Timon et les ultramontains - Timothée le biblique à Timon le papalin
64 pages
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Timon et les ultramontains - Timothée le biblique à Timon le papalin , livre ebook

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Description

Il n’est pas mal habile, pour mettre ses adversaires en défaut, de leur prêter cette parole : Vous êtes libéral, donc vous devez être irreligieux. Qui a jamais professé, dans le parti libéral, une pareille monstruosité ? Notre symbole, au contraire, n’est-il pas, que chacun doit adorer Dieu selon sa conscience, et que nulle puissance humaine n’a droit de l’en empêcher ? n’est-ce pas nous qui avons inscrit cette sainte maxime, ennemie de toute intolérance, dans nos institutions depuis 1789, jusqu’en 1830 ?Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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Nombre de lectures 1
EAN13 9782346029570
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Georges-Marie Mathieu-Dairnvaell
Timon et les ultramontains
Timothée le biblique à Timon le papalin
*
* *
Toujours assaillant, lorsqu’il prétend rester sur la défensive, Timon moins amer envers les personnes, a redoublé d’acrimonie sur les choses.
Sous prétexte de liberté, il poursuit le gallicanisme, c’est-à-dire le catholicisme libéral, et les sectes chrétiennes qu’il traite avec dédain.
Sa moralité s’effarouche, à côté de celle des pairs et des députés, des magistrats, et des membres de l’Université, et de l’élite de la société française.
Timon n’est rien moins qu’un saint : il sera canonisé à Rome. L’écrit auquel nous répondons, malgré la bizarrerie polémique de son titre, est le meilleur, le plus éloquent de ses pamphlets, sur la question religieuse. Il va au fond des choses.
On y trouve toujours force sophismes ; mais la vérité y est mêlée à l’erreur avec un art qui peut faire illusion.
Il méritait réfutation ; on l’a faite sans injure, comme il pense l’avoir fait lui-même, à l’égard de ceux qui ont usé du droit de critique, sur oui et non ; mais non sans parler de sa personne qu’il a si souvent mise en scène, non et sans répondre aux attaques qu’il s’est cru permises contre MM. Dupin, Cousin, Lamartine et Michelet, qui ne s’étaient pas occupés de lui.
Nul n’est plus que Timon chatouilleux sur la critique, quoique nulle plume ne soit plus aggressive.
Il faut cependant, quand on porte de telles accusations contre son siècle, contre ses contemporains, contre ses collègues, contre ses commettants, quand on crie que le parti libéral en veut au christianisme, qu’on souffre à son tour celles qu’on a méritées comme déserteur de la liberté.
Timon confond à dessein le christianisme, avec une religion exclusive et dominante, dont les ultramontains se sont fait les apôtres, et qui a déclaré la guerre à la religion de nos pères, au progrès des sciences et des lumières.
Voilà ce que nous ne devons pas tolérer : la liberté et le progrès sont pour nous ; le despotisme et l’ignorance sont du côté de Timon, et de ses patrons.

