Henri Bouasse
320 pages
Français

Henri Bouasse , livre ebook

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320 pages
Français

Description


Collection : Acteurs de la Science

Disciple et ami de Pierre Duhem, Henri Bouasse a apporté sa contribution aux réflexions de son temps sur les méthodes de la physique. Sa philosophie s'oppose au positivisme de la troisième république durant laquelle il fit sa carrière. Loin de l'histoire érudite de Duhem, l'enseignement à la formation des scientifiques de Bouasse peut encore être une source d'inspiration.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2009
Nombre de lectures 297
EAN13 9782296227019
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Avant-propos

HenriPierreMaximeBouasse, né en 1866à Paris,
entreàla Faculté des sciencesdeToulouse en novembre 1892,
ilyenseignerajusqu’à sa retraitequ’il prit à 71ansen 1937; il
continuera ses recherchesjusqu’à cequ’audébutde1951,sa
santé déclinantlecontraigneàles abandonner.Bouasse meurt
le 15 novembre 1953.Sa carrière,commecelle desonami
Duhem, est celle d’un professeurde provinceà une époque où
toutecarrièreréussiesetermineà Paris.Enuntempsoùles
physiciens quibâtissentlaphysique“moderne”,cellequi
retientl’attention, explorentdesphénomènesnouveaux:les
rayonscathodiques, les rayonsX, l’effetZeeman, la
radioactivité, etc. etédifientdes théoriesnouvelles quantique
et relativiste,Bouassetravaillesurles théoriesde l’élasticité,
l’acoustique, l’hydrodynamique, etc.Laplupartdes
phénomènesétudiésparBouassesontdesphénomènes
irréversiblesliésaufrottement,àlaviscosité,àl’hystérésiset
auxdéformationspermanentes, ilsappartiennent,selon
Duhem,àdes«branchesaberrantes quise détachentdu tronc
de l’énergétique ».Ces«branchesaberrantes» de laphysique
reviendront surle devantde lascène danslesannées1970:les
travauxdeBouassereçoivent un hommagetardif
dePierreGillesdeGennes, (professeurauCollège deFrance,Prix
Nobel de physique) etdesescollaborateurs, ilsconsidèrent
que:«L’ouvrage françaisclassiquesurla capillarité
[Capillarité -Phénomènes superficiels, 1924]estcelui d'Henri
Bouasse », et quecelui-ci «a construit,avecenthousiasme, des
misesaupointdurables surlaphysiqueclassique, eten
1
particulierce livresurlesphénomènesdesurface ».

1
Pierre-GillesdeGennes,FrançoiseBrochard-WyartetDavidQuéré,Gouttes,bulles,
perlesetondes,Paris,Belin,2002 ;p. 9.
5

La vive opposition deBouasseàlarelativité
d’Einstein,une opposition fondéesurdesconvictions
philosophiquesfermementétablies,afaitoublierl’attention
qu’ilaportéeàlaphysiquequantiqueau tempsmême deson
2
élaboration etlapart qu’ilapriseàsadiffusion[Propagation
de lalumière,théorie de la réflexionvitreuse etmétallique,
1925;Emission,chaleur solaire, éclairage,théorie de
l’émission, 1925].
En 1910,Bouasse publieBachotetbachotage,un
pamphletcontre lesenseignements secondaire et supérieurdu
temps,qui estaussiun plaidoyerpour un enseignement
élitiste: Bouasse demandequesoit substituée lasélection par
l’intelligenceàlasélection parl’argent(l’enseignementdes
collègesetdeslycéesestpayantetlesboursiersn’y sont qu’en
faible nombre):neréclame-t-il pasl’accèsdesenseignements
desfacultésaux titulairesdubrevet supérieur, dénonçantdes
discours républicains qui,couvrantdesintérêtsdecaste, en
justifientl’interdiction.Enuntempsoùlesétudiantsen
sciences sontpeunombreuxetoùlesmeilleursentrentdansles
“GrandesÉcoles”,Bouassetonnecontre lamultiplication des
universités qui fait que leseffectifsd’étudiantsde licencesont
désespérément squelettiquesetle nombre desheuresdecours
ridiculementfaible:« nousavons[enFrance] cinquante
institutscompletsou soi-disant tels sansaugmentation du
budgetde l’Étatni dupersonnel, maisavecun éparpillement,
une dispersion,un gâchiscorrélatif dont rien, pasmême la
politique, ne peutdonner une idée ![…].S’ils sontcapablesde
vendre desdiplômes[…], ils sontaussi incapablesde fournir
debonsélèves que derecruterdesprofesseurscompétents».
Bouasseréclameaussiune plusgrandespécialisation des
facultésdesciencesetl’élargissementde leurenseignement
aux techniquesde l’ingénieuret s’attelle,seul,àlarédaction
decourspourlesInstitutsde physiqueappliquée.Ainsi de
1911à1932,Bouasserédige les45volumesd’une
Bibliothèquescientifique de l’ingénieuretduphysicien, dans
laquelle, ilaborde, lathéorie de larelativité miseàpart,tous
lesdomainesde laphysique, laquantiquecomprise.Bouassea

