Ainsi parlait le Big data

Thierry Charles

Description

Le Big data sait tout de vous, mais que savez-vous de Big data ? L'"algorithmisation du monde" est en marche. Quelle part de liberté reste-t-il à l'homme quand la science décide pour le bonheur de tous ? Un monde où le meilleur ami qui vous conseille un livre est peut-être tout simplement payé pour cela sans que personne ne s'en doute. Grâce au profilage réalisé par les algorithmes, le temps d'attention des consommateurs est en passe de devenir la [seule ?] référence de la valeur des services. Et si le Big data ne constituait qu'un terrible aveu d'impuissance générale, intégrant une arme de destruction massile à l'intérieur ?

Sujets

• Medias
• Communication

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 29 octobre 2018
• Nombre de lectures: 1
• EAN13: 9782140104046
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

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Questions contemporaines / Questions communication

Ainsi parlait le Big data

Questions contemporaines Collection dirigée par Jean-Paul Chagnollaud, Bruno Péquignot et Denis Rolland Chômage, exclusion, globalisation… Jamais les « questions contemporaines » n’ont été aussi nombreuses et aussi complexes à appréhender. Le pari de la collection « Questions contemporaines » est d’offrir un espace de réflexion et de débat à tous ceux, chercheurs, militants ou praticiens, qui osent penser autrement, exprimer des idées neuves et ouvrir de nouvelles pistes à la réflexion collective. Dernières parutions Jean-Paul GUICHARD,L’affirmation de l’Europe byzantine (1796-1914), 2018. Richard TRAPITZINE,Pour un urbanisme humaniste, Réalités d’hier, utopie d’aujourd’hui, réalité de demain ?,2018. Thierry ALLAIN, Frank CLAUSTRAT, Françoise PELLICER et Jean-François THOMAS (dir.),Entre paysage et territoire. Représentations de l’espace et manifestations du pouvoir, 2018. Gilbert PILOT et Réjean COTE,Pacte socio-économique entre le gouvernement du Canada, le gouvernement du Québec et le peuple innu,2018. Lukas STELLA,Intoxication mentale,Représentation, confusion, aliénation et servitude,2018. Jean-Luc TINLAND,Violence : non.Les démocraties à l’épreuve de la liberté,2018. Myriam DESLANDES,Démocratie locale 2.0, 2018. Nicolas MENSCH,La Rhodiacéta de Besançon. Paroles ouvrières, 2018. Rodolphe SOLBIAC (dir.),Pensée, pratiques et poétiques postcoloniales contemporaines, Monde atlantique et océan Indien, 2018. Jean-Paul GUICHARD,L’émergence de l’Empire russe. L’Europe byzantine jusqu’à Catherine II, 2018.

Thierry C HARLES

Ainsi parlait le Big data

Du même auteur Réforme des délais de paiement et modernisation de l'économie, de l'intention aux actes ?Lignes de Repères, 2009. Plaidoyer pour la sous-traitance industrielle, L’Harmattan, 2011. L’Industrie en cale sèche. Matières premières : de la gestion des flux aux rapports de force,L’Harmattan, 2013. Les nouvelles perspectives de la souveraineté,L’Harmattan, 2015. Fahrenheit 4.0, L’Harmattan, 2016. Lettre à tous ceux qui persistent à vouloir faire leur droit, L’Harmattan, 2017.

© L’Harmattan, 2018 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-15041-3 EAN : 9782343150413

« Bénis la coupe qui veut déborder afin que d’elle coule l’onde d’or et qu’en tous lieux de ton délice elle porte le reflet ! Voici que cette coupe encore se veut vider et qu’à nouveau Zarathoustra se veut faire homme ! Du déclin de Zarathoustra tel fut le commencement. » Friedrich Nietzsche « De fait, continua l’Accusateur, un esprit qui serait la capacité d’être tout sans être quoi que ce soit, qui posséderait la Poïétique, capable d’obtenir n’importe quel effet, même le pur amour ou la victoire ; cet esprit qui comme le faisait Jomini précéderait Napoléon et déduirait avant lui sa stratégie ; cet esprit capable de pasticher Proust, Claudel et Valéry ; qui même pourrait obtenir le poème célèbre de 1980 en combinant les mythes de ce temps prochain ; ou encore qui gagnerait la guerre atomique par la combinaison de la seule dissuasion, ou qui assurerait par un calcul le maximum dans le minimum, ce Faust III serait-il encore un homme ? » Jean Guitton A mes lecteurs, car tout ce qui n’aura pas été sauvegardé sera perdu.

AVANT-PROPOS « Finalement, Internet est-il notre outil, ou sommes-nous l’outil d’Internet ? Qui programme qui ? Qui va nous écrire la critique de la raison automatique ? » Luc de Brabandere Et si le Big data, l'or noir de la société de l'information ème du 21 siècle, était en définitive le« Grand œuvre »,la réalisation de la pierre philosophale à laquelle les alchimistes attribuaient trois propriétés : changer les métaux vils [les méga données ou données massives] en métaux précieux, guérir les maladies [panacée] et prolonger la vie humaine au-delà de ses bornes naturelles, dont l'accomplissement est nécessaire pour achever le« magnum opus ».Selon la tradition, l'alchimiste doit successivement mener à bien l'« Œuvre au noir »,au blanc, et enfin au rouge afin de pouvoir accomplir la transmutation du plomb en or. L'»« Œuvre au noir  désigne ainsi la phase de séparation et de dissolution de la substance, la part la plus difficile du grand œuvre.L’expression s'entend symboliquementépreuves de l'esprit se libérant des« des routines et des préjugés », selon Marguerite Yourcenar. La tradition alchimique veut en effet que les métaux divers soient, dans le sein de la Terre, en lente maturation pour aller vers un état idéal. Le grand œuvre du Big data serait ainsi l'accélération de cette maturation. Ou si, plus simplement, on ne pouvait échapper au regard du Big data ? Parce qu'on lui est désormais lié en permanence, parce qu'on ne peut se cacher de lui, où qu'on aille, parce que tout ce que voit, tout ce que dit, tout ce que pense, tout ce qu'est un être humain est enregistré quelque part [quelque chose en nous transmet le tout en temps réel], le Big data se présente à nous dans la multiplicité de ses enjeux économiques et éthiques. Les mouchards sont parfois à domicile avec la domotique hyperconnectée à nos logements [exemple du compteur intelligent d’Enedis, Linky]. Quand nous installons des objets connectés, nous installons des tubes de

