Autorité et démocratie
235 pages
Français

Autorité et démocratie , livre ebook

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235 pages
Français

Description

Institution, crise, autorité, désir sont les mots-clés de cet ouvrage construit comme un acte de résistance contre l'ère de la totalisation managériale. Ce livre est fondé sur une véritable inquiétude politique en notre ère d'anomie sociétale. L'auteur propose ici une réflexion politique, pour décortiquer notre riche signifiant d'autorité à partir des leçons de la clinique. Le discours s'élabore à la source de la MECS (maison d'enfants à caractère social) et du champ de l'éducation spécialisée, et s'affirme comme une réflexion pour une refondation démocratique de nos institutions socio-éducatives.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2010
Nombre de lectures 202
EAN13 9782296260207
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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© L’Harmattan, 2010 57, rue de l’EcolePolytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 9782296122758 EAN : 9782296122758
Remerciements à Jean Houssaye, PierreAndré Dupuis, Bilakani Tonyeme, Frédéric RossiA Philippe Hanus, (19692008), éducateur. Feu mon Ami, mon vieux frère, mon copain d’aventures. De toujours…
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L’étude qui va suivre ne délivre pas de message et n’est pas un récit de vie. Il s’agit de l’organisation d’une révolte qui transfigure la tentation de la colère. Elle signe qu’écrire est un acte de résistance ; ici contre la totalisation managériale qui massacre les subjectivités, privatisant sur les sujets et les corps intermédiaires ce qui relève en fait d’une 1 savante mise à bas des liens collectifs . Les effets ne sont pas les causes ; les causes ne sont pas la raison profonde : je la cherche… J’essaie ici de comprendre, d’élucider et de proposer. Ceci est une contribution à une réflexion pour une refondation démocratique de nos institutions socio éducatives. Je signe bien qu’éduquer est un acte politique. Educateur spécialisé, j’ai exercé une douzaine d’années dans mon département d’origine, la Charente. Si ce n’est un passage en 2 CHRS comme responsable non statutaire de l’ALT et du suivi des sans abri, j’ai principalement exercé mon activité en MECS. Je suis, depuis 2005, formateur dans une école du travail social à Valence dans la Drôme. C’est donc un praticien qui vous parle : d’une pratique retournée en praxis. J’ai entrepris ce travail sur la MECS, ma source, près de trois années après l’avoir « quittée »… Et vous me permettrez de laisser planer toute l’ambiguïté que peut recéler le verbe quitter. On dira seulement que j’ai quitté la MECS pour la même raison qui a motivée cette étude. Bien entendu, au delà de cette affiliation à la MECS, je revendique, quoi qu’il en soit, une inquiétude plus large pour les institutions socio
1  Quandlepolitique s’effondre,lapolitique devient une entreprise de médiocrité et d’insignifiance : c’est « l’ère du vide » (Lipovetsky). Parler du management comme « barbarie douce » (Mendel), c’est nous obliger à voir sa structure réelle : celle du totalitarisme. 2 Aide au Logement Temporaire.
éducatives en notre contemporanéité. C’est redire encore que, selon 3 moi, l’éducation est un acte politique dans une conception très en accord avec Paolo Freire. Ainsi j’interroge le nouage individuel/collectif, la troublante individualisation des prises en charge éducative en ce temps où les liens collectifs sont extrêmement incertains. C’est dire et redire encore que mon ouvrage est bien politique. Vous lirez à ce sujet comment je m’accapare la locution de Fullat i genis : « l’anthropos en tant que zoon de la paideia ». Je me suis inscrit dans un projet humaniste donc, interrogeant cette mode très à la mode de « l’accueil de la diversité » : thème donc susceptible de faire vivre un certain nombre d’organismes de formation continue. Je veux dire encore, au risque de la redondance, que cette question de l’accueil de la diversité reste au seul état d’interrogation pauvre, si on la traite indépendamment d’une problématisation de nos liens collectifs. En effet on notera que plus on parle d’individualisation ou d’usager au centre du système, plus la garantie d’individuation semble au moins floue ; plus on parle du pattern d’accueil des différences, moins on voit d’exigence à nous centrer sur la problématique de nos processus psycho sociaux ; dès lors ce renoncement symbolique (la dimension symbolique que Reboul aimait à définir comme ce qui, dans le même temps, nous unit et nous libère) semble consacrer des éducateurs apeurés et donc procéduraux, au sein d’institutions devenues étrangement suspec tes. J’ai construit mon ouvrage sur la trame, propre à la philosophie 4 de l’éducation, de Fabre : comprendre (c’est la fonction épistémo 3  Je lisais d’ailleurs récemment comment un psychopédagogue comme Rogers s’était finalement vécu comme un révolutionnaire silencieux. «J’ai pratiqué et enseigné la politique tout au long de ma vie professionnelle et je ne m’en suis jamais tout à fait rendu compte jusqu’à maintenant» exprima til un jour de 1978. C’est Maria Alves Tassinari qui nous le rapporte (p. 229, « La dimension politique des relations d’aide : la contribution de Carl Rogers », pp. 229241 in sous la direction de Gilles Amado et JeanPierre Minary, Les ambiguïtés de la relation d’aide, n°6 de la nouvelle Revue de Psychosociologie, érès, 2008). 4 Michel Fabre est professeur de philosophie à l’université de Nantes (Sciences de l’éducation). Il élabore une œuvre exigeante sur la nécessité de construire les problèmes (contre cette tendance du problème qui appellerait une solution). Ainsi
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logique : avant de penser un sujet encore fautil s’en instruire), élucider (c’est la fonction à proprement dite philosophique), proposer (c’est la fonction axiologique). Vous lirez dans la première partie comment, notamment, j’essaie de circonscrire la MECS dont je commence par développer, en introduction générale, un certain état de crise à partir du pattern de la loi de 2002 ; et ce dans le continuum de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant se prolongeant dans les réformes de protection de l’enfance de 2007, où je lis une certaine opacité politique, tendant possiblement à restaurer l’oscillation entre la potence et la pitié (Geremek). Sans dévoiler d’emblée cette première partie, on pourra déjà en dire la chose suivante : ce que je « découvre » au fur et à mesure, c’est que le champ de l’éducation spécialisée dont on pourra parler traditionnellement comme un isolat (Vilbrod), la MECS qu’on pourra envisager dans son projet originel du convict (Chap ponnais), l’éducateur dont on pourra dire qu’il aurait un problème avec la loi symbolique (Roquefort) sont d’abord impactés par la société et l’histoire sociétale dont ils émanent. Ainsi le lecteur comprendra vite que je préfère secondariser la question des identités professionnelles. Car je me rends compte que parler de crise de l’éducation spécialisée, c’est prendre le risque de valider ce pattern de « responsabilisation » des corps intermédiaires, qu’ils soient familiaux ou socioéducatifs. C’est nous rappeler de ce cher Péguy qui nous avait écrit, avant d’être fauché sur les premiers fronts de 1914, qu’il n’y a pas de crise de l’enseignement ou de l’éducation mais des crises de vie en général : la crise est fondamentalement sociale, civilisationnelle, culturelle (celle de ème notre univers commun de significations). Au terme de ce 20 siècle, Lyotard, lui, nous parlera d’une postmodernité caractérisée par l’effacement d’un métarécit (« Estil possible de penser après Auschwitz ? » nous écrivait Arendt). C’est ainsi que je vous conclurai cette première partie avec Dubet (lequel n’atil pas dit que les institutions socioéducatives sont des caisses d’enregis en rendant vivantes les œuvres de Dewey et surtout Bachelard, il nous affirme que l’enjeu de notre contemporanéité est bien de « faire fleurir le paradigme de la problématisation ».
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trement des problèmes de la société ?) : pas pour gambader avec désinvolture d’une discipline à une autre… En effet audelà de la sociologie, l’ambition du sociologue rejoint la nôtre : elle est politique. Ainsi c’est bien l’enjeu de mon travail que je vous rappellerai au terme de cette première partie : contribuer à une réflexion pour une refondation démocratique de nos MECS. Ici encore on se souviendra de ce que promet et promeut l’introduction générale : autorité et démocratie vont consubstantiellement de pair. Construire les possibles du second, c’est travailler sur le premier. Ce sera là le travail d’élucidation de la seconde partie. Ici à cet endroit je viendrai à la source de la clinique pour repenser l’humus institutionnel. Vous saurez y voir le retournement de la pratique de l’éducateur puis du formateur. Il s’agira de penser l’accueil de la diversité comme un travail ascétique d’acceptation des promesses de l’irrésolu et de l’indéterminé, aujourd’hui tragiquement chapé par l’idéologie managériale… j’y suis bien inscrit dans cette tragédie de la culture… à mon petit niveau présomptueux, j’opère un travail de sauvetage de la pensée… Vous lirez cette deuxième partie comme un travail de réorganisation de « cette » pensée… je « circonvolutionne » comme un braconnier au sein de beaucoup d’auteurs… encore avec beaucoup de présomption, je vous dis que je suis le scénariste et le metteur en scène. Je revendique l’affiliation à des auteurs comme Cifali, De Certeau, Racamier, Gauchet et au dessus de tout : Lourau, Mendel et la fulgurance Deleuze. Il n’y a pas d’admiration : il n’y a que des dettes d’amour. On voudra y trouver un sentiment de notre commune humanité, un souffle et une source qui rappellent que loi du sujet et loi sociale ne tiennent pas l’une sans l’autre… On se dira peutêtre qu’il n’y a plus à se soumettre aux aiguillons du deuil et de l’angoisse, en se débarrassant du « compliqué », puisque tout est merveilleusement complexe. On lira comment on décortique le signifiant d’autorité qui, comme celui de pédagogie, semble bien trop souvent condamné à la défaite ontologique du déni ou de la récupération. Je ne vais pas quand même vous parler déjà des « acquis » de ce travail, tels que je les formalise pour la MECS dans la troisième partie. Peutêtre pourraisje dire, quand même, que mon projet
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