Un Français dans la Floride - Notes de voyage
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Un Français dans la Floride - Notes de voyage , livre ebook

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Description

Un tour de France en Amérique. — Les voyageurs français dans la Floride. — Achille Poussielgue et le marquis de Compiègne. — La fièvre des marais et la nostalgie. — La fontaine de Jouvence. — Pausanias dans la Floride. — La Nouvelle-France d’Amérique. — Le Saint-Laurent et le Mississipi. — Souvenirs français. — Les expéditions françaises dans la Floride au XVIe siècle. — Jean Ribaut. — Ponce de Léon et la découverte de la Floride. — La terre des fleurs. Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346028740
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
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Embouchure de St John’s River.
Edmond Johanet
Un Français dans la Floride
Notes de voyage
CHAPITRE I

Un tour de France en Amérique. — Les voyageurs français dans la Floride. — Achille Poussielgue et le marquis de Compiègne. — La fièvre des marais et la nostalgie. — La fontaine de Jouvence. — Pausanias dans la Floride. — La Nouvelle-France d’Amérique. — Le Saint-Laurent et le Mississipi. — Souvenirs français. — Les expéditions françaises dans la Floride au XVI e siècle. — Jean Ribaut. — Ponce de Léon et la découverte de la Floride. — La terre des fleurs. — L’amiral de Coligny et la colonie calviniste en Floride. - Charlesfort. — René de Laudonnière. — Jacques Le Moyne. — Le cacique Satouriona, — Le fort de la Caroline et son emplacement présumé. — Révolte. — Les gisements d’or et d’argent. — Famine et guerre avec les Thimogonas. — John Hawkins. — Retour de Jean Ribaut. — Pedro Menendez de Abila. — Fondation de San Agustino. — Massacre des Français à la Caroline et à San Agustino. — Charles IX et Philippe II. — Dominique de Gourgues. — Massacre des Espagnols. — L’envers d’un écriteau. — Nul vestige français. — Point de musée indien.
Si l’Afrique, malgré les explorations de Livingstone, Stanley, Brazza et tant d’autres, nous semble encore assez peu connue pour être qualifiée de « continent mystérieux », à plus forte raison, la Floride, visitée et décrite au XIX e siècle par deux voyageurs français seulement, doit-elle réaliser, sous le voile qui la dérobe à nos regards, le type de la « péninsule mystérieuse. »
Assurément, d’autres Français ont voyagé et résidé dans la Floride depuis le commencement du siècle, un certain nombre y voyagent et y résident encore ; mais ils n’ont pas jugé à propos de nous communiquer leurs impressions.
Quant aux historiens ou chroniqueurs du XVII e et du XVIII e siècle, ce ne sont pas des voyageurs. Ils ont écrit d’après les relations des explorateurs du XVI e siècle, et, se copiant les uns les autres, nous ont donné, non une Floride de leur temps et de leur cru, mais la Floride contemporaine de Charles IX.
Mention d’elle est faite dans l’histoire quand elle passe en 1763 aux mains des Anglais, lorsqu’elle redevient espagnole en 1781 ; mais ces actes diplomatiques ne nous ont pas dévoilé ses mystères. Il a fallu la fameuse guerre de Sept ans, de 1835 à 1842, entre les Américains et les Indiens Séminoles de l’héroïque Osceola, et la guerre de Sécession, pour qu’à travers la fumée de la poudre, on pût distinguer quelque chose de ses forêts vierges et de ses marais, entrevoir la tête de ses sauvages et le museau de ses alligators. Il était, réservé aux voyageurs de nos jours, à d’authentiques pionniers, de répandre un peu de lumière sur ce pays du soleil.
La relation de M. Achille Poussielgue, attaché à la légation française de Washington, est le premier anneau ressoudé à la chaîne brisée au XVI e siècle des récits de voyages accomplis par des Français. C’est dans l’hiver de 1851-1852, que M. Poussielgue passa quatre mois en Floride, titre sous lequel il publia, en 1869 seulement, dans le Tour du Monde, la première partie de son voyage. La seconde, commencée en 1870, a été interrompue par sa mort.
En cette année 1870, le marquis de Compiègne fit dans la Floride son Début dans la vie d’explorateur  ; il en publia la relation dans le Correspondant, en 1876, et, la même année, dans un livre intitulé : Voyages, chasses et guerres.
Mes deux prédécesseurs sont morts. Ce serait à croire que la Floride, où Jean Ribaut et ses compagnons périrent si misérablement, est une terre de malheur pour les Français. Il n’en est rien : comme nous venons de le voir, Achille Poussielgue est décédé dix-sept ans après être revenu de la Floride. Quant au marquis de Compiègne, il a été frappé bien loin des marais où il a grelotté la fièvre, étendu sur un grabat, logé dans la soupente d’une cabane de bûcheron : du lard rance pour menu, du pain et du vin en rêve, du mauvais thé comme boisson. Je vois d’ici le tableau ; j’en tremblotte et j’en grelotte. Si je m’étais trouvé à pareil régime, peut-être mes os blanchiraient-ils à l’heure actuelle au bord d’un marais fangeux, mélangés à ceux de quelque monstre, et sans qu’on puisse distinguer entre eux !

