Tempêtes sur la forêt française
219 pages
Français

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Tempêtes sur la forêt française , livre ebook

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Description

Naguère, les dieux offensés punissaient les hommes en déchaînant les forces célestes, les "météores". La violence des tempêtes indiquait le degré de leur colère. Tel est l'objet de ce livre. Il lève un coin de voile sur le temps d'autrefois, sur les météores en particulier, sur leurs ravages, sur leurs étendues. Ce sont des arbres couchés, brisés, des forêts anéanties, appauvries, des paysages modifiés, des repères abolis. Comment les hommes géraient-ils la catastrophe ? Quelles leçons ont-ils léguées ? Il est bien possible que notre société, sophistiquée et technicienne, ait accru ses fragilités en améliorant ses performances...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2005
Nombre de lectures 130
EAN13 9782336269276
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

site : www.librairieharmattan.com e.mail : harmattan1@wanadoo.tr
© L’Harmattan, 2005
9782747593854
EAN : 9782747593854
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Avant-Propos Chapitre I - Connaître et mesurer les chablis Chapitre II - Connaître et mesurer les grands vents Chapitre III - Qui sème le vent récolte la tempête Chapitre IV - Variabilités historiques : autant en emporte le vent Chapitre V - Les grands vents dans le Grand Ouest XVI e -XVIII e siècles Chapitre VI - Les grands vents dans le Sud-Ouest XIX e -XX e siècles Chapitre VII - L’économie forestière dans la tourmente XVIII e -XIX e siècles Chapitre VIII - L’interprétation sylvicole des chablis XVII e -XX e siècle Chapitre IX - Gérer la catastrophe en montagne XVII e -XIX e siècles Chapitre X - Chablis et tempêtes en forêt de Fontainebleau XVIII e siècle Chapitre XI - Cicatrisation de peuplements dans la Réserve Biologique Intégrale de Fontainebleau, Érables et Déluges Chapitre XII - Les grands chablis: difficultés et opportunités pour les communes Chapitre XIII - Mobiliser l’opinion après la tempête: la forêt victime Chapitre XIV - Mobiliser l’opinion après la tempête : l’arbre victime Notes Bibliographie Table des tableaux, cartes et graphiques Les auteurs
Tempêtes sur la forêt française
XVIe -XXe siècle

