Comment peut-on être chercheur(e) ?
103 pages
Français

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Comment peut-on être chercheur(e) ? , livre ebook

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Description

Avec la volonté de lever certains tabous, ce dialogue entre une doctorante en biologie et une astrophysicienne tente d'éclairer quiconque s'interroge sur le métier de chercheur. Il évoque les relations interpersonnelles dans les laboratoires: relation des étudiants avec leur directeur de thèse, quasi-absence des femmes dans les instances de décision, l'angoisse des post-doctorants liée à l'incertitude de l'avenir...

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2007
Nombre de lectures 60
EAN13 9782336261799
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
© L’Harmattan, 2007
9782296025127
EAN : 9782296025127
Comment peut-on être chercheur(e) ?

Florence Maika
Lydie Koch-Miramond
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Préface - Femmes et chercheurs, hier, aujourd’hui et demain Avant-propos Remerciements Maître et étudiants Femmes et Sciences Savants et modèles La responsabilité sociale des chercheurs À la croisée des chemins
Préface
Femmes et chercheurs, hier, aujourd’hui et demain
Axel Kahn

Quelle belle aventure que celle-là. Manifester sa curiosité pour les merveilles de la nature et les lois qui les gouvernent, se poser des questions légitimes, vouloir y répondre et s’en donner les moyens. Offrir à ses pairs et au monde entier sa solution, rationnelle et vérifiable, accepter qu’elle soit remise en cause par d’autres scientifiques, contribuer de toute sa passion, de toute son intelligence et de toute son énergie au déchirement du voile d’ignorance, au développement de techniques et d’objets donnant aux hommes de meilleurs moyens pour s’épanouir, telles sont les fins et les ressorts du métier de chercheur.
Avec la créativité artistique, il s’agit là d’une des voies où peut s’exprimer le talent et s’exercer la liberté d’une femme ou d’un homme, isolément et en collaboration avec leur équipe.
Cependant, cette présentation idyllique se heurte souvent à des réalités d’un autre ordre, liées à ce que ce sont des êtres humains qui conduisent les recherches, et qu’ils sont de ce fait tous aussi sensibles que n’importe quel autre citoyen à un entrelacs de déterminants sociaux, idéologiques et économiques. En particulier, le pouvoir masculin s’exerce aussi dans le monde de la recherche, traversé par les mêmes courants de pensée que le reste de la société.
De plus, on sait depuis le XVII e siècle que « le savoir est pouvoir », si bien que la science et la technique engendrent les outils de la richesse et de la puissance. Or, tous les artéfacts et tous les biens ne sont pas, hélas, utilisés au bénéfice de l’humanité. Il suffit d’évoquer le développement des armes modernes et les incroyables inégalités qui continuent de progresser dans le monde pour s’en convaincre.
Confrontées à cette tension entre l’évidente légitimité des sciences et la magnificence de leurs objectifs, d’une part, et la réalité des rapports de force au sein de la communauté scientifique, d’autre part ; lucides quant aux bienfaits aussi bien qu’aux méfaits des techniques et des outils développés grâce à l’avancée des connaissances, deux femmes chercheurs, une physicienne dont la carrière brillante a débuté dans les années cinquante et une jeune biologiste terminant ses travaux de thèse, échangent leurs points de vue, disent leurs espoirs, ne masquent point leurs craintes et avancent leurs solutions. Bien sûr, l’approche de la doctorante, scientifique débutante et celle de la physicienne honorée et titrée diffèrent sur bien des points, mais elles partagent à l’évidence la même passion de la vérité et des gens. Puisque la science et les femmes sont, dit-on souvent, l’avenir de l’homme, écoutons leur dialogue.
Avant-propos
Le monde de la science et ses acteurs sont parcourus de tensions et de controverses qui reflètent à la fois l’essor des sciences depuis un siècle et leur impact social grandissant.
Virginia Woolf 1 écrivait joliment : « Quand un sujet se prête à de nombreuses controverses, on ne peut espérer dire la vérité et l’on doit se contenter d’indiquer le chemin suivi pour parvenir à l’opinion que l’on soutient. Il faut se borner à donner à des auditeurs qui tiendront compte des limites, des préjugés, des particularités de celle qui parle, la possibilité de tirer leurs propres conclusions. »

