Chevauchée en Palestine
153 pages
Français

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Chevauchée en Palestine , livre ebook

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Description

Nous sommes trois pèlerins : ma sœur Isabelle et mon frère Maurice, curé d’un charmant village au milieu des sapins, ravis tous trois d’accomplir enfin ce beau rêve de la vie : un pèlerinage à Jérusalem ! Mes notes n’ayant été écrites que depuis l’embarquement, je ne dirai qu’un mot de notre petit voyage par la Suisse, depuis les Vosges jusqu’à Marseille. Le 9 avril 1888, à deux heures du matin, nous quittons Saint-Dié, le cœur rempli de la tristesse des adieux, les yeux pleins de larmes. Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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Nombre de lectures 1
EAN13 9782346027095
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Léonie de Bazelaire
Chevauchée en Palestine
PROPRIÉTÉ DES ÉDITEURS
Le Saint-Sépulcre.
LETTRE DU R.P. DIDON

MADEMOISELLE,
Votre volume est charmant, d’un style vif, alerte, primesautier, et si français ! Non, il n’y a rien de ce que vous appelez « les fadeurs féminines » ; on ne devine la femme qu’à la vivacité des impressions, à l’art du détail, à la finesse délicate de sentir et de dire.
Vous devez avoir parmi vos aïeux quelque croisé, et son sang coule dans vos veines.
Vos croquis sont parfaits, très piquants et très originaux....
 
Veuillez agréer, etc.
P. DIDON.
LETTRE DE M ME AUGUSTUS CRAVEN
Paris, 1890.
 
Votre Chevauchée est charmante et m’a fait revoir les lieux admirables et sacrés où elle transporte la pensée avec une vivacité extrême. Je dis revoir, quoique je ne les aie jamais vus de mes yeux ; mais beaucoup d’amis intimes et chers m’ont fait tant de fois parcourir ces chemins bénis et admirer ces sites mémorables, qu’en vous y suivant encore une fois j’ai presque goûté la joie de me retrouver en pays de connaissance, ou du moins d’en voir l’image reproduite de main de maître et rendue vivante.
P. DE LA FERRONNAYS-CRAVEN.
LETTRE DE M GR SONNOIS
 
ANCIEN ÉVÊQUE DE SAINT-DIÉ
 
ARCHEVÊQUE DE CAMBRAI

*
* *
Je ne puis qu’approuver, encourager et bénir l’entreprise dont vous avez bien voulu me soumettre le projet.
Je crois même que vous pourrez utiliser votre si gracieux ouvrage comme livre de distribution de prix, il a tout ce qu’il faut pour réussir auprès des jeunes imaginations, dans les bons établissements chrétiens : il saura plaire, instruire et édifier ; très sérieux au fond, plein d’une foi pieuse et communicative, il n’en conserve pas moins dans son style tout le coloris, toute la lumière, tout le brillant que peut lui donner, par le crayon et par la plume, une âme d’artiste intelligente et chrétienne.
Je serais vraiment surpris que sur ce terrain des bonnes écoles, votre Chevauchée ne fit un chemin facile, rapide et utile.
† MARIE-ALPHONSE, Év. de Saint-Dié.
J’y vous supply, très cher lecteur mien Bâillez assez, mais ne veuillez dormir.
MAROT.
 
 
Il est des souvenirs délicieux, dont le parfum embaume toute la vie ; certes, un pèlerinage à Jérusalem est bien de ceux-là. Mais si l’on croit tout d’abord garder une mémoire éternelle des petits détails, des moindres impressions, on se trompe. La vie entraîne avec soi un tel cortège d’occupations et de soins, que notre pauvre nature a bientôt fait d’oublier.
Et puis, plus tard, au soir de la vie, quand on arrivera au seuil de la Jérusalem céleste, il fera bon relire les souvenirs de celle d’ici-bas !
Il est donc utile de confier au papier, ce gardien fidèle des pensées, les émotions vives et profondes, quelques silhouettes tracées à la hâte, et ces mille riens qui font souvent le charme et l’imprévu du voyage.
Mes compagnons de route le savent bien : les moindres détails deviennent précieux plus tard ; ils me pardonneront de retracer mes impressions personnelles en se rappelant les leurs. Nous avons vécu ensemble tant d’émotions et de jouissances diverses : joyeuses, pittoresques, religieuses, qu’il me semble, en les écrivant, n’être en quelque sorte que l’écho de chacun.
J’ai pensé aussi que d’autres lecteurs prendraient quelque plaisir à ces souvenirs vivants, qu’on rapporte avec soi d’un si lointain pays.
Jadis, quand un pèlerin revenait de terre sainte, on s’assemblait autour de lui, le soir à la veillée, on écoutait ses récits naïfs, on le suivait par l’esprit en ses pérégrinations, souriant ici, pleurant là, et la veillée se prolongeait indéfiniment.
Je ne saurais souhaiter meilleur sort à ma relation, la voir égayer quelque veillée d’hiver, penser qu’un lecteur attentif oublie l’heure et se prenne à rêver parfois à cette lointaine chevauchée ! Voilà mon voeu : Qu’il bâille un peu, mais ne veuille point dormir !
I
DÉPART. — MARSEILLE. — TRAVERSÉE EN MER. — CIVlTA-VECCHIA
Les lieux saints sont à la terre ce que les astres sont pour le firmament : une source de lumière, de chaleur et do vie.
(LACORDAIRE.)
 
