Mémoires d un paysan
260 pages
Français

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Mémoires d'un paysan , livre ebook

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260 pages
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Description

Jean Pinchon, dans ces Mémoires d'un paysan, préfacés par l'ancien ministre Edgar Pisani, évoque une existence entièrement vouée à l'agriculture : l'enfance dans une famille rurale de Normandie, durant les années 1920 ; les études à l'Agro ; le syndicalisme agricole où le jeune ingénieur côtoie, en particulier, Henri Canonge, Jean-Baptiste Doumeng et Michel Debatisse. Vient ensuite la période des cabinets ministériels, avec des portraits hauts en couleur. Ces Mémoires sont compétés par des lettres de jeunesses et des conférences.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2010
Nombre de lectures 292
EAN13 9782336263670
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296131125
EAN : 9782296131125
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Graveurs de mémoire - Dernières parutions I. - FILS DE PAYSAN II. - « GINETTE » III. - L’AGRO IV. - Voyage à la F.N.S.E.A. 1951-1960 V. - CHARGÉ DE MISSION CHEZ BAUM VI. - CONSEILLER TECHNIQUE DE VALÉRY GISCARD D’ESTAING VII. - AVEC EDGAR FAURE VIII. - UN PAYSAN PLANÉTAIRE : D’AUTRES COMBATS ET D’AUTRES AGRICULTURES IX. - EPILOGUE DOCUMENTS
I - MISSION AUX U.S.A. EN 1952 II - LES POLITIQUES AGRICOLES DE 1939 A 1958 : III - L’EVOLUTION DU COMMERCE INTERNATIONAL DES PRODUITS AGRICOLES ET ALIMENTAIRES AU COURS DE LA PROCHAINE DECENNIE IV - L’AGRICULTURE FRANCAISE ET LE COMMERCE INTERNATIONAL V - LES ENTREPRISES FRANCAISES EXPORTATRICES ET LE CONTEXTE INTERNATIONAL VI - LE DOIGT DE DIEU VII - PRESENCE DE L’AGRICULTURE FRANCAISE DANS LE MONDE VIII - L’AGRICULTURE FRANCAISE, BILAN ET PERSPECTIVE
Mémoires d'un paysan
(1925-2009)

Jean Pinchon
Graveurs de mémoire
Dernières parutions
Jean-Pierre MILAN, Pilote dans l’aviation civile. Vol à voile et carrière, 2010.
Emile JALLEY, Un franc-comtois à Paris, Un berger du Jura devenu universitaire, 2010.
André HENNAERT, D’un combat à l’autre , 2010.
Pierre VINCHE, À la gauche du père , 2010,
Alain PIERRET, De la case africaine à la villa romaine. Un demi-siècle au service de l’État , 2010.
Vincent LESTREHAN, Un Breton dans la coloniale, les pleurs des filaos, 2010.
Hélène LEBOSSE-BOURREAU, Une femme et son défi , 2010.
Jacques DURIN, Nice la juive. Une ville française sous l’Occupation (1940-1942) , 2010.
Charles CRETTIEN, Les voies de la diplomatie, 2010.
Mona LEVINSON-LEVAVASSEUR, L’humanitaire en partage. Témoignages , 2010,
Daniel BARON, La vie douce-amère d’un enfant juif , 2010.
M. A. Varténie BEDANIAN, Le chant des rencontres. Diasporama , 2010.
Anne-Cécile MAKOSSO-AKENDENGUE, Ceci n’est pas l’Afrique. Récit d’une Française au Gabon, 2010.
Micheline FALIGUERHO, Jean de Bedous. Un héros ordinaire , 2010.
Pierre LONGIN, Mon chemin de Compostelle. Entre réflexion, don et action, 2010.
Claude GAMBLIN, Un gamin ordinaire en Normandie (1940-1945), 2010.
Jean-Pierre COSTAGLIOLA, Le Souffle de l’Exil. Récit des années France, 2010.
Jacques FRANCK, Le sérieux et le futile après la guerre , 2009.
Henri-Paul ZICOLA, Les dix commandements d’un patron , 2010.
Albert DUCROCQ, Des Alpes à l’Uruguay. Un pont entre deux rives, 2010.
Edmond BAGARRE, Géologue : une vie de recherches et d’aventures. Afrique, Amérique, Europe, Asie , 2009.
Pierre-Alban THOMAS, De la Résistance à l’Indochine. Les cas de conscience d’un FTP dans les guerres coloniales , 2009.
Elhadj Mohamed Lamine TOURE, Mémoires d’un compagnon de l’indépendance guinéenne, 2009.