Andrée Corvol
Avant-Propos
Andrée CORVOL

Année 1999, entre réveillon de Noël et préparatifs de nouvel An, deux tempêtes bouleversèrent le territoire métropolitain. C’était le 26 et le 27 décembre. Les lendemains de fêtes tournaient au cauchemar. Les guirlandes, les illuminations furent arrachées. Les pancartes, les voitures furent emportées. Il y eut des décès en raison des arbres, des cheminées, des échafaudages tombés ; des ruines avec l’effondrement des murs, des toitures, des bâtiments ; des embouteillages incroyables à cause des routes encombrées, des troncs amassés ; des voyageurs hébergés dans les gymnases, les écoles, les halls de gare, retenus dans les véhicules, dans les trains immobilisés. On mesura la fragilité des économies contemporaines, des habitudes quotidiennes. Tout cessa de fonctionner, de l’ordinateur à la cuisinière électrique. Les tempêtes parcoururent une superficie inaccoutumée. Elles furent marquées par des souffles puissants. Les deux aspects furent commentés, illustrés. Les journalistes firent les gros titres sur « la Tempête du Siècle ». A lire les articles, le phénomène était du jamais vu. Cela valait pour les générations françaises comme pour les européennes. Mais depuis, d’autres ouragans sont intervenus. Celui de l’hiver 2004 parcourut le Sud-Est de l’Angleterre, l’Allemagne du Nord, le Danemark, les États de la Baltique et le Sud de la Scandinavie. La trajectoire aurait été davantage méridionale que l’on retrouvait la configuration du 26 décembre 1999.
Cette année-là, on déclara hautement, trop promptement peut-être, que le déchaînement naturel accusait le développement industriel. L’opinion ratifia le jugement, car personne n’avait le souvenir de pareils désastres. Dès lors, il sembla évident que, l’effet étant nouveau, le motif était récent. Mais quel sens accorder à l’adjectif ? On reconnut qu’avec les Trente Glorieuses, la consommation des énergies fossiles avait augmenté de manière exponentielle. Cela expliquait la hausse des carburants. Il suffisait de prendre de l’essence, de commander du fioul, du gaz pour réaliser l’envol des prix. On reconnut de même que la fringale en charbon, en lignite, avait précédé la grande faim en hydrocarbures. Et là, il fallait remonter à la fin du XVII e siècle en Grande-Bretagne, au début du XIX e siècle sur le continent, encore que la révolution industrielle y fut inégale et dispersée. Au fond, l’argument confortait tous ceux qui militaient en faveur des énergies renouvelables. Toutes les puissances dévoreuses de combustibles fossiles n’avaient pas ratifié les accords de Kyoto. Celles qui l’avaient fait ne respectaient pas les engagements pris. Le réchauffement terrestre représentait une menace planétaire. Les médias postulaient la progression générale des températures, les scientifiques étaient plus nuancés. On rapprocha la modification climatique, la transformation anthropique et les météores des trente dernières années.
Cependant, insister sur la nouveauté du phénomène était une chose. La démontrer en était une autre. Il fallait prouver l’absence de tempête dans l’intérieur des terres avant la révolution industrielle. Intoxiqués par le déferlement des images, on oublia qu’en interrogeant les climatologues ou les historiens du climat, on prenait pour argent comptant une impression subjective. Eux aussi venaient de perdre des arbres aimés, dans un jardin, dans une allée. Eux aussi venaient de perdre des repères immuables, à un carrefour, sur une place. Quelquefois, ces arbres avaient accompagné leur enfance. Maintenant, ils étaient livrés aux tronçonneurs. Pour tous ceux qui admiraient leur force, leur beauté, les tempêtes de 1999 étaient les plus graves du siècle, de leur vie serait plus exact. Sous le coup de l’émotion, le regard des spécialistes ne différait pas du regard des concitoyens. Le sentiment qu’on ne reverrait plus ce qu’on avait vu balaya tout autre considération. On était plongé dans la stupeur. Il fallait en émerger pour raisonner.
L’adhésion universelle aux comptes rendus médiatiques correspondait aux réflexes ancestraux. La nature, par sa colère, ramenait l’homme à sa condition première. Il devait accepter la leçon car, sinon, la matrice du monde déclencherait des violences plus meurtrières encore. La réaction, pour irrationnelle qu’elle soit, n’était pas dépourvue de logique. Les images du petit écran la confortèrent. Voilà deux générations que la télévision colonisait les intérieurs. Elle avait ignoré la forêt, ses métiers, ses personnels, ses techniques, ses productions. La seule exception était estivale. En juillet, en août, les vacances contraignaient au silence les acteurs politiques, les électeurs savouraient soleil et loisirs. On n’avait aucune phrase à distiller, aucun projet à débattre, aucun texte à illustrer. On n’avait que les scènes où affluaient touristes et citadins. On décrivait les métiers d’art, les artisans d’autrefois, les excursions d’aujourd’hui, les people dans des maisons de rêve. Aussi, quand l’incendie surgissait, on ne le ratait pas. Il était l’élément qui brise la monotonie des beaux jours. Il rappelait que la quiétude la mieux établie peut être dérangée. Il laissait derrière lui des paysages noircis, des gens en pleurs, des témoins ravis de parler, des victimes sans abri, sans papiers, sans vêtements, des campings ravagés, des demeures brûlées. Pour la suite du mois, le passage des flammes avait consumé le décor.
Jusqu’à présent, le feu en forêt était le seul fléau naturel qui ait place aux infos, à condition de sévir quand l’actualité faisait défaut. Cela valait pour l’audiovisuel, pour les quotidiens nationaux, pour les magazines hebdomadaires. A dire vrai, le feu attira l’attention quand les députés provençaux prièrent les plumitifs parisiens d’être moins nom-brilistes. C’était la fin du Second Empire. Dans le Midi, les flammes étaient synonymes de drames. Pour les éteindre, pour les prévenir, il fallait des crédits et ces fonds ne seraient jamais votés si l’on omettait les pertes matérielles, les sacrifices humains. Le discours porta, car la Côte d’Azur recevait les élites de la capitale. Elles fuyaient ses hivers maussades, ses étés languissants. Elles prônaient l’exotisme français, après avoir goûté l’exotisme romain. Les versants étaient déboisés. Les jardins du littoral exhibaient quelques palmacées. Le mistral, le sirocco desséchait la broussaille méditerranéenne, les exotiques installés, mais ils ne les tuaient pas. Certes, pâquis, maquis, garrigues risquaient gros quand ils soufflaient, mais cela ne méritait pas une ligne, contrairement aux massifs des Maures et de l’Estérel. Ils étaient défendus par le Chêne, une société de protection de la nature. Ils avaient un rôle esthétique, une fonction productive.
La motivation financière joua aussi pour la forêt des Landes. Cette pineraie artificielle rapportait beaucoup grâce aux cours de la gemme. T

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