Les visages de la science
218 pages
Français

Les visages de la science , livre ebook

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218 pages
Français

Description

La science est un modèle qui mime dans l'abstrait le comportement de la nature. Créations du chercheur, les théories pour un fait donné peuvent être multiples et chacune valide. La science a des lois, la nature n'en a pas. L'ordre de la nature, c'est le chercheur qui l'y met. L'esprit, façonnant un amorphe premier, participe à la mise en forme de la nature produisant le Réel "en nous". Celle-ci, réciproquement, modèle l'esprit. De ce fait, l'univers n'existerait plus si l'homme disparaissait...

Informations

Publié par
Date de parution 08 mars 2014
Nombre de lectures 8
EAN13 9782336338521
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Bernard Vidal
Sciences et enjeux
Les visagesde la science
Les visages de la science
Autres ouvrages de l’auteur : Le conflit sciencesociété,Paris, Technedit, 2011.La Science, un bricolage qui a réussi, Paris, Technedit, 2010. Matière dialectique et violence, Paris, Mare et Martin, 2007.La Théorie des groupes en chimie, introduction à l’étude des symétries, Paris, Technedit, 2000.Histoire de la chimie, Paris, PUF (« Quesaisje ? » n° 35), 2e éd. 1998.Quantique moléculaire, Paris, Tec et doc – Lavoisier, 1997.Exercices de chimie quantique, Paris, Masson, 1995. Chimie quantique, de l’atome à la théorie de Hückel, Paris, Masson, 1992.La liaison chimique : le concept et son histoire, Paris, J. Vrin, 1989.Théories élémentales et atomiques de l’Antiquité classique, Nice, IHS, 1984.D/2014/4910/5 ISBN 13 : 9782806101501 ©AcademiaL’Harmattan s.a.Grand’Place, 29 B1348 LOUVAINLANEUVE Tous droits de reproduction, d’adaptation ou de traduction, par quelque pro cédé que ce soit, réservés pour tous pays sans l’autorisation de l’éditeur ou de ses ayants droit. www.editionsacademia.be
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Bernard Vidal Les visages de la science
SOMMAIRE
INTRODUCTION...................................................................... 7
CHAPITRE I La science tous azimuts ........................................................... 13
CHAPITRE II Méthodes pour construire un modèle abstrait de l’univers... ... 57
CHAPITRE III Les différents habits de la science ......................................... 115
CHAPITRE IV Nonunicité du modèle scientifique, des lois, des théories.... 157
CHAPITRE V Disparition des certitudes et dualisme ..... .............................. 191
CONCLUSION ...................................................................... 213
INTRODUCTION
La science n’a pas un visage unique qui se dévoilerait, comme celui d’une statue, peu à peu sous les efforts du chercheur. Ce qu’elle est dépend de hasards, de retours en arrière, de change ments de paradigmes. C’est un modèle abstrait que le chercheur crée, pour mimer le comportement de ce qui lui apparaît comme « la nature ». Il invente, pour construire celuici, des concepts, des théories, des lois… La nature, elle, n’a pas de loi. L’ordre que le scientifique constate dans la nature, c’est lui qui l’y met. La science n’est donc pas la description d’un réel en soi, d’une Vérité, préexistant aux efforts des chercheurs. Dépendant de cha cun de ces derniers, elle peut être multiforme. Il n’y a pas unicité du modèle. De même, les phénomènes sont le produit d’une modélisation effectuée sur la base d’a priorithéoriques, de la conjecture à tes ter, de ce dont on a besoin… C’est le système théorique qui crée le phénomène en tant que tel. Ce dernier est contingent, comme l’expérience et l’observation le sont. La science est donc contin gente. La science ne donne aucune certitude. Elle ne se préoccupe pas du Vrai, de l’absolu. La vérité n’est pas un but ; c’est une technique de modélisation qui utilise la définition de la scolas tique :adequatio rei et intellectus, adéquation de la pensée qui pense la chose à la chose ellemême. On construit une adéquation aussi étroite que possible entre le modèle de la nature et la nature, telle qu’elle est apparence. Le modèle est construit seulement pour être heuristique, valide. Il relève de la métaphysique des
