Huit jours en Suisse et en Italie - Par le train de Lille à Lucerne, août 1882
85 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Huit jours en Suisse et en Italie - Par le train de Lille à Lucerne, août 1882 , livre ebook

-

85 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Le vingt-trois août 1882, à 10 heures 42 minutes du soir, en compagnie de douze excursionnistes, nous prenons à la gare de Saint-Quentin, le train spécial parti de Lille à 7 heures 25, qui, sans interruption, doit nous transporter à Lucerne, au cœur même de la Suisse, en 18 heures 13 minutes. Nous avons la veine d’occuper, à deux seulement, un compartiment de seconde classe. Il est tard ; c’est le moment de se coucher. Vite, transformons notre compartiment en dortoir.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9782346066223
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Élisée Delacourt
Huit jours en Suisse et en Italie
Par le train de Lille à Lucerne, août 1882
CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES
C’est pour la première fois, pensons-nous, que le 23 août 1882, la Compagnie du chemin de fer du Nord, avec le concours de ses sœurs de l’Est et de la Suisse, a organisé de Lille à Lucerne, un train de plaisir, aller et retour, à prix très réduit, desservant seulement les grandes stations jusqu’à Châlons-sur-Marne.
Nous remercions la Compagnie du Nord de son excellente initiative ; nous nous plaisons à espérer, que pécuniairement, elle a atteint le but qu’elle s’est proposé, et que, dans les années qui vont suivre, elle pourra de nouveau mettre à la disposition des bourses moyennes, la possibilité, de visiter ce coin de terre privilégié, à l’aspect toujours changeant, souvent agréable, et quelquefois horrible, qui s’appelle la Suisse.
Donnons maintenant l’explication du nom bizarre de Kùlm (prononcez Coulm) dont nous nous parons au titre de cet ouvrage : Sur l’un des sommets, le plus élevé du mont Righi appelé Kùlm, nous fîmes l’heureuse rencontre de cinq Lillois, joyeux compatriotes, qui complétèrent avantageusement le maigre groupe de trois ascensionnistes dont nous étions. Entre ces nouveaux compagnons et nous, il fut convenu que la suite de nos excursions s’effectuerait ensemble, sous le nom de Kùlms, et que ce nom serait alors le cri de ralliement. Kùlm ! Kùlm ! Ce cri improvisé, a bien des fois, pendant huit jours, retenti en Suisse, sous les profondeurs, comme sur les hauteurs des monts alpestres, sur les lacs, dans les vallées, en voiture, en chemin de fer ; puis, en Italie, sur le merveilleux Dôme de Milan, partout Kùlm ! Kùlm ! Au retour, la totalité des excursionnistes le fit entendre à son tour ; et, les. derniers échos de ce cri enfin affaibli, vinrent seulement expirer à Lille, point de départ et de retour du train de plaisir.
Aux futurs visiteurs de la Suisse, nous conseillons de joindre aux jaunets de leurs tirelires, une forte dose d’entrain et de bonne humeur, seule capable de remplacer l’huile de jarret, dont la découverte, si elle ne se faisait autant attendre, faciliterait rudement l’ascension des satanées montagnes de ce pays.
Nous conseillons également à ces mêmes visiteurs, si leur budget est modeste, de voyager par groupes d’au moins cinq ou six personnes. De demander à l’avance, le tarif dans les hôtels de second ordre, pour le manger et le coucher, et, surtout, de discuter dans tous leurs détails, les prix avec Messieurs les cochers, dont les exigences sont parfois déloyales. Partout ailleurs, les autres conditions de transport sont modérées, qu’il s’agisse des bateaux ou des chemins de fer.
Nous croyons utile de donner ici, un aperçu des prix que nous avons payés dans les hôtels, dans les restaurants et dans les cafés :
Coucher dans des chambres à deux lits, 2 francs ou 2 fr. 50 cent. par personne.
Repas, 2 fr. 50 cent. ou 3 francs, vin compris.
La boisson, et les aliments en Suisse, sont excellents.
Le vin du pays, coûte 1 fr. 60 cent., la bouteille. La bière se paie, suivant les établissements où on la consomme, 0,15 ou 0,20 cent. le bock. Le lait, qui est d’un goût exquis, coûte 0,20 ou 0,30 cent. la chopine. En résumé, étant données les réductions consenties par les diverses Compagnies de transport, et la vie à bon marché, le voyage en Suisse en 10 jours, entrepris dans ces conditions, peut-être effectué moyennant une dépense de 150 à 200 francs au plus, sans qu’il soit besoin pour cela, de s’imposer des privations ou des fatigues inutiles.
Bien que la langue allemande et la langue italienne, soient en usage dans la partie de la Suisse que nous avons parcourue, on y parle néanmoins beaucoup le français ; il est donc parfaitement possible de se faire comprendre, partout où l’on passe.
En Suisse où le climat varie, suivant la position topographique et les différences d’altitude, on éprouve dans un court espace de temps, les extrêmes du chaud et du froid ; c’est ainsi, que nous avons relevé les différences thermométriques suivantes : Sous zéro, au glacier du Rhône  ; 10° centigrades sur le mont Righi à 1,800 m. d’altitude ; 15° à Berne et 30° sous le grand tunnel du Gothard. De plus, il règne sur les lacs une brise très-fraîche ; c’est dire à nos lecteurs, qu’ils devront compléter leurs bagages, par l’adjonction supplémentaire de vêtements nécessaires en pareil cas.
Les wagons des chemins de fer suisses, comme confort, n’ont rien à envier aux wagons français, au contraire. Ils sont très-longs et divisés en deux compartiments, dont l’un est réservé aux fumeurs. Ceux de la ligne du Gothard sont coupés longitudinalement par un passage dans lequel s’effectue le service des employés. Si l’on admet un instant que toutes les portes sont ouvertes, on se trouvera en présence d’un gigantesque couloir, qui place le train en enfilade, du fourgon d’arrière à la machiné. Les bagages peuvent être disposés sur des rayons placés à gauche et à droite au-dessus des vasistas. Les bancs, établis transversalement, ont deux places d’un côté, et trois de l’autre. Les wagons sont éclairés au gaz à cause de la traversée fréquente des nombreux tunnels. L’accès des voyageurs, se fait en avant et en arrière des wagons par un double escalier formant plate-forme au milieu. Cette plate-forme est précieuse pour l’excursionniste qui veut satisfaire sa curiosité ; son abord durant la marche du train, dépend de l’obligeance, ou de la négligence des employés  ; nous en avons usé, pour ne pas dire abusé.
Terminons cet exposé préliminaire, par un salut aux Kùlms en général, et en particulier, par un salut amical aux Kùlms de Lille, car, à ceux-ci surtout, nous devons des heures délicieuses que, pour notre part, nous n’oublierons jamais. L’empressement de ces bons Messieurs, et leur bienveillance continuelle, nous ont été d’un précieux secours, loin du sol aimé de la chère France. Enfin, l’itinéraire varié, parcouru par nous en aussi peu de temps, fait le plus grand honneur à leur intelligence ; et nous sommes heureux de leur présenter ici, le témoignage public de notre sincère reconnaissance.
 
