Rome, Naples et Florence - Souvenirs de voyage
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Rome, Naples et Florence - Souvenirs de voyage , livre ebook

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Description

29 avril. Le 28 avril 1876 je prenais à Bourg l’express de nuit se dirigeant sur Turin. J’ai ouvert les yeux, dans la vallée de St-Jean-de-Maurienne, à un magnifique paysage de Savoie ; mais la fatigue de la nuit a exercé une influence fâcheuse sur mes observations, je ne peux expliquer autrement les lacunes et même les inexactitudes de mes notes. Je ne fais pas un livre, je consigne mes impressions de voyageur dans l’ordre où je les ai ressenties, je réserve donc pour le retour celles qui se rattachent au trajet de Culoz à Turin.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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Nombre de lectures 1
EAN13 9782346057733
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Ph. Duchesneau
Rome, Naples et Florence
Souvenirs de voyage
PRÉFACE

*
* *
Mes notes n’étaient pas destinées primitivement à être un livre. Aujourd’hui encore l’impression n’a pour moi d’autre but que de me permettre de les laisser en souvenir à des amis. Toutefois, si un exemplaire s’égarant entre les mains d’un confrère inconnu lui suggérait le désir d’aller reposer son esprit par la vue du golfe de Naples et fortifier sa foi près des tombeaux des martyrs, je serais heureux d’avoir contribué à lui inspirer cette bonne pensée et je peux lui donner l’assurance qu’en la réalisant il ne regrettera pas plus que moi les quelques jours dérobés à ses clients.
I
TURIN

29 avril.
Le 28 avril 1876 je prenais à Bourg l’express de nuit se dirigeant sur Turin. J’ai ouvert les yeux, dans la vallée de St-Jean-de-Maurienne, à un magnifique paysage de Savoie ; mais la fatigue de la nuit a exercé une influence fâcheuse sur mes observations, je ne peux expliquer autrement les lacunes et même les inexactitudes de mes notes. Je ne fais pas un livre, je consigne mes impressions de voyageur dans l’ordre où je les ai ressenties, je réserve donc pour le retour celles qui se rattachent au trajet de Culoz à Turin.
J’ai bien vu cependant l’entrée du tunnel dit du Mont-Cenis ; on y arrive par une forte pente qu’on gravit pendant un quart d’heure à partir de Modane, dernière station française ; avant d’y pénétrer, on aime à jeter un regard sur le village très-pittoresquement assis dans l’étroite et profonde vallée que dominent des monts couronnés de neige. Ma montre marquait à l’entrée du tunnel 5 h. 18 m., à 5 h. 49 m. nous reparaissions au soleil des vivants. La longueur du tunnel est d’environ 13 kilomètres, il paraît assez étroit et il faut avoir soin de tenir les vasistas fermés sous peine d’être aveuglé par la fumée.
A 9 heures du matin j’arrivais à Turin.
Si pour constituer une belle ville, il suffit de longues et larges rues très-droites, de places régulières avec une statue équestre bien au milieu, de façades de palais correctes et même élégantes, Turin mérite ce titre et il y aurait en somme injustice à le lui contester ; mais ce n’est qu’une belle ville. Elle laisse le voyageur prodigieusement froid, elle n’a aucune antiquité aucun souvenir ; elle ne dit rien ni à l’intelligence ni à l’âme, elle est découpée comme un damier et cette régularité à outrance dégénère en monotonie.
Dans mon superbe dédain, dû sans aucun doute à la perspective de Rome dont la grande image ne quittait pas ma pensée, je n’ai pris le temps de visiter ni le musée ni les jardins publics ni les églises dont quelques-unes cependant ont un intérêt religieux ; je me suis borné à courir à quelques places. La plus éloignée et la plus vaste est la place Victor Emmanuel en face d’un beau pont sur le Pô, sur la rive opposée s’élève une assez belle église, la mèrede Dieu, dont la façade rappelle un peu celle du Panthéon ou de sainte Geneviève ; à côté est une montagne très-verdoyante, de forme comique, au sommet de laquelle est encore une église.
Sur la place del Castello est le palais Madame qui renferme le musée et diverses autres administrations ; une façade moderne a été appliquée à une ancienne construction dont les vieux murs, bien que sans cachet, ne me déplaisaient pas ; la verdure et les beaux arbustes dont ils sont entourés rompent un peu l’uniformité qui est le défaut capital de Turin. En face de ce palais est une statue représentant un soldat, témoignage de la reconnaissance des Milanais à l’armée Sarde, rien de mieux ; mais je dois dire ici que dans le cours de mon voyage j’ai vu bien des inscriptions commémoratives de la glorieuse guerre de l’indépendance et que je n’ai pas eu la satisfaction d’y lire une mention honorable pour l’armée française dont l’assistance a cependant été de quelqu’utilité, il me semble : à Florence j’ai bien vu, à côté de la via Garibaldi, la via Magenta ; mais qui me répond que ce n’est pas encore une flatterie des Florentins à l’adresse de l’armée Sarde ? On sait que pour les italiens Solferino n’existe pas, il n’y a que San Martino parce que les piémontais occupaient une colline de ce nom.
Au fond d’une place qui est une annexe de la place Castello est le palais Royal, vaste bâtiment sans distinction, qui ressemble à un grand lycée avec sa cour fermée par une grille.
Mentionnons encore le palais Carignan où la chambre des députés tenait ses séances ; l’ornementation de la façade est assez élégante mais un peu confuse.
La place San Carlo où est la statue de Charles-Albert est petite mais fort jolie ; autour de cette place comme autour de celle du château règnent des galeries sous lesquelles la flanerie n’est pas dépourvue de charmes.
La gare est complètement dans la ville ; elle est entourée de belles constructions dont plusieurs sont des hôtels ; en face est encore une place pourvue d’arcades et au milieu de laquelle est établi un beau square.
A une heure jugeant terminée ma visite plus que superficielle de Turin je prenais le train pour Gênes. Je vois quelques collines assez riantes à la sortie ; je donne du vagon un coup d’œil à Asti, jolie ville d’une certaine importance, à Alexandrie ville forte au milieu d’une immense plaine. Tout ce pays, assez fertile du reste, est monotone et dépourvu de toute originalité ; le pittoresque a commencé en approchant de Gènes, mais malheureusement le jour avait fini.
II
GÈNES

30 avril.
Gènes la superbe ! un pareil titre est lourd à porter, il oblige à beaucoup ! et cependant l’on peut aborder celte ville avec confiance, on n’y éprouvera pas de désenchantement. Les palais de marbre ne s’y rencontrent point à chaque pas comme on se plaît à le dire ; mais il est certain que les magnifiques constructions, y abondent et que l’ensemble a un incontestable caractère de richesse et de grandeur.
Les rues principales sont larges, droites, bien entretenues ; les maisons, avec leur badigeon et leurs persiennes vertes, ont ces couleurs vives qui, dans une ville française, seraient trouvées de mauvais goût et qui cependant réjouissent l’œil dans toutes les villes italiennes en commençant par Nice et leur donnent une physionomie riante et gaie inconnue dans les régions du nord.
Il n’est pas besoin de le dire, Gênes ne doit pas sa magnificence qu’au travail de l’homme, la nature y a très-largement concouru. La ville s’étage sur les collines qui dominent le port et offre ainsi au voyageur deux admirables spectacles, celui de son beau. golfe vu de ces hauteurs et celui de cet amphithéâtre vu de la mer. Je me suis refusé l’un et l’autre ; c’est une des fautes (ce n’est pas la seule !) que m’a fait commettre la tyrannie d’un programme arrêlé à l’avance contre laquelle je proteste toujours et dont limité que je suis par le temps je ne réussis jamais à m’affranchir.
Ma curiosité trop peu insatiable m’a conduit seulement à visiter quelques églises et quelques palais ; souvent j’ai pu, chemin faisant, glisser un regard dans l’intérieur d’une cour et entrevoir les somptueuses habitations que les génois savent se composer avec le marbre blanc, les bassins et les orangers.
J’ai vu trois des places principales, de l’annunziata, del fontane amorose et de l’acqua verde  ; elles sont gracieuses mais ne sont ni vastes, ni régulières ; sur la dernière a été élevé en 1851 par le marquis Brignole-Sale un monument de marbre blanc à la mémoire de Christophe-Colomb ; il est surmonté d’un beau groupe au milieu duquel est le célèbre génois, quatre statues sont assises autour du piédestal.
Les églises n’ont rien de remarquable à l’extérieur ; à l’intérieur elles sont trop riches ; l’accumulation des peintures et des dorures leur ôte tout caractère religieux ; celle de l’annunziata est prodigieuse sous ce rapport ; la grande nef de la cathédrale saint Laurent dont les colon

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