Carcasse de caïman au bord de St John’s river.
Le marquis de Compiègne, cet intrépide dont la fièvre n’avait pu abattre le moral ni altérer la bonne humeur ; ce brave, deux fois blessé à l’armée de la Loire et dans les rues de Paris, est tombé sur la route des Pyramides, victime d’une affaire d’honneur, On a pu graver sur sa tombe tout ce qui peut être dit de l’énergie d’un explorateur et de la vaillance d’un soldat français.
Du fond de la Floride, où il a tant souffert, un souvenir à la mémoire de ce vieil ami.
Je n’ai eu d’autre fièvre dans la Floride que celle dont les Français en voyage subissent les accès. De retour en France ils peuvent établir le compte de leurs pulsations nostalgiques par le nombre des minutes passées à l’étranger.
Pour avoir été à l’épreuve de la fièvre des marais, j’aurai bu à mon ordinaire, et à mon insu, de l’eau de cette fontaine de Jouvence que les naturels de Porto-Rico, pour se gausser ou se débarrasser de Ponce de Léon, avaient prétendu exister dans l’île de Bimini. N’ayant pu rencontrer cette île de l’archipel des Lucayes, le capitaine espagnol, avide de rajeunir, cingla vers le nord et découvrit la Floride, où il s’entêta à chercher la merveilleuse fontaine. Il en trouva plusieurs. Pour éprouver leur vertu, il y mit non seulement la langue, mais le pied et le reste du corps, et rapporta à Porto-Rico, au lieu d’une nouvelle jeunesse, de cuisants lombagos.
N’est-il pas curieux de retrouver dans ce milieu la tradition grecque, rapportée par Pausanias, d’une eau qui rend la jeunesse, si belle chose, paraît-il, que pour la recouvrer chacun, sur les deux hémisphères et à toute époque, s’arme de la baguette de coudrier, qui s’incline dans la direction des sources, avec l’espoir de découvrir la fontaine de Jouvence et d’y tremper ses lèvres ? Si les sauvages de Porto-Rico avaient su qu’Alexandre le Grand l’avait cherchée dans l’Inde, ils auraient sans doute conseillé à Ponce de Léon de diriger ses investigations de ce côté-là. Par bonheur, ils n’avaient pas lu Quinte-Curce.
Après Ponce de Léon, la France goûtera de cette eau fabuleuse.
Philtre perfide ! amer breuvage !
« Elle s’estend doncques en latitude depuis le vingt-cinquiesme degré jusques au cinquante-quatriesme vers le septentrion ; et en longitude, depuis le deux cens dixiesme jusques au trois cens trentiesme. »
Il s’agit de la Nouvelle-France d’Amérique, bornée au nord par le haut Canada, à l’est par l’océan Atlantique, au sud par le cap Sable, au midi de la Floride, à l’ouest par les montagnes Rocheuses.
Telles étaient les limites qu’en quatre traits de plume, René de Laudonnière assignait, en bon « capitaine françois », à la « terre francesque » d’Amérique au XVI e siècle. Beau domaine colonial, en vérité, « 

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