Paris, 50 mai 1845.
*
* *
S’il était vrai, comme le dit Timon dans l’épilogue de son dernier pamphlet, qu’académiciens et universitaires, pairs et magistrats, députés et écrivains de la presse, membres du barreau et négociants, bourgeois et élèves de nos écoles savantes, fussent tous coalisés pour mettre bas le christianisme, c’est qu’apparemment ils croiraient le christianisme dégénéré, et devenu anti-social, celui que professent M. le vicomte de Cormenin et M. le comte de Montalembert, M. Ch. Lenormand et M. le marquis Barthélemy, M. l’avocat de Riancey et M. l’abbé Combalot, M. le chanoine Desgarets et M. le curé Vedrine, M. le chanoine Souchet de Saint - Brieuc et M. l’abbé Moutonnet d’Avignon.
M. le cardinal de Bonald et M. l’évêque Clausel, M. l’archevêque Affre et M. l’évêque Parisis, le révérend père jésuite de Ravignan, et le révérend père dominicain Lacordaire, le bénédictin dom Gueranger le liturgique, et M. Audin, le doux biographe de Luther et de Calvin, poursuivent un système subversif des libertés publiques et des institutions fondées par la charte de 1830 ; leur ultramontanisme tend à constituer la domination d’une seule Eglise sur l’Etat, et l’introduction en France des maximes d’inquisition et d’intolérance, d’absolutisme religieux et politique, qui domine à Rome, et que le pape s’efforce de rétablir, en Espagne, en Portugal et dans tous les États de la chrétienté.
Apparemment ceux que censure Timon ont autant de bonne foi dans leur opposition à ces tendances, qu’en réclame M. le vicomte de Cormenin, quand il affirme qu’il est croyant en Jésus-Christ, et qu’il ne voit la vérité que dans l’Eglise romaine. Est - il en effet chrétien, celui qui célèbre les merveilles produites par Abd-el-Kader en qualité de marabout sur les populations musulmanes ? celui qui le place au-dessus de l’agitateur catholique de l’Irlande, et qui admire O’Connell s’agenouillant avec quatre millions d’hommes devant des prêtres ?
On conviendra bien aussi que la classe des électeurs, les membres des deux chambres, le conseil d’Etat, l’Université, la magistrature sont un peu plus éclairés que ces masses populaires qui battent l’enclume, tissent le coton et cultivent la terre, et qui n’ont pour les instruire que les frères des écoles chrétiennes, quand ils ont le temps ou la volonté d’apprendre à lire.
Timon a fait un appel éloquent aux femmes parce qu’il connaît la mode et la puissance que les prêtres romains exercent sur leur esprit ; parce qu’il sait que la plupart sont élevées dans les couvents, et que malheureusement elles reçoivent une éducation bien inférieure à celle de l’autre sexe,
Nous rendons autant que lui hommage à ce sexe pour les nobles qualités de son cœur, pour sa charité, et pour son dévouement.
Mais nous ne voyons pas que les femmes aient moins de vertus dans l’Angleterre protestante qu’en France, et que le christianisme fût en péril, parce qu’elles ne seraient pas aux genoux de confesseurs jésuites, comme le voudrait Timon, ainsi qu’on le voit en Italie, et dans les Etats romains où règnent le pape et le sacré collége.
Ah ! si les vertus morales étaient plus florissantes à Rome que dans aucun pays chrétien ; si l’on s’éloignait de la vertu à mesure que l’on s’éloigne de cette capitale du monde catholique, nous viendrions courageusement avec Timon, rompre avec le siècle incrédule, et nous jeter dans les bras des ultramontains. Nous nous ferions jésuites sans scrupule, et ne craindrions pas de l’avouer, ce que n’ose pas faire Timon malgré son prétendu courage.
Mais Rome n’est-il pas un des pays les plus corrompus de l’Europe ? l’abus du célibat, et les vices de ce gouvernement de prêtres, n’ont-ils pas fait éclore toutes les bassesses, le libertinage, la luxure, la paresse, l’hypocrisie, la lâcheté, le défaut de toute dignité et de toute liberté ?
Comment Timon a-t-il osé dire qu’il n’y a pas de religion dans l’Eglise gallicane, supposé même qu’elle fût hérétique ou schismatique ?
A son sens il n’y a donc pas eu de religion dans la primitive Eglise ; dans les conciles de la Gaule, qui du quatrième au dixième siècle ont réglé, sans le concours du pape, le culte de nos pères ; dans la France, élisant ses pasteurs et ses évêques jusqu’au funeste concordat de François 1 er  ; sous Clovis et ses successeurs, sous Pépin et Charlemagne, les bienfaiteurs du saint-siége ; sous Philippe-Auguste, refusant de marcher contre les Albigeois ; sous saint Louis, l’auteur de la pragmatique ; sons Philippe-le-Bel, mettant au néant les prétentions d’un Boniface VIII, grâce à l’énergie des Etats-généraux ; sous les Capétiens et les Valois ; sous Henri IV et sous Louis XIV, au temps de Bossuet !
Il ne manque plus à l’audace de Timon que de nous appeler athées, comme O’Connell ou sir Robert Inglis, parce que nous ne voulons pas livrer ce qui reste encore d’indépendance à l’instruction de la jeunesse française (nous disons de celle du peuple comme de celle appartenant à la classe des gouvernants), au monopole du clergé qui s’est fait ultramontain, à ses congrégations de frères, à ses couvents de religieuses enseignantes, à ses petits séminaires, à ses colléges de plein exercice, et à ses pensionnats exclusivement catholiques.
Quoi ! nous serions ennemis de toute relig

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