2
RobertLocqueneux, «HenriBouasse: Éther,quanta &physique desprincipes», in
Le moment1900en philosophie,Frédéric Wormséd.,Villeneuve d’Ascq,Presses
universitairesduSeptentrion,2004;pp. 197-207.
6

violemment combattu tout cequi pouvait s’opposerà ce projet
aussicritique-t-il latradition françaisequisépare laphysique
expérimentale etlaphysique mathématique etlaissecette
dernièreauxmathématiciens;d’où sadénonciation du rôle des
mathématiciensdansl’enseignement:«Le mathématicienale
réel en horreur, lecasparticulierenabomination:l'abstraction
etlagénéralisationsontlesidolesauxquellesilsacrifie lebon
sens.Pourgénéraliserilréduitlanatureàdes schèmes;des
faitsil ne gardequ'un fantôme;il dépouille laréalité deses
contingences.Quand desphénomènesil nereste plus rien, il
déduitàsonaise;levide est son élément, laforme est son
dieu.Abstraction, généralisation, horreurdu réel etducas
particulier,telles sontlescaractéristiquesdumathématicien et
les raisonsdesonrôle néfastequand ilse mêle de professerles
sciencesexpérimentalesetlesmathématiquesenvisagées
commeun outil »:«Ils[lesmathématiciens]ontperverti les
enseignementsfondamentaux.Celui de laMécaniquen’existe
plusenFrance, parceque lesprofesseursdeMécaniquene
sont que desmathématicienscamouflés,connaissantpeut-être
leséquationsde laMécanique, maisignorantscomme des
carpesdesphénomènes qu’elles représentent.Nulle parten
France laThéorie de l’élasticitén’estexposée d’une façon
raisonnable, parceque lesmathématiciens quis’enchargent
ignorent ses relationsaveclaThéorie de larésistance des
matériaux.L’Hydrostatique, l’Hydrodynamiquedeviennent
prétexteàdéveloppementsmathématiquesn’ayantavecleréel
pasle moindrerapport.Bref,toutesles sciences quisontàla
base de l’artde l’Ingénieur sontenFrance des repairesà
équations, desantresàthéorèmes, desformes vides, des
caricaturesdubonsens» (“De l’inutilité desmathématiques
pourlaformation de l’esprit”préface deThéorie de
l’élasticité,Résistance desmatériaux, 1920).
Danscetouvrage, nousne ferons qu’évoquerles
travauxderecherchescientifique deBouasse etn’en dirons
pasplus sur sesinterventionsen faveurd’uneréforme des
enseignements secondaire et supérieur.Nousne nous
proposons que d’entendrecequ’ila àdiresurlesméthodeset
l’histoire de laphysique etlerôlequ’ellespeuvent tenirdans
l’enseignementdecette discipline.Auxenvironsde 1900, la
science et sesfondementsoccupent une placecentrale en
philosophie;Bouassesuivantl’exemple d’HenriPoincaré, de
7

PierreDuhem etdequelquesautres, publieses réflexions sur
lesméthodes utiliséesen physique,surlastructure des théories
physiquesetleursdomainesdevalidité, etparcequ’il
considèrequeces théoriesne peuventpas représenterles
chosesmais qu’ellesn’en peuventêtreque desanamorphoses,
ilregardeavecsuspicion lesfréquentesmisesencause des
théoriesphysiqueslesmieuxétabliesparcequ’elles
conduiraientà considérer quetoutevérité enscience n’est que
provisoire:«Monscepticismesurlaréalité deceque
supposentles théories, est tropcompletpour trouver un
inconvénientàexposer successivementdeux théories
contradictoires[l’optique ondulatoireclassique etlathéorie de
Planck-Bohr],àla conditionqu’ilsoitentendu qu’elles sont
contradictoireset que l’ancienne n’a aucuneraison pourcéder
le pasàlanouvelle.Sans vouloirétablir une hiérarchie
d’importance entre lesphénomènes, je n’admetspas que
l’ensemble desphénomènesd’interférence, de diffraction, de
doubleréfraction…soitnégligeable devantla classification de
certaines raies spectrales» (Émission,Chaleur solaire…,
1925, p.314).CommeDuhem,Bouassesetournevers
l’histoire des sciences, mais,au reboursdeDuhem, ilbannit
toute érudition de l’histoire etlagénéalogie desidéesen
sciencesne l’intéresse pas.L’histoire de laphysique n’estpour
Bouasseque l’une des voiesde formation duphysicien par
l’analyse précise de mémoiresbienchoisis,tels:leTraité des
machinesdeDescartes, lesRèglespourconstruire des
thermomètresdeRéaumur, lesRéflexions surlapuissance
motrice dufeudeSadiCarnot, oudesextraitsd’ouvrages, par
exemple, desextraitsduTraité de dynamiquede d’Alembert,
duDiscours surlesloisde la communication dumouvementde
Jean (I)Bernoulli, de laCorrespond

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