Adolescentes mamans
137 pages
Français

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Adolescentes mamans , livre ebook

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Description

Des centaines d'adolescentes témoignent ici de leur maternité : courageuses, révoltées, audacieuses ; parfois déprimées et vulnérables ! Elles vivent souvent leur maternité en miroir de leur enfance : désirée, subie, acceptée ou rejetée. Elles disent leurs sentiments à vif et ce qu'elles attendent du père de l'enfant. Que se passe-t-il pour elles au quotidien ? Quelles réactions rencontrent-elles autour d'elles : solidarités ou incompréhensions familiales, amicales, amoureuses, institutionnelles ? Ce volume constitue une version réactualisée de l'ouvrage Adomamans, le tiers et le lien.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 octobre 2014
Nombre de lectures 74
EAN13 9782336359175
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre

Nelly Carpentier







ADOLESCENTES MAMANS
Histoire et Actualité
Copyright























© L'H ARMATTAN , 2014
5-7, rue de l'École-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-70928-4
Remerciements
Je remercie celles et ceux qui, de près ou de loin, m’ont aidée à réaliser cet ouvrage.
Ma gratitude va à Jacques Demorgon qui m’a encouragée avec patience et ténacité. Que Christine Carpentier, Caroline Dessenne trouvent ici un témoignage de ma reconnaissance pour leur présence dynamique et stimulante.
Je suis heureuse aussi de remercier Carole Anquetil, Stéphanie Blanchard, Adeline Maria, Carine Marquès, Alix Sarrouy, pour leurs précieux questionnements.
Je m’adresse également aux institutions qui, à titres divers, ont contribué à la réalisation de cette recherche, en particulier des centres maternels du Pas-de-Calais, d’Ile de France, de Lorraine et du Luxembourg mais aussi des Maisons de l’Enfance.
Ma reconnaissance est grande à l’égard des jeunes femmes et de leurs enfants, des travailleurs sociaux, des équipes et des responsables que j’ai pu rencontrer et qui m’ont accordé leur confiance.
INTRODUCTION
Aujourd’hui, on peut estimer à environ dix-huit mille le nombre d’adolescentes qui se retrouvent enceintes chaque année, en France. 30 % d’entre elles mèneront leur grossesse à terme. Chacune d’elles aura, si elle le veut, la possibilité, d’utiliser l’une des diverses structures d’accueil réparties sur l’ensemble du territoire. Chaque établissement offre entre vingt et cinquante places. En deux décennies, ces structures d’accueil allaient passer d’un esprit de médicalisation essentiellement centré sur l’enfant à un esprit d’aide socio-éducative centré sur la mère et l’enfant. Ma première prise de contact avec ce milieu a coïncidé avec cette mutation sociologique. Le premier établissement que je découvrais, dans le Pas-de-Calais, ma région d’origine, accueillait alors une vingtaine d’adolescentes enceintes et une dizaine de jeunes mamans avec leur enfant âgé de moins de deux mois. Parallèlement à cette activité professionnelle, j’avais repris des études et suivais des cours de psychologie à l’université. Je pensais bien que leurs apports me seraient utiles pour analyser, pour éclairer les situations et les actions professionnelles. Le phénomène de la maternité adolescente, riche en aspects paradoxaux, avait donné lieu à divers travaux dont je prenais connaissance au cours de mes études. Quand celles-ci me conduisirent à entreprendre une recherche doctorale, l’idée me parut souhaitable d’adopter un point de vue nouveau : l’observation – sur le long terme – d’une collectivité éducative au service de jeunes mères.
Mon engagement professionnel me permettait en effet de vivre, d’observer, de partager les situations des jeunes mères et les actions professionnelles qui s’y rapportaient. J’ai travaillé successivement dans trois établissements maternels de Paris et de sa banlieue proche, gérés par la Direction de l’Action Sociale de l’Enfance et de la Santé (DASES). Je suis toujours en relation avec plusieurs centres où j’assure analyses de pratiques professionnelles ou supervisions d’équipes pluridisciplinaires. Sans compter les liens au travers de stages effectués par des étudiants futurs psychologues et travailleurs sociaux.