Kùlm  ! Kùlm ! Vivent. les Kùlms /
 
 
JUIN 1883.
CHAPITRE PREMIER
Le train de Lille à Lucerne — Départ de Saint-Quentin. — Réflexions à propos de Belfort. — La Reuss. — Lucerne et son lac
Le vingt-trois août 1882, à 10 heures 42 minutes du soir, en compagnie de douze excursionnistes, nous prenons à la gare de Saint-Quentin, le train spécial parti de Lille à 7 heures 25, qui, sans interruption, doit nous transporter à Lucerne, au cœur même de la Suisse, en 18 heures 13 minutes. Nous avons la veine d’occuper, à deux seulement, un compartiment de seconde classe. Il est tard  ; c’est le moment de se coucher. Vite, transformons notre compartiment en dortoir. Les deux banquettes sont des lits d’une largeur suffisante ; les ressorts du wagon constituent un sommier solide ; les coussins deviennent des matelas moelleux, et nos valises, d’excellents oreillers ; enfin nos manteaux dans lesquels nous nous emmitouflons, notre compagnon de route et nous, sont transformés pour la circonstance en couvertures et en draps bien chauds. Montescourt ! Tergnier !
Bonsoir les amis, bonsoir. Coquine de machine va, elle fait bien un train d’enfer. La voilà qui tousse, crache, éternue et vomit. Bah ! bah ! elle chante à sa façon pour nous endormir, voilà tout ; et si en même temps, elle nous secoue aussi rudement, c’est afin d’imiter les bonnes mamans, qui, le soir, agitent le berceau de leurs petits enfants.
Laon, 24 août, minuit 20 minutes. — Vos billets, messieurs, s’il vous plaît ! — Allons bon, à peine Morphée sur nos paupières a-t-il distillé quelques-uns de ses maigres pavots, que voilà qu’on nous éveille maintenant ! Nous accomplissons la formalité demandée tout en maugréant. Messieurs les employés de la

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents