Tumultueuse histoire de la desserte maritime de service public de la Corse
310 pages
Français

Tumultueuse histoire de la desserte maritime de service public de la Corse , livre ebook

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310 pages
Français

Description

Tumultueuse, la desserte de service public de la Corse est faite de tergiversations et d'incapacités de s'entendre, des divergences entre les problématiques insulaires et celles de l'Etat central. Pourtant, tout change. Quand la Corse conquiert la liberté de décider par elle-même, elle mettra le temps à assumer ses pouvoirs et n'évitera pas complètement le piège de l'Etat. Et il faudra attendre la disparition de la SNCM, et l'arrivée au pouvoir d'une majorité dite nationaliste pour qu'une ère nouvelle s'ouvre : celle d'une maîtrise corse de la desserte de service public, autonome et dans le respect des règles européennes. Mais est-ce une révolution ?

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Informations

Publié par
Date de parution 15 novembre 2017
Nombre de lectures 2
EAN13 9782140052040
Langue Français
Poids de l'ouvrage 32 Mo

Extrait

Patrice SALINI
La tumultueuse histoire de la desserte maritimede service public de la Corse
Mirages de la continuité territoriale depuis deux siècles
La tumultueuse histoire de la desserte maritime de service public de la Corse
Patrice SALINI
La tumultueuse histoire de la desserte maritime de service public de la Corse Mirages de la continuité territoriale depuis deux siècles
© L’Harmattan, 2017 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-13093-4 EAN : 9782343130934
Avant-propos
J’avais – avant de m’engager dans l’écriture de ce récit et de cette analyse – une idée fort générale de la desserte maritime de service public de la Corse. Les articles publiés étaient tous partiels et engageaient peu le débat, ou, à tout le moins, marquaient un point de vue très daté. Quant aux ouvrages, leur mérite historique principal était à mon sens de faire plutôt là part belle aux compagnies ou aux politiques de la marine marchande. Or, de cette histoire je conservais comme beaucoup d’autres quelques images dominantes.
Celles, contemporaines, liées à la « création » ou de l’affirmation toute symbolique de la continuité territoriale, celles, aussi liées aux épisodes du feuilleton judiciaire relatif à la SNCM depuis sa « privatisation ». Celles enfin qui entourent la conflictualité sur les lignes qui remonte en fait, au moins, aux années 1930. Et puis, il y a ces images transmises par la mémoire collective, en Corse, mais aussi dans la diaspora. Image très discutée de la Compagnie Fraissinet, image plus mythique, parce que d’origine corse, de la Compagnie Valery.
L’histoire du service public maritime corse, allant du service postal jusqu'à la formule originale des sociétés d’économie mixte à opération unique (Semop) chargées de la mise en œuvre du service public de desserte de la Corse depuis Marseille, et associant par construction des opérateurs privés sélectionnés sur appel d’offre, est en réalité celle d’un face à face compliqué entre l’Etat et la
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Corse jusqu’en 2016, c’est à dire la disparition de la SNCM.
Jusqu’à cette date la Corse ne décide pas vraiment, ou alors, tardivement, et uniquement formellement, bien que ceci soit dénié. La décision n’appartient pas vraiment à la Corse, même bénéficiaire du transfert de compétences de l’Etat. A ce moment la Corse ne tranche pas, pensant sans doute qu’elle ne le peut pas. Ou du moins que les conséquences d’une décision contraire à la SNCM aurait des conséquences extrêmes. On le remarque peu, mais on ne parle pas souvent de la Méridionale, associée à la SNCM pour la mise en œuvre de la Délégation de Service Public. Symboliquement – et en termes de rapport de forces syndical et social, c’est la SNCM qui prime et dont la nature pèse sur la décision. Une décision qui semble s’imposer. Au XIXème siècle ou au tout début du XXème siècle l’indécision a parfois prorogé une situation – non satisfaisante tant pour l’Etat que pour la Corse. Mais les 20 dernières années ont combiné l’indécision à un jeu, sans doute hypocrite, de temporisation – mais ne l’était-il pas à l’époque de la Commission Arène ? – qui se traduit en naufrage judiciaire.
On peut sans doute s’interroger sur le caractère catastrophique de l’issue. Pourquoi attendre la faillite et la perte de tant de parts de marché pour comprendre l’inadéquation entre le service et son objectif officiel ? Alors que, somme toute, tout était perceptible dès le rapport Pagès de 1997 ! Vingt ans donc de déni. Une sorte de scénario prévisible mais toujours un peu incertain s’est déroulé. Il portait chaque année et parfois chaque trimestre
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son lot de remises en cause sur fond de droit national et européen de la concurrence.
Car tout, au fond, sonnait faux depuis des années. Comme ces plans – industriels ou autres – ces programmes prévisionnels de délégation de service public, dont on s’interroge sur les forces qui ont pu, in fine, à ce point les faire adopter et soutenir. Jusqu’à ces recours juridiques contre des évidences, menés y compris par l’Etat voire la Collectivité Territoriale. On s’interrogera sans doute, sur ce long cheminement, et son caractère inéluctable, et sur le jeu des différents acteurs. Mais ce qui restera est cette impression d’inadéquation entre des intérêts contradictoires poussée parfois jusqu’à la caricature.
Non adéquation économique d’abord, quand la demande sociale corse – mais qui la porte vraiment ? – n’est pas retranscrite dans les choix gouvernementaux, ou si mal. Cette opposition entre les visions, qui porte selon les époques sur les services eux-mêmes, leur fréquence, et leur vitesse, et naturellement sur leur coût admissible quand ce n’est pas aussi sur le concessionnaire lui-même, est aussi le reflet de la réalité insulaire. Lorsque les routes font défaut, ce qu’on n’appelait pas encore la continuité territoriale mais le service postal, ne peut se contenter de services trop rares pour les ports secondaires, ou trop peu fréquents pour Ajaccio et Bastia, et on porte naturellement l’exigence d’un service circulaire, autour de l’île, puisque les routes n’assurent pas la continuité de l’espace insulaire avec lui-même. Le chemin de fer –u Trinighelu– viendra aussi trop tard, et sans doute dans le mauvais ordre, la
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