Agir pour créer un rapport de force
128 pages
Français

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Agir pour créer un rapport de force , livre ebook

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Description

La force ne peut pas seulement être pensée en termes physiques : la capacité d'organisation et de persuasion peut en effet renverser une relation à première vue asymétrique. Ce livre analyse plusieurs types d'ambivalence des rapports de force : dans le domaine militaire, dans les relations entre syndicats, pouvoirs publics et patronat, dans les relations entre professeurs et élèves, dans le marxisme.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2011
Nombre de lectures 54
EAN13 9782296468023
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Agir pour créer un rapport de force
Questions Contemporaines Collection dirigée par J.P. Chagnollaud, B. Péquignot et D. Rolland  Chômage, exclusion, globalisation… Jamais les « questions contemporaines » n’ont été aussi nombreuses et aussi complexes à appréhender. Le pari de la collection « Questions Contemporaines » est d’offrir un espace de réflexion et de débat à tous ceux, chercheurs, militants ou praticiens, qui osent penser autrement, exprimer des idées neuves et ouvrir de nouvelles pistes à la réflexion collective. Derniers ouvrages parus Michel GUILLEMIN,Les dimensions insoupçonnées de la santé, 2011. Patrick Dugois, Peut-on coacher la France ?,2011. Jean-Pierre LEFEBVRE,Architecture : joli mois de mai quand reviendras-tu ?, 2011. Julien GARGANI,Voyage aux marges du savoir. Ethno-sociologie de la connaissance, 2011. Stanislas R. BALEKE,Une pédagogie pour le développement social, 2011. Hélène DEFOSSEZ,le végétarisme comme réponse à la violence du monde,2011. Georges DUQUETTE,Vivre et enseigner en milieu minoritaire. Théories et interventions en Ontario français, 2011.Irnerio SEMINATORE,Essais sur l’Europe et le système international. Crise, multilatéralisme et sécurité, 2011. Irnerio SEMINATORE, Six études sur les équilibres internationaux, 2011. e François HULBERT,Le pouvoir aux régions (2 édition),2011. Arno TAUSCH, Philippe JOURDON,Trois essais pour une économie politique du 21ème siècle, 2011. Valérie LE HENO,La désobéissance : un moteur d'évolution, 2011. Philippe BOUQUILLION et Yolande COMBES (sous la dir. de), Diversité et industries culturelles, 2011. Georges FERREBOEUF,Participation citoyenne et ville, 2011. Philippe GOOSSENS,Les Roms : dignité et accueil, 2011. André CHAGNON,: pour mieux seMalades et médecins comprendre, Eux et nous, 2011. Philippe DELOIRE,Et si la France disait oui à l’Europe, 2011.
sous la direction de Pierre TRIPIER Agir pour créer un rapport de force Savoir, savoir agir et agir L’HARMATTAN
© L'HARMATTAN, 2011 5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-56178-6 EAN : 9782296561786
Comment l’art de la guerre aide à penser la vie dans la société civile
Programme et concepts Ce livre est le fruit de journées d’étude organisées par un comité de pilotage, majoritairement composé d’ universitaires, mais dont les initiatives furent très amplement appuyées par certains officiers supérieurs et généraux des trois armées, ainsi que par le soutient du Ministère de la Défense. Il a rencontré aussi un intérêt non négligeable auprès de certains membres de comités exécutifs d’entreprises, ainsi que des consultants. Le comité de pilotage comprenait : Yves Darcourt Lézat, sociologue intervenant, cabinet Humatech Horizon ; Frédéric De Coninck, professeur de sociologie à l’Université Paris Est - Ecole Nationale des Ponts et Chaussées ; Robert Damien, professeur des Universités à l’Université Paris X, Nanterre ; François Gresle, professeur des universités en sociologie, université de Paris I ; Frédérik Mispelblom Beyer, professeur des universités en sociologie, Université d’Evry ; Bruno Pequignot, professeur des universités en sociologie, Paris 3 ;
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Jose Rodrigues dos Santos, professeur à l’Ecole de Guerre de Lisbonne ; Pierre Tripier, professeur émérite en sociologie, université de Saint-Quentin en Yvelines. Pourquoi des sociologues prennent-ils l’initiative d’un cycle de conférences, puis de l’édition de cahiers qui mettent l’action au centre de leur réflexion ? Pourquoi prennent-ils l’action militaire comme modèle ?
