Les Tourbillons de Descartes et la science moderne
146 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Les Tourbillons de Descartes et la science moderne , livre ebook

-

146 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

René Descartes, né Français, mort en Suède, ainsi que le fait tristement observer La Bruyère, raconte plaisamment qu’Aristote fut accusé d’avoir réuni les œuvres des philosophes qui l’avaient précédé. Après avoir utilisé leurs travaux pour la construction de son Organum, il travestit leurs hypothèses, les couvrit de ridicule et, brûlant sa bibliothèque en un immense brasier, demeura le seul fondateur de la science humaine.Notre grand philosophe français n’a-t-il pas subi quelque semblable injure de la part des savants qui l’on suivi dans la carrière et qui, profitant de son admirable méthode, ont pendant plusieurs siècles ridiculisé les ingénieuses conceptions de sa physique.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9782346074297
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
DESCARTES
Henry Parenty
Les Tourbillons de Descartes et la science moderne
INTRODUCTION
Se déclarer à la fin du XIX e siècle disciple de Confucius ou de Bouddha, assister même en plein Paris avec l’aimable M. Guimet aux solennités de Brahma, c’est véritablement une élégance suprême. Avouer que l’on s’intéresse encore aux Tourbillons démodés du philosophe Descartes et que l’on a conservé de sa lecture quelqu’horreur instinctive du vide, c’est une audacieuse folie, dont je me garderai de faire ici profession. On me permettra cependant de raconter en historien fidèle que j’ai trouvé à Bruxelles, à l’exposition de 1897, un disciple de Descartes, en chair et en os, oui. Ce n’était pas un Français, bien entendu, il ne parlait même pas très correctement notre langue, mais l’enthousiasme suppléait à la correction, il a émerveillé mes excellents collègues belges de la section des sciences, et il m’a donné l’envie de connaître Descartes, de le faire connaître même. Et ce fut le sujet de mes causeries et conférences de l’année 1898, à l’Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Clermont, à la société du Musée de Riom, puis dans les villes de Clermont et de Moulins, où les éminents professeurs de l’Université d’Auvergne m’admirent à l’honneur de les seconder dans leur enseignement extérieur. La témérité de mon entreprise a trouvé quelqu’heureux contrepoids dans la bienveillance extrême de ces auditoires d’élite. Le danger s’accroît aujourd’hui pour moi dans cette publication ; car, mieux que l’écrivain, le conférencier jouit du privilège d’évoquer le témoignage non seulement des princes de la science, mais encore de simples penseurs parmi lesquels je me jugerais trop fier d’occuper le dernier rang. J’ai pris toutefois le soin de citer les noms de tous ces disciples de Descartes, et ma faible autorité scientifique me permet de ne discuter en rien leurs opinions les plus hardies et de leur en réserver l’entière responsabilité.
Descartes naquit en Touraine de parents bretons, il prit du service en Bavière, le quitta en Autriche. Il vécut en Hollande et y eut pour disciple une princesse Palatine, ce qui lui permit de mourir en Suède.
Dans cette vie volontairement errante il fit le sacrifice de ses relations les plus chères et fut même abandonné de sa famille au point de ne pas être informé de la mort de son vieux père. Il eut cependant des amis, et parmi ces amis, les plus intimes furent des habitants de l’Auvergne. M. de Chanut, Riomois, ambassadeur de France en Suède, reçut son dernier soupir à Stockolm. Clerselier, beau-frère de M. de Chanut, publia sa correspondance. Enfin cent ans après la mort de Descartes, Thomas, votre concitoyen de Clermont-Ferrand, fut chargé par l’Académie française de prononcer l’oraison funèbre du grand philosophe. Un ordre du roi Louis XIV était venu interdire cette oraison funèbre à l’Eglise Saint-Etienne du Mont où les cendres de Descartes avaient été transférées de Stockolm après seize ans. Descartes était alors taxé d’hérésie, et la congrégation de l’Index avait condamné ses œuvres «  donec corrigantur » .