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données, à partir desquels de nombreux services peuvent se développer. Les volumes sans précédent de données que les datas centers hébergent et que le Big data rêve de maîtriser 1 ouvrent des perspectives infinies. Toutefois, le scandale Cambridge Analytica a révélé le côté sombre des datas brokers, des courtiers en données à l’instar d’Acxiom ou Experion, qui font de nos informations personnelles via des jeux-concours, des questionnaires, des forums, un fonds de commerce. Pour Simon Chignard,« c’est une industrie qui marche tant qu’on ne 2 la perçoit pas ».les questions classiques sont revisitées Ainsi, par l’exploitation des données massives. Et c’est la vitesse de cette révolution des données qui est sans précédent, dont le traitement, le stockage et la transmission sont les trois piliers. Cette transition fulgurante est en effet portée par le traitement de l’information à moindre coût :dans l’histoire« Jamais humaine les prix des composants essentiels à l’économie n’avaient baissé aussi vite et pendant aussi longtemps, et c’est 3 bien cela qui change tout »Les énormes capacités de stockage font également progresser la technologie, soit 2,5 millions de fois plus que les premières disquettes :a-t-il eu des« Y générations sur Terre qui ont vu quelque chose d’essentiel à leur activité être multiplié par 2,5 millions ? Bien évidemment jamais. Certaines personnes sont passées au cours de leur vie de la carriole à cheval à l’avion à réaction, soit une multiplication par 100 de leur vitesse de déplacement, et c’est 4 déjà une évolution incroyable ».Enfin, la technologie est

1 Chaque seconde, 29 000 gigaoctets [Go] d’informations sont publiés dans le monde, soit 2,5 exaoctets par jour, soit 912,5 exaoctets par an. Ces données représentent un gisement de ressources considérable. L’International Data Corporation estime que le marché du cloud [stockage, exploitation des données] atteindra 554 milliards de dollars en 2021, doublant sa valeur de 2016. 2  Simon Chignard & Louis-David Benyayer,Datanomics - Les nouveaux business models des données, Edit. Fyp, avril 2015. 3  Chris Anderson,Entrez dans l’économie du gratuit,Free !  Edit. Pearson, 2009. 4  Jean Staune,Les clés du Futur, Edit. Plon 2015.« […] la plupart des augmentations se font en général par un facteur 5 ou 10, et cela nous paraît déjà extraordinaire. Il est donc difficile de se représenter ce que signifie une multiplication par 2,5 millions en vingt-cinq ans. »

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aujourd’hui suffisante pour combler les exigences de rapidité des transmissions de données [grâce notamment aux câbles optiques]. Ainsi la boucle est bouclée. La« révolution fulgurante »de Pierre Giorgini est en marche. Reste à savoir si l’homme aura le temps ou pas de se domestiquer lui-même dans cet écosystème en bouleversement fulgurant. Car pour cet ingénieur en numérique,qu’une crise, nous vivons une« plus transition fulgurante d’un ancien monde vers un monde nouveau. Personne n’est en mesure de prévoir avec exactitude la nature de cette transformation, tant sa vitesse est sans précédent. Ce monde digital, mondialisé, aux connexions ultra rapides, dans lequel les tâches de gestion rationnelle des données seront de plus en plus automatisées, peut non seulement conduire à une productivité considérable mais surtout à donner une importance jamais égalée aux tâches mobilisant créativité et innovation. Des questions universelles qui nous poussent à réfléchir et à agir, dans cette première 5 historique où la guerre est déclarée contre nous-mêmes ». Quoi qu’il en soit, l'œil est désormais dans la tombe et regarde Caïn. Des tablettes mésopotamiennes à l'invention de 6 l'imprimerie, l'humanité a toujours collecté et exploité des données, la révolution du Big data s’inscrit ainsi dans des tendances antérieures, elle prolonge la société de consommation traditionnelle en prônant l’avènement d’une société sur-mesure [d’une consommation de masse uniforme à une consommation ciblée].Ce faisant, le Big data relance une société de consommation à bout de souffle depuis la fin des années 1970, il révolutionne également la gestion des interactions sociales qui« étaient auparavant laissées au petit bonheur la chance, au 7 chaos des accidents de la vie ». La révolution numérique assure le service après-vente de la précédente. Car si on doit à la société industrielle les problèmes de trafic, le covoiturage grâce aux outils numériques fluidifie la gestion de ces interactions et 5  Pierre Giorgini,La Transition fulgurante. Vers un bouleversement systémique du monde ?Edit. Bayard, 2014. 6  M. Bouzeghoub & R. Mosseri [DIR.],Les Big data à découvert, CNRS Edit., 2017. 7  Daniel Cohen,Big data, vers une révolution de l’intelligence, Pour la science n°98, fév. – mars 2018.

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