pour les diocèses de Coutances et de Bayeux. Mais mon intrusion est de courte durée, car, avec une amabilité que j’ai été très heureux, mais non étonné de rencontrer chez ces braves Normands, on m’accorde immédiatement droit, non de cité, mais de wagon, et me voici naturalisé Normand pour presque un mois : Civis normannus ego sum.
Je me trouve d’ailleurs tout de suite pour ainsi dire en pays de connaissance. Outre que la contrée normande ne m’est pas tout à fait inconnue, et que je puis leur parler de visu de Caen, de Bayeux, de Cherbourg, je trouve parmi mes compagnons de voyage et de compartiment un excellent curé normand qui, paraît-il, a souvent entendu parler de moi, comme moi-même d’ailleurs j’ai entendu parler de lui. Et puis, il n’y a plus ici, ni Normands, ni Picards, il n’y a que de bons chrétiens qui font ensemble le Pèlerinage de Rome, et si le train spécial qui nous emporte est composé presque exclusivement de personnes habitant le verger de la France, la contrée que nous traversons ne ressemble guère à cette fertile province, patrie des pommes et des gras pâturages. Elle est presque aussi stérile que la Normandie est plantureuse : et je constate, une fois de plus, car je suis déjà passé par là il y a six semaines, que l’on a eu raison de l’appeler Champagne pouilleuse. Nous voyons, en passant, la capitale, la ville de Troyes, et j’y reconnais, avec la flèche de l’église Saint-Remi, la tour de la cathédrale que j’ai visitée dernièrement, ainsi que la magnifique église gothique de Saint-Urbain. Voici bientôt Bar-sur-Aube, puis plus loin, après avoir salué en passant l’antique monastère de Clairvaux, la ville de Chaumont, précédée de son beau viaduc. Je donne en passant un souvenir à son église intéressante de Saint-Jean-Baptiste, avec ses portails latéraux si gracieux, à sa vieille tour du XI e siècle, à sa belle promenade de Boulaingrin. La contrée devient alors plus accidentée : nous passons au pied de Langres, avec les deux tours de sa cathédrale ; et-vers trois heures et demie, un petit arrêt de notre train nous permet de jeter un coup d’œil sur l’église de Vesoul, du XVIII e siècle, et fort peu intéressante. Après avoir salué la statue de la sainte Vierge élevée sur la montagne de la Motte, qui domine la ville, nous continuons notre route, et, à la chute du jour, nous arrivons à Belfort, place forte qui couvre le passage ouvert entre les Vosges et le Jura. Malgré le peu que nous voyons de la ville, je n’aurais pas voulu passer sous silence le nom de cette héroïque cité, qui a dû à sa vaillance de rester française après nos désastres de 70.
Voici la nuit. Nous avons encore un long trajet à faire, car nous devons coucher à Lucerne. Ce trajet est interrompu par le dîner, qui a lieu pour tout le monde au buffet de Bâle. C’est tout ce qu’il nous a été donné de voir de la ville. Nous ne visitons guère davantage Lucerne, car, après un repos aussi court que pourtant bien mérité, il faudra partir le lendemain de bonne heure. Les exigences d’un itinéraire très sagement et savamment combiné ne nous permettent pas d’en voir davantage pour le moment. Notre voyage, d’ailleurs, n’a pas pour objectif la Suisse, mais l’Italie. Nous pourrons pourtant jouir, dans le parcours de Lucerne à Milan, de sites magnifiques et de beautés naturelles et artificielles qui mériteront une mention.

Mardi 8 novembre.
Au sortir de Lucerne, voici la Suisse  : ses lacs, ses pics, ses sapins, ses glaciers, ses cascades, ses châlets. Jusqu’au tunnel du Saint-Gothard, et-même au delà, il nous sera donné d’entrevoir toutes ces beautés que la Providence a semées dans ce pays, et que les hommes sont venus animer, comme pour les faire ressortir davantage. Le premier lac que nous longeons est celui de Zug, avec la ville et les villages si coquettement assis sur ses bords ; plus loin, nous voyageons pendant quelque temps sur les bords du lac des Quatre-Cantons, avec la villa de Schwytz, de Brümi, de Flüelen. Peut-on traverser ce beau pays sans saluer le héros qui sut défendre, au XVI e siècle, avec tant de courage, la liberté de sa patrie ? Une chapelle qu’on appelle la Chapelle de Guillaume Tell, s’élève sur le bord du lac pour en perpétuer le souvenir, et sur la rive opposée on aperçoit Grütli, dont la vallée fut le témoin du serment.
La région des lacs déjà très pittoresquement accidentée, fait place à une région plus montagneuse, plus sauvage, mais plus grandiose : nous approchons de la grande chaîne des Alpes Suisses. Le chemin de fer s’engage dans des défilés que bordent des pics élevés, dont le sommet est couvert de neige, et dont les pentes sont garnies de sapins. De temps en temps, une cascade en descend, dont les eaux écumantes ressemblent plutôt à un nuage de neige. Nous suivons la vallée accidentée de la Reuss, pendant quelque temps, puis nous laissons cette rivière sur la droite pour commencer l’ ascension du Saint-Gothard. Cette route est vraiment une merveille d’audace. On ne peut se rendre compte de tous les détours que fait la voie pour que la montée soit plus douce : c’est ainsi qu’on ne s’aperçoit pas dans le wagon confortable, bien chauffé et bien éclairé qui vous emporte que l’on monte dans des tunnels percés en tire-bouchons dans les montagnes ; mais on peut cependant jouir, un peu avant d’arriver au grand tunnel du sommet, du spectacle de la voie superposée en triple lacet par laquelle on vient de passer. Voici la dernière station du versant nord : Goschenen. Un peu plus loin on aperçoit dans la montagne un trou béant ; c’est l’entrée du tombeau momentané qui, pendant un parcours de 14 kilomètres, va nous tenir ensevelis sous la montagne.
Après une nuit de dix-huit minutes, le jour paraît tout à coup : nous sommes sur le versant italien des Alpes, et là un spectacle singulier nous attend. La neige, qui tout à l’heure n’apparaissait qu’au sommet des pics les plus élevés, couvre ici toute la terre. C’est le contraire de ce qui arrive bien souvent, paraît-il car il n’est pas rare qu’après avoir quitté le versant nord couvert de neige, on arrive vers le versant sud, pour y trouver un magnifique soleil.
En sortant de notre tombeau provisoire, nous trouvons la station d’ Airolo : nous sommes encore bien loin d’entrer en Italie, puisque nous devons traverser toute la province du Tessin ; et cependant le village a déjà l’aspect italien, et nous voyons, aux enseignes des maisons de commerce, que l’on y parle déjà la douce langue du si. Il paraît que nous sommes encore à 1,179 mètres au-dessus du niveau de la mer ; aussi, pour redescendre, la voie reprend son système de lacet et de tire-bouchons, comme elle a fait pour monter. Les tunnels deviennent cependant moins fréquents ; nous suivons la vallée ou plutôt la gorge dans laquelle coule le Tessin, et nous pouvons admirer en route quelques be

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