Études sur l Algérie en 1855
112 pages
Français

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Études sur l'Algérie en 1855 , livre ebook

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Description

DE LYON, 27 Janvier 1855.A Mademoiselle Isabelle Bailly. Hier j’ai écrit à ta maman et à ta sœur ; je vais aujourd’hui, chère Isabelle, t’ércire une petite lettre.Après avoir mis à la poste la lettre qui était pour ta maman, j’ai pris le convoi de quatre heures qui m’a conduit à Châlons à six heures du soir. J’ai mangé un morceau et me suis présenté à la sous-préfecture pour voir les Eigenschenc, ils étaient absents : le mari en tournée de tirage, et la femme en visite.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346087778
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Étienne Bailly
Études sur l'Algérie en 1855
Dédié à mes Petits-Enfants
PRÉFACE
Les prescriptions du docteur Maudit, mon médecin, m’ayant obligé à voyager pendant l’hiver 1855, je dirigeai mes pas vers l’Algérie, tant pour éviter les rigueurs de l’hiver que pour étudier l’état de notre nouvelle colonie africaine.
Voulant utiliser mes connaissances agricoles, je demandai à Son Excellence le Maréchal Vaillant une mission scientifique, que ce ministre eut la bonté de m’accorder avec les avantages qui s’y rattachent.
Le lecteur trouvera à la fin de ce recueil le rapport que j’ai adressé au gouvernement central à mon retour de France.
Je transcris sur le papier jour par jour les impressions que j’ai éprouvées pendant cet intéressant voyage, et ce sont les lettres que j’ai retrouvées dernièrement et que je fais imprimer pour laisser à mes descendants, nés ou à naître, un souvenir de leur aïeul.
I

DE LYON, 27 Janvier 1855.
A Mademoiselle Isabelle Bailly.
 
 
 
Hier j’ai écrit à ta maman et à ta sœur ; je vais aujourd’hui, chère Isabelle, t’ércire une petite lettre.
Après avoir mis à la poste la lettre qui était pour ta maman, j’ai pris le convoi de quatre heures qui m’a conduit à Châlons à six heures du soir. J’ai mangé un morceau et me suis présenté à la sous-préfecture pour voir les Eigenschenc, ils étaient absents : le mari en tournée de tirage, et la femme en visite. Alors je me suis mis à parcourir la ville à la clarté du gaz et de la lune. Je m’étais fait une très-fausse idée de cette ville ; je la croyais mal bâtie, mal percée et très-arriérée dans les améliorations matérielles ; j’ai été agréablement surpris en y trouvant une civilisation très-avancée, des rues grandes et bordées de fort belles maisons dont quelques-unes neuves et dans le goût de la renaissance, des monuments publics où les colonnes et les ornements ont été prodigués. Il y a un très-beau pont en pierre orné de huit obélisques, une belle place circulaire, contenant au point central un bel obélisque surmonté d’un aigle d’or aux ailes éployées. On se croirait dans une ville égyptienne et plus jeune de plusieurs milliers d’années. La cathédrale, nommée Saint-Vincent, est une charmante église, dont le portail est accompagné de deux hautes tours carrées très- élégantes ; c’est un très-joli monument de date récente ; l’hôtel de ville, situé sur une belle et grande place, est un beau monument datant du siècle dernier. La Saône est une belle rivière comme la Seine-à Paris et bordée, comme elle, de fort beaux et larges quais en pierre ; enfin Châlons est un petit Paris en miniature et vaut bien qu’on lui consacre quelques heures. J’ai fort bien dormi dans un bon lit bien bordé : je me suis levé de bonne heure et ai admiré au jour la ville, que je n’avais qu’entrevue à la nuit. Le froid était très-piquant ; il gelait à dix degrés ; la Saône est prise et la navigation interrompue.
Je suis monté en wagon à huit heures du matin et suis arrivé à midi dans la seconde ville de l’empire français ; la campagne que j’ai traversée est plate et monotone ; ce n’est qu’aux approches de Lyon que le terrain devient très-accidenté et pittoresque ; les bords de la Saône sont à cet endroit couverts de villas et de parcs charmants ; on reconnaît là les environs d’une grande ville. Je suis descendu à l’ hôtel de Provence, recommandé par M. Grasset. C’est un des plus beaux et des mieux situés de la ville de Lyon ; je lui trouve un grand inconvénient : on ne voit de feu nulle part ; les principales pièces sont chauffées par un calorifère qui ne répand qu’une chaleur insuffisante pour cette saison, et il est impossible de se chauffer les pieds ; j’en suis à regretter les urnes funéraires du département du Nord. Si je devais rester un jour de plus, je prendrais un hôtel plus modeste où l’on puisse se chauffer. Aussitôt installé, je suis allé à la poste qui se trouve en face de l’hôtel et je n’y ai pas trouvé de lettres ; j’espère en avoir demain.
J’ai commencé mes excursions par la visite du Rhône, fleuve magnifique, aussi large que la Loire et d’un cours très-rapide, bordé de beaux quais et traversé par un beau pont en pierre. L’hôtel-Dieu est un vaste hôpital donnant sur le quai et ayant une très-belle et haute façade ; c’est un des plus beaux monuments de la ville. J’ai aussi vu la place Bellecour, qui est très-grande, mais nue et qui n’a qu’une statue au centre, ornement bien mesquin et qui n’est pas en rapport avec l’immensité de la place. Les rues de Lyon que j’ai visitées sont assez belles, bordées de grandes maisons à cinq étages ; presque toutes les façades ont une couleur enfumée qui attriste l’œil ; on les dirait badigeonnées avec de la suie. Les vieux monuments ont juste la couleur d’un intérieur de cheminée. Les propriétaires devraient bien imiter ceux du département du Nord, qui tiennent leurs façades d’une manière si propre et si coquette. Lyon est bâti, moitié sur un terrain plat, et moitié à mi-côte. Une montagne très-élevée domine la ville ; sur le sommet on y a construit une charmante petite église, qui est le but de pèlerinages religieux : l’intérieur de cette église est tapissé par des ex-voto sous forme de tableaux plus ou moins bien faits, et représentant les soi-disant miracles de Notre-Dame de Fourvières  ; beaucoup de ces tableaux sont faits en tapisserie.
Auprès de cette église se trouve une terrasse qui domine la ville à une hauteur considérable, et d’où l’on a un magnifique panorama ; le temps brumeux qu’il a fait toute la journée n’était pas propice à l’examen de celte belle perspective ; je ne pus donc en jouir que d’une manière fort imparfaite. Jaurais voulu dessiner l’église de Fourvières, mais il faisait beaucoup trop froid pour cette occupation nullement échauffante. J’espérais en trouver une petite gravure que je pusse t’envoyer dans cette lettre, mais celles qu’on m’a montrées étaient d’un volume trop considérable ; j’ai donc été réduit à acheter une petite image représentant la statue colossale dorée de Notre-Dame de Fourvières qui décore le sommet du dôme de l’église que l’on voit de presque tous les points de Lyon et qui semble veiller au salut des habitants de cette ville.
En allant à Fourvières, j’ai passé devant la cathédrale dont je ne me rappelle plus le nom. Ce monument est loin de répondre à l’importance de la ville : il est petit et écrasé ; ses tours, peu élevées et dépourvues de flèches, sont coiffées d’un petit toit plat ; elles ressemblent beaucoup à un pigeonnier de campagne ; des corneilles qui volent alentour complètent l’illusion. Le fronton est isolé et mesquin et n’a pas été recouvert d’un toit ; il surmonte de peu la couverture de la nef, qui est plate et basse ; les murs sont noirs et sales ; enfin cette église donne l’idée d’un bâtiment qui a été incendié, dont on a démoli un étage et dont on a couvert provisoirement ce qui n’a pas été détruit par le feu.

28 Janvier, au matin.
Pendant le dîner, j’ai entendu parler de spectacle, de deux acteurs venus de Paris qui faisaient l’admiration des Lyonnais ; cela m’engagea à y passer la soirée. Je me rendis donc au théâtre des Célestins, jolie petite salle dans le genre de celle du

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