Mémoires de deux voyages et séjours en Alsace, 1674-76 et 1681 - Avec un itinéraire descriptif de Paris à Basle et les vues d Altkirch et de Belfort
159 pages
Français

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Mémoires de deux voyages et séjours en Alsace, 1674-76 et 1681 - Avec un itinéraire descriptif de Paris à Basle et les vues d'Altkirch et de Belfort , livre ebook

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Description

Tous mes autres voyages n’ont eu pour motif qu’une pure curiosité ; mais l’intérest s’est trouvé meslé dans les deux que j’ay faits en Alsace. J’entrepris le premier pour aller exercer un Employ que Macarion, l’un des fermiers généraux, me donna dans cette Province. Je sentois cependant une répugnance naturelle pour ces sortes d’exercices ; mais la désocupation où je me trouvay à la fin de mes études, et surtout le plaisir d’aller dans un pays où je pourrois aprendre une langue étrangère, toucha mon inclination, diminua l’aversion que j’avois pour ce qui s’apelle maltoste, et me détermina à partir.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346081141
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
A LA MÉMOIRE DU PROMOTEUR DE CETTE PUBLICATION FRÉDÉRIC ENGEL-DOLLFUS

QVIS DESIDERIO SIT PVDOR AUT MODVS TAM CARI CAPITIS ?
Lazare de La Salle de L'Hermine
Mémoires de deux voyages et séjours en Alsace
1674-76 et 1681
AU LECTEUR
R IEN n’est plus vray, l’Opinion est la Reine du monde. Ce sentiment qu’on atribue 1 à un Auteur Italien se vérifie partout ; mais on n’en peut jamais être mieux convaincu que par les voyages qui nous apprennent les différentes coûtumes des Peuples de la Terre, où l’on voit souvent que ce qui est honête ou utile chez une nation paroît indécent ou incommode chez une autre, sans qu’on puisse déterminer au juste de quel côté est la raison. Il ne seroit pas besoin d’aller dans les régions les plus éloignées de sa patrie pour trouver la preuve de ce que je dis, puisque cette diversité se rencontre non seulement entre les hommes qui habitent divers climats, mais encore entre ceux qui sont néz dans un même Royaume et dans la même Province. Et qui voudroit entrer dans un détail plus précis de cette vérité trouveroit que l’Opinion s’érige autant de Trônes qu’il y a de têtes d’hommes en particulier. Mon dessein n’est pas d’entreprendre icy une telle discussion, Je la laisse à ceux qui ont receu le don de l’examen des Esprits ; je ne fais cette réflexion que par raport à ceux qui aiment les voyages et à ceux qui les méprisent, puisque dans l’un et l’autre de ces deux partis chacun prend la chose à sa manière.
Pour ceux qui se plaisent à voyager, on sait qu’il y en a entr’eux qui s’atachent à étudier la Politique ou le gouvernement des Etats souverains ; que d’autres n’en veulent qu’aux productions extraordinaires de la nature ; les uns n’ont du goust que pour les monuments antiques, les médailles, les inscriptions et tout ce qui peut contribuer à la gloire de la République des lettres ; quelques autres se plaisent à examiner le génie des nations étrangères, à faire un détail si étendu de leurs mœurs et de leurs inclinations qu’ils en rapportent jusques aux moindres particularitez. Il se trouve encore d’une autre espèce de voyageurs, qui ne courent le monde que par inquiétude d’esprit ; qui ne voyent rien ou qui oublient ce qu’ils ont vû, parce qu’ils ne portent point de tabletes et qu’ils ne font ni mémoires ni relations  : tout leur dessein est de changer de pays, de connoître de nouvelles tours ou de nouveaux clochers  —  gens qui ne sont pas si tôt arrivez dans un lieu qu’ils s’y ennuyent ; ils se souviennent cependant assez bien des bons et des mauvois gistes, et c’est là ce qui les touche le plus, aussi bien que le plaisir de dire un jour qu’ils sont revenus de loin. Je ne parle point de ceux qui entreprennent des voyages pour leur commerce ou pour leurs affaires, puisque c’est par nécessité de profession ou d’accident. Je ne diray rien non plus de ce qui s’apelle pelerinages de dévotion, le motif en peut être juste et pieux, et il ne m’appartient pas de juger des intentions ni du fruit qui en peut revenir.