concepts. Les champs : gravitationnel, magnétique… ne relèvent en rien du sensible. Ils sont métaphysiques. Ce sont des concepts mathématiques et on peut en changer, s’en passer, comme on a e abandonné l’éther au début du XX siècle. Or, vingt ans avant il était indispensable. Ces concepts n’existent pas « en soi ». Ils n’existent pas. Du fait de la contingence du modèle et de la nonunicité qui en découle, au même moment plusieurs théories différentes, cha cune aussi scientifique que les autres, peuvent se développer. La simplicité de l’une, sa facilité, son coût de mise en œuvre par le calcul, le paradigme dominant, la satisfaction du scientifique, l’esthétique, contribuent à ce qu’elle soit choisie. Nous exami nons ainsi le cas de la théorie des équivalents, aux débuts du e XIX siècle. Cette théorie, très empirique et parfaitement scienti fique, permit de faire de la chimie et d’étudier la réactivité sans supposer que la matière pourrait avoir une structure. L’atomisme ne pouvait alors pas remplir ce rôle. La théorie des équivalents e prévaudra jusqu’au milieu du XIX siècle, ensuite l’atomisme dominera. Il reste en chimie quelque chose de cette théorie, ne seraitce que le concept d’« équivalent ». Nous exposons, en note 12 du chapitre IV, la théorie des équivalents, parce qu’elle est fondamentale sur le plan épistémologique, en particulier dans ses relations avec l’atomisme, et qu’il est difficile de la trouver ex e pliquée ailleurs. Nous signalons, au XX siècle, la théorie de la mésomérierésonance et celle des orbitales moléculaires, aussi valides l’une que l’autre et expliquons pourquoi la seconde sur vécut au fronton de la chimie théorique et pas la première, encore que celleci soit encore utilisée, parallèlement à la seconde, dans un secteur pédagogique restreint, pour expliquer la réactivité en chimie organique, parce que dans ce cas elle est simple et qu’elle permet de belles images faciles à comprendre. En effet, aussi choquant que cela paraisse, on recourt parfois à des théories dif férentes selon la nature du problème à traiter, sa complexité, car certaines théories peuvent se simplifier plus facilement que d’autres. Le postulat dit équation de Schrödinger et la mécanique des matricesde Heisenberg, bien que conduisant aux mêmes ré sultats, légitimes scientifiquement toutes les deux, sont
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différentes, bien que fondées sur une même base quantique. Alors que la mécanique des matrices est un nid de sorcières, se lon Einstein, Schrödinger utilise une mathématique d’apparence familière. Ce fut en général son équation que les scientifiques retinrent. La gravitation, dans un cadre newtonien, peut être illustrative aussi de la contingence des théories. On souligne des formula tions différentes, et comment on pourrait en proposer d’autres, en mettant l’accent sur la distance qui sépare les masses, ou bien sur les masses, ou les accélérations des masses. L’attraction que les masses exerceraient les unes sur les autres est pur anthropomor phisme et le concept de champ est là pour masquer les influences occultes à distance qui transmettraient les interactions. Il n’y a pas de champ en soi. C’est un tour de passepasse pour introduire des interactions suppléant les contacts de Descartes. Il ne chasse l’occulte que parce qu’on veut le croire, et… parce qu’il n’y a pas d’occulte. Aussi, les religions, qui règnent sur l’occulte, qui ont souvent essayé de prendre le pas sur l’activité scientifique pour la maîtri ser et l’orienter de façon à prouver l’existence de la transcendance, font fausse route. La science ne peut rien prouver de tel, parce que, pour elle, il n’y a pas d’occulte, elle fonctionne sur ce que l’on appelle parfois un matérialisme méthodologique, duquel nous extrayons un athéisme méthodologique, négation qui nous paraît plus importante que l’affirmation de la matière, dont rien ne justifie l’en soi. La science, conceptualisation mathéma tique de l’univers, ne peut utiliser le concept Dieu. Car Dieu, concept indéfinissable, aux propriétés non mesurables, ne peut être intégré dans la rationalité d’un modèle causal. Il est comme un joker que l’on sortirait quand on ne comprend pas. Dieu ex plique tout. Donc il n’explique rien, parce qu’on ne peut pas démontrer son invalidité. Quand il rentre dans la science, celleci meurt, elle devient de la religion. Pourtant, les « miracles » sont mis en avant par les religions pensant prouver l’existence d’une transcendance, sous le prétexte que la science ne pourrait pas expliquer ceuxci. Le scientifique n’a pas à expliquer les fan tasmes qui peuplent les esprits des spiritualistes. Mais, au fur et à
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