Abidjan, Dakar : des villes à vendre ?

Sylvie Bredeloup, Brigitte Bertoncello, Jérôme Lombard

Description

Menée à Abidjan et à Dakar, cette étude décrit les formes de privatisation made in Africa des services urbains. L'Etat et les collectivités locales bradent le transport ou le commerce par lots, les gares routières après les marchés, les routes et les trottoirs après les pas de porte. La différenciation socioéconomique de l'espace urbain s'accentue et profite principalement aux affairistes et aux politiciens.

Sujets

• Politique
• Urbanisme
• Aménagement du territoire
• Sociologie urbaine

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 septembre 2008
• Nombre de lectures: 133
• EAN13: 9782336258218
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

© L’Harmattan, 2008
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com [e-mail] [e-mail]
9782296062108
EAN : 9782296062108
Abidjan, Dakar : des villes à vendre ?
La privatisation made in Africa des services urbains

Sylvie Bredeloup
Brigitte Bertoncello
Jérôme Lombard
Etudes Africaines
Collection dirigée par Denis Pryen et François Manga Akua
Dernières parutions
Gansa NDOMBASI, Le cinéma du Congo démocratique. Petitesse d ’ un géant , 2008.
René MANIRAKIZA, Population et développement au Burundi, 2008.
Appolinaire NGOLONGOLO, L’immigration est-elle une menace pour la France ? , 2008.
Lydie Akibodé POGNON, Valeurs du travail et processus psychologiques de l’ahsentéisme. Revue de la question et perspectives africaines , 2008.
C. DILI PALAI, K. DINA TAÏWE (dir.), Culture et identité au Nord - Cameroun , 2008.
Graham CONNAH, Afrique oubliée. Une introduction à l’archéologie du continent, 2008.
Ghislaine N. H. SATHOUD, L’Art de la maternité chez les Lumbu du Congo . Musonfi , 2008.
Seyni MOUMOUNI, Vie et œuvre du Cheik Uthmán Dan Fodio (1754-1817). De l’islam au soufisme , 2008.
Boubacar BA, Agriculture et sécurité alimentaire au Sénégal, 2008.
Pierre KAMDEM, Le Mouvement associatif de la diaspora camerounaise . Enjeux et perspectives , 2008.
C. DILI PALAI, D. PARE (sous la dir.), Littératures et déchirures, 2008.
Nuah M. Makungu Masudi, L ’ Expérience d’élevage préiurhain à kinshasa . Entre « débrouille » et « entreprise », 2008.
Alain CALOSCI, Education , culture , développement: quelles relations? L’exemple de la Guinée Conakry, 2008.
Télesphore ONDO, Le Droit parlementaire gabonais, 2008.
Babacar Mbaye DIOP et Doudou DIENG (textes réunis par), La conscience historique africaine, 2008.
Paul Koffi KOFFI, Le défi du développement en Côte d’ivoire, 2008.
Stéphanie NKOGHE, La psychologie du tourisme , 2008.
Jean-Claude K. BROU, Privatisation en Côte d’Ivoire, 2008.
Ibrahim S. NJOYA, Chasse au Cameroun , 2008.
Remerciements
Les trois éditeurs scientifiques tiennent à remercier l’Institut des sciences et des techniques de l’équipement et de l’environnement pour le développement (ISTED) et le Groupement d’intérêt scientifique Économie mondiale, tiers-monde, développement (GIS GEMDEV), qui ont financé, dans le cadre du Programme de recherche urbaine pour le développement (PRUD), les travaux menés à Abidjan. et à Dakar et dont une partie des résultats est présentée ici.
PRÉAMBULE
Décrire et comprendre les réponses populaires et informelles à accélérée en zone de croissance économique modérée ou en sortie de crise, telles sont les ambitions de cet ouwage collectif, associant chercheurs originaires d’Afrique et de France, dans une analyse quasi clinique de l’organisation de la mobilité et des lieux d’échange dans deux grandes villes en transition, Dakar et Abidjan.
Au cœur de cette dynamique émerge l’entrepreneur, homme d’affaires ou le plus souvent fonctionnaire, figure de proue du paradigme de la transition urbaine dans les villes africaines.
Loin du modèle de la « bonnc » gouvernance, qui fait reposer la gestion publique sur un gouvernement local issu de la décentralisation démocratique promue par les bailleurs de fonds, se profile un modèle peu soucieux de l’intérêt général, où prévalent les arrangements et les compromis résultant d’une privatisation à l’africaine, très éloignée des modèles internationaux du libéralisme.
Au total, on assiste dans une situation hautement évolutive à l’émergence d’une forme originale d’économie de marché, où les acteurs privés génèrent tout à la fois des disparités socio-spatiales, mais également de nouvelles pratiques de gestion partagée. Cela se traduit par une appropriation par des acteurs locaux de biens et de services collectifs, en lieu et place des acteurs publics.