Un homme, une époque, l’agriculture et le gouvernement
Un homme est ce qu’il est. Un homme est ce qu’il fait. Il est accompli lorsque son action exprime son être. Jean Pinchon était un paysan, une force de la nature, un ami généreux, attentif, un négociateur habile ; un chrétien. Il était partout en même temps, connaissait tout le monde. Ses qualités et son action lui ont valu d’accomplir une foule de tâches, partout où il est passé : dans le monde agricole, dans l’administration puis, plus tard, dans le secteur privé. Ce qui surprend chez lui, c’est la facilité avec laquelle il adoptait le langage et les attitudes du milieu dans lequel il se trouvait : dans son village auquel il fut toujours fidèle, dans le monde agricole auquel il consacra l’essentiel de sa vie, dans l’administration qu’il servit longtemps, dans les cabinets ministériels, dans le commerce international, à l’Agro dont il était issu et auquel il demeura fidèle. Parmi ses frères paysans aussi bien que dans les cabinets ministériels dans lesquels il servit longtemps. Par une étroite complicité de son mental et de son « cordial ».
Son livre le révèle qui raconte ce qu’il a fait, ce qu’il a pensé et senti. Il est à l’image de ce qu’il était dans le travail et dans la vie. Parfois sévère, très habile, je ne l’ai jamais connu perfide.
Le relisant avant de le préfacer, je puis dire que je n’ai jamais eu la chance de lire un livre qui révèle avec autant de sensibilité, d’intelligence et d’honnêteté, le monde agricole, le commercial, l’administratif et le politique ; qui raconte avec autant de talent ce que nous avons vécu et fait dans les soixante dernières années.
Dans ce livre, il dresse chaleureusement, amoureusement, sans complaisance le portrait de la France qu’il a servie.
Edgard Pisani
I.
FILS DE PAYSAN
Au plus profond de ma mémoire, il y a une terre et il y a un pays, le parfum des pommiers en fleurs et l’odeur des champs labourés, la fraîcheur des rivières au creux des vallons, les lavoirs coiffés de chaume ou d’ardoise. Parce que j’appartiens à cette terre et à ce pays, je suis et je resterai un paysan. J’ai en effet vu le jour en septembre 1925 à Beuzeville, dans l’Eure, non loin d’Honfleur, et j’y ai passé les toutes premières années de mon enfance. En 1930, mes parents s’installent dans une ferme du village de Selles, à deux pas de Pont-Audemer : mon père est alors expert agricole, c’est-à-dire que, titulaire d’un baccalauréat qu’il a préparé durant son adolescence parisienne, il fait des expertises dans le monde rural, pour les tribunaux ou à titre privé, cependant qu’il cultive la terre et élève lui-même ses bovins ; grâce à ses activités d’expert, il fréquente les responsables du syndicalisme agricole naissant, comme Gilbert Martin, et les élus du département, notamment Pierre Mendès France qui devient son ami. Ma mère, elle, est véritablement une femme d’exception : elle étonne le petit garçon que je suis par ses facultés en calcul mental, et, devenue grand-mère, elle se plaindra que nos enfants ne puissent pas la suivre dans cet exercice : très volontaire, elle travaille aussi à la ferme, car, si son père gérait un commerce de tissus à Beuzeville, ses grands-parents étaient bien agriculteurs. Jeune fille, elle aurait aimé devenir médecin, et, à défaut, dans le village, elle soigne bénévolement les malades, fait des piqûres, panse les accidentés du travail, jusque vers 1945 ; après la guerre, les médecins du canton, qui ont toute confiance en elle, attestent de ses capacités auprès de la Sécurité Sociale : elle exerce alors, tout à fait légalement, la profession de soignante, jusqu’en 1960, date à partir de laquelle elle percevra une retraite d’infirmière libérale. Durant toute son existence, elle nous inculque, à mon frère et à moi, le goût du travail et l’exigence de l’entraide ; cette morale nous marque profondément : nous la voyons d’ailleurs mise en œuvre, par notre mère elle-même, d’une manière exemplaire, particulièrement durant l’occupation.
Je ne suis pas seul, en effet, puisque j’ai un frère, Michel, plus jeune que moi, avec lequel je m’entends très bien, depuis toujours. Longtemps, je pense qu’il va devenir officier de marine, mais, un jour, il nous dit, à mon père et à moi : « Je veux être prêtre ! ». Nous sommes alors quelque peu surpris, surtout mon père, croyant et pratiquant, mais, comme beaucoup de Normands, joyeusement anticlérical, bien qu’il ait été enfant de choeur à Montmartre, jusqu’à la fin de son adolescence, lorsqu’il vivait à Paris, rue Caulaincourt. J’entends encore mon père me dire : « Jean, si tu réfléchis, tu constateras que Jésus était un homme formidable, mais que l’Eglise a tout gâché. Pourtant, l’Eglise est bien d’essence divine, parce que, avec toutes les erreurs des curés et des bonnes soeurs, le christianisme aurait dû sombrer depuis longtemps. Vois comme l’Eglise catholique, en France durant la Révolution et en Espagne pendant la guerre civile, a réussi à se faire détester par le peuple ! Le pape dira toujours des sottises, mais nous devons supporter et ne pas cesser de croire en Dieu ! » Mon père compte alors beaucoup d’amis parmi les lecteurs de L ’ Aube , antifascistes, comme d’ailleurs une partie non négligeable de l’Eglise française. En 1949, quand je condui

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