Zenger est directeur de l’Ecole polytechnique tchèque de Prague et ses sympathies sont françaises. Mais de plus il a fondé l’observatoire astrophysique de Prague, presqu’au moment où notre éminent collègue, M. Alluard, fondait l’observatoire météorologique du Puy de Dôme, le premier observatoire de montagne. Ces deux entreprises ne sont pas des entreprises rivales, elles ont fait simultanément la gloire de leurs promoteurs. Dans cette division si féconde de la science moderne, toutes deux viennent apporter une puissante contribution à la science des événements météorologiques, à celle de l’atmosphère terrestre. Il convient de louer M. Zenger dans cette assemblée où siège si noblement M. Alluard.
CHAPITRE I
Etat de la science avant et pendant le XVII e siècle
René Descartes, né Français, mort en Suède, ainsi que le fait tristement observer La Bruyère, raconte plaisamment qu’Aristote fut accusé d’avoir réuni les œuvres des philosophes qui l’avaient précédé. Après avoir utilisé leurs travaux pour la construction de son Organum, il travestit leurs hypothèses, les couvrit de ridicule et, brûlant sa bibliothèque en un immense brasier, demeura le seul fondateur de la science humaine.
Notre grand philosophe français n’a-t-il pas subi quelque semblable injure de la part des savants qui l’on suivi dans la carrière et qui, profitant de son admirable méthode, ont pendant plusieurs siècles ridiculisé les ingénieuses conceptions de sa physique. Qui de nos jeunes étudiants connaît aujourd’hui la théorie des Tourbillons, dont les philosophes ne mentionnent l’existence que comme l’erreur grandiose du génie. Aucune édition n’a vulgarisé les Principes, et cette œuvre capitale, tirée il est vrai de l’oubli par Victor Cousin puis par Aimé Martin, ne figure malheureusement encore que dans les éditions de luxe, reléguée parmi les documents aujourd’hui condamnés de l’histoire des sciences.
« Il n’y a rien de nouveau en Descartes que ses erreurs, affirme, en notre siècle, le savant panégyriste chrétien, Auguste Nicolas. Sa méthode est tirée de saint Augustin, ses preuves de l’existence de Dieu de saint Anselme. Il n’a eu par ses raisonnements d’autre but que celui de défendre la religion que ses disciples, les rationalistes, cherchent à détruire par les arguments faussés de leur maître. » C’est peu concéder à la gloire du grand homme.
Un illustre enfant de la ville de Clermont, Thomas, membre de l’Académie française, a, dès le XVIII e siècle, apprécié plus justement le rôle de Descartes.
« Newton, dit-il, tout grand qu’il était, a été obligé de simplifier l’univers pour le calculer. Il a fait mouvoir tous les astres dans des espaces libres, dès lors plus de fluides, plus de résistances, plus de frottements, les liens qui unissent ensemble toutes les parties du monde ne sont plus que des rapports de gravitation, des êtres purement mathématiques. Il faut en convenir, un tel univers est bien plus aisé à calculer que celui de Descartes où toute action est fondée sur un mécanisme. Le newtonien, tranquille dans son cabinet, calcule la marche des sphères d’après un seul principe qui agit toujours d’une manière uniforme. Que la main du génie qui préside à l’univers saisisse le géomètre et le transporte tout à coup dans le monde de Descartes : Viens, monte, franchis l’intervalle qui te sépare des cieux, approche de Mercure, passe l’orbe de Vénus. Laisse Mars derrière toi, viens te placer entre Jupiter et Saturne. Te voilà à quatre-vingt mille diamètres de ton globe. Regarde maintenant. Vois-tu ces grands corps qui, de loin, te paraissent mus d’une manière uniforme ? Vois leurs agitations et leurs balancements, semblables à ceux d’un vaisseau tourmenté par la tempête dans un fluide qui presse et qui bouillonne : vois et calcule si tu peux ces mouvements.
Ainsi, quand le système de Descartes n’eût point été aussi défectueux ni celui de Newton si admirable, les géomètres devaient, par préférence, embrasser le dernier, et ils l’ont fait. Quelle main plus hardie, profitant des nouveaux phénomènes connus et des découvertes nouvelles, osera reconstruire avec plus d’audace et de solidité ces Tourbillons que Descartes lui-même n’éleva que d’une main faible ? ou, rapprochant deux empires divisés, entreprendra de réunir l’attraction avec l’impulsion en découvrant la chaîne qui les joint. »
L’éloquente prophétie de Thoma

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents