Sillons philosophiques

Adayé Ahouma

Description

Lire la collection : Afrique liberté

Cet ouvrage montre comment la technoscience s'impose à toutes les autres rationalités, allant parfois jusqu'à modifier leurs substances respectives. La "rupture systématique", qui est l'expression de cette inévitable dynamique, met en évidence le jeu de cette tension toujours relancée. Ce travail, qui s'appuie et bouscule fondamentalement les postures de Heidegger et Simondon, tente de mettre en exergue des perspectives peu usitées d'une technoscience qui depuis bien longtemps s'impose sans combat.

Sujets

• Philosophie
• Philosophie et théologie

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 décembre 2013
• Nombre de lectures: 4
• EAN13: 9782336331799
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Adayé AHOUMA

Sillons philosophiques

La « rupture systématique »

afriqueliberté

Sillons philosophiques

Afrique Liberté Collection dirigée par Claude KOUDOU Afrique Libertéune collection qui accueille essais, est témoignages et toutes œuvres qui permettent de faire connaître l’Afrique dans toute sa diversité et toute sa profondeur. Cette collection qui reste ouverte se veut pluridisciplinaire.Son orientation sera essentiellement axée sur les rapports entre l’Afrique et l’Occident. Elle refuse l’afro-pessimisme et se range résolument dans un afro- optimisme réaliste. Sur quels repères fonder l’Afrique d’aujourd’hui ? Telle est une des questions majeures à laquelle cette collection tentera de répondre.Afrique Liberté se veut un espace qui doit explorer l’attitude de l’Africain ou des africanistes dans ses dimensions mentale, scientifique, culturelle, psychologique et sociologique. Dans un monde en proie à de graves crises, un des enjeux majeurs de cette plate- forme serait de voir comment faire converger les différents pôles de compétences pour hisser l’Afrique à la place qui doit être véritablement la sienne. Déjà parus Justin Kone Katinan,Côte d’Ivoire. L’audace de la rupture, 2013. Lazare Koffi-Koffi,La France contre la Côte d’Ivoire. L’affaire du Sanwi, 2013. Claude Koudou,Le président Laurent Gbagbo à la Cour pénale internationale. Justice ou imposture ?, 2013. Georges B. Beyllignont,Côte d’Ivoire et Afrique francophone. La police face aux défis de prévention des conflits africains,2012. Koch Obhusu,Une saison à Hermankono, 2012.

Adayé Ahouma

S ILLONS PHILOSOPHIQUES

La « rupture systématique »

© L’Harmattan, 2013 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr [e-mail] [e-mail] ISBN ; 978-2-343-01492-0 EAN ; 9782343014920

Introduction La « rupture systématique » est un des principes de la technoscience. Elle caractérise surtout la capacité de celle-ci à transformer tout ce qui existe, plus particulièrement les systématiques les plus alertes. Elle exprime cette offensive de la technoscience contre la réalité, une offensive systématiquement relancée. Cette notion qui est notre apport dans le cheminement philosophique, et dont nous avons ailleurs densément élucidé le sens, est dans ce livre comme les précédents, la notion autour de laquelle s’agrègent toutes les problématiques. Elle est ce qui épouse ou fait tituber les énonciations visitées. Il est question d’éprouver les systématiques ou conceptions à travers ce qui apparaît comme leurs substances respectives pour voir leur pertinence, et surtout leur capacité à affronter ou à s’accorder à la fougue de la technoscience. La philosophie, comme tout ce qui existe, est désormais remorquée par cette impétueuse technoscience qui laisse peu de place aux autres rationalités. Aussi, armés de la « rupture systmatique », nous allons investir les régularités semantiques ou autres positivités. Et ce, pour voir comment elles sont manifestement arraisonnées et poussées à s’harmoniser avec la chorale de notre époque qui, immédiatement, fait chorus avec les prompteurs de la technique et de la science. Là comme dans nos précédentes analyses, il n’est pas question de vanter ou ridiculiser spécifiquement la technique, mais de souligner comment, dans son alliance avec la science, elle atteint un niveau d’efficacité qui lui permet d’influer sans trop d’accros sur la pensée et le faire humain. Tout est comme convoqué à une transfiguration ou dépassement de soi. Rien ne peut rester intact ou sourd à cette chorale à la fois touchante et inquiétante. Par ailleurs, la technoscience telle que nous la comprenons, n'est en rien autotélique. Sa métamorphose continuelle est entièrement redevable d'obstacles ; la mobilité

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de la « rupture systématique » est assurée par toute instance immédiatement différente dans ses orientations. L'erreur, le système fermé et l'univers sont ses cibles potentielles ; la technoscience est compossible, c'est-à-dire qu'elle est un possible compatible avec l'univers, car celui-ci est la manifestation concrète de la rupture puisque tout en lui est ouvert au devenir. Mais un devenir auquel la technoscience affecte une vitesse souvent en scansion avec le niveau de conscience des individus. Il n'y a pas d'obstacle définitivement reclus des assauts de la « rupture systématique » ; celle-ci est tout sauf pusillanime ; son essence est liée à la nécessité de l'affrontement ; aucune « entéléchie » ne peut l'éviter. Cette potentialité offensive est in-quiétante puisqu'elle menace de nous déplanter de notre quiétude ; l'allure de la technoscience est telle que son futur engage plus que jamais la substance même de l'homme. Car il y a déjà des décennies que notre planète n'est plus uniquement habitée par des humains à origine immédiatement « naturelle ». De nombreux enfants sont nés à l'aide de médiation artificielle, désorganisant du même coup la flèche habituelle du temps ; ils ont été au "monde" avant de venir au monde. Et c'est là une « expérience » authentique à laquelle la philosophie et toutes les sciences étiologiques devront un jour s'intéresser, car cette réalité peut être « accoucheuse » d'analyses heureuses. Il y a désormais et massivement des "revenants" parmi nous qui ne sont même pas considérés comme tels, peut-être parce qu'ils ne rapellent que faiblement les perspectives oniriques ou le monde magique. Ces "revenants" issus de la manipulation génétique donc de l'opératoire, ne hantent pas les châteaux ou les demeures abandonnées ; leurs châteaux c'est le monde tel qu'il est vécu par tout un chacun. Il y a là comme la promesse d'un probable accord avec l'artificialisation croissante de l'univers. Quels rapports ces enfants issus de cette procréation auront-

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ils avec cette artificialisation ? Auront-ils sensiblement le même regard et la même manière de poser les problèmes relatifs à l’opératoire que ceux qui n’émanent pas comme eux de ce processus de conception cadré par l’artifice ? Quel sens aura pour eux l’idée de nature et les postures relatives à la bioéthique ; comme résultat de dispositifs en partie artificiels, pourront-ils naturellement s’opposer à l’offensive générale de l’opératoire ou seront-ils avec elle dans une connivence quasi immédiate ? Il est évident que les questions actuelles auront des articulations inusitées, trempées qu’elles seront dans une historicité massivement infiltrée par le règne technique. Les enquêtes et délibérations à venir sont l’historique et la perspective de toutes ces chorales essentiellement en entente avec la « rupture systématique ».

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