Cette dynamique, seule à même de répondre au décalage entre investissement public et étalement urbain, engendre des conflits et une résistance des acteurs locaux. Elle nécessite des arbitrages et une régulation face auxquels les politiques publiques ont le choix entre le rééquilibrage et la ségrégation.
La recherche urbaine, dont cet ouvrage présente une démarche novatrice, en droite ligne avec les avancées du programme PRUD, se nourrit de l’apport déterminant des chercheurs du Sud. Les méthodes retenues mêlent la collecte d’informations par enquêtes auprès de l’ensemble des acteurs concernés, le comparatisme entre les deux villes de Dakar et d’Abidjan et la transversalité des analyses.
Constitutive d’une approche nouvelle de la gouvernance urbaine, conçue comme méthode et non seulement comme politique d’intervention, l’interrogation de cet ouvrage sur la « vente de la ville africaine doit permettre d’associer dans un cercle vertueux la recherche, la formation et l’expertise.
Face à des solutions originales de régulation et de contractualisation, où se dilue la distinction entre acteurs publics et privés, la puissance publique risque d’apparaître comme fossoyeur de l’intérêt public, de « vendre » la ville par une privatisation « made in Africa » des services urbains.
Xavier Crépin 1 Délégué général de l’lsted
PRÉFACE
L’ouvrage présenté au public par Sylvie Brcdeloup. Brigitte Bertoncello, Jérôme Lombard et les autres contributeurs est important et remarquable à plus d’un titre. Issue du Programme de Recherche urbaine pour le Développement (PRUD), mené de 2001 à 2004, dans le cadre d’une action concertée incitative du Fonds de solidarité prioritaire du ministère des Affaires étrangères, et piloté par le GEMDEV et l’ISTED, cette production en traduit parfaitement son orientation générale, ses ambitions et ses objectifs. Elle résulte en effet d’un travail associant chercheurs du Nord et jeunes chercheurs du Sud. Elle analyse de manière comparative et transversale des logiques et des stratégies de multiples nouveaux acteurs du développement urbain, en émergence depuis une vingtaine d’années dans deux contextes métropolitains africains distincts : Abidjan et Dakar. Deux secteurs clés du fonctionncment urbain sont retenue l’organisation de la mobilité et des transports collectifs et le développement des marchés de gros et de détail de produits vivriers.
Cet ouvrage combine de manière particulièrement éclairante des regards interdisciplinaires complémentaires sur l’objet de la recherche. Les dimensions historiques, spatiales et sociologiques, voire ethnologiques, sont présentes, tout comme celle des arènes et de la conflictualité politique, et inscrites dans des processus dynamiques. Les villes sont des scènes d’alliance ou de rivalité entre divers acteurs. Les données empiriques rassemblées avec soin sont précieuses. Elles illustrent, d’une part, l’intensité des actions menées par des forces sociales et économiques issues du secteur dit « informel », d’autre part, les arrangements ou compromis passés avec les acteurs officiels et les institutions locales - municipalités et administrations déconcentrées, dans un contexte général de réorganisation des États et des économies, telle la disparition d’entreprises publiques ; et aussi dans un contexte où la décentralisation, encore balbutiante, n’est pas allée au bout de son ambition, ce qui compromet l’indispensable continuité entre l’échelon central et l’échelon local.
Cette publication va bien au-delà d’excellentes monographies sectorielles de terrain pour donner à comprendre des enjeux de gouvernement urbain dans une phase contemporaine de retrait des instances publiques, de libéralisation économique et de décentralisation institutionnelle. Des réponses précises sont apportées à la question suivante : quels sont aujourd’hui les producteurs et les gestionnaires réels de la mobilité urbaine et de l’approvisionnerrtent alimentaire dans deux métropoles africaines ? Mais, car il y a une évidente réflexion critique dans ce livre, ces entrepreneurs privés locaux, devenus tout à la fois indispensables et non maîtrisés, ne confisquent-ils pas à leur profit exclusif le pilotage du développement urbain dans une opacité évidente ? Le dynamisme du secteur dit « informel