Alors que les valeurs humanistes associées à la recherche scientifique sont de plus en plus mises en question, les craintes liées à certaines innovations technologiques se multiplient : clonage, plantes génétiquement modifiées, neurosciences utilisées pour contrôler les individus, etc.
Depuis quelques années les crédits publics et les postes ouverts aux concours de chercheurs et enseignants chercheurs diminuent fortement en France et les situations précaires se multiplient. Il en résulte que plus de la moitié des jeunes chercheurs partis aux États-Unis après la thèse sont amenés à choisir, contre leur gré, de s’y installer. Que faire pour éviter cette fuite des cerveaux ? Comment inciter plus de jeunes - filles et garçons - à s’engager dans la recherche, et à réussir à y développer leur créativité ?

Avec la volonté de lever certains tabous cet ouvrage tente d’éclairer quiconque s’interroge sur le métier de chercheur.
Il évoque les relations interpersonnelles dans les laboratoires (relations des étudiants avec leur directeur de thèse, place des femmes dans les laboratoires de recherche, angoisse des post-doctorants liée à l’incertitude de l’avenir, etc.).
Devant les spectaculaires évolutions économiques et sociales des dernières années, il rappelle la nécessité de réformer certains des modes de pensées et comportements des acteurs de la recherche.
Enfin, il insiste sur le devoir qu’ont les chercheurs de prendre conscience de leur responsabilité sociale - « Lancer l’alerte devrait faire partie de l’ethos des scientifiques » - pour restaurer une relation de confiance entre la science et la société.

Ce livre est né d’une rencontre entre deux scientifiques aux parcours très différents et que deux générations séparent : Florence, doctorante en biologie, et Lydie, astrophysicienne, ont fait connaissance lors du colloque international “Éthique et espace européen”, à la Fondation des Treilles, en 2003.

Dans le cadre merveilleux de la Fondation des Treilles où arts et sciences se mêlent harmonieusement, elles ont entamé des échanges fructueux sur l’éthique des sciences, qu’elles ont souhaité poursuivre et partager dans cet ouvrage.
Remerciements
Nous remercions chaleureusement Anne Postel-Vinay et ses collaborateurs de la Fondation des Treilles qui nous accueillirent si amicalement lors du colloque « Éthique et espace européen », Gérard Toulouse qui en fut l’initiateur, Kathinka Evers et Beat Sitter-Liver qui contribuèrent à son organisation.
Notre gratitude va aussi à Michel Morange, à l’exigence si communicative ; à Simon Bournet-Ghiani et Claude Koch, lecteurs assidus du manuscrit, qui nous aidèrent à préciser bien des réflexions ; un grand merci enfin à Simon Bournet-Ghiani, auteur des illustrations.
Maître et étudiants
Méphistophélès Avez-vous déjà beaucoup étudié ? L’Écolier Je viens vous prier de vous charger de moi !
Goethe, Faust, 1831

Lydie : Chandrasekhar (1910-1989) fut un astrophysicien éminent, un grand physicien et mathématicien appliqué, un savant très original. Né en Inde, il poursuivit ses études à Cambridge (Angleterre), puis émigra à Chicago où se déroula toute sa carrière. Plus de cinquante étudiants ont obtenu leur thèse sous sa direction et plusieurs collaborèrent étroitement avec lui ensuite 2 .
Une des histoires favorites de Chandrasekhar, qu’il racontait à la plupart de ses étudiants, est extraite du poème épique indien Mahabharata (et Chandrasekhar la disait ainsi, en omettant les noms des personnages à cause de leur étrangeté pour ses étudiants non indiens) :
Il était une fois cinq princes. Alors qu’ils prenaient des leçons de tir à l’arc avec un maître renommé, l’un d’entre eux fut reconnu comme le meilleur de tous. Un jour, un visiteur - un ménestrel errant - arrive dans l’école de tir à l’arc et voit les cinq princes en train de s’entraîner. À ses yeux, ils paraissent extraordinairement bons, rien ne les distingue l’un de l’autre. Quand il fait part au maître de son observation et lui demande pourquoi l’un d’entre eux est considéré comme le meilleur, le maître le conduit vers les cinq princes. Il demande à chacun de viser - mais sans tirer - l’œil d’un oiseau posé sur un arbre. Quand ils sont prêts, il demande à chacun : “Que voyez-vous ?” Le premier prince dit qu’il voit l&#

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