Quant aux personnes qui n’aiment ni à voyager ni les relations de voyages, ils vous diront qu’ils n’ont que faire de toutes les autres nations du monde ni de leurs coûtumes ; ils trouvent que c’est une vraye folie de ruiner sa santé par les fatigues d’un voyage, d’exposer sa vie aux hazards que l’on court tant sur la mer que sur la terre ; que c’est une triste chose de se trouver étranger par tout où l’on va, sans amis et sans aucun secours que celui de sa bourse, et cela pour contenter une inclination déréglée de voir et d’apprendre des choses nouvelles, ou tout au plus pour courir après une fortune incertaine.
Sans rien décider sur cette matière ni condamner l’opinion de personne, chacun peut penser ce qu’il lui plaira des voyages ; pour moy j’estime qu’on en peut tirer des avantages qui ne sont pas à mépriser. N’est-il pas vray qu’un homme qui n’a jamais perdu de vue le clocher de son vilage (comme on dit) ne se deffait que difficilement des préjugez de l’enfance, ainsi qu’on le remarque en bien des gens qui, abusez de l’erreur de la patrie, s’étonnent de voir que les hommes des autres nations ayent du bon sens, à cause qu’ils ne parlent pas le même langage ou qu’ils ont la peau d’une autre couleur qu’eux. Vn sédentaire demeure toujours difficile pour la nourriture, le coucher et les autres commoditez de la vie, au lieu que la nécessité de souffrir quelquefois la faim hors de son pays, donne de l’appétit à un voyageur pour des choses mêmes qui l’auroient dégouté autrefois. La fatigue de demeurer à cheval des journées entières, de marcher durant le chaud et le froid, de dormir quelquefois sur un plancher ou même sur la terre, ne sert qu’à fortifier le tempérament d’un jeune homme et à le rendre patient dans la disette. Il se deffait d’ordinaire d’une certaine bassesse de courage ou de terreur panique, qui le saisissoit d’horreur en marchant de nuit ou à la vüe du moindre accident, souvent imaginaire  ; et si l’expérience des dangers ne lui donne pas tout à fait un cœur intrépide, du moins elle l’acoutume à conserver son jugement dans les véritables périls, pour s’en tirer par force ou par adresse. Le malheur d’autruy et surtout le spectacle touchant des misères et de la désolation que les armes causent dans un pays de frontière, le rendent compatissant et généreux à secourir les affligez ; il aprend à devenir secret et prudent, en remarquant les fautes que l’intempérance de la langue fait commettre dans le commerce du monde : en un mot, il y a mille utilitez à tirer des voyages, quand on les entreprend par raison.
Après ce long préambule, il est tems que j’avertisse ceux qui prendront peut-être la peine de lire ces mémoires, qu’ils contiennent deux voyages d’Alsace, dont je ne fais cependant icy qu’un seul récit, en observant les tems auxquels les choses se sont passées. Dans mon premier voyage, j’y séjournay depuis la fin de l’année 1674 jusqu’au commencement de 1676, pour lors je pris en allant et en revenant la route de la Comté de Bourgogne ; mais dans le second, que je fis en 1681, je fus par la Lorraine.
On ne doit pas s’atendre à trouver icy des descriptions complètes des Provinces et des Villes que j’ay visitées, ni un raport bien exact des mœurs et des coutumes des nations que j’ai fréquentées : par tout pays il y a des honêtes gens et des scélérats, Je n’en parle qu’en général et selon que les choses me paroissent, sans obliger personne à me croire. Pour y mettre de tout, j’ay ajouté quelques particularitez des combats qui se sont donnez entre nôtre armée et celle de l’Empire durant mon séjour dans le voisinage du Rhin, afin de ne pas perdre la mémoire de ces actions si glorieuses à notre France ; et ces petits raports sont peut-être ce qu’il y a de moins mauvais dans ces mémoires. A l’égard du stile, on verra bien qu’il n’est pas travaillé : aussi est-ce presque le même dont j’ay écrit mes remarques, lorsque j’étois en voyage, m’imaginant qu’il seroit plus propre à me représenter naïvement les choses telles que je les ay vües ; c’est aussi la raison pour laquelle j’entre dans de petits détails, qui pouront déplaire à ceux qui ne les regarderont pas par mes yeux. Mais je prie le Lecteur de me laisser divertir en me délassant quelquefois de mes occupations plus sérieuses : l’exemple de plusieurs excellens hommes qui n’ont pas dédaigné un pareil passetems m’autorise assez. On ne s’avise guères de les blâmer d’avoir gâté de l’encre et du papier, à écrire la Relation de leurs voyages. C’est là tout ce qu’on pourroit me reprocher, puisque je ne me

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