Il y a plusieurs réponses à cette question nous voudrions en retenir deux ou trois :
métaphysique,
La première tient à la profession des éditeurs de ces cahiers, organisateurs du cycle de conférences « Arts de la guerre et interprétation de la société civile » : en tant que professeurs, ils jugeaient de leur devoir de se préoccuper des débouchés pratiques de leurs étudiants. Certains y contribuèrent en créant des passerelles avec la vie économique, en faisant naître des DESS (aujourd’hui Mastères) qui permirent chaque année, pour chacun d’entre eux, à une vingtaine d’étudiants d’être embauchés comme 1 cadres.
Mais, attentifs également à l’avenir de leur profession de sociologues, leur attention fut attirée par un pronostic inquiétant ; celui de leur collègue de Berkeley, Andrew 1  On juge des défauts de l’information diffusée par les universités françaises sur l’état de leurs sciences humaines et sociales à leur apathie devant l’affirmation par les médias de masse d’une grande distance entre les universités et le monde économique. Il est curieux que, parmi les porte-paroles de l’Université, personne ne fasse état d’une statistique assez facile à établir, montrant que le nombre de DESS en ces sciences a décuplé en vingt ans, fournissant, pour les seuls départements de sociologie, par an, environ 1600 cadres, soit l’équivalent des contingents issus de quelques dizaines de grandes écoles (cf. Piriou, Odile, 2006).
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Abbott, qui, comparant l’histoire naturelle de plusieurs métiers intellectuels, montre que ceux qui n’ont pas survécu doivent leur mort à un défaut de fonctionnalité. Pour survivre il faut à la fois pouvoir établir des diagnostics, mais aussi des pronostics, et, plus difficile, des méthodes de résolution des problèmes dont on a établi l’existence. [A. Abbott, 1988]. Or, fidèles à la démarche positiviste de leur fondateur, la plupart des sociologues pensent qu’il suffit de savoir pour agir, négligeant de développer cet art de résolution de problèmes qui permet à leurs concurrents, juristes, gestionnaires ou spécialistes des sciences politiques, de remplir les trois fonctions indiquées par Abbott. Et le paradoxe n’est pas mince de voir certains sociologues, comme Giddens ou Castells, devenir conseillers du Prince, donc passer du diagnostic à la résolution de problèmes, mais sans diffuser à leurs collègues et étudiants les méthodes qui leur ont permis d’établir une voie vers ce rôle difficile et intellectuellement risqué de conseiller.
Quand nous cherchions une voie pour combler le déficit de résolution de problèmes dans le discours sociologique, nous fûmes frappés de ce qu’un grand sociologue, qui finit sa carrière comme éditorialiste et professeur au Collège de France, Raymond Aron, inaugura, à la Sorbonne, l’existence d’une licence de sociologie, par un cours sur les relations internationales et l’action diplomatique. Cours qui dénonçait les erreurs faites pendant la Seconde Guerre et depuis lors, par idéalisme ou réalisme, les premières parce qu’inapplicables et les secondes parce que de courte vue. Erreurs qu’il attribuait à «la méconnaissance des situations, de la nature réelle des alliés et des ennemis, à l’oubli de la règle éternelle de la subordination de stratégie à la politique, et des régularités
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historiques »1971, 466]. Et quelle discipline prône à [Aron, la fois la connaissance des situations, des règles éternelles et des régularités historiques, sinon celle qui fut bâtie et alimentée par ces merveilleux perdants que furent Thucydide, Xénophon, Machiavel ou Clausewitz ? La défaite de ces héros et, pour certains, leur disgrâce, leur donnèrent la passion de comprendre et le loisir de le faire. Depuis 2500 ans, en Occident, depuis plus longtemps en Orient, l’Art de la guerre est cette discipline qui apprend à connaître les situations, à comprendre la logique des alliés et des ennemis, à établir et vérifier l’exactitude d’un certain nombre de règles éternelles des comportements individuels et collectifs, enfin de tenir compte des régularités historiques, pour agir à bon escient.