C’est à partir d’une multiplicité d’aspects que j’ai poursuivi cette recherche : des entretiens professionnels avec les jeunes mères mais aussi des entretiens de recherche avec les travailleurs sociaux, une participation aux réunions régulières avec un psychiatre analyste, un partage des analyses de pratiques avec les professionnels et les jeunes mères elles-mêmes au cours d’informations et d’animations personnalisées. C’est à travers ces dispositifs que, sur le très long terme, j’ai rencontré près de trois cents travailleurs sociaux ainsi qu’un millier d’ adomamans . J’ai trouvé justifié de les qualifier alors d ’adomamans (Carpentier, 2003) dénomination qui était présente en filigrane dans l’une des émissions La marche du siècle qui leur était consacrée : « Encore ado, déjà maman », réalisée par Jean Jacques Amsallem, diffusée pour la première fois en 1997.
En effet, si au début de ma période professionnelle, les jeunes mères étaient âgées de plus de vingt ans, elles se sont trouvées ensuite être bien plus proches de dix-sept ans. On comprendra que toutes ces données d’un long terme professionnel et de recherche ont été ici fortement réduites. Elles restent très significatives dans la mesure où les dizaines de cas plus spécialement étudiés reflètent bien certaines orientations fondamentales dans la diversité des situations problématiques et des actions professionnelles.
Nous avons réparti ces grandes orientations dans les sept chapitres qui suivent.
Il était important de mettre d’abord en perspective historique la condition évolutive de la maternité célibataire. C’est pourquoi, dans notre premier chapitre, nous rappelons un passé dans lequel la perspective morale était constamment présente. Celle-ci s’exprimait singulièrement à travers la dénomination de « fille-mère ». Cette expression se trouve encore utilisée en ce vingt et unième siècle, non sans un air réprobateur, y compris par de jeunes étudiantes d’aujourd’hui. Nous verrons quelles circonstances socio-historiques, liées en particulier à la domesticité, permettent de comprendre la genèse de cette dénomination et la réprobation qui s’y attache.
On est ensuite passé de la « fille-mère » à la « mère célibataire » puis aujourd’hui à la « famille monoparentale » des « maman solo » et « papa solo ». L’affaiblissement des perspectives religieuses rigoristes, les luttes féministes, les progrès des sciences psychologiques et pédagogiques ont contribué à cette révolution. Les institutions de l’État qui, depuis longtemps ont voulu se substituer à celles de l’Église, ont été à l’origine de l’invention des établissements maternels. Des lois s’en sont suivies qui ont permis une protection et une éducation nécessaires tant pour la mère que pour l’enfant. Au-delà de ces ressources de sécurité première s’est développée la volonté de comprendre et d’aider mieux.
Les conditions familiales représentent l’une des principales bases de compréhension de la genèse des maternités adolescentes. C’est pourquoi notre troisième chapitre cherche à rejoindre l’adolescente dans sa famille originelle, avec les différentes dimensions aussi bien psychologiques qu’économiques. Certaines jeunes femmes rencontrées nées sous X, ignorent totalement leurs origines et n’ont pour le moment pas souhaité faire de recherche. D’autres sont nées de père « inconnu » et de mère vivant seule. Ou bien elles ont vécu douloureusement la séparation ou le divorce de leurs parents. Certaines ont connu abandons, adoptions ou placements dès la naissance ou au cours de leur enfance parfois même en raison d’un climat familial de violence extrême dont elles ont pu être elles-mêmes victimes. Très rares sont celles qui n’ont pas connu l’inexistence, la rupture ou l’instabilité du couple de leurs parents. Et très rares de ce fait sont celles qui parviennent à renouer facilement avec leur famille.
Un deuxième ensemble de conditions qui sera déterminant est celui des relations des hommes et des femmes dans notre société, problème qui n’est certes pas d’aujourd’hui mais dont les modes de résolution paraissent toujours très éloignés. Même si on a des raisons de critiquer les positions moralisantes, on peut cependant reconnaître qu’un effort est fait pour développer chez les jeunes hommes le sens de leurs responsabilités dans le domaine affectif et sexuel. Le développement de la vie contemporaine avec les moyens techniques de contraception et les libertés qui en ont résulté font que l’homme peut encore parfois délaisser le souci de connaître les répercussions de ses actes sur la vie des jeunes femmes qu’il rencontre. Autrefois, un intense effort de moralisation collective mettait en garde les jeunes filles. Aujourd’hui, peuvent être encore fréquentes les situations dans lesquelles le père est « incertain », voie « inconnu » quand il ne s’agit pas des cas dramatiques d’inceste et de viol.
Le quatrième chapitre traite aussi de la situation dans laquelle le père tout à fait connu ne prend pas toujours ses responsabilit

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