Nous sommes trois pèlerins : ma sœur Isabelle et mon frère Maurice, curé d’un charmant village au milieu des sapins, ravis tous trois d’accomplir enfin ce beau rêve de la vie : un pèlerinage à Jérusalem ! Mes notes n’ayant été écrites que depuis l’embarquement, je ne dirai qu’un mot de notre petit voyage par la Suisse, depuis les Vosges jusqu’à Marseille.
Le 9 avril 1888, à deux heures du matin, nous quittons Saint-Dié, le cœur rempli de la tristesse des adieux, les yeux pleins de larmes. Silencieux, nous nous laissons emporter au trot de nos chevaux sur la route encore déserte. Mais l’aube qui paraît doucement nous découvre, à mesure que nous avançons, des montagnes toutes blanches et la rapide côte de Sainte-Marie, couverte de neige. Quel contretemps et quel retard ! que de glissades et d’impatiences jusqu’à Sainte-Marie, car la terreur de manquer le train s’empare de nous ! Mais non, le grand panache de fumée s’élève droit vers le ciel et semble encore immobile à la gare. Que les instants qui nous en séparent nous paraissent longs ! Nous sautons dans le train au moment où il s’ébranle.
A toute vapeur nous traversons les derniers contreforts vosgiens ; les silhouettes de nos noirs sapins se dessinent au loin ; voici la plaine immense et attristée, hélas ! de la fertile Alsace. Nous filons sur Berne, suivant les merveilleuses montagnes de la Suisse, qui nous laissent entrevoir, à travers les brouillards amoncelés, quelques fugitives échappées de leur splendeur. Après Genève, nous entrons en pleine vallée du Rhône : rochers immenses, excavations profondes dans lesquelles mugit le sombre fleuve ! Malheureusement la neige tombe à gros flocons, la brume envahit tout et nous cache ce pittoresque paysage.
Enfin nous arivons à Lyon, tout heureux de revoir ma tante de B * * * et sa fille Marguerite, qui nous font le plus charmant accueil. Ensemble nous allons visiter Jeanne, qui, sous la cornette des sœurs de Saint-Vincent, a bien l’air d’une de ces hirondelles de France dont parle Chateaubriand. Comme il convient à de pieux pèlerins, nous montons immédiatement à Fourvières, pour demander à la bonne Madone une bénédiction spéciale sur ce pèlerinage lointain, dont la pensée fait battre nos cœurs de joie.
Puis nous prenons là route d’Avignon à Marseille ; voici les oliviers et les figuiers, qui nous parlent déjà de l’Orient, et nous paraîtront si rabougris au retour. Le Rhône serpente dans la vallée, s’enroule autour des montagnes rocheuses, puis reparaît bleu et étincelant dans la plaine. Il déploie sa puissance en d’immenses nappes d’azur qui font croire que c’est déjà la Méditerranée. Enfin Marseille apparaît avec son beau ciel, ses montagnes violacées et la mer au loin, où nous pourrions peut-être apercevoir notre navire le Poitou.

A bord du Poitou, jeudi matin 12 avril.
Nous sommes à Marseille depuis hier soir, première visite au Poitou. A tout seigneur tout honneur ! Nous saluons ce beau navire, immobile encore, tout chamarré de noir et de jaune, dressant vers le ciel la pointe de ses deux mâts. A le voir paisible et calme dans la rade, on le prendrait pour un grand oiseau de mer qui se repose avant une longue traversée. Cher oiseau, c’est à toi que nous allons confier nos vies tandis que tu nous porteras sur tes ailes, bien loin vers la Terre promise !
Ce matin, mistral violent, de courageux pèlerins montent cependant à Notre-Dame-de-la-Garde ; mais nous trouvons imprudent de les suivre par ce vent froid. La ville elle-même ne se montre qu’à travers un nuage de poussière qui nous aveugle. Mais nous pouvons constater la bienveillance des Marseillais pour les pèlerins ; on dirait qu’ils nous connaissent.

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