Aron ne s’était pas trompé sur l’importance, pour la sociologie, de s’inspirer des leçons des arts de la guerre et de gouverner, leur transposition dans le domaine civil. Lui qui chercha quelque temps à prendre Thucydide pour modèle d’une des sociologies possibles et qui, dans ses cours au Collège de France et des publications ultérieures à son départ de l’Université, se complaît à revenir sur les relations interétatiques et à en établir la sociologie [Aron, 1989]. En outre, la publication récente de travaux écrits entre 1938 et 1940 montre que ce petit -neveu de Durkheim, et parent, par conséquent, de Marcel Mauss, cherchait dans Machiavel la clé de compréhension des phénomènes historiques qui se déroulaient, alors, sous ses yeux : «La réflexion sur Machiavel et Pareto apparaît comme un creuset dans la pensée de Raymond Aron, (...). C’est en effet un des aspects les plus fascinants de Machiavel, peut-être parfois de Pareto : à partir de l’étude de la seule action politique telle qu’elle lui a inspiré son sulfureux De Principatibus, on est
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immanquablement conduit à l’abstraction par un double mouvement : parce que Machiavel est plus profond qu’il n’apparaît de prime abord, ensuite parce que les lecteurs du Secrétaire florentin ne peuvent qu’illusoirement chercher dans l’empyrée des idées pures des issues honorables aux contradictions dont le texte les assaille »1993, [Freymond, 12].
Bref, Aron cherchait, dès l’avant-guerre, à articuler savoir et savoir agir, en s’inspirant, pour ce faire, des écrits sur les arts de la guerre et de gouverner, ce qu’illustrera (entre autres), dans un contexte d’affrontements entre deux ligues de nations, son ouvrage en deux tomes sur Clausewitz [Aron, 1976]. Donc, pour nous, un des chemins légitimes que pouvait suivre la sociologie, à la recherche de méthodes de résolution de problèmes, était d’approfondir le chemin indiqué par les grands auteurs de l’art de la guerre.
Mais nous voulions deux garde-fous dans cette voie, pour être sûrs que nous n’allions pas tomber dans une métaphore sans intérêt heuristique ou une métonymie trop abstraite : c’était de confronter cet essai de praxéologie sociologique au regard d’une part des militaires eux-mêmes, d’autre part à celui de responsables économiques et politiques. D’où l’idée d’un cycle de conférences autour de certains thèmes, où les sociologues se confrontent à des responsables économiques, patrons, syndicalistes et consultants et à des officiers des trois armes. L’excellente collaboration et l’appui trouvé auprès du Ministère de la Défense et de certains officiers supérieurs et généraux nous ont par ailleurs aidés à passer du livre à la réalité, de la carte au terrain. Avoir une vision plus ancrée des différents niveaux de l’art de la guerre en distinguant le rôle joué par la doctrine, la stratégie, la tactique et la prise en
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compte des potentialités ; voir comment les enseignements des livres sont travaillés dans la vie du commandement militaire. Comprendre aussi comment ce que les manuels de gestion appellent la stratégie distingue parfois et confond d’autres fois ces quatre niveaux de la réalité de l’art de la guerre, tout en remplaçant volontiers la sémantique guerrière, tout en signifiant des choses très proches sous d’autres vocables, par exemple en substituant la vision à la doctrine, la rupture à la stratégie, la stratégie à la tactique et l’organisation au potentiel.
Cependant, des énoncés comme ceux-ci sont à la fois trop abstraits et trop vagues, les confrontations amicales entre militaires, gens des entreprises et sociologues, pour être fructueuses, devaient s’enraciner dans des problèmes et des questions. C’est la raison pour laquelle chaque cahier traite d’un problème particulier sur lequel le lecteur verra comment les militaires et les civils l’envisagent, et, dans cette dernière classe, les gens en prise directe avec l’entreprise et les sociologues. C’était là toute l’ambition du cycle de conférences « Arts de la guerre et interprétation de la vie civile », c’est le souhait que nous formulons en lançant ces cahiers :Savoir, savoir agir et agir. CAHIERJN°1 : E CONNAIS LA SITUATION,MAIS COMMENT AGIR? CAHIERIN°2 : NTERACTION ENTRE MODÈLES DAGIR: CIVILS ET MILITAIRESCAHIER N°3 : AGIR POUR CRÉER UN RAPPORT DE FORCE? CAHIERN° 4 : DIRIGER